2 aout 2001

 

Modification Gênes-Ethique ?

A côté des événements qui se sont produit à Gênes, ce qui m'est arrivé n'est qu'une anecdote sans importance. J'ai offert un gros poulet de bresse à un rédacteur en chef qui l'a modifié au point de ne présenter qu'un vulgaire  poulet de batterie à son menu. Il n'y a vraiment pas de quoi en faire un drame. Ca se passe tous les jours et finalement, on s'y habitue, ou plutôt on devrait s'y habituer.

Mais commençons par le début : qui suis-je ? J'ai été élevée en pleine campagne au milieu du maïs, du foin et des escargots de Bourgogne. Toute petite déjà, je regardais les étoiles et je rêvais de devenir ingénieur, histoire de construire un vaisseau spatial du type de celui du capitaine Albator, qui dès 1979 se battait contre l'unique gouvernement de la Terre. De là est né mon goût pour la science-fiction. Des interrogations du style "sommes-nous seuls dans l'univers ?" ont dû aussi apparaître à cette époque.
Aujourd'hui, je ne construis pas de vaisseaux spatiaux mais des outils informatiques. A côté de cela, je publie un fanzine et depuis trois ans, je représente en France une association internationnale, la SETI League. SETI signifie "Search for Extra-Terrestrial Intelligence". De nombreux projets d'écoute du ciel à la recherche d'intelligence extraterrestre ont porté ce nom là, entre autre celui de la NASA, interrompu par le Congrès US en 1993. Suite à cela, deux américains se sont dit que ce genre d'étude ne pouvait pas fonctionner à échelon nationnal, ni dépendre des bons sentiments de mecs dont la principale préoccupation est de se faire réélire. Ils ont donc fondé une association, la SETI League rassemblant des amateurs désireux de construire une antenne ou simplement d'apporter leurs idées au projet. Les discussions y sont plutôt techniques, l'ambiance très bon-enfant.

Lorsque j'ai accepté de représenter l'association en France, j'envisageais surtout de mettre des informations à disposition des non-anglophones en traduisant quelques pages du site américain. Ce qui fait qu'à la sortie de l'économiseur d'écran SETI@HOME, il n'y avait pas beaucoup d'autres pages web sur SETI et je me suis retrouvée face aux journalistes sans vraiment y avoir été préparée. J'ai pris une sorte de douche froide en découvrant  leurs méthodes de travail et me rendant compte que les témoins que l'on voit dans les reportages des JT ne sont que des acteurs débutants. Bien sûr, j'ai rencontré de bons journalistes qui maîtrisent réellement leurs sujets et possèdent une certaine éthique. Malheureusement, ce n'est pas le cas de tous et aujourd'hui, j'ai plutôt tendance à éviter ces individus autant que possible.

Mais venons en aux faits. L'un des meilleurs articles sur SETI@HOME fut publié en juillet 2000 dans un numéro de VSD Hors-Série consacré aux OVNI. Il était écrit par monsieur Thouanel, l'un des rares journalistes français à avoir fait le déplacement aux US pour interroger les scientifiques de l'université de Berkeley. Attention, VSD hors-série n'a rien à voir avec le VSD "classique", si ce n'est qu'il a le droit d'utiliser le même logo vu qu'il est financé par le créateur de VSD qui a ensuite du vendre son magazine à un grand groupe !

Lorsque monsieur Thouanel m'a demandé d'écrire un article pour le numéro de 2001 en m'invitant à améliorer un article qui se trouvait sur mon site web, j'ai tout naturellement accepté et lui ai envoyé un texte, malgré les quelques boutons d'allergie que font surgir le sujet des OVNI. Le 9 novembre 2000, il m'écrivait des états-unis "Pour revenir a votre article... Je l'ai lu... Il est excellent. Je vais le retravailler une fois de retour en France, et quand je dis retravailler, en fait c'est relever les points qui pourraient  sembler incomprehensibles pour le lecteur moyen."
Jusqu'à la parution du numéro le 13 juillet 2001, nous avons échangés quelques messages courtois sur divers sujets mais n'avons pratiquement pas reparlé de l'article, auquel je n'attachais pas une grande importance il est vrai.

Lorsque j'ai découvert le numéro en kiosque, je l'ai survolé avec un léger malaise. J'ai écrit ça moi ? J'étais en voyage à Paris pour la convention de science-fiction francophone et je n'avais pas le texte original sur moi, ni le temps de lire VSD. A mon retour, j'ai pu constater les dégats. Oups ! La moitié du texte avait été coupée. Ce n'est pas dramatique. Tous les journalistes font ça, ne serait-ce qu'à cause de la limitation de place. Mais tout de même, j'avais profité de l'occasion pour parler de l'Afrique et de la colonisation. Toute cette partie semble avoir été censurée (en rouge italique dans le texte).

Le samedi 21 juillet, je reçois l'email de do@mai.org avec la photo du jeune italien tué à Gênes. Quel choc de bon matin ! J'en profite pour faire un tour sur le site en me disant qu'il faudrait justement que je mette un lien à partir de la page d'accueil. Le lundi 23, à 3h du matin, je n'arrive pas à trouver le sommeil et pense encore à VSD. Ne devrais-je pas aussi utiliser le web pour au moins expliquer que l'article publié ne correspond pas à ce que j'ai envoyé. Je conçois donc une page http://www.chez.com/telescope/vsd/ et mets un lien vers la page "vengeance" à partir du titre "messieurs les censeurs, bonsoir".

La réaction de monsieur Thouanel ne se fait pas attendre. Il contacte dans mon dos le directeur de la SETI League en lui traduisant la page incriminée et en m'accusant de faire de la politique. Moi qui espérais des excuses, me voilà bien servie ! Comment a-t-il osé traduire "Messieurs les censeurs bonsoirs", sans expliquer qu'il s'agissait d'une référence à Maurice Clavel ? Je réponds au directeur et explique la situation, avec une copie à Monsieur Thouanel. J'en profite pour analyser un peu plus profondément la situation et me rends compte qu'ils ont coupé un passage (3) et l'ont collé dans un autre contexte (3a).  D'un article contre la colonisation et l'invasion des soucoupes volantes, ils ont ainsi fait quelque chose de plutôt pro-OVNI, en changeant par exemple le titre (1) ("Pardoxe de Fermi : La clé de l'enigme OVNI ?").

Suite à cela, je reçois une lettre d'insulte de monsieur Thouanel qui traduit sa véritable nature. J'y trouve des perles du style :

J'avoue avoir trouvé cette colère plutôt comique. Cependant, j'avais proposé cette article en croyant naïvement que la presse était toujours libre, sans demander à être payée, à la limite avec un léger détachement. A la place des excuses pour les censures opérées, je ne reçois qu'insultes et la copie de propos diffamants envoyés au directeur de la SETI League. Merci !

Mais assez parlé, je vous laisse découvrir et juger les modifications effectuées sur le texte initialement envoyé. Tout cela n'est qu'une anecdote. Un proverbe africain dit "le coassement des grenouilles n'empêche pas l'éléphant de boire". Les larmes et les gouttes de sang de quelques anti-mondialistes n'empêcheront pas les chefs d'état de s'assurer que la presse est bien aseptisée. Mais est-ce un raison de se taire ?

Elisabeth Piotelat
Lyon, le 2 aout 2002
 
 
 
 
 

Qu'est-ce que le paradoxe de Fermi ? (1)

 

Naissance du paradoxe


Enrico Fermi (1901-1954), physicien italien, est connu pour son prix Nobel de physique en 1938, pour avoir produit la première réaction nucléaire en chaîne en 1944 mais avant tout pour cette histoire a priori anecdotique, que l'astronome Carl Sagan baptisa plus tard "le paradoxe de Fermi". Pendant l'été 1950, Enrico Fermi travaillait au laboratoire national de Los Alamos. En se rendant à la cantine avec trois autres physiciens renommés, il discutait d'un dessin humoristique paru dans le New Yorker. Suite à une série de vols de poubelles à New York, le dessinateur avait représenté une soucoupe volante posée sur une autre planète avec des petits hommes verts tirant chacun un container de déchets. (1) Fermi demanda à Edward Teller, le père de la bombe H, une estimation de la probabilité que dans les dix prochaines années nous ayons la preuve de l'existence d'un objet se déplaçant plus vite que la vitesse de la lumière ? Il sous-entendait bien sûr que tout extraterrestre nous rendant visite aurait découvert le voyage supra-luminique. Teller hasarda : 1 sur 1 million. Fermi répondit que ce chiffre était bien trop faible, et que son estimation se portait à 10%. La question s'arrêta là. Ils prirent leur repas. Tout d'un coup Fermi se leva de table et s'écria "Mais où sont-ils ?"

Cela déclencha un fou rire dans la cantine. Etonnament, tout le monde avait comprit qu'il était question d'extraterretres. Imaginons en effet qu'un beau jour, pour une raison que nous ignorons, les Vogons décident de coloniser l'espace. Leur technologie leur permet uniquement de se déplacer à 1% de la vitesse de la lumière. En moyenne 500 ans plus tard, ils atteignent les étoiles les plus proches de la leur. Ils s'installent là et 500 ans plus tard repartent vers d'autres mondes. La vague de colonisation se déplace donc à 0,5% de la vitesse de la lumière. Comme la galaxie fait 100000 années-lumière de diamètre, en 20 millions d'années, ils l'ont entièrement colonisée. Les plus vieilles étoiles ayant un milliard d'années, si au début de la vie de notre galaxie une civilisation avait décidé de la coloniser, ils devraient être partout maintenant. Or sur Terre, les Vogons ne nous dérangent pas vraiment ! (2)L'Américain Carl Sagan ou le Français Jean Heidmann savaient utiliser aussi bien la presse que les télescopes pour communiquer leur passion pour l'astronomie et diffuser l'idée que nous ne sommes peut-être pas seuls dans l'univers, tout en combattant l'irrationnel. Ils ont tenu les ficelles décisionnelles des hautes autorités scientifiques et politiques, ils ont écrit plusieurs livres, sont apparus à la télévision (3a)
 

Arbre à palabres


En 1975, l'astronome Michael Hart écrivit que la colonisation galactique était tellement probable, que la seule conclusion possible est que nous ne partageons pas la galaxie. Le physicien Franck Tipler va plus loin. Même si une civilisation ne cherche pas à envahir la galaxie, il serait étonnant qu'aucune sonde ne soit lancée. Il en déduit qu'il ne se fait rien de mieux, ni de plus intelligent que l'espèce humaine dans les environs. A la suite de ces deux articles, Carl Sagan utilisa le terme de paradoxe.

Depuis un demi siècle, protagonistes d'écoute de signaux extraterrestres, amateurs de science-fiction, allergiques aux soucoupes volantes ou chercheurs d'OVNI se donnent rendez-vous au pied de l'arbre à palabres et chacun utilise les propos de Fermi pour défendre sa chapelle. A l'instar d'Ellie Arroway, l'héroïne de "Contact", le roman de Carl Sagan porté à l'écran par Robert Zemeckis, devons-nous penser que l'univers est un beau gâchis d'espace, puisqu'aucun extraterrestre n'est venu nous serrer la pince à ce jour ? Bien sûr, dans la fiction nous ne sommes pas seuls et nos radiotélescopes nous permettent d'entrer en contact. Les terriens font le voyage dans la machine construite d'après les plans généreusement envoyés par leurs alter ego Végans. En chevauchant un photon comme le fit Einstein, devons-nous rester accrochés à la vitesse de la lumière à laquelle se propagent les ondes radio pour rejeter l'idée de tout transport de matière dans cet univers principalement constitué de vide et défendre les projets de recherche de signaux intelligents ? Les distances astronomiques entre deux étoiles voisines découragent-elles tout explorateur potentiel ? Chacun apporte sa goutte d'eau au pied de l'arbre à palabre dont les racines s'enfoncent toujours plus dans le sol tandis que les plus hautes branches touchent le ciel.
 

Lumière dans la nuit...


La réponse la plus simple au paradoxe de Fermi a déjà fait l'objet de nombreux écrits : ils sont parmi nous ! Derrière cette affirmation se dissimulent de multiples comportements. Certains sont tout à fait louables. Par exemple, l'Association Louhannaise de Phénomènes Inexpliqués regroupe des chercheurs d'OVNI. Depuis plusieurs dizaines d'années, ils parcourent les routes de la Bresse Bourguignonne à l'écoute des témoignages de paysans, à la recherche d'échantillons ou de lueurs anormales dans le ciel. Ils mènent une étude sur le terrain, sans se soucier des polémiques et surtout sans but lucratif. Chaque année, ils informent le public de leurs découvertes grâce à une exposition, où peintres, maquettistes, astronomes amateurs et simples touristes partagent leur vision de l'espace actuel, futur ou hypothétique. Ces petites organisations essaient à leur échelle d'apporter une réponse au paradoxe de Fermi en recherchant sur le terrain une preuve matérielle. Malheureusement, l'univers ufologique apparaît beaucoup plus complexe, voire dangereux dès que l'on s'éloigne de la terre. Certains chercheurs d'OVNI mettent rarement la main à la pâte ou l'oeil à l'occulaire et très vite, soucoupe volante va s'apparenter à de stériles polémiques, à des jalousies du style "il a utilisé MON idée dans SON livre !", etc... jusqu'à ce que la paranoïa pointe son nez avec les premiers intérêts financiers. Bien sûr, il n'y a pas vraiment de mal à utiliser l'extraterrestre pour augmenter les ventes d'un magazine pendant l'été. C'est humain même si cela ne fait pas avancer le schmilblick. Mieux vaut ne pas énumérer le reste sous peine de quitter complètement le domaine de l'interrogation légitime pour celui de la croyance. Emettre l'hypothèse que nous ne sommes pas seuls sur Terre et en chercher les preuves, voilà une attitude tout à fait louable, qui peut même conduire indirectement à des développements technologiques comme en témoignent les travaux sur la MHD de l'astrophysicien Jean-Pierre Petit. En revanche, croire que notre ciel est envahi de soucoupes volantes ou qu'un éventuel vaisseau extraterrestre viendra nous sauver n'apporte rien à personne, sauf à quelques banques suisses. La frontière entre interrogation et croyance ne présente ni barrière, ni barbelé. Certains la franchissent simplement parce qu'un jour ils ont vu une lumière dans le ciel. Ce phénomène doit rester inexpliqué tant qu'aucune certitude ne vient l'éclairer. Carl Sagan disait "A postulat extraordinaire, preuve extraordinaire". Les quelques éléments présentés jusqu'à présents par les défenseurs de l'hypothèse "ils sont parmi nous" ne permettent pas de résoudre le paradoxe de Fermi, même si l'on ne peut les ignorer.
 

Jeu au coin du feu...

 

Cher Père-Noël...


Quel est le point commun entre un gnou et un extraterrestre ? Je n'ai rencontré ni l'un ni l'autre, si ce n'est au cinéma ou dans les média. Quelle méthode puis-je employer pour vérifier l'existence des gnous ? A défaut de trouver un animal en vie dans un zoo, la seule solution est d'aller en Afrique et de toucher un gnou. J'aurais ainsi la preuve que ces animaux existent mais je serai toujours incapable de démontrer l'existence des gnous à un interlocuteur potentiel, en utilisant seulement ma logique. Celui-ci sera bien obligé d'accepter mon récit de voyage, de me faire confiance à un moment ou un autre. Le rationnalisme pur et dur ne conduit qu'à l'ignorance. Et si les extraterrestres jouaient à l'homme invisible ? Si je peux parier qu'il y a des gnous sur Terre sans en avoir vu, pourquoi ne puis-je pas parier qu'il y a aussi des extraterrestres ? Une réponse au paradoxe de Fermi pourrait donc se présenter sous la forme "Ils sont parmi nous mais ils se cachent." Nul doute que chaque cerveau est capable d'imaginer pourquoi nos éventuels visiteurs ne veulent pas se montrer ou pourquoi nous ne voulons pas les voir. La science-fiction regorge d'exemples. Lorsque Calvin déclare à son tigre Hobbes "La meilleure preuve qu'il existe des êtres intelligents dans l'univers, c'est qu'aucun ne soit venu nous rendre visite", il n'est certainement pas loin de la vérité ! Cependant, l'hypothèse "ils sont parmi nous mais on ne les voit pas" ne pourra jamais être vérifiée. Il faudrait pour cela que l'on puisse les voir... ce qui nous ramènerait à l'hypothèse précédente "ils sont parmi nous". Cela n'a pas empêché quelques grands scientifiques de leur souhaiter la bienvenue... au cas où. L'astronome canadien Allen Tough a construit un site web "Welcome ET" destiné à accueillir des extraterrestres sur la grande toile mondiale. Petit à petit, un groupe solide s'est construit autour de cette intiative originale, auquel vient de se joindre Arthur Clarke, scientifique reconnu et célèbre écrivain de science-fiction. Sont-ils des croyants ? Non, l'extraterrestre n'est pas leur religion agitant l'image du paradis ou de l'enfer pour dicter leurs actes. De nombreux enfants écrivent au Père Noël, d'autres déposent une bouteille de vin à côté des souliers pour tester le comportement de ce mystérieux personnage. Finalement, nous n'avons là que des tentatives de communication. Puisqu'ET refuse de s'exprimer le premier, à nous de montrer que notre intelligence est à la mesure de la sagesse d'un enfant turbulent avant Noël, c'est-à-dire qu'avec un peu d'efforts, nous pouvons pousser notre réflexion en dehors de la sphère anthropocentrique. De plus cet exercice philosphique ne mange pas de pain, alors pourquoi s'en priver ?
 

Jeu au coin du feu... (4)


Mais où sont-ils ? S'ils ne sont pas sur Terre, sont-ils ailleurs ? Le raisonnement de Fermi insite à penser que non, que nous sommes seuls puisqu'ils ne sont pas là.Pourquoi ne suis-je jamais allée en Afrique ? Pourquoi Toto l'extraterreste n'est-il jamais venu sur Terre ? Le tourisme ne l'intéresse pas. Il capte nos chaînes de télévision, donc connait par coeur la vie des gnous et des impalas dans le Serengeti. Prendre quelques photos et regarder de loin la vie des gens ne présente aucun intérêt pour lui. Toto a également pensé faire un voyage humanitaire, mais la vue d'un tracteur rouillé dans le désert lui a rappelé qu'il ne trouverait pas forcément sur Terre les pièces détachées pour sa soucoupe volante. Et finalement, les terriens ont-ils vraiment besoin de technologie spatiale ? Déplacer les cailloux dans les cavités du jeu de l'awalé (4) requiert plus de logique, d'intelligence et de perspicacité que d'appuyer sur les deux touches d'une abrutissante console Pikapika. La Terre l'a toujours fasciné. Finalement, peut-être a-t-il peur de ne pas avoir envie de rentrer chez lui s'il s'aventure sur la planète bleue ? Plus casanier que nomade, la nature de Toto fait qu'il n'a pas le temps d'aller sur Terre. Même si j'ai l'envie et les moyens financiers ou matériels d'aller en Afrique, je n'y ai jamais mis les pieds. Pourquoi ? Je pourrais trouver des tas d'excuses sans qu'aucune soit vraiment convaincante.N'est-il pas possible qu'une civilisation extraterrestre puisse ne pas avoir envie d'explorer la galaxie ? Par exemple, pourquoi irais-je en Afrique alors qu'Internet permet une communication rapide, efficace et bon marché avec des amis situés à Alger, Casablanca ou Bobo-Dioulasso ?
 

Passage furtif...


Mais je ne suis qu'un cas isolé, comme la planète de Toto. Sur les 200 milliards d'étoiles de notre Voie Lactée, environs 14% ressemblent au Soleil. Certaines sont trop vieilles ou trop jeunes pour avoir des planètes, qui toutes n'ont pas forcément vu une vie intelligente se développer. Quoi qu'il en soit, ça fait tout de même pas mal d'endroits d'où des civilisations auraient pu partir découvrir la galaxie. Si je ne suis jamais allée en Afrique, d'autres en sont revenus et ne pensent qu'à repartir. Ce n'est pas parce que la civilisation de Toto est restée sur sa planète que toutes les races de la galaxie en ont fait autant. Mais où sont-elles ? Certaines ont pu passer quand nous n'étions pas encore là et les dinosaures auraient oublié de nous transmettre le petit mot qu'elles ont laissé.L'Américain Carl Sagan ou le Français Jean Heidmann savaient utiliser aussi bien la presse que les télescopes pour communiquer leur passion pour l'astronomie et diffuser l'idée que nous ne sommes peut-être pas seuls dans l'univers, tout en combattant l'irrationnel. Ils ont tenu les ficelles décisionnelles des hautes autorités scientifiques et politiques, ils ont écrit plusieurs livres, sont apparus à la télévision. (3) Pourtant quel pourcentage de Français ou d'Américains ont simplement entendu le message de ces deux grands astronomes aujourd'hui disparus ? Combien l'ont compris ? Combien l'ont retenu ? En admettant qu'il y ait dans la galaxie au moins une civilisation qui ait eu envie de voir du paysage,on peut résoudre le paradoxe de Fermi avec l'hypothèse "Ils sont simplement passés sur Terre", même si nous n'avons aucune preuve. Je pourrais très bien visiter l'Afrique sans nouer aucun contact, sans laisser la moindre trace. Personne ne serait en mesure de prouver que j'y suis allée.
 

Tirs d'ailleurs... (5)


Fermi stipule cependant qu'il y a eu une colonisation de la galaxie. Lorsque des entités intelligentes arrivent quelque part, elles s'y installent jusqu'à ce que d'autres générations poussent la conquête un peu plus loin. Ce comportement non seulement apparaît comme très humain, mais en plus il est criticable, voire dépassé. Le paradoxe date de 1950. Quelques années plus tard, l'idée d'une race cherchant à coloniser la galaxie n'aurait peut-être même pas effleuré l'esprit de Fermi. Nul doute qu'un extraterrestre nous traiterait de barbares en découvrant cette période de l'histoire de France dont nous sommes si peu fiers que les manuels scolaires oublient de mentionner les tirailleurs sénégalais. Sur le vieux continent, la colonisation demeure un sujet tabou, la décolonisation une blessure ouverte. Bien sûr, la France est fière de ses bons élèves comme la philosophe ivoirienne Tanella Boni ou Check Mobido Diarra, l'ingénieur malien sans qui des milliers de terriens n'auraient pas entendu parler de Mars Pathfinder, le petit robot téléguidé à la surface de Mars. Bien inconscient serait celui qui s'amuserait à dresser une sorte de bilan de ce voyage au bout de la nuit. Imaginer ce que serait le monde si nos ancètres n'avaient pas été si barbares est un exercice périlleux.Mais ces erreurs ne devraient-elles pas au moins nous insiter à banir les termes de conquête et de colonisation de l'espace comme le préconise l'ufologue Jean-Louis Decanis ?
 

Un peu de clarté...


Cette pirouette consistant à enterrer le paradoxe de Fermi avec nos déchets nucléaires et autres objets encombrants n'est pas satisfaisante. Recyclons encore et toujours..."Les paradoxes-vérité ont une certaine clarté charmante et bizarre qui illumine les esprits justes et qui égare les esprits faux" a écrit Victor Hugo. Où sont-ils ? Sommes-nous seuls ? Ces questions feront encore couler beaucoup d'encre puisqu'elles relèvent de l'éternelle quête de l'autre, miroir de nos comportements. "L'intelligence humaine n'est pas le nec plus ultra de ce que le cosmos a pu produire" martelait Jean Heidmann dans ses livres et à chacune des ses apparitions médiatiques. Les européens ont appris à leur dépends qu'il existait d'autres esprits, ni supérieurs, ni inférieurs, mais seulement différents comme celui de Gandhi. Pourtant constitués à partir des mêmes gènes, nous autres terriens sommes confrontés chaque jour au choc des cultures.

Quel pourcentage de la population a simplement levé les yeux vers les cieux étoilés pendant quelques heures ? Combien de mathématiciens savent jongler avec des concepts d'univers jumeaux basés sur l'anti-matière ? Nous sortons à peine de notre berceau. A quatre pattes sur l'argile, nous regardons notre ombre au fond de la caverne. Une musique lointaine nous laisse présager que nous ne sommes pas seuls. Ces notes viennent-elles d'une harpe celtique ou d'une kora africaine ? A moins qu'il ne s'agisse que du fruit de notre imagination stimulé par le bruissement des feuilles de l'arbre à palabres ?
 
 



en noir : le texte publié
en noir italique : passage collé
en bleu italique : passage coupé
en rouge : passage supprimé

(1) Titre remplacé par "Pardoxe de Fermi : La clé de l'enigme OVNI ?"

(2) Que les chiffres effraient le lecteur, admettons. Dans ce cas, pourquoi ne m'ont-ils pas demandé de réécrire ce passage ? Nulle part dans le texte n'apparait l'idée fondamentale du paradoxe "S'ils existent, ils doivent être là".

(3) Passage coupé et collé dans un autre contexte. (3a)

(4) L'intertitre était une référence à l'awalé évoqué ensuite. Mais ce passage a été supprimé. S'ils n'ont pas compris ce que je voulais dire, pourquoi ne m'ont-ils pas simplement posé la question ?

(5) Jeu de mots (laid) avec les tirailleurs sénégalais évoqués ensuite. Le passage a été coupé.



 
 

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