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LA GUERRE DE SYRIE, UN TOURNANT HISTORIQUE… POUR QUI ?

vendredi 22 avril 2016

Sous l’impérialisme déclinant, stade ultime du mode de production capitaliste hégémonique, tous les conflits sont des guerres interimpérialistes, ce qui inclut les guerres soi-disant « civiles », les guerres régionales, ainsi que les escarmouches contre le terrorisme international que les médias à la solde présentent comme des guerres particulières, menées par des exaltés, des islamistes hystériques et sans logique, et autres facéties rocambolesques. Les mercenaires terroristes sont pour la majorité de jeunes désœuvrés gageant leur solde ou perpétrant des vols pour payer les factures de leur famille étendue. Sans le soutien tactique (pétrole, électricité, denrées, transport), économique, financier (solde des combattants, échanges et transferts de monnaies), militaire (armes, munitions, pièces de rechange, renseignement, entrainement), une entité comme L’État islamique (DAESH) ne pourrait survivre. Si DAESH, et si les camps d’entrainement djihadistes (en Turquie et en Jordanie), survivent et prolifères en Orient et en Afrique c’est que des puissances impérialistes terroristes, et leurs affidés, soutiennent ces structures en tant que pions sur l’échiquier de leurs guerres internationales. N’en déplaise aux intellectuels stipendiés qui voudraient y voir une « entité révolutionnaire postmoderne » (sic), DAESH-EI est un « joker » de l’impérialisme Atlantique que l’impérialisme iranien et ses alliés détruiront (1).

DAESH-État Islamique trouve son origine dans la guerre lancée par l’Alliance Atlantique (l’alliance impérialiste dominante) contre la bourgeoisie syrienne délinquante, inféodée à l’alliance russo-chinoise concurrente. La guerre de Syrie est la cinquième guerre après celle du Liban, celle d’Afghanistan, celle d’Irak et celle de Libye que l’Alliance Atlantique perd parce que les bourgeoisies nationalistes régionales sont parvenues à mobiliser les populations locales, comme chair à canon, pour résister à leur asservissement total, ce que les autres bourgeoisies régionales ont préféré éviter, pour le moment (Arabie saoudite, Turquie, Égypte, Jordanie, Qatar, Oman, Koweït, etc.), mais il pourrait en être autrement d’ici quelque temps (2).

Avant 2001, les États-Unis, leader de l’Alliance Atlantique et de son bras armé l’OTAN, dominaient totalement le paysage politique, diplomatique, idéologique, culturel et militaire mondial. Cependant, cette superpuissance avait déjà amorcé son déclin économique. Qui pense déchéance économique pense également déchéance politique, diplomatique, idéologique et militaire à moyen terme. Depuis 2001, sur le front militaire de la guerre interimpérialiste, le vent a tourné. Les États-Unis et leurs alliés ont pu bombarder ou détruire économiquement le Liban, l’Afghanistan, l’Irak, la Libye et la Syrie, mais ils n’ont pas su imposer la « pax americana » sur ces territoires où leurs troupes et leurs collabos locaux sont traqués, exécutés, ou mis hors-jeu. Le Président-maire de Kaboul, assigné à résidence par les talibans, où ils ont commencé à le traquer, en est l’illustration probante. Oubliez cette fadaise à propos de la « stratégie du chaos et du complot » imaginée par les petits bourgeois occidentaux ne comprenant rien à l’économie politique mondiale. La bourgeoisie se résigne à la guerre quand elle croit qu’il n’y a pas d’autres moyens d’imposer sa loi et de défendre ses intérêts économiques. Comme les capitalistes chinois le professent, c’est par la paix que l’on empoche la paie… et le maximum de profits.

Au Liban, le pays s’est stabilisé en zones d’influence représentant la force économique, politique et militaire approximative de chacune des factions de la bourgeoisie belligérante. En Irak, le pays a été scinder en trois « royaumes combattants » : le Kurdistan sous influence israélienne (le porte-avion insubmersible de l’Amérique dans la région) et occidentale ; la zone sunnite sous influence de DAESH-EI ; et la région Chiite sous « protectorat » iranien. Ici aussi, les États-Unis ont dû se retirer, disqualifier, et donner la main à des hobereaux locaux en perte de vitesse. En Libye, ce n’est guère mieux, les factions de la bourgeoisie locale s’entredéchirent pour le contrôle du pétrole allant jusqu’à mettre en péril les exportations vers l’Europe qui a pourtant grand besoin de ces approvisionnements. En Syrie, où s’étire le cinquième round de leur dégeler militaire, les résultats sont encore plus catastrophiques. Si en Afghanistan, en Irak et en Libye les terroristes américains et leurs alliés de l’OTAN sont parvenus à assassiner les têtes d’affiche des bourgeoisies locales (Omar, Ben Laden, Saddam, Kadhafi), en Syrie en revanche, ils ne sont même pas parvenus à déboulonner Bachar al-Assad dont ils ont fait un héros de la résistance nationaliste antiimpérialiste, mutant un simple bourrin en héros de la résistance arabe contre l’oppression néocoloniale occidentale. Et voici que l’impérialisme « émergent » russo-chinois-iranien se présente comme une alternative crédible à l’impérialisme occidental et étatsunien en déclin. Nous pouvons déjà prédire que la guerre du Yémen, où le Royaume des Saoud s’empêtre, sera la sixième défaite de l’Alliance Atlantique aux mains des bourgeoisies nationalistes moyen-orientales se servant des populations locales comme chair à canon de leurs ambitions.

La petite bourgeoise – particulièrement celle de gauche en voie de paupérisation – a un rôle singulier à jouer dans la dramatique syrienne homérique qui perdure depuis cinq ans. Cette guerre a provoqué 400 000 morts et des millions de déplacés qui encombrent les routes de la désespérance européenne, le refuge des déplacés. Malgré les menées destructrices des bourgeoisies saoudienne et turque (vassaux de l’impérialisme Atlantique) et des mercenaires pseudo djihadistes le pouvoir bourgeois syrien s’est maintenu, ne cédant même pas sur la répudiation de leur Président, Bachar al-Assad, le plébisciter. La défaite des puissances impérialistes occidentales est totale et la victoire des puissances impérialistes « émergentes » est presque complète. Ne reste plus qu’à entériner cette réalité à Genève. « L’Opposition syrienne » (sic) défaite et l’impérialisme français auront beau s’agiter, dénoncer, s’enrager, la partie est jouée, Bachar partira quand la bourgeoisie syrienne en aura décidé avec la complicité de ses alliés (Iran, Hezbollah, Irak et Russie). Une nouvelle alliance impérialiste est née en Orient, même qu’elle s’offrira le luxe de nettoyer la région de DAESH-EI, cet artéfact obscurantiste et décadent, une entité que l’impérialisme Atlantique a créée, soutenu et commandité, puis abandonné, et qu’il doit aujourd’hui regarder exterminer par ceux qui ont mis en échec ses menées machiavéliques.

La classe prolétarienne syrienne et la classe prolétarienne de toute la région ne doivent pas se réjouir de cette victoire, elles ont changé de maitre, mais pas de condition sociale, économique ou politique. Désormais, la région sera déchirée par des guerres interfactions entre les reliquats de la bourgeoisie commerçante, les factions vivant de la rente et les factions bourgeoises montantes – industrielles – alignées sur les nouvelles puissances impérialistes « émergentes ».

Cet article est disponible sur le webmagazine

http://www.les7duquebec.com/7-au-fr…

(1) Un intellectuel universitaire spécule sur la postmodernité de DAESH (!)

http://www.lorientlejour.com/articl…

(2) Israël, base militaire avancée de l’impérialisme Atlantique (et ses alliés libanais) ont été défait aux mains du Hezbollah libanais soutenu par la Syrie et l’Iran. Aujourd’hui, il n’est pas surprenant que la bourgeoisie du Hezbollah retourne l’ascenseur à la bourgeoisie syrienne.

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