N°8, 16 juin 1999

JOURNAL

 

"Celui qui dit la vérité, il doit être exécuté."

 

N°8,          16 juin 1999

 

 

Vive la révolution Albanaise!

 

            Actuellement, quand les États-Unis aiment un dictateur en difficulté face à une population récalcitrante, ils la bombardent afin de permettre à ce dictateur de détourner toute la colère contre un prétendu ennemi commun: les américains. On a déjà vu ce scénario se réaliser avec Saddam Hussein l'Irakien, avec Milosévic le Serbe, et même une fois avec la Chine dont l'ambassade a été bombardée en Yougoslavie. En effet, si les chinois ont raison de penser que les U.S. ont fait exprès de bombarder cette parcelle de Chine en Serbie qu'était leur ambassade, presqu'aucun (à part leurs dirigeants, qui ont commandité ce bombardement) ne se sont rendus compte que cela s'était fait pour faire oublier aux chinois la dangereuse commémoration de l'anniversaire de la commune (et du massacre) de la Place Tien An Men. Au lieu de manifester contre leurs dirigeants, les Chinois ont manifesté contre les américains!

          Souvenez-vous des gigantesques émeutes qui ont éclaté il y a environ deux ans en Albanie, et principalement dans le sud de ce pays. La goutte d'eau qui avait fait déborder le vase de l'exploitation de l'individu par l'individu était une gigantesque arnaque du style: "file 1000 F à un tel au sommet d'une liste où tu figureras juste après moi, et des centaines ou même des milliers de personnes te fileront chacune 1000F quand ce sera ton tour d'être au sommet de la liste, liste que tu auras bien entendu augmentée toi même d'une dizaine d'autres gogos de ton acabit". Liste qui, en Albanie, s'appelait "pyramide". Bien sur, un simple calcul mathématique du style 10 x 10 = 100, 100 x10 = 1000, 1000 x 10 = 10000, etc. montre, compte tenu que la population n'est pas infinie, que seuls les tous premiers à avoir été au sommet de cette liste ont une chance de bénéficier de cette manne providentielle. Et ces tous premiers sont ceux-mêmes qui ont monté le coup. En occident, fabriquer ce genre de pyramide est totalement illégal, mais les Albanais, ayant vécus pendant des dizaines d'années sous le règne du pseudo-communisme, n'avaient jamais entendu parler de ce genre d'arnaques qui est trop connue chez nous pour avoir une chance de ruiner l'entière population. Aussi tombèrent-ils presque tous dans ce piège qui, chez eux, avait été tendu par les grandes banques avec la complicité des dirigeants du pays. Dirigeants qui, jusque là, bénéficiaient plutôt d'un préjugé favorable puisqu'ils avaient remplacé les pseudo-communistes. Mais une foi que les Albanais se rendirent compte que leurs prétendus "libérateurs" les avaient volontairement ruinés, et qu'ils étaient donc bien pire que les dirigeants précédents, ils firent l'une des plus belles tentatives de révolution jamais tentées à ce jour.

          Cette tentative révolutionnaire fonctionnait vraiment bien, et beaucoup d'Albanais y participèrent. Elle se déroula sans chef, sans parti, et sans syndicat. C'étaient les assemblées générales de la population qui décidaient de tout. La révolution se propagea comme une traînée de poudre. La majeure partie de la population voulu y participer. La plus grande partie de la police et de l'armée prit parti pour cette tentative révolutionnaire. Les militaires distribuèrent donc des armes à tous les Albanais.

          Pour les maîtres de ce monde, un tel exemple était inacceptable. Ils commencèrent par isoler le pays en renvoyant "chez eux" tous les civils de provenance étrangère afin d'éviter qu'ils ne soient contaminés. Ils firent croire qu'il était devenu dangereux d'aller voyager en Albanie afin que des occidentaux ne courent pas le risque d'aller s'y contaminer volontairement. L'on alla même jusqu'à monter en épingle quelques rares exemples de villages dirigés par des mafiosos afin de nous faire croire que c'était un cas général. Et finalement, quand cette révolution partie du Sud rejoint le Nord, l'Europe envoya in extremis 6000 soldats, dont 1000 Français, commandés par "les italiens", pour empêcher la révolution de prendre le palais présidentiel. Bien sûr, afin d'éviter toute protestation de notre part, nos médias remplaçaient systématiquement les mots "révolution albanaise" par "mafia albanaise". La force militaire contre-révolutionnaire européenne réussit à reconquérir le Nord, mais jamais le SUD de l'Albanie.

          Le Kosovo est, en gros, la partie albanaise de la yougoslavie. Et c'en est aussi la partie la plus pauvre. Les Kosovars avaient d'ailleurs tenté des émeutes de la faim, il y a une dizaine d'année, avant que la "guerre des Serbes contre tous les autres yougoslaves" n'y mette fin (peur que la guerre ne se propage aussi chez eux et attention détournée par le malheur des autres). Mais une foi cette guerre terminée, ils recommencèrent. Comme entre temps la révolution albanaise s'était mise à faire des siennes en Albanie même et avait pu se procurer beaucoup d'armes, les Kosovars lui en demandèrent. Les révolutionnaires d'Albanie s'empressèrent de satisfaire la demande des révolutionnaires du Kosovo, d'autant plus que la communication était facilité par le fait d'avoir la même langue et des liens familiaux. C'est ainsi que se monta l'UCK.

          Et maintenant, il va devenir facile de voir si l'occident a pris parti pour Milosévic ou pour l'UCK (qui était un peu le bras armé de la révolution albanaise au Kosovo). En effet, dans les accords entre Milosévic et l'OTAN (ou l'ONU selon que ce sont les U.S. ou Milosévic qui parle, mais dans les deux cas, il s'agit des États-Unis), il est bien dit que l'UCK devra être désarmée, c'est-à-dire que l'UCK devra déposer les armes. Comme Milosévic n'a pas réussi tout seul à détruire la révolution au Kosovo, Il se contentera de s'occuper de son opposition en Serbie, opposition sérieusement affaiblie par les bombardements américains. Et les occidentaux, surtout les Américains, s'occuperont du Kosovo. Tâche moins difficile depuis que d'un commun accord Milosévic (par diverses exactions) et les américains (en le bombardant) ont vidé le Kosovo d'une grosse partie de sa population ("Le guérillero doit être au sein du peuple comme le poisson dans l'eau" disait Che Guevarra, mais quand il n'y a plus d'eau?). Tant qu'à faire, les occidentaux profitent de l'afflux de réfugiés qu'ils y ont provoqués pour occuper aussi l'Albanie, et ils poussent les réfugiés vers le SUD afin d'avoir une excuse pour aller y voir...Mais y voir quoi? N'oublions pas que la révolution n'est pas encore vaincue au SUD de l'Albanie!

            L'UCK n'a pas encore déposé les armes, le SUD de l'Albanie non plus. Il est encore temps pour les révolutionnaires occidentaux, "qui sont dans le ventre de la bête et doivent y rester", comme disait le Che, de réagir, d'ouvrir les yeux, de s'ouvrir les yeux les uns les autres, et enfin de se remettre à faire la révolution chez eux ne serait-ce que parce que c'est le meilleur moyen de soutenir la révolution des autres.

 

 

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