Quand EUTHANASIE rime avec HYPOCRISIE

25 après l'I.V.G., à quand l' I.V.V. ?

Dans notre pays, une grande hypocrisie affecte le plus souvent les discussions autour de l'euthanasie, celle des représentants des pouvoirs médicaux, judiciaires, religieux qui se retranchent derrière la Loi, celle des hommes ou celle de Dieu... (comme si les lois n'étaient pas des lois promulguées par des hommes et comme si le propre des lois humaines n'était pas d'évoluer !). Une majorité de médecins qui, pour des raisons diverses, pratiquent l'euthanasie n'osent pas le dire clairement par peur des sanctions d'un Conseil de l'Ordre réactionnaire et des foudres d'une "Justice" conservatrice et bornée.

Jamais en ce domaine ne se trouve posée la seule vraie question qui vaille : oui ou non une personne est-elle libre de choisir de mourir alors qu'elle se trouve atteinte d'une maladie incurable et irréversible en fin d'une vie qui lui est devenue insupportable?

Jamais n'est pris en compte dans un tel débat le droit de la personne, le seul qui, on en conviendra, compte en ce domaine!

Le droit à l'euthanasie n'est pas le droit que s'arrogerait la société de supprimer des individus indésirables, c'est le droit d'une personne à décider de quitter sa propre vie alors qu'elle juge qu'elle ne vaut plus la peine d'être vécue dans une déchéance ou des souffrances pour elle dégradantes. Or, ce droit est encore refusé aujourd'hui en France. Mais dans ce domaine comme en d'autres, ce sont les faits qui font avancer le droit et non l'inverse !

Et de grâce ! Que les psy et les religieux arrêtent de nous ressasser que la "demande de mort" ne serait en réalité qu'un appel à vivre, un "appel au secours" ! Ce peut l'être parfois. Mais qu'en savent-ils en réalité dans chaque cas particulier ? Ces bonnes âmes ne projettent-elles pas leur propre angoisse devant leur propre mort sur les quelques individus, (ils existent), qui décident d'aller à la rencontre de celle qui leur dérobe la vie mais qui ne veulent pas être dépossédés de leur propre mort par ceux pour qui la mort est un échec technologique ou un diktat divin.

Le "grand principe" du caractère sacré de la vie, ne saurait se substituer au caractère sacré de la personne. Le vie est faite pour l'homme et non l'homme pour la Vie. Et comme contre l' I.V.G., ils criaient il y a 25 ans, " Dieu seul est le maître de la Vie", ce sont les mêmes intégristes et papistes confirmés dont beaucoup restent par ailleurs favorables à la peine de mort qui prétendent apprendre aux autres à vivre et à mourir ! ! !

Or, tous les médecins hospitaliers le savent, "l'euthanasie est pratiquée quotidiennement dans notre pays" dans les hôpitaux ; et presque toujours à l'insu du premier concerné, l'individu en fin de vie. On l'appelle même parfois "l'euthanasie administrative" (ou encore et plus trivialement: "la libération d'un lit!")…

Pourquoi cette même euthanasie ne serait-elle pas dès lors pratiquée lorsqu'elle est explicitement demandée par la personne elle-même? Parce que, pour des raisons historiques, depuis que le nazisme et le vichysme supprimèrent par eugénisme des milliers d'"indésirables" (physiques, mentaux, idéologiques), le mot "euthanasie" est devenu tabou ; alors pourtant qu'il veut dire "la bonne mort".

L'euthanasie, alors même qu' elle serait pratiquée à la demande expresse de la personne, est considérée comme un meurtre. Aider une personne à mourir, à sa demande, et le dire, est passible de la cour d'Assises. On le fait mais il ne faut surtout pas que cela se sache!!!

Quelques rares médecins courageux, le font … et le disent. Mais que vous soyez une "petite infirmière" qui s'était engagée à aider une personne à mourir, la Justice appliquera deux poids deux mesures !

Parce qu'encore la majorité des médecins français pour la plupart, forts de leur savoir et conscients de leurs pouvoirs, veulent rester les seuls et derniers décideurs en matière de vie et de mort et ne parlent jamais de leur mort prochaine à leurs malades

Parce que la mort elle-même est un sujet tabou et qu'elle est encore considérée pour eux comme un échec médical.

Parce qu'ils se retranchent derrière leur mission qui est de "faire vivre" et non de "donner la mort", comme le disent certains !!! Comme si la mort n'était pas l'inéluctable fin de toute vie, (bien plus, la condition même de toute vie), et qu'ils n'étaient pas aussi là pour aider les gens à mourir dans les meilleures conditions possibles, y compris en abrégeant, à leur demande, une vie devenue pour eux insupportable!

Les soins palliatifs ne sont d'aucune manière une alternative à l'euthanasie. Ils devraient être dispensés à toute personne en fin de vie. Ils relèvent de la science médicale et du droit élémentaire de tout individu à mourir accompagné dans les meilleures conditions. Il y a encore presque tout à faire en ce domaine où, dans certains hôpitaux, on meurt encore seul dans des conditions parfois atroces.

L'euthanasie, elle, est l'interruption de la vie d'une personne, à sa propre demande. Elle relève d'un choix éthique et personnel. Le choix de mourir fait par une personne qui estime que sa propre vie ne vaut plus la peine d'être vécue est un droit et un tel droit n'est pas aujourd'hui respecté. Le droit de mourir ne relève pas de la médecine mais de l'éthique.

C'est pourquoi, non seulement il faut "dépénaliser" l'euthanasie lorsqu'elle est faite à la demande expresse de la personne, mais encore "démédicaliser" un tel acte qui reste sous la seule emprise du seul "pouvoir médical" .

C'est pour cette raison qu'il faut une loi. Une loi qui donne un cadre juridique à l'Interruption Volontaire de Vie (I.V.V.) et doit créer des conditions euthanasiques satisfaisantes bien préférables à l'arbitraire, à la bonne conscience, à l'hypocrisie ou même aux dérives eugénistes de toutes sortes, qui, hélas, accompagnent aujourd'hui le mourant au "pays des droits de l'Homme" !

André MONJARDET, andre.monjardet@wanadoo.fr

auteur du livre "EUTHANASIE & POUVOIR MEDICAL" -

Ed. L'HARMATTAN - Paris. 1999.

Quand EUTHANASIE rime avec HYPOCRISIE

25 après l'I.V.G., à quand l' I.V.V. ?

Dans notre pays, une grande hypocrisie affecte le plus souvent les discussions autour de l'euthanasie, celle des représentants des pouvoirs médicaux, judiciaires, religieux qui se retranchent derrière la Loi, celle des hommes ou celle de Dieu... (comme si les lois n'étaient pas des lois promulguées par des hommes et comme si le propre des lois humaines n'était pas d'évoluer !). Une majorité de médecins qui, pour des raisons diverses, pratiquent l'euthanasie n'osent pas le dire clairement par peur des sanctions d'un Conseil de l'Ordre réactionnaire et des foudres d'une "Justice" conservatrice et bornée.

Jamais en ce domaine ne se trouve posée la seule vraie question qui vaille : oui ou non une personne est-elle libre de choisir de mourir alors qu'elle se trouve atteinte d'une maladie incurable et irréversible en fin d'une vie qui lui est devenue insupportable?

Jamais n'est pris en compte dans un tel débat le droit de la personne, le seul qui, on en conviendra, compte en ce domaine!

Le droit à l'euthanasie n'est pas le droit que s'arrogerait la société de supprimer des individus indésirables, c'est le droit d'une personne à décider de quitter sa propre vie alors qu'elle juge qu'elle ne vaut plus la peine d'être vécue dans une déchéance ou des souffrances pour elle dégradantes. Or, ce droit est encore refusé aujourd'hui en France. Mais dans ce domaine comme en d'autres, ce sont les faits qui font avancer le droit et non l'inverse !

Et de grâce ! Que les psy et les religieux arrêtent de nous ressasser que la "demande de mort" ne serait en réalité qu'un appel à vivre, un "appel au secours" ! Ce peut l'être parfois. Mais qu'en savent-ils en réalité dans chaque cas particulier ? Ces bonnes âmes ne projettent-elles pas leur propre angoisse devant leur propre mort sur les quelques individus, (ils existent), qui décident d'aller à la rencontre de celle qui leur dérobe la vie mais qui ne veulent pas être dépossédés de leur propre mort par ceux pour qui la mort est un échec technologique ou un diktat divin.

Le "grand principe" du caractère sacré de la vie, ne saurait se substituer au caractère sacré de la personne. Le vie est faite pour l'homme et non l'homme pour la Vie. Et comme contre l' I.V.G., ils criaient il y a 25 ans, " Dieu seul est le maître de la Vie", ce sont les mêmes intégristes et papistes confirmés dont beaucoup restent par ailleurs favorables à la peine de mort qui prétendent apprendre aux autres à vivre et à mourir ! ! !

Or, tous les médecins hospitaliers le savent, "l'euthanasie est pratiquée quotidiennement dans notre pays" dans les hôpitaux ; et presque toujours à l'insu du premier concerné, l'individu en fin de vie. On l'appelle même parfois "l'euthanasie administrative" (ou encore et plus trivialement: "la libération d'un lit!")…

Pourquoi cette même euthanasie ne serait-elle pas dès lors pratiquée lorsqu'elle est explicitement demandée par la personne elle-même? Parce que, pour des raisons historiques, depuis que le nazisme et le vichysme supprimèrent par eugénisme des milliers d'"indésirables" (physiques, mentaux, idéologiques), le mot "euthanasie" est devenu tabou ; alors pourtant qu'il veut dire "la bonne mort".

L'euthanasie, alors même qu' elle serait pratiquée à la demande expresse de la personne, est considérée comme un meurtre. Aider une personne à mourir, à sa demande, et le dire, est passible de la cour d'Assises. On le fait mais il faut surtout pas que cela se sache!!!

Quelques rares médecins courageux, le font … et le disent. Mais que vous soyez une "petite infirmière" qui s'était engagée à aider une personne à mourir, la Justice appliquera deux poids deux mesures !

Parce qu'encore la majorité des médecins français pour la plupart, forts de leur savoir et conscients de leurs pouvoirs, veulent rester les seuls et derniers décideurs en matière de vie et de mort et ne parlent jamais de leur mort prochaine à leurs malades

Parce que la mort elle-même est un sujet tabou et qu'elle est encore considérée pour eux comme un échec médical.

Parce qu'ils se retranchent derrière leur mission qui est de "faire vivre" et non de "donner la mort", comme le disent certains !!! Comme si la mort n'était pas l'inéluctable fin de toute vie, (bien plus, la condition même de toute vie), et qu'ils n'étaient pas aussi là pour aider les gens à mourir dans les meilleures conditions possibles, y compris en abrégeant, à leur demande, une vie devenue pour eux insupportable !

Les soins palliatifs ne sont d'aucune manière une alternative à l'euthanasie. Ils devraient être dispensés à toute personne en fin de vie. Ils relèvent de la science médicale et du droit élémentaire de tout individu à mourir accompagné dans les meilleures conditions. Il y a encore presque tout à faire en ce domaine où, dans certains hôpitaux, on meurt encore seul dans des conditions parfois atroces.

L'euthanasie, elle, est l'interruption de la vie d'une personne, à sa propre demande. Elle relève d'un choix éthique et personnel. Le choix de mourir fait par une personne qui estime que sa propre vie ne vaut plus la peine d'être vécue est un droit et un tel droit n'est pas aujourd'hui respecté. Le droit de mourir ne relève pas de la médecine mais de l'éthique.

C'est pourquoi, non seulement il faut "dépénaliser" l'euthanasie lorsqu'elle est faite à la demande expresse de la personne, mais encore "démédicaliser" un tel acte qui reste sous la seule emprise du seul "pouvoir médical" .

C'est pour cette raison qu'il faut une loi. Une loi qui donne un cadre juridique à l'interruption volontaire de vie (I.V.V.) et doit créer des conditions euthanasiques satisfaisantes bien préférables à l'arbitraire, à la bonne conscience, à l'hypocrisie ou même aux dérives eugénistes de toutes sortes, qui, hélas, accompagnent aujourd'hui le mourant au "pays des droits de l'Homme" !

André MONJARDET,

auteur du livre "EUTHANASIE & POUVOIR MEDICAL" -

Ed. L'HARMATTAN - Paris. 1999.