Début janvier 2001

 

          Cela fait presque 18 mois que j'ai quitté ma maison et depuis je suis sans nouvelles des miens et eux de moi.

          Si je m'exprime aujourd'hui, c'est pour répondre aux accusations portées contre moi. Pour commencer, je tiens à réaffirmer que pour ce qui concerne la violence politique corse, j'ai toujours défendu la même position. Pour moi, ce sont des actes de résistance opposés à une politique de négation de notre peuple et de ses droits. Cette position, je l'a défendrai tant que ne sera pas solutionné le problème politique corse, seulement nul n'a le droit de me juger, ni de me condamner comme cela a été fait jusqu'ici. Parce que je nie avec force les faits qui me sont reprochés dans les affaires Pietrosella et Erignac. Je n'y ai pas participé.

          D'après ce que j'ai su, deux militants nationalistes emprisonnés m'ont mis en cause. Depuis plus d'un an, je me pose une question : pourquoi ? Il y a certainement une raison très importante mais ce n'est pas à moi de la fournir. Par ailleurs, je tiens à dire que je n'ai bénéficié d'aucune complicité dans ma fuite. Mon travail, qui m'appelait alors en montagne, m'a permis de m'affranchir des coups que l'on me porterait. Lorsque je m'apprêtais à retourner chez moi, j'ai appris que j'étais recherché, mais, aussi déjà condamné. J'ai alors décidé de prendre du recul. J'ai bien fait. Mon père et ses amis socialistes n'y sont pour rien.

          A ceux qui me demandent de me présenter devant la justice française, je répondrai que je suis un homme de conviction et que cette justice qui a condamné Adami à 11 ans de prison pour deux attentats, qui a emprisonné le regretté Lorenzoni pendant 18 mois avec un dossier vide et la liste est longue. Et qui a libéré, après moins de deux mois de prison, l'infâme Bonnet et ses sbires, dont le projet était de réactiver l'affrontement entre nationalistes. Cette justice d'exception au service de l'éradication du mouvement national, je ne peux la cautionner. Je ne pense absolument pas à me mettre entre ses mains.

          Je veux profiter de l'occasion qui m'est donnée pour faire savoir à ma femme et à mon fils chéri, à ma mère tant aimée, à ma famille entière et à tous mes amis que je suis en bonne santé et que le moral est d'acier. Je tiens à remercier, tous ceux qui, en Corse et ailleurs, m'ont apporté de l'aide et témoigné de la sympathie. Pour finir, j'envoie un salut fraternel à toutes les victimes de la répression. Vive le peuple corse, vive la lutte.

          Evviva a Corsica Nazione.

          Signé: Yvan Colonna, patriote recherché.

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à l'attention des journalistes de U Ribombu :

                    Chères soeurs, chers frères

          Voici la lettre que je vous demande de publier pour répondre à la demande de mon avocat, Me Antoine Sollacaro, (qui devrait, si tout se passe bien, en recevoir la photocopie) afin de clarifier ma position. Là où je suis, j'ai peu de nouvelles de la Corse et toujours pas de ma famille, tellement la pression sur eux est grande. Mais cela ne m'empêche pas de garder la foi dans notre lutte, qui, peut-être, débouchera un jour. Vérifiez toujours que je n'ai pas fait d'erreur en écrivant cette lettre dans notre langue. Mais c'était important pour moi de faire ainsi.

          Plein de baisers à tous les patriotes recherchés et résistance ! Toujours plus que jamais

 

 

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