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Etat Islamique VS Charia Républicaine

jeudi 21 juillet 2016, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 21 juillet 2016).

La République elle même est une lecture fanatisante du réel, et objectivement elle produit luttes, guerres et incompréhension. Je pense parfois que même un croyant modéré peut percevoir l’état français et sa prétention métaphysique comme une menace ou une lecture dangereuse elle aussi de la république. Notre pays n’est pas celui qu’il est du fait des musulmans d’aujourd’hui ou des chrétiens d’il y a 500 ans, c’est le gouvernement qui a le pouvoir qu’on lui donne de maitriser le récit du réel,orienter le pays. Et on les trouve alors aptes à déclencher des guerres tout en parlant de paix.

Il faut le souligner, manipuler et égarer, jouer les faux prophètes, c’est le propre des dirigeants politiques à qui cela fait au moins un explicite point commun avec ces terroristes. L’Islam est victime, comme le principe de République, de ses propres croyants. La République pointe du doigt ses mécréants par le biais des politiques, et inversement, les terroristes pointent du doigt les politiques et leurs turpitudes par le biais de l’Islam qu’ils manipulent. Pour moi c’est fanatiques contre fanatiques, paradigme contre paradigme.

Demandez à un politique s’il installerait une dictature, il vous dira oui (Bush, "ce serait sûrement plus facile, tant que c’est moi le dictateur"). Combien Manuel Valls a-t-il bien pu faire de blagues du genre après un énième passage au 49.3. Demandez aux journalistes s’ils n’ont rien coupé ou caché des pratiques de la politique, voire des liens personnels qu’ils entretiennent eux-mêmes avec ces dirigeants capables de faire attribuer des subventions à leurs journaux en déclin. Rappelons nous de l’époque Sofitel, ça balançait dans tous les coins.

Pendant qu’on questionne l’Islam et son rapport aux autres, la politique fait son chemin et bousille tout, nous risquons gros à ne plus le percevoir et le dire. Où sont passés les libertaires des années 60 qui dans la musique ou le cinéma donnaient tout ce qu’ils pouvaient à commencer par leur énergie afin de construire la critique du système ainsi qu’un espoir dans l’Homme ? La culture populaire n’est plus culturelle, c’est le spectacle qui l’a emporté. Il régit nos civilisations. Ce n’est pas pour rien si d’une part nos dirigeants sont de véritables acteurs et si d’une autre Daesh utilise le cinéma et l’image afin de créer plus qu’un groupuscule : un état.

L’aspiration au bonheur et à la paix, ainsi qu’à l’égalité de tous que notre système est supposé défendre, les politique la déconstruisent par leur action, au risque de ne plus nous faire croire en la promesse républicaine et démocratique. Les mêmes dégâts provoqués par Daesh sur l’Islam, vu d’ici comme une menace. La République dans les mains des politiques ressemble à l’Islam dans celles des terroristes. Mêmes promesses, mêmes mensonges, même besoin de vendre la guerre, mêmes conséquences sur l’état réel des idées libertaires. Fanatisme contre fanatisme, paradigme contre paradigme.

49.3, taxes, cours de morale à l’école, CRS sur lits de politiciens corrompus, brochettes de futurs candidats ex-condamnés qui organisent des ventes d’armes records et transforment la tolérante laïcité en sombre catéchisme de l’uniforme. Peuple enragé, divisé sur le modèle de sa démocratie parlementaire, bien plus au fait des méthodes de propagande que des bienfaits du silence. Rompus à l’art de la persuasion, conscients du poids des images et des apparences. Cela attire forcément ceux qui ailleurs n’ont pas été éduqués avec ce modèle qui permet tout sur la base de la confiance, comme l’a dit Hollande au soir du 6 Mai 2012. Ils voient de loin ces occidentaux et leurs pantins, à leurs yeux les "faux prophètes" qui demandent à des peuples entiers de croire en des principes encadrés par des lois, accompagnées de sanctions, qui promettent l’apaisement, la paix, mais qui ne viennent jamais qu’après l’exception et la guerre.

Sous le choc, difficile d’accepter de mettre à un même niveau deux paradigmes si différents. Impossible presque d’imaginer l’idée qu’il existerait une sorte de "charia" républicaine, qui s’opposerait pourtant logiquement au concept d’un état islamique. Mieux écrite, héritée comme une leçon du passé et construite comme un hommage à nos morts, elle permet pourtant de décider des orientations du pays sans l’aval véritable de la majorité du peuple. Elle justifie aussi l’usage de la violence dans ses propres frontières ou dans le reste du monde. N’avons-nous pourtant pas eu à apprendre, restituer et sacraliser d’innombrables récits souvent sanglants qui comme dans la Bible le Coran ou la guerre des étoiles se sont révélées après coup comme autant de mythologies illusoires du "plus jamais ça" ? La compréhension pour mettre fin à la tyrannie des Hommes, n’était-ce pas la source de nos "textes sacrés" à nous, de nos lumières ? Et ne voit-on pas sous nos yeux devenus grands l’actualité frénétique offrir chaque heure des centaines d’histoires à inclure dans une nouvelle bible, un nouvel avertissement ?

"Peut-on être fidèle à la République ET à l’Islam ?" demandent nos dirigeants. Selon eux, c’est le débat, la question posée par cette religion dans notre République. Pour certains comme Christian Estrosi, l’Islam et la République ne sont pas compatibles. Ils opposent la République à la religion, comme si elle était une religion elle-même. C’est contre cet obscurantisme là que l’Islam des lumières et la République des lumières ont oeuvré, ou au moins tenté, à travers des mots, pour éveiller chez des individus la conscience d’une communauté plus grande et pré-existante ; pas d’en fabriquer une nouvelle et d’éliminer toutes les autres. Il existe une mauvaise lecture de l’Islam, il existe une mauvaise lecture de la République.

Si on accepte d’imaginer que des illuminés de l’Islam fondamentalistes et violents puissent bâtir un empire de soumission des Hommes, pourtant basé sur une religion qui sait transmettre la paix de l’esprit. Je veux dire que si on accepte d’imaginer qu’une majorité de musulmans vivent dominés par un esprit destructeur, dominateur, liberticide de plus structuré comme un État ; nous sommes dans l’obligation d’accepter d’imaginer qu’il puisse exister d’autres empires ailleurs, avec d’autres fondamentalistes violents à leurs têtes, basés sur d’autres textes ou croyances aux promesses pourtant altruistes.

Les "bons" musulmans et les "bons" républicains, ceux qui ont compris ce qu’ils ont lu et qui l’appliquent chaque jour de manière véritablement humaniste sont en réalité la majorité des individus, même ceux qui ne croient pas croire, car ils ont été élevés chacun dans leur paradigme. Ils ne dirigent pas ce pays et ils ne sont pas à la tête d’une organisation terroriste. Car ils ne font pas tourner le monde, ils n’ont aucun moyen de prendre des décisions s’appuyant sur l’Histoire et ils n’ont aucun moyen d’écrire l’Histoire qui justifiera les décisions de demain. Ils se contentent de l’accepter ou de le comprendre, pour trouver l’équilibre ou la raison de leur propre existence. Ce n’est clairement pas le comportement de terroristes ou de politiciens qui veulent agir sur la morale ou les moeurs, ainsi que sur la capacité à engager des combats humains ou à provoquer des révolutions.

A mes yeux ils sont au même niveau. Je n’arrive pas à faire une distinction manichéenne entre ceux qui prêchent ici la violence pour répondre à ceux qui la prêchent ailleurs. Et dans notre système moderne globalisé, les médias et les politiques renforcent la mise en avant de ces instincts guerriers qui nous peuplent aussi, en banalisant toujours plus fort les images de marrées de cadavres, d’aéroports dynamités ou d’exécutions sommaires. Pour toute une génération, la nôtre, et ça m’emmerde, tout n’aura fait que tourner autour d’une guerre identitaire post-religieuse, livrée entre ceux qui ne croient plus en la démocratie et ceux qui ne croient plus en dieu…

2 Messages de forum

  • Excellent texte, merci !

  • Etat Islamique VS Charia Républicaine 22 juillet 2016 13:08, par anonymousse

    Merci pour cette excellente analyse.

    Cette crise identitaire post-religieuse, que tu décris si bien et qui serait , livrée par ceux qui ne croient plus en la démocratie et ceux qui ne croient plus en dieu… c’est encore et toujours de la dualité ou du manichéisme, que tu nous soumets, toujours la même lithanie, OUI/NON, BIEN/MAL, NOIR/BLANC….etc…

    Pourtant il existe une troisiéme voie, que je t’invites a explorer c’est celle de ceux qui n’ont jamais cru en la démocratie et encore moins en dieu !!!

    Fraternellement

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