4 mars 2006

MANIF DU 28 MARS 2006 À PARIS

Indymedia Liège à la manif du 28 mars 2006 à Paris

    Plusieurs membres d'indymedia-liège ont participé à la manifestation parisienne du 28 mars. Ils nous racontent entre autre comment le service d'ordre de la CGT a travaillé main dans la main avec les CRS. Et, à propos des soit-disant "casseurs" qui s'en sont pris aux manifestants : « si on ne peut nier quelques vols, l'ampleur du phénomène nous semble très exagérée » !

http://mai68.org/ag/958.htm
http://kalachnikov.org/ag/958.htm
http://www.chez.com/vlr/ag/958.htm
http://www.monhebergement.fr/do/ag/958.htm
Lien originel : http://liege.indymedia.org/news/2006/03/6633.php

Retour sur la manif du mardi 28

    Plusieurs membre d'indymedia.liege ont participé à la manifestation parisienne contre le CPE qui a eu lieu mardi 28 mars. Voilà un petit résumé (relativement long :) de ce qu'ils y ont vu et entendu.

    Depuis un mois et demi, la France connaît de nombreuses manifestations, grèves, occupations et autres actions en tout genre. A l'origine de ce mouvement, la colère des étudiants du supérieur contre le Contrat Premier Embauche. Censé faciliter l'intégration des jeunes dans le monde du travail, le CPE réduit les droits des travailleurs, notamment en permettant aux patrons de les virer sans raison pendant une période de 2 ans, et organise leur précarisation. Parti des unifs, la contestation a rapidement rallié les lycéens, les syndicats de travailleurs, les organisations de chômeurs et différents collectifs en lutte.

    La dernière grande journée d'action avait réuni, samedi 19 mars, plus d'un million de manifestants dans toute la France. La manifestation nationale de ce 28 mars devait être une démonstration de force, un but qui fut atteint avec pas moins de 3 millions de manifestants sur l'ensemble du territoire.

    A Paris, la manifestation fut énorme, plus de 500.000 participants. Le cortège était assez organisé, de nombreux blocs, par syndicat ou par lycée ou unif, à chaque fois entourés par un service d'ordre. Ces blocs plus ou moins hermétiques occupent la rue, tandis que les trottoirs sont arpentés par tous les "non-affiliés". Ce que nous voyons de la manifestation est relativement calme, les speakers des syndicats poussent quelques slogans contre le CPE, légèrement repris, certains blocs d'étudiants ou de lycéens se font plus entendre, un groupe de jeunes banlieusards remonte la manifestation en courant. Nous voyons que des groupes d'antipub nous précèdent, la plupart des publicités ont été arrachées et remplacées par des slogans anti-cpe et anti-consuméristes. Des affiches contre la nouvelle loi sur l'immigration sont collées à gauche, à droite. Plusieurs banques, agences d'intérim, et quelques magasins ont été attaqués, taggés et/ou vitres brisées. Les CRS bloquent les rues perpendiculaires au trajet.

    Nous arrivons assez tôt sur la place de la République, destination de la manif; la place est large et longue, un grand monument au centre. Plusieurs centaines de manifestants sont sur la place, les Robocop-CRS tout autour. Les médias ont beaucoup parlé des "casseurs" venus des banlieues qui s'attaqueraient à la police et racketteraient les manifestants, nous allons passer 3, 4 heures dans les échauffourées sur la place sans avoir le moindre problème. Nous assisterons à un vol de gsm et un compagnon nous dira s'être fait vider les poches dans la manif. Bref, si on ne peut nier quelques vols, l'ampleur du phénomène nous semble très exagérée. Pour ce que nous avons vu, les casseurs sont composés en partie d'étudiants radicaux, et en partie de jeunes banlieusards qui semblent plus être venus exprimer leur colère contre l'Etat et ses valets policiers que leur volonté de supprimer le CPE.

    La tension est palpable, les CRS sont pris pour cible, de même que certains magasins. Il y a clairement un désir inassouvi de projectiles, les grilles et pavés autour des arbres ont été enlevé, le reste, bouteilles, canettes, vélo, y passe. Il n'y a pas d'affrontement au corps-à-corps, quand les manifestants s'approchent et diminuent l'intensité de leurs tirs, les CRS chargent sur quelques dizaines de mètres puis reprennent rapidement leur position. Si ça chauffe un peu trop, nous avons droit aux gaz lacrymos.

    Voyant que la situation s'enlise un peu et que les affrontements deviennent plus sporadiques, nous retournons à l'endroit où la manifestation arrive sur la place. Des milliers de manifestants continuent à arriver mais le service d'ordre de la CGT a formé un cordon pour dévier le cortège vers les cars de retour, comme pour cacher ce qui se passait à peine à 50m de là. Nous nous prenons un peu la gueule avec eux puis interpellons quelques cgtistes sur la solidarité banlieusards-étudiants-travailleurs, sur le fait que leur Peuple fantasmé se trouve juste un peu plus loin et qu'en bons Communistes, ils devraient au moins avoir la conscience professionnelle d'aller jeter un oeil. Que dalle! Ces braves quinquagénaires nous regardent sans avoir l'air de comprendre et continuent la main sur le coeur en écoutant/chantant l'internationale. Le lendemain, nous verrons, dans un reportage JT intitulé "le service d'ordre de la CGT a travaillé main dans la main avec les CRS", des images dudit service d'ordre qui charge violemment des jeunes sur la place. Belle révolution... Vive la CGT, vive la collaboration d'Etat...

    Nous retournons sur la place. Les CRS ont cru un peu vite qu'ils pouvaient récupérer le terrain et ont essaimé quelques groupes de 30, 40 poulets en différents endroits. L'ambiance se réchauffe, des manifestants ont trouvé des réserves de grain et les envoient généreusement à la volaille. Un ou 2 groupe(s) de CRS se retrouve(nt) pris entre 2 feux. Ils utiliseront des lacrymos pour se dégager. Deux autopompes arrivent sur la place.

    Vers 19-20h, les canons à eau se mettent en marche, et en une demi-heure, les 200, 300 personnes qui restent sur la place se retrouvent bloquées au milieu, dans une souricière. Les CRS ne laissent plus passer, on se dit qu'on va prendre sur la gueule, ça court un peu dans tous les sens. Pendant un quart d'heure, nous essayons de sortir sans succès, finalement, nous passerons comme des fleurs par un des coins du cordon policier (faut aussi dire qu'on n'a pas des gueules d'arabe).

    Une fois hors du traquenard, nous nous regroupons avec d'autres manifestants sur la place. Assez rapidemment, les CRS et les flics en civil vont nous expulser complètement de la place en placant des barrages dans toutes les rues. Nous échouerons dans un petit rassemblement-sitting juste derrière un de ces barrages, certains crient "manifestation pacifiste", d'autres semblent plus vouloir en découdre, mais la journée a été longue et les forces en présence sont inégales. Nous finissons par rentrer nous abreuver.

    Au final, il y a eu une dizaine de blessés parmi les CRS. Pour ce qui est des manifestants, nous avons assisté à au moins 20 arrestations. La méthode est presque toujours la même: quand les CRS font une charge ou quand les manifestants s'approchent, des flics en civil, circulant par groupe de 5-10, attrapent une personne et l'emmènent derrière le barrage des CRS. Il y a eu près de 500 arrestations à Paris et plus de 800 sur l'ensemble de la France.

    Le lendemain, les médias font un événement de l'intervention "dans les prochains jours" de Chirac (la présentatrice de TF1 lâchant en direct: "Jacques Chirac va donc trancher dans le vide du sujet, euh le vif du sujet"). Villepin dit qu'il ne veut pas entendre parler de retrait du CPE... Et Sarkozy sourit de toutes ses dents en soignant son image d'homme de fer.

    La prochaine journée d'action nationale est prévue mardi 4 avril. D'ici-là, les manifestations, occupations, blocages de lycées, unifs, gares et routes, continuent.

    Signé : indymedia-liege : http://liege.indymedia.org

    Note de do :

    Pour voir les belles photos qu'ils ont rémenées chez eux, c'est ici :

    http://liege.indymedia.org/news/2006/03/6608_comment.php


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