6 novembre 2001

 

Syndicalisme et/ou politique politicienne

"…ce sont des traîtres et des salauds…" Voilà comment Martine, une employée du CHRUG, résume de façon lapidaire l'attitude des syndicats qui ont avalisé l'accord sur les "35" heures malgré l'opposition des hospitaliers.

Concernant la mise en place des "35" heures dans les hôpitaux

Vous n'avez pas été tenus informés des négociations qui se tenaient en catimini pendant l'été. Alors que, dès le 15 mai puis de nouveau mi-juillet, certains pressentant le danger, lançaient un appel à la solidarité des syndicats avec le personnel et à l'action unitaire, rendez-vous étant pris pour le 6 septembre. A l'occasion de cette réunion consacrée à la préparation des actions à mener, un CGTiste en proie à ses vieux démons expulsait sans autre forme de procès la vingtaine de représentants du collectif "Nos 35 heures". Malgré les attentes les grandes centrales syndicales n'ont lancé la mobilisation qu'une fois…les négociations terminées !
Le 20 septembre les hospitaliers, conscients des enjeux, étaient à 53% grévistes (plus de 80% chez les IDE et les AS) et participaient à l'AG intersyndicale. La CFDT y jurait qu'elle ne signerait jamais un accord aussi mauvais. En Ile de France et bien que la CFDT locale ne s'y soit pas associée, la mobilisation était importante
Dès le lendemain la CFDT du CHRUG brillait par son absence lors des préparatifs de la suite de l'action, comme elle était opportunément en vacances les jours précédents le 27 septembre et pour finir n'appelait pas, localement comme au niveau national, à la mobilisation (tout comme l'UNSA). Nous avons remarqué et regretté son absence à nos côtés en particulier à l'AG où elle aurait pu, le cas échéant, exprimer son désaccord avec sa fédération nationale (qui ne dit mot, consent ?).
Cette duplicité prévisible s'est concrétisée lors l'approbation par Chérèque (CFDT Santé, digne futur successeur de Notat…) et d'autres, de ces dispositions voulues par le gouvernement de gauche alors que 73 % des hospitaliers les refusent.

Un point de vue :

C'est en 1981 que la promesse électorale des 35 heures (hebdomadaires!) a été faite par Mitterrand, il a fallu 20 ans pour en arriver là. Rien ne peut donc justifier la précipitation actuelle et l'absence délibérée d'anticipation de la pénurie de personnel. Comme rien ne pourra justifier, et c'est cousu de fil blanc, après les élections ou dans quelques années, le report de l'âge de la retraite des hospitaliers sous prétexte de pénurie de personnel et de démographie.
Au cours de l'automne 95, alors que toute la fonction publique, rejointe par le privé, s'était levée pour s'opposer au plan Juppé (démantèlement des régimes de retraite, maîtrise comptable des dépenses de santé, fermetures de services et d'hôpitaux…), la CFDT avait alors, contre toute logique syndicale, soutenu ce plan. Mais le rapport de force avait permis aux travailleurs de faire reculer en partie le gouvernement.

Après 97 et le retour de la "gauche" aux affaires, un rapprochement CFDT-CGT s'est dessiné, sur le même mode que le rapprochement PS-PC au sein de la gauche plurielle.
Que penser alors d'un gouvernement de gauche qui poursuit la mise en œuvre du plan Juppé, tandis que le Pacs CFDT-CGT utilise le Medef et Seillière comme des boucs émissaires, qui seraient responsables de tous nos maux.
Alors que les salariés aspirent à travailler moins, la réalité des lois Aubry sur la RTT montre qu'elles ont été mises en place, en fait, pour adapter la force de travail aux exigences ultra-libérales (flexibilité, suppression des avantages acquis, intensification du travail, déréglementation, logique de profit, etc. etc.…).
La gauche plurielle (PS-PC-Verts), actuellement
au pouvoir, souhaite arriver aux échéances électorales du printemps prochain dans les meilleures conditions c'est à dire sans conflit social majeur susceptible de ternir son image. Gageons même que les 35 heures seront présentées par la gauche comme une grande avancée sociale à mettre à son crédit
Ces jours de RTT représentent autant de jours que les congés payés conquis de haute lutte en 1936 ce qui donne l'ampleur de la perfidie que cachent les manœuvres actuelles. Cet accord est mauvais et doit être encore combattu : les promesses de 45000 emplois ( et non postes) sont insuffisantes et ne seront en fait que les remplacements des départs massifs à la retraite, d'ailleurs les 20000 emplois promis pour 2002 viennent déjà d'être ramenés à 12000. Alors qu'une mobilisation massive et unitaire est nécessaire, souhaitée et possible, les satellites syndicaux, malgré les discours de façade, font tout pour empêcher que naisse un mouvement social d'ampleur, à la hauteur des enjeux. Ils éparpillent les actions (par département puis par région) divisent les mobilisations (un jour la Santé, un autre la Justice puis la Culture alors que toute la fonction publique passe aux "35" heures le 1/1/2002), appèlent à la grève alors que les négociations sont finies. Ils se sont répartis les rôles : la CFDT signant et la CGT se gardant bien de le dénoncer tout en feignant de prendre ses distances avec le PC dans l'espoir d'éviter de faire les frais de son soutien au gouvernement. Nous sommes victimes d'une double mystification : premièrement par ceux qui, contre nous, ont signé cet accord, mais aussi, par ceux qui n'ont pas signé, qui ne font rien localement, trompent les hospitaliers en leur faisant miroiter un accord local plus favorable que le texte national ou lancent en ce moment des actions sur les salaires ou sur l'emploi
Ces syndicats, dont le dynamisme varie selon la composition du gouvernement, préfèrent prendre soin des intérêts électoraux du PC et du PS au détriment de ceux des travailleurs.
L'ampleur de la contestation à l'automne 95 a effrayé ceux qui nous dirigent, ils souhaitent malgré tout poursuivre la mise en œuvre des mesures exigées par le capitalisme sauvage et, face aux résistances grandissantes qu'ils rencontrent, n'ont d'autre solution que de s'appuyer sur des syndicats complices pour parvenir à leurs fins.

Perspectives :

C'est pourquoi, nous, travailleurs de la santé en particulier, devons nous approprier nos syndicats, y restaurer la démocratie et l'indépendance vis à vis des partis afin qu'ils se consacrent uniquement à leur mission première : la défense des travailleurs.
Comme dans les hôpitaux actuellement en grève reconductible, participons massivement aux décisions des actions à mener, mobilisons-nous tous, aux côtés de la population, pour la satisfaction de nos revendications en particulier lors de la journée nationale d'action avec

manifestation nationale à Paris
le 25 octobre
t

tract diffusé ce jour à 1200 exemplaires par

@mi, entends-tu ?: association de promotion de la liberté d'expression, de la mémoire collective et du service public
mezzanine 100 Gal de l'Arlequin 38100Grenoble
(0609476645) (0608631146) (amientends@wanadoo.fr)

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RÉPONSE de do :

Quand vous dites : « C'est pourquoi, nous, travailleurs de la santé en particulier, devons nous approprier nos syndicats, y restaurer la démocratie et l'indépendance vis à vis des partis », je réponds que toute structure permanente se pourri d'elle-même au bout d'un moment, c'est pourquoi je préfère les coordinations:
http://mai68.org/textes/coordination.htm

De plus je pense qu'il ne faut pas que les gens bien perdent leur temps à essayer de réformer les syndicats de l'intérieur !
Car quand des gens bien essaient ça, ils ne font rien de plus que prouver à ceux qui cherchent à lutter qu'il y a des gens bien dans les syndicats. Ce qui est en soit nuisible !

Si en mai 68 il n'y avait eu aucun syndicat, on aurait réussi la révolution.

« Les syndicats sont des bordels et les partis les meilleurs proxénètes des masses »
« L'humanité ne sera heureuse que le jour où le dernier bureaucrate aura été pendu avec les tripes du dernier capitaliste »
sont deux des slogans les plus célèbres de mai 68.

Amicalement,
do
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Commentaire sur la réponse de Do en A.G-338. A publier. [Par " Un simple militant "]

Salut Do,

Je fut très surpirs de lire:"Si en mai 68 il n'y avait eu aucun syndicat, on aurait réussi la révolution."

J'étais plutôt sur une impression contraire. Car j'ai lu que c'était justement la participation massive des syndicats qui avait pu permettre une tel ampleur à mai 68. Sans eux il n'y aurait jamais eu 7 millions de grévistes en France.

Ceux qui ont tuer Mai 68 sont les communistes. Le PCF entre autre. D'ailleurs se sont eux qui ont bousiller pratiquement toute les tentatives insurrectionnel de l'histoire. La révolution russe, la guerre d'espagne, mai 68...etc

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Réponse de do:

La meilleure réponse est la lecture du livre intitulé " Enragés et situationnistes dans le mouvement des occupations " de René vienet. Éditions Gallimard. C'est le meilleur livre sur mai 68.



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Vive la révolution : http://www.mai68.org
                                    ou : http://www.cs3i.fr/abonnes/do
           ou : http://vlr.da.ru
              ou : http://hlv.cjb.net