Vendredi 13 juin 2003 11:04

 

LETTRE DE DÉMISSION DE LA CFDT

Vous, élus CFDT vous faite fausse route à la fois dans votre analyse de la société et dans vos choix politiques

          Au-delà de ma démission et puisque je n'assisterai plus aux réunions de la CFDT, quel que soit ma colère qui persistera longtemps chez moi et chez nombre d'adhérents et d'ex-adhérents suite à l'affaire des retraites, je tiens à vous rappeler une dernière fois que vous, élus CFDT, vous faite fausse route à la fois dans votre analyse de la société et dans vos choix politiques. Vous pouvez vous demander pourquoi j'ai fait partie de ce syndicat tant ma vision des choses est différente de la votre ?

          1°) Parce que j'ai longtemps pensé qu'il fallait être syndiqué pour pouvoir s'organiser et se défendre en tant qu'ouvrier.
          2°) Parce qu'historiquement, la CFDT a cherché des voix originales jusqu'à proposer en 1970 "l'autogestion comme alternative au capitalisme"

          Et nous en venons déjà aux raisons de ma démission… Les diverses réorientations qui ont conduit le syndicat à un virage idéologique de 180° n'ont jamais été discutées à la base, ce qui n'a rien d'étonnant au vu de la structure pyramidale de l'organisation...

          Parler de Démocratie à la CFDT est une plaisanterie !

          Quant à l'augmentation (sûrement auto évalué !) du nombre des adhérents, elle n'est que le fruit d'une stratégie de communication de type publicitaire basée sur de grands mots détournés de leur sens (solidarité, transformation sociale, émancipation…). Elle n'est sûrement pas le fait de l'énoncé clair de vos buts et des moyens de les atteindre. D'ailleurs, elle vous a surtout emmené des adhérents à la conscience politique et à la pugnacité proche de celle de l'escargot alors que les "éléments les plus combatifs ont été silencieusement épurés".

          La ligne de la CFDT s'est en fait dissoute dans la ligne de la gauche au pouvoir entre 1981 et 2001, cette gauche qui a vendu son âme en reniant d'abord, ses choix économiques et sociaux, puis son éthique en emboîtant le pas à la droite et à l'extrême droite dans le délire sécuritaire. Si les chemins du PS et de la CFDT semblent provisoirement diverger, ce parti et ce syndicat sont maintenant les porte-parole d'une frange de la population encore épargnée par les "ajustements structurels". Une petite et moyenne bourgeoisie avec son élite arrogante et mégalomane (Allègre, Notat…) qui s'est enfermée dans sa bulle après avoir laissé tomber les chômeurs (PARE), les banlieues ( ne travaille ni ne vote !), les ouvriers les plus pauvres et les plus exploités (secteur privé), les petits paysans et bien d'autres encore… Ils tentent aujourd'hui de s'auto persuader qu'ils sont le seul rempart aux méfaits du néo-libéralisme et les seuls garants du reste des acquis sociaux chèrement gagnés par nos parents.
          Cette classe "moyenne" semble désormais vouée à disparaître car elle tirait le gros de ses troupes dans le secteur public, dont la suppression déjà bien entamée se poursuit et s'accélère : Université, école, EDF, Poste, recherche…
          Hé ! les gars ! le sol se dérobe sous vos pieds, réveillez vous !

          Non, décidément, comme pouvait le laisser penser les années soixante, on ne se dirige pas vers une société "paritariste" ou "gouvernement, patronat et syndicats se livrent à une confrontation constructive". Les gouvernements sont le résultat d'un système électoral miné par l'abstention (40% aux dernières législatives) et d'une classe politique archi-nulle de gauche à droite ; Seul un habile bateleur fasciste surfe sur toutes les haines et tous les préjugés et tire profit du fiasco social engendré par les politiques respectives de la fausse gauche et de la droite et de syndicats plus soucieux de leur rôle usurpé à la Sécurité Sociale et aux ASSEDIC que de leur représentativité.

          Le vrai pouvoir, quant à lui, est aux mains de capitalistes financiers sauvages qui n'ont comme objectif que le profit immédiat sur le dos de légions d'ouvriers exploités partout dans le monde et de bataillons de chômeurs en europe…

          Non, nous n'allons pas vers le "développement durable"… nous assistons à un pillage aveugle, sans précédent, des ressources de la planète et à la spoliation des terres et d'un élément aussi vital que l'eau, au massacre définitif des forêts…

          Il est sûr que le quotidien est organisé afin que cet aspect des choses soit éludé ou pire considéré comme inévitable. À voir la "lucarne magique" qui dégueule ses âneries à longueur de jours et de nuits, à écouter ses radios "aux ordres", promoteurs de la pensée unique (le libéralisme comme seul horizon…) on est bien loin de la réalité quotidienne de la majorité de la population : Personne ne nous rappelle qu'en France, pays "riche", 50% des salariés touche le SMIG… ; Que peut-on faire de ses journées avec le RMI ou une allocation allouée à la suite d'un PARE non couronné de succès ? Qui connaît le nombre exact de SDF et de gens sans ressources ? pourquoi il n'y jamais eu autant d'hommes et de femmes dans les prisons ?

          Et dans ce climat, la CFDT se targue de "négocier"…

          S'il est stupide de négocier avec ses fossoyeurs, il est déshonorant de le faire avec des gens qui n'ont trouvé comme seul remède à la pauvreté, la guerre aux pauvres, à des gens qui servent uniquement les desseins de quelques centaines de financiers cupides et irresponsables, à des gens dont le projet de société défie à la fois la raison et les principes les plus élémentaires de l'humanisme…

          C'est soulagé mais triste de tant de gâchis que je rends ma carte, et le fait que vous soyez en train d'assister à l'explosion de votre syndicat ne me réjouis même pas. Ayant été abreuvé pendant plusieurs années par la propagande nauséeuse de "CFDT Mag", je n'attends pas de réponse à ce mail et vous demande de me retirer de votre liste de diffusion.

          Soyez assuré que je serai de toutes les luttes visant à s'opposer catégoriquement au cauchemar capitaliste et totalitaire et que je ne désespère pas de retrouver certains d'entre vous à mes cotés bien qu'actuellement nous soyons bien peu à choisir cette voie…

          "Celui qui se bat peut perdre , celui qui ne se bat pas a déjà tout perdu"

                    Salutations syndicalistes
                    LC

Lien originel : http://paris.indymedia.org/article.php3?id_article=4134

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REMARQUES de do :

À mon avis, il ne s'agit pas de mauvaise analyse de la part des dirigeants de la CFDT. Ce ne sont pas des imbéciles. Ce sont des salauds au service du patronat, et payés par eux : n'oublions pas que 88% du budget des syndicats français est fourni par l'État, d'après un Canard Enchaîné paru après décembre 86 ; n'oublions pas que l'État, c'est l'arme de la bourgeoisie ; les syndicats sont forcément au service de ceux qui les financent ; mais, aussi, les chefs syndicaux ont sûrement obtenu des comptes en Suisse à leur nom, etc. Les syndicats font semblant d'être dans le camp des travailleurs pour mieux les berner, c'est tout. Et c'est valable aussi pour la CGT et même pour FO.

Pour le combat, pour la grève, une seule solution : l'auto-organisation des luttes dans une coordination (cliquer)

 


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