VIVE LA RÉVOLUTION
Accueil du site > Comment publier un article > USA - Le 8 novembre 2016, redevenir une nation ou rester le bras armé d’un (...)

USA - Le 8 novembre 2016, redevenir une nation ou rester le bras armé d’un empire financier transnational

jeudi 3 novembre 2016, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 3 novembre 2016).

LE BUG

http://www.centurienews.com/so/0LWf…

Cet article est extrait du numéro 9 de CenturieNews du jeudi 3 novembre 2016

Les élections aux Etats-Unis se terminent le 8 novembre au soir. A moins d’une semaine de ces élections, les sondages semblent encore donner une avance en terme de nombre de sièges de grands électeurs à Clinton, tandis que Trump s’approche et dépasse parfois cette dernière en pourcentage d’intentions de vote. Le résultat est incertain et à cette heure, rien ne permet d’anticiper les résultats. Mais quoi qu’il en soit, cette élection marquera un tournant de l’histoire du monde et ce, pour plusieurs raisons.

D’une part, au cœur de la puissance politique, économique et militaire de notre époque, une véritable opposition s’est manifestée. Les élections, qui étaient depuis 30 ans l’occasion d’une opposition factice entre membres modérés d’une élite globalement solidaire, ont laissé la place à un affrontement direct, dur et sous l’œil de l’opinion publique internationale, entre deux candidats que presque tout oppose (Voir Centurie News n°2). Cette opposition fixe la ligne de fracture entre deux destins devenus irréconciliables pour l’Amérique : redevenir une nation ou rester le bras armé d’un empire financier transnational.

Cette campagne a mis en lumière les gouffres d’intérêts entre deux camps qui s’appuient sur des populations bien distinctes : d’un côté, une élite aux pratiques mafieuses (chaque nouvelle publication de Wikileaks permet d’en mesurer l’étendue) appuyée sur des bourgeoisies libérales, des minorités sexuelles ou des minorités ethniques qu’elle manipule, alimente et promeut grâce à une politique sociale structurellement déficitaire. Le remboursement des intérêts de ces déficits alimente d’ailleurs un cœur financier resté pour l’essentiel dans l’ombre. De l’autre, une classe moyenne blanche sinistrée par la mondialisation soutenue par des bourgeoisies conservatrices, rejointe par des travailleurs, artisans, employés et entrepreneurs encore insérés économiquement et socialement mais inquiets des effets visibles de la mise en oeuvre de l’agendade la société ouverte : immigration, chômage, pauvreté, déstructuration des normes, marchandisation, violence, destruction de la nature, etc.

Sur le plan médiatique, cette campagne fut tout aussi marquée. D’un coté, les médias de masse occidentaux, renforcés par le géant Google (Facebook et Twitter étant globalement restés plutôt neutres) et une armada d’ONG, de spécialistes rémunérés, de publicitaires, de people et de journalistes. De l’autre, une population sans médias ou presque, partageant son stress, son enthousiasme, ses informations et ses colères sur les réseaux et les courriers des lecteurs avec une myriade de petites ONG et de médias alternatifs, et une contribution qui restera historique, celle de la communauté informatique alternative mondiale qui, sous la houlette de Wikileaks, a joué un rôle clé dans cette titanesque confrontation.

On ne peut évidemment pas ignorer les possibles contributions financières, technologiques ou autres, d’Etats étrangers à cette campagne dont il reste difficile de mesurer l’importance exacte. Le rôle d’une partie des cadres de l’Administration américaine, qui ne veulent pas se résoudre à ce que leur pays poursuive sa course vers la société ouverte, reste lui aussi à déterminer. En effet, l’intervention du FBI à une grosse semaine de l’échéance et les soutiens militaires dont bénéficie Trump ne laissent aucun doute sur le rôle discret de ces acteurs du jeu.

Autre effet de cette campagne, l’incroyable amateurisme du clan Clinton a dévoilé au monde entier, et dans le détail, une part significative de ses connexions, ses accointances, ses faiblesses et ses orientations stratégiques. La divulgation de dizaines de milliers d’emails du cœur organisationnel d’Hillary Clinton, connecté à celui de la Maison Blanche et à des réseaux financiers, médiatiques et fédéraux, rendra probablement très compliqué l’exercice de son mandat, au moins dans un premier temps. A cela s’ajoutent les risques réels pesant sur elle et son mari d’inculpations dans un grand nombre d’affaires graves dans les mois à venir.

Les Français eux, se sont une nouvelle fois regardés dans le miroir de leurs politiques et de leurs médias. Sur ce point, comme sur presque tous les autres, les médias français n’ont pu, à aucun moment, restituer les enjeux réels de cette élection. Dans le protectorat qu’est devenue la France, la colère gronde aussi car les fossés révélés aux Etats-Unis y sont parfaitement transposables : l’élection encore possible de Donald Trump grâce à Julien Assange et sa communauté, aurait un effet d’accélérateur sur le processus de renouvèlement des élites de toute l’Europe occidentale dans les prochaines années. Le bug approche.

3 Messages de forum

  • Une bataille planétaire ! Une synthèse remarquable par sa limpidité !

    Jean-Michel

  • Sanders d’un côté et Trump de l’autre ont montré qu’une majorité de l’électorat US sortait du cadre préétabli par les élites possédantes, politiques, mondialistes et médiocratiques d’alternances sans alternative, et ce malgré le ralliement au système de la personne Sanders et les errements idéologiques de Trump. Il n’en reste pas moins que ces deux candidats mis ensemble témoignent du fait qu’une large majorité des électeurs US ont décroché du système au point où des mots inimaginables dans le vocabulaire politique dominant US sont apparus et ont cessé d’être considérés comme repoussoirs : socialisme, classe sociale, travailleurs, intérêts de classe, intérêt national, pouvoir populaire, etc …Cela étant, le système a réussi à se racheter Sanders, rien ne dit qu’il ne rachettera pas ou ne tuera pas Trump s’il le fallait pour sa survie. Il manque enocre un mouvement de masse organisé et intellectuellement bâti. La première étape, celle du "contre" a été franchie, reste l’étape du "pour"…Le système en tout cas a perdu sa légitimité au coeur même de l’empire …il reste à en inventer un autre …ou à sombrer dans la barbarie guerrière

    Bruno

  • Il y a une autre voie, une tangente suivie par la communauté informatique alternative mondiale. Nous vivons dans une société du spectacle qui ne nous montre que le sien de spectacle. Elle ne nous montre pas les soldats qui défendent leurs pays sans agresser les pays des autres. Elle ne nous montre pas les sportifs qui le sont au quotidien, par exemple pour aller travailler. Elle ne nous montre pas comment vit la communauté autonome anarchiste mondiale. Elle ne nous montre pas les créations de la communauté artistique alternative internationale mondiale.

    After the Revolution

    Iceland Told the Bankers

    L’histoire nous montre qu’il n’y a pas de voie unique pour la révolution. En effet, il n’y a pas deux révolutions qui se sont effectuées de la même façon. Chacune est le fruit d’un processus historique qui s’inscrit à la fois dans le processus historique mondial de l’époque et dans celui du lieu. Certaines ont pu se faire de façon pacifique, d’autres se sont faites de manière pacifique.

    Aujourd’hui, nous vivons une époque où tous le monde est capitaliste. Dans tous les conflits actuels, nous voyons des capitalistes impérialistes alliés à des marionnettes locales combattre d’autres capitalistes impérialistes alliés à d’autres marionnettes locales. En cela notre époque est similaire à celle qui a précédé la chute de l’empire romain qui voyait des légions romaines alliées à des tribus barbares combattre d’autres légions romaines alliées à d’autres tribus barbares. Mais un autre élément à contribué de façon décisive à la chute de l’empire romain : de plus en plus de gens en avaient marre de cet empire et se débrouillaient pour vivre en marge de la société sans payer d’impôt.

    Dans la société capitaliste, un des secteurs les plus lucratifs est celui de la fabrication, de la vente et du trafic d’armes. Il est très lié au secteur du crime organisé. Comme tout le monde est capitaliste, cela implique qu’il n’y a plus de pays socialistes désireux de soutenir des guérillas marxistes ou de gauche. Par exeemple, si la Russie capitaliste de Poutine soutient aujourd’hui le Hezbollah socialiste, ce n’est que parce que l’intérêt de la Russie est, dans les circonstances actuelles, de soutenir le Hezbollah. Mais sur le long terme, il ne faut pas être naïf : les intérêts à long terme d’un pays impérialiste comme la Russie n’est absolument pas le même que celui d’un mouvement de résistance anti-impérialiste et socialiste. Le soutien du premier au deuxième n’est donc que temporaire.

    Tout ceci implique que la voie de la révolution armée est plus ambiguë que jamais car elle implique aujourd’hui de s’assurer le soutien de quelque allié impérialiste et des ses marchands d’armes. Il s’agit donc de ne pas être naïf et de n’utiliser ce soutien impérialiste que quand il est absolument nécessaire. Parallèlement, il faut continuer à développer les formes de résistance non violente qui permettent de vivre en marge de la société sans payer d’impôt, ceci car la façon dont nous obtenons et utilisons notre argent est, dans une société de marché, notre meilleure arme car cela sape les bases mêmes de cette société.

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0