15 janvier 2002

 

Un rapport dénonce la criminalisation
croissante des sans-abri aux États-Unis

Agence France-Presse
Washington


De nombreuses villes aux États-Unis recourent de plus en plus à une politique de criminalisation des sans-domicile fixe qui ne fait qu'exacerber le problème de la pauvreté, dénoncent dans un rapport publié mardi deux organisations américaines de défense des sans-abri.

«Le phénomène des sans-abri ne disparaîtra pas simplement en mettant les gens derrière les barreaux. Il faut s'attaquer aux causes systémiques et examiner de vraies solutions», a affirmé Donald Whitehead, ancien SDF et directeur général de la Coalition nationale des sans-abri, lors d'une conférence de presse mardi.

Les droits civiques et constitutionnels des sans-abri sont régulièrement foulés au pied par des pratiques policières répressives et des législations municipales de plus en plus restrictives qui prohibent, par exemple, le vagabondage, le camping sauvage ou le fait de dormir dans la rue, même lorsqu'aucun foyer d'accueil n'est disponible, affirme ce rapport.

Sur 80 municipalités examinées dans 37 États, le rapport conclut que les villes les plus répressives sont, en tête, New York, Atlanta (Georgie) et San Francisco (Californie).

La restriction d'accès aux espaces publics est l'une des mesures les plus couramment employées. Ainsi, dans certaines villes, les squares publics ont été rebaptisés «parcs familiaux» et sont interdits aux individus sans enfants. Dans d'autres, des barres transversales ont été installées sur les bancs publics afin qu'on ne puisse s'y coucher.

Ailleurs, toujours selon le rapport, des sans-abri se voient bannis purement et simplement de quartiers entiers, comme à Cincinnati (Ohio) ou Portland (Oregon). A Jacksonville (Floride) ou Sioux Falls (Dakota du Sud), des sans-abri se sont plaints de brutalités policières.

Lorsqu'ils ne peuvent s'acquitter des amendes, les SDF finissent le plus souvent en prison. Ainsi, à Atlanta, la police arrête les sans-abri qui urinent dans la rue, alors même qu'aucune toilette publique n'existe dans la ville.

Ces pratiques entrent, selon le rapport, dans le cadre d'une stratégie consistant à «placer hors de vue» les sans-abri afin de revitaliser des quartiers de centre-ville en voie d'embourgeoisement. Mais, soulignent les auteurs du rapport, ces mesures qui «ont un coût socio-économique énorme (...) ne font rien pour s'attaquer aux racines du problème».

«Le fait de punir les Américains sans-domicile fixe parce qu'ils vivent dans la rue, alors qu'ils n'ont pas d'autre alternative, est inhumain, immoral, injuste et n'aboutit à rien. Ce qui peut aboutir, ce sont des logements abordables, des soins de santé et des emplois qui permettent de vivre», a souligné Maria Foscarinis, directrice générale du National Law Center on Homelessness and Poverty.

Les deux organisations réclament des mesures au plan local et fédéral afin de s'attaquer à la racine du problème qui est le manque de logements pour cette population démunie.

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Note de do : À propos des USA, Higelin disait dans " BBH 75 " : « Dans dix ans, comme là-bas, ici ! asphyxie ! », mais si nous faisons la révolution, la vraie...


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