15 janvier 2002, 16h35

 

Bilan des atteintes aux ''libertés immuables''
depuis le 11 septembre


PARIS (AP) -- Après le 11 septembre, la plupart des pays, de manière bien légitime, ont renforcé leurs dispositifs sécuritaires. Trois organisations de défense des droits de l'Homme et des libertés dressent aujourd'hui, via un ''Top 15 des Etats liberticides'', le bilan des dérives qui s'en sont suivies. Entre ceux ayant cédé à la panique, Etats-Unis en tête, et ceux qui ont saisi le prétexte de la guerre contre le terrorisme pour oppresser encore plus minorités et opposants, comme la Chine, l'Inde, la Russie et le Zimbabwe.
Reporters sans Frontières (RSF), la Fédération internationale des droits de l'Homme (FIDH) et Human Rights Watch dressent dans un rapport le bilan, du 11 septembre au 11 janvier, de ''120 jours d'atteintes aux libertés immuables''. Et ce afin d'éviter de ''laisser faire n'importe quoi au nom de la lutte contre les terroristes''.

Premier pays dénoncé, les Etats-Unis, pour avoir apporté à de ''grands maux'' de ''trop grands remèdes'': détentions préventives massives, délit de faciès avec l'interrogatoire de 5.000 personnes d'origine moyenne-orientale, présomption d'innocence bafouée, projet de super-carte d'identité nationale...

La création de tribunaux militaires d'exception pour juger les terroristes non-Américains ayant déclenché un tollé, leur fonctionnement a été un peu démocratisé. Reste que la CIA, dont le budget a considérablement gonflé, peut désormais renouer avec une pratique abandonnée depuis longtemps: l'organisation de l'assassinat de personnes à l'étranger... Sans parler des atteintes à la liberté d'une presse appelée à sa ''responsabilité patriotique'' ou d'Internet, désormais ''cyber-fliqué''.

Mais les Etats-Unis ne sont pas seuls. La Grande-Bretagne (numéro deux), montrée du doigt comme vivier d'islamistes, ''a pris un virage à 180 degrés'': elle devient, via la loi anti-terroriste votée à la mi-décembre, le premier pays à déroger unilatéralement à la Convention européenne des droits de l'Homme en permettant la détention de longue durée en l'absence de toute instruction, et en accroissant les pouvoirs de surveillance de la police.

Les tendances liberticides des nouvelles lois se retrouvent au Canada, ''pays où il ne fait plus bon être étranger ou journaliste'', en Allemagne ou en France, avec sa loi sur la sécurité quotidienne, qualifiée de ''fourre-tout'', qui ''restreint considérablement la liberté d'expression sur Internet'', permet la fouille des véhicules, le fichage génétique de personnes condamnées pour simple vol... Et fait, selon ses détracteurs, ''l'amalgame entre droit commun et lutte anti-terroriste''.

Pour d'autres pays, cités par le rapport, le soutien à la coalition antiterroriste est prétexte à une répression accrue: la Chine, contre l'opposition politique et les séparatistes musulmans ouïgours, l'Inde qui en profite pour régler ses comptes avec les séparatistes cachemiris soutenus par le Pakistan, ce dernier pour placer ses groupes islamistes sous contrôle, et, bien sûr, la Russie, désormais mains libres en Tchétchénie. Egalement dans le collimateur: l'Indonésie, la Jordanie, le Zimbabwe...

Sans oublier l'Espagne, qui a réussi à convaincre l'Union européenne de s'entendre sur une définition commune -et très controversée- du terrorisme, et de se rallier à son projet de mandat d'arrêt européen, accroissant ainsi la pression sur son ''terrorisme intérieur'', celui des séparatistes basques de l'ETA.


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