7 mai 2001

 

 

Mumia Abu Jamal

(ou une justice américaine en dérive) .

Militant contre la ségrégation raciale aux Etats-Unis, fondateur de la section du Black Panther Party de Philadelphie, Mumia Abu-Jamal est l’un des fils politiques de Malcolm X, journaliste indépendant dénonçant les brutalités policières, s’efforçant de défendre la condition ouvrière, les démunis…En 1982 il est condamné à mort pour le meurtre du policier Daniel Faulkner, crime qu’il n’a pas commis. Depuis 18 ans !!! Mumia attend dans le " couloir de la mort " et clame son innocence. Vous devez savoir que son procès entre parfaitement dans le mécanisme d’une justice américaine archaïque et truquée.

La justice de ce pays est une justice déformée ou shérifs et juges sont élus (Texas) . Les procès se transforment donc souvent en une quête de popularité ; il ne s’agit pas de rendre la justice mais de conserver son électorat en remportant des affaires médiatiques. Il paraît que la justice américaine mène " une guerre contre le crime " et dans ce genre de situation, " il y a toujours des victimes innocentes, c’est normal ". Cet état d’esprit, largement répandu chez les policiers américains, montre qu’il ne s’agit pas de trouver le véritable responsable d’un crime mais de prendre une personne quelconque, le plus souvent choisie parmi la communauté afro-américaine, les hispaniques, les pauvres ou encore les handicapés mentaux…car ce sont eux qui sont principalement menacés par la peine de mort ! Je crois qu’il est presque inutile de dire qu’une fois condamné à la peine capitale, l’intransigeance, l’indifférence voire le racisme des juges ou procureurs ne vous laissent aucune chance, aucun espoir ! Ce système n’est destiné qu’à protégé les plus riches. Kerry Max Cook, ancien condamné à mort finalement innocenté, en est l’illustration parfaite. Il ne doit sa libération qu’à deux donateurs new-yorkais, le prix d’une vie : 4 000 000 de francs.

En effet, pour une condamnation à mort, l’accusé, faute de moyens, se voit le plus souvent attribuer un avocat commis d’office: mal payé donc désintéressé, la plupart du temps inexpérimenté pour ce genre d’affaire, ne disposant pas de moyens financiers suffisants pour prouver l’innocence de son client. A l’opposé se trouve l’accusation, représentée par le procureur général, auquel l’état accorde tous les moyens financiers et matériels pour prouver la culpabilité de l’accusé.

Enfin, c’est de cette justice truquée dont il faut parler. Les affaires de condamnation à mort, s’accompagnent trop souvent de dissimulations ou falsifications de preuves, d’extorsions d’aveux, de pressions sur témoins, de faux témoignages, de vices de procédure ou encore de non respect des droits de la défense…en fait tout est mis en œuvre pour que l’accusé soit condamné et c’est ce système arbitraire que Mumia Abu-Jamal a rencontré.

En bref, ne retenons que ces chiffres:

Les Etats-Unis c’est 38 états sur 50 qui pratiquent la peine de mort ; c’est encore 3600 condamnés qui attendent ; c’est 22 exécutions programmées avant la fin de l’année. C’est 70 % des condamnations prononcées depuis 25 ans qui auraient être cassées car irrégulières.

Mumia Abu-Jamal n’est plus un simple numéro. Il est devenu le symbole de toute une lutte.

Lutte contre la barbarie, l’injustice, le racisme. Lutte pour la liberté, pour la défense des droits de chaque citoyens à travers la monde. En son honneur et pour qu’il est la vie sauve. Pour que ses droits soient enfin respectés, je vous invite vivement à prendre part à la manifestation du 2 Décembre 2000 à Paris……

Xéric

 

Ps : ce texte a été publié dans le journal " Jeunesse révolution " à l’occasion d’une manifestation qui à eu lieu le 2 décembre 2000. Son succès à court terme a été mitigé, les forces de l’ordre nous ayant empêché d’aller jusqu’à l’ambassade américaine. A long terme en revanche, nos longs efforts nous ont permis de rencontrer le ministre de la justice des Etats-Unis et de faire admettre l’idée d’un nouveau procès. Les dernières élections présidentielles ont tout gâché.


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