28 décembre 2000 (communiqué par Bart le)

 

Je vous annonce qu' à partir de 12 heures du 7 décembre 2000, je commence une grève de la faim indéfinie.

Vue la situation de répression toujours plus grande que nous vivons autant dans les prisons que dehors, et partant du droit inaliénable de l'individu de se rebeller contre l'omnipotence et l'arrogance de ceux qui exercent le Pouvoir, j'annonce qu'à partir de 12 heures du 7 décembre 2000 je commencerai une grève de la faim indéfinie pour les raisons et contenus que je voudrais exposer ici.

Depuis quelques années nous pouvons observer un aiguisement important de l'activité répressive des Etats impérialistes européennes destinée à criminaliser et diminuer l'activisme du mouvement social et politique, parmi lesquels le mouvement anarchiste bien enraciné dans les pays où continuent les luttes prolétaires et révolutionnaires, comme c'est le cas en Espagne, l' Italie ou la Grèce.

N'importe où que nous regardons, la vue est désolante. La restructuration du capitalisme incitée par l'emploi massif des technologies de communication a ouvert des nouvelles contradictions qui sont beaucoup plus difficiles à gérer par les gouvernements à travers la politique du consensus. Les Etats et par extension la société dans sa totalité n'ont qu' à s'adapter aux nouvelles exigences du capitalisme toujours plus exclusif.

La diminution des coûts de production, le taux de chômage toujours plus haut, la flexibilité et la précarité du travail, avec pour conséquence immédiate la prolétarisation des secteurs sociales auparavant proches de la classe moyenne, l'attraction d'une main-d'oeuvre bon marchée des pays du tiers-monde, le démentèlement de l'état-providence sur lequel était basé le pacte social déjà précaire entre prolétariat et bourgeoisie, ce sont tous des aspects décisifs d'une réalité qui nous permettent de présager pas seulement un futur incertain pour tout ceux et celles qui participent au procès de production et qui sont attrapés entre l'esclavage du travail et l'angoisse de joindre les rangs des pariahs, mais aussi une radicalisation de la lutte des classes. L'incertitude et l'imprévisibilité de l'avenir, le nombre élevé de ceux exclus du processus de production et relegués au bord d'une vie de misère et de survivance, mettent en doute le système d'exploitation.

Voici comment l'écrivain français Jacques Attali décrit avec un réalisme poignant ce nouveau scenario qui se profilera à un ritme accelerée dans l'Ouest opulent: "L'Europe n'a pas tellement changer, sauf que dans une certaine manière de penser l'ordre sociale, un capitalisme totalement nouveau est en train de surgir, un capitalisme global qui modifira profondement le rôle des Etats et des nations dans le monde. Un capitalisme poussé par des forces nouvelles d'où émergera une nouvelle élite et où sera prolétariser l'ensemble des classes traditionnelles. Bientôt, au lieu des salariés il ne restera qu'un vaste prolétariat déclassé; une superclasse triomphante flottera dans les eaux fangeux de misère et le prix du succès d'une petite minorité sera la marginalisation de la majorité et la violence des déclassés".

 

Vis-à-vis cette inquiétante radiographie sociale les Etats ont beaucoup de difficultés à conserver le consensus autour de ses institutions et des protestations populaires accroissantes, dont quelques-unes se distancent nettement de la ligne d'action officielle des partis et syndicats "ouvriers" domestiqués et fidèles à leurs amis les patrons, prenant des formes de lutte autonomes et autogérées.

Alors, quelle est la formule que les Etats adopteront pour contenir dans des limites tolérables le mécontentement général et la radicalisation des luttes sociales?

Ni plus ni moins que donner pleins pouvoirs à ses organes répressives pour faire fin à cette situation naissante, de concert avec une insistance obsessive et paranoïque sur le perfectionisme de sa machinerie pour "la lutte anti-terroriste" et "l'ordre et la loi", euphémismes politiques pour le contrôle et l'élimination de toutes les dissidences réelles, potentielles ou imaginées. Si la répression utilise ou non ses instruments de guerre (police, balles en caoutchouc, balles de plomb, amalgames judiciaires, détentions arbitraires, etc.) dépend du niveau de la lutte de classes. C'est devant les yeux de tout le monde que l'Etat déploie et se vante de tout ses moyens de pouvoir, de coercition et de répression ce dernier temps, signe inéquivoque du fait que le conflit entre exploités et exploitateurs a augmenté considérablement.

Les premières "victimes" de la bête répressive de l'Etat sont, naturellement, les prolétaires rebelles qui ont pris conscience de leur situation d'exploités et d'opprimés et qui luttent en première ligne contre le pouvoir et toutes ses expressions. Au milieu de ce prolétariat insurgé sont les anarchistes, insoumis déclarés de l'imposition de l'état et du capital, et pour un projet politique et social proche des idées socialistes, selon lesquelles ce sont les travailleurs qui sont les seuls et uniques producteurs des richesses sociales, et qui peuvent et doivent se libérer de la domination de la bourgeoisie capitaliste pour être une fois pour tous maître de leur vie et de leur futur. Même celui qui n'a que le moindre de connaissance des principes qui animent l'anarchisme, sait que l'anti-autoritarisme et l'anti-capitalisme fondent la théorie et la pratiqie anarchiste. Les anarchistes sont des ennemis déclarés de toutes les hiérarchies, de quelconque imposition et domination, n'importe d'ou elle vient ou comment on l'appelle; apologètes de la vie et de la liberté, de l'autodétermination et de l'indépendence de l'individu et des peuples dont il/elle fait parti, désirant une société autogérée comme la base unique sur laquelle nous pouvons construire un monde plus juste, égal et libre.

C'est à ce moment, quand le prolétariat se prépare pour prendre l'initiative et se réveille son esprit de liberté, comme c'était le cas des nombreux fois au cours de son existence comme classe, que l'Etat laisse tomber son masque et laisse voire sa vraie sale gueule, violente et criminelle, quelques fûrent ses ornaments libéraux et démocrates. Les méthodes que l'Etat utilise pour finir les révoltes prolétariennes sont connues par tous, ses mains sont noyées de sang innocent. Nous nous rappelons l'infâme GAL, ce bataillon basque-espagnol et autres bandes armées organisées par l'Etat, consacrées à semer l'angoisse et la terreur parmis la population inerte et stupéfaite quand tombaient l'un après l'autre ceux qui avaient l'audace de questionner et de lutter contre le système. Aussi, rappellons-nous en Italie les bombes à la Plaza Fontana de Milan ou dans la gare de Bologna, qui causaient la mort de centaines de personnes. Jusqu' à aujourd'hui, ces atrocités n'ont toujours pas été éclaircies; ainsi l'Etat italienne a reconnu à peine l'implication de certains de ses hommes des services secrets dans ces actes barbares et criminelles. Mais autant qu'ils voudraient occulter, nous connaissons tous la vérité: les attentats furent planifiés et ordonnés dans les sphères les plus hautes du pouvoir: il s'agissait du terrorisme d'état qui, dans l'intention désespérée de contrer l'offensive révolutionnaire du prolétariat, est responsable de centaines de morts innocents.

Plus récemment, l'Etat italien conduisait des nombreux anarchistes devant ses Saintes tribunales d'inquisition accusés d'êtres membres d'une invraisemblable, pour ne pas dire grotesque, organisation armée, structurée hiérarchiquement avec des chefs, des lieutenants et des commandos opératifs. Tout cela accompagné d'une campagne de criminilisation qui incitait à une vraie chasse aux anarchistes. Tout ceux qui se déclaraient pour la révolution et le communisme libertaire ou avaient le moindre contact avec l'anarchisme, étaient systématiquement persécutés et emprisonnés. La chasse avait bientôt des résultats et coûtait la vie à deux camarades anarchistes, Soledad et Eduardo, morts par le fait de l'Etat quand elle/il se trouvait enfermé dans ses prisons immondes.

Les choses n'ont pas changés depuis. L'Etat continue à utiliser des inventions politico-judiciaires comme armes pour étouffer les foyers de la résistance prolétaire qui surgissent partout où les contradictions sociales sont plus aiguës. Comme dans le cas des trois camarades anarchistes madrilènes accusés d'avoir envoyé des pacquets de bombe aux journalistes au service de la presse espagnole le plus réactionnaire. L'opération est dessinée et executée, comme d'habitude dans ces cas, par les bureaus du ministère de l'intérieur, la brigade provinciale d'information ou, ce qui est la même chose, la police politique, ce qui assure que les accusés comparaissent devant l'autorité judiciaire chargée d'ouvrir les portes de la prison où on apprendra ce que signifie la douleur, la souffrance et l'impuissance. Des preuves? Maintenir des relations avec des anarchistes et prolétaires rebelles emprisonnés. Quand même, pour que les inventions judiciaires produiront l'effet voulu il est nécessaire d'apporter des éléments essentielles comme le lynchage publique, le discrédit personnel et politique des suspects et la condemnation morale de leurs actes et de leurs manières d'être, de sentir et de penser. Les médias de communication de l'Etat jouent un rôle crucial dans cet aspect et préparent le terrain pour que la répression pourra agir impuni, ils se chargent de criminaliser et de salir les individus, groupes et collectives considérés inconvénients et embarrassants pour le pouvoir. Le jeu est vraiment pervers: les journalistes signalent et accusent, les tribunaux condamnent et les prisons exécutent. Cette pédagogie de la conscience de masse, si occupée à démonster l'indémonstrable, c'est à dire, que ce monde tel comme il est organisé maintenant est le meilleur des mondes possibles; excellents manipulateurs de la réalité et artistes sans pareil de la distorsion, ils appellent le mensonge et le calomnie "liberté de l'expression", le lynchage médiatique "droit de l'information"; ils tachent comme "terrorisme" la solidarité active avec les opprimés politiques enfermés pour la vie dans les centres d'extermination du capitalisme, voilent les tortures et les assasinats qui sont commis tout les jours dans les commissariats et prisons, l'annihiliation des prolétaires rebelles dans les modules d'isolement sous l'insigne de prisonnier FIES, la dispersion, la mort lente et agonisante des prisonniers incurables et au stade terminal, tout cela en appelant à l'"Etat des Droits" omnipotente.

Face à un scénario qu'on peut définir Dantesque, sans trop de dramatisme, il n'y a que deux options: ou la soumission aveugle et devouée à la domination du capitalisme ou la rébellion spontanée et passionnée contre tout ce qui nous opprime et exploite.

* Fermeture des unités d'isolement et abolition des FIES

* Arrêt des dispersions

* Liberté immédiate de tous les prisonniers incurables

A BAS LES MURS DES PRISONS!!

VIVA LA ANARQUIA!!

Michele Pontolillo, prisonnier anarchiste italien enfermé au centre d'extermination de Villabona (Asturies).

 

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