17 mai 2000

17 mai 2000

Compte-rendu d'actions et de la création d'un camp de résistance aérien dans la vallée d'Aspe.
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Voici un compte-rendu personnel (avec pas mal de retard ) des actions qui ont été faites en vallée d'Aspe, du 5 au 8 mai et sur ce qui s'est passé depuis, d'après les nouvelles qui nous sont parvenues. Ayant participé à ces actions avec beaucoup d'autres personnes nous tenions à informer le maximum de monde pour pourquoi pas continuer avec vous la lutte dans la vallée d'Aspe à l'occasion de bonnes vacances militantes cet été !

Du vendredi 5 au lundi 8 mai 2000, s'est tenue en vallée d'Aspe (dans les Pyrénées) une semaine d'actions contre la construction de l'axe E7 dont la réalisation et l'utilisation engendreraient des dommages écologiques irréversibles pour la vallée d'Aspe, sa flore, sa faune ainsi que ses habitant-e-s, tout comme l'avait entraîné la construction du tunnel du Somport qui n'est toujours pas ouvert. Ces quelques jours d'action, sous forme de camp étaient à l'initiative d'une trentaine d'activistes venu-e-s de différentes parties de Hollande. Ils et elles ont été rejoint-e-s par une dizaine de français-es venu-e-s de Rouen, de Dijon, ou bien entendu de la Goutte d'eau, qui, à quelques kilomètres du tracé de l'E7 et en plein coeur de la vallée est l'endroit où s'est organisée la résistance et qui regroupe des personnes impliquées activement dans la lutte pour la préservation de la vallée.

Après plusieurs importantes mobilisations et plusieurs années de résistance (actions, manifestations...), les travaux de construction avaient été stoppés pour reprendre il y a quelques mois. Le gîte autogéré de la Goutte a été également sérieusement menacé d'expulsion. Le lieu a été mis hors de danger notamment par 5 de ses habitant-e-s qui avaient entamé une grève de la faim qui a duré 35 jours.


Le camp d'action installé jeudi soir a donc débuté vendredi matin dès 7 heures. Le groupe avait l'intention de stopper les travaux pour ce vendredi en faisant partir ouvriers et engins du chantier de Bedous . Les militant-e-s sont donc allé-e-s directement sur le site de construction pour bloquer l'avancée des travaux. Le chantier géré par une dizaine d'ouvriers à été cerné, des banderoles ont été déployées et des tracts (rédigés par les hollandais-es qui se rendaient après pour continuer leur voyage militant vers le barrage d'Itoiz dans le pays basque) ont été distribués. Cette occupation pacifiste a duré 4 heures, et mobilisé une trentaine de personnes, hollandaises et françaises (dont Eric Pétetin qui a longtemps été plus ou moins le porte parole du mouvement de résistance en vallée d'Aspe), ainsi que différents médias locaux, France 3, qui prirent des témoignages, des images et des impressions. Après avoir délibéré avec les autorités et les ouvriers du chantier, la D.D.E et la préfecture de Pau, les ouvriers ainsi que les bulldozers ont quitté le chantier et n'ont pu continuer à travailler, ce qui était tout de même notre but.

Le soir même, Eric Pétetin à malheureusement été arrêté par les gendarmes suite à un regrettable incident ; fortement affaibli physiquement et psychologiquement par 35 jours de grève de la faim pendant lesquels l'expulsion imminente de la goutte d'eau augmentait le stress et la pression qui pesait sur lui, il n'était apparemment toujours pas remis de ces derniers mois très éprouvants. Il est maintenant interné dans un hôpital psychiatrique. Espérons qu'il s'en sorte vite, et que des gens le soutiennent et restent vigilant-e-s sur les traitements qu'il subit (on peut malheureusement craindre le pire de ce coté là).

Dès le samedi 6, nous avons débuté un chantier de construction nous aussi mais plus respectueux de l'environnement en s'organisant pour construire un village aérien, avec des habitations ainsi que des chemins aériens qui permettent aux maisons de communiquer entre elles et d'assurer un relais efficace entre les occupant-e-s des cabanes, libres d'aménager diverses formes de défense et de barricades à l'intérieur de celles-ci ou dans les arbres. Pour nous, l'aménagement et l'occupation d'une partie de l'environnement condamné par l'axe E7 nous semblait être une bonne stratégie, pour bloquer efficacement et à long terme les travaux. En effet, ce type d'occupation rend en général l'expulsion difficile et coûteuse. Ce type de campagne d'action directe sur le terrain s'est déjà montré très efficace en Angleterre, commence à se répandre dans d'autres pays européens, mais n'avait pour l'instant jamais été réellement expérimenté en France. Nous avions choisi de construire les maisons sur une rive de la rivière, supposée être anéantie par l'E7.

A la base, profitant de l'expérience des hollandais-es et de certain-e-s francais-es ayant participé à ce type d'action directe non-violente, ce chantier avait été prévu pour donner une approche et une idée des différents types d'action de résistance envisageables dans ce type de milieu et devait être présenté sous forme d'atelier aux personnes participant à la manifestation du lendemain, le dimanche 7 mai. Manifestation réunissant plus de 3000 personnes venues de partout en France. Des cars, organisés par Greenpeace, sont venus de Lyon, Paris et Toulouse, ainsi que des gens de WWF. La manifestation a traversé le village de Bedous, puis s'est rendue sur le chantier de construction. Des fleurs et des arbres ont symboliquement été plantés. Nous avons ensuite lancé un appel pour informer les manifestant-e-s qu'un village aérien était en train de se construire à quelques mètres de là. Beaucoup de personnes ont été intéressées et sont venues sur place où elles ont pû essayer les chemins aériens en apprenant à se servir du matériel de sécurité, indispensable pour monter aux arbres sans danger. Nous ne pensions pas que ce village survivrait ou qu'il s'étendrait après le départ du camp d'action car nous l'avions plus commencé pour informer que pour monter un réel camp. Mais l'excellente surprise fut que des personnes motivées et enthousiastes ont décidé d'occuper 24h/24 les cabanes et se sont organisées pour se relayer afin qu'il y ait toujours des gens dans les maisons, prévenir les médias, réapprovisionner les occupant-e-s, etc. Le camp dans les arbres a tenu 5 jours et 5 nuits, pendant lesquels des gens étaient toujours présents et motivés. Il a été expulsé au petit matin du 11 mai, (alors que la veille, la police avait fait couper tous les arbres environnant, ne laissant plus que les 4 arbres occupés par 8 personnes) par plus de 100 gardes mobiles, plusieurs grimpeurs professionnels qui à l'aide d'un élévateur, ont coupé les cordes reliant les maisons aux arbres en mettant sérieusement en danger la vie des militant-e-s.

J'apprends aujourd'hui qu'après plusieurs réunions qui se sont tenues ce week-end des militant-e-s et habitant-e-s de la Goutte d'eau et des villages avoisinants sont reparti-e-s pour construire un autre camp sur l'autre rive de la rivière, pratiquement en face du premier. Ce deuxième camp est apparemment mieux organisé, plus structuré que le premier, de nouvelles personnes ont rejoint le groupe d'activistes et l'expulsion n'a fait que renforcer la détermination des défenseurs et défenseuses de la vallée d'Aspe. Ce serait génial qu'à chaque fois qu'un camp est expulsé un autre soit mis en place immédiatement, c'est pour cela qu'il faut qu'il y ait du monde en vallée d'Aspe, ces prochains jours, semaines et pourquoi pas ces prochains mois. Vous pouvez dès maintenant contacter La Goutte d'eau si vous voulez filer un coup de main : LaGoutte d'eau, RN 134 59490 Cette-Eyguin - tél : 05-59-34-78-83 Si vous ne pouvez vous y rendre dès maintenant, nous souhaiterions par ailleurs lancer l'idée d'un nouveau camp d'action en juillet avec des gens d'un peu partout et passer ainsi des vacances militantes pour soutenir la vallée d'Aspe. Cela nous laisse pas mal de temps pour nous organiser tou-te-s ensemble, rassembler d'ores et déjà le maximum de personnes, de matériel, diffuser l'information, en parler avec les acteurs et actrices actuel-le-s de la résistance sur place, etc. Ce serait l'occasion de passer de bons moments dans un cadre que nous nous devons de préserver, de rencontrer des gens et de découvrir ou faire découvrir un type de résistance peu connu et employé en France. Si vous vous sentez concerné-e et intéressé-e, vous pouvez nous contacter dès maintenant (sachant que l'idée, c'était de se retrouver en juillet) à MALOKA, BP 536, 21014 Dijon Cedex, tél 03-80-66-81-49 ou 03-80-77-09-40 ou par e-mail à maloka@chez.com. Les contacts et discussions là-dessus peuvent aussi se faire rapidemment par internet; nous essaierons de diffuser des compte-rendus des autres nouvelles qui nous viennent de là-bas.
- Juli.

PS : site internet d'la Goutte d'eau :
http://www.citeweb.net/lagoutte



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