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De la « Loi Travail » au « revenu universel », ou comment un piège anti-social peut en cacher un autre…

dimanche 15 janvier 2017

Au lendemain du premier débat de la « primaire de gauche » on comprend qu’un nouvel enjeu sous-tend les contradictions entre les candidats « de gauche » à la présidentielle 2017 : pour ou contre le « revenu universel »…

Et c’est Benoît Hamon, un des rares « opposants » apparemment encore engagé contre la « loi travail » qui s’en fait le principal promoteur… La justification en serait la disparition « inexorable » du travail, due à la « révolution numérique » et à la robotisation de nombreux secteurs d’activité…

Le système de protection sociale, en France, de la santé aux retraites, en passant par l’indemnisation du chômage, et sans oublier l’aide au logement, le soutien aux familles, toute cette protection est effectivement le produit du travail, via les diverses systèmes de cotisations. Ces dernières décennies, et singulièrement, ces dernières années, il a subi de nombreuses atteintes et dégradations, notamment au nom de la « compétitivité », sensée relancer l’emploi…

En quoi le « revenu universel » serait-il la conquête d’un nouveau « droit social », selon ses promoteurs, et notamment Benoît Hamon, et comment peut-il être financé ? En fait d’ »universalité », il sera donc « de droit », à tout un chacun, indépendamment de toute condition d’emploi et de ressource. Pour le chômeur, il deviendra son unique ressource, et pour le travailleur, il sera un revenu garanti, indépendamment de son employeur.

Évidemment, pour le travailleur déjà « précaire », c’est une incitation à accepter n’importe quel « petit boulot » pour compléter et améliorer son sort…

Pour l’employeur, c’est une incitation à embaucher de manière précaire, en toute « bonne conscience », et même à remettre en cause le SMIG, qui n’aurait, au regard du patronat, plus de réelle raison d’être…

En « compensation » de cette « flexibilité » extrême, quel est l’ »avantage » financier éventuel de cette précarisation du travail ? Le « projet » repose sur un « processus » progressif qui commencerait par une revalorisation du RSA à 600 euros et son extension systématique à tous les 18-25 ans, étape chiffrée à 45 milliards d’euros par Benoît Hamon. Déjà très lourd, mais encore crédible, sous réserve de vérification plus précise… Ensuite il se propose d’atteindre l’objectif de 750 euros par mois, généralisés à tous les habitants du pays, à l’horizon 2020… ! Pourquoi pas, serait-on tenté de dire, à priori… Le coût ? 300 milliards, selon lui…

Qu’en est-il, en réalité ? 300 milliard, en termes de revenu mensuel, pour 66,6 millions d’habitants, c’est 375 euros par mois, et non 750…

Et même si l’on en exclu les « moins de 18 ans », et en vertu de quoi, vu que ce « revenu » remplacera toutes autres allocations familiales et aides au logement, ce n’est encore que 470 euros par mois, et non 750…

750 euros par mois et par habitant, c’est donc, en réalité, près de 600 milliards, et non 300…

A comparer avec le budget global actuel de l’État français… Voici ce qu’il en est, de ce budget, tel que prévu pour 2017 :

« Il prévoit un déficit de 69,3 milliards d’euros, soit 2,7 % du PIB. Les dépenses nettes de l’État seraient de 381,7 milliards d’euros, contre 374,3 en 2016, et les recettes nettes de 307 milliards d’euros, contre 301,7 en 2016. »

https://fr.wikipedia.org/wiki/Budget_de_l’%C3%89tat_fran%C3%A7ais_en_2017#cite_note-minefi-chiffres-cles-2017-1

On mesure tout de suite l’absurdité de ce projet, mais l’on doit s’interroger sur les raisons qui poussent un grand nombre de médias, comme BFM-TV, à lui accorder une crédibilité, et à en faire un enjeu de société… Cette démarche est relayée, en outre et à la base, par un grand nombre d’« intellectuels de gauche », sociologues et « économistes » de tous poils, et y compris par des institutions « libérales », comme l’OFCE, fondé par Raymond Barre…(*)

Bien entendu, Benoît Hamon, qui s’affirme « de gauche », prétend qu’il ne touchera pas à certaines protections sociales actuelles, comme la santé et les retraites, déjà financées par le monde du travail, et non par l’État…

Mais déjà, on l’a vu, sa première étape reprend le RSA, et ensuite, assez logiquement, l’aide au logement, les allocations familiales, et les indemnités de chômage… Autant de droits spécifiques, adaptés à des catégories de population ayant des difficultés et des besoins particuliers. Autant de droits sociaux qui seront « fusionnés » et « répartis », sur tous le habitants de France…

Mais qui, sur la base actuelle de financement, représentent un équivalent de « revenu » mensuel par habitant de …150 euros par mois ! Il lui resterait donc encore l’équivalent d’un revenu de 600 euros par mois et par habitant à trouver, d’ici 2020, s’il veut atteindre l’objectif des 750 euros…

Or on a vu que cet objectif vaut 600 milliards, à priori introuvables, sauf à doubler le budget de l’État, actuellement déjà « prévu » avec un déficit de près de 70 milliards…

C’est à dire, au minimum, doubler le poids de la pression fiscale…

Tous ces « intellos de gauche » et autres « experts » et « économistes » distingués seraient-ils idiots à ce point ?

En réalité, évidemment, l’argent existe… dans les caisses de la Sécu, de l’Assurance chômage, des retraites de base, des retraites complémentaires…

Au total, il y a précisément là de quoi financer un tel « revenu universel », à hauteur de 750 euros par mois…

A condition de renoncer à tous autres droits sociaux…

Avec cette somme il faudrait donc survivre en cas de chômage, y compris question logement, élever ses enfants, le cas échéant, se soigner en cas de maladie, et finalement, s’en contenter comme retraite, pour tous ceux qui n’auront pas eu les moyens, et ils seront nombreux, de se constituer une rente privée…

Bien évidemment, selon les promoteurs de cette « brillante idée », il s’agit d’un processus progressif, qui, on l’a vu, commence par une bonne intention, d’aider les jeunes, et qui « promet » de ne pas toucher à certains droits sociaux fondamentaux, mais on a bien vu également que ce processus ne peut avancer qu’en se substituant « progressivement » aux autres droits sociaux, y compris en matière de financement, faute de toute autre ressource évidente, sauf une fiscalité totalement débridée et ubuesque, doublant quasiment en l’espace de quatre ans à peine…

Il ne parait donc pas douteux que ce chiffre de 750 euros par mois n’a pas été déterminé au hasard, mais qu’il correspond bien à une volonté de liquider les derniers droits sociaux en France, et livrer la « protection » à la marchandisation totale, c’est à dire limitée, en fait, à ceux qui en auront les moyens…

Les autres devant se « dém… » avec leur 750 euros, ce qui, de l’aveu du « MFRB » (**), l’une des officines qui fait la promotion de ce type de projet, dont celui de Benoît Hamon, reste nettement inférieur au seuil de pauvreté…

Une pauvreté désormais institutionnalisée, pour finir, dans notre pays.

Comme on le voit maintenant, à l’issue de ce « premier débat », et des projets politiques actuels, le critère choisi pour notre pétition,

https://www.change.org/p/adress%C3%A9e-%C3%A0-tous-les-candidats-de-gauche-r%C3%A9cup%C3%A9rant-ce-slogan-en-2017-abolir-enfin-la-loi-el-khomri

à savoir l’unité autour de la revendication d’abrogation de la « Loi Travail », ce critère s’avère désormais insuffisant, et il faut nettement y rajouter le critère de refus du « revenu universel », ce qui disqualifie franchement un candidat comme Benoît Hamon, qui s’en est fait le principal promoteur et porte-parole dans notre pays.

Paradoxe ? Non, en réalité, car la « Loi El Khomri », dans le cas de figure où ce projet de « revenu universel » avance, se trouve reléguée au rang d’accessoire, tant la précarité sera généralisée et incontournable, sous ce régime, prétendument « socialiste »… En fait, une forme particulièrement réactionnaire et même extrême, de capitalisme…

Pierre GRINDSABLE

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(* http://www.ofce.sciences-po.fr/pdf/seminaires/sem20161013/2.pdf )

(** http://www.revenudebase.info/2016/12/23/revenu-universel-protection-sociale-hamon/ )

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Sources de l’article :

https://solydairinfo.wordpress.com/2017/01/14/de-la-loi-travail-au-revenu-universel-ou-comment-un-piege-anti-social-peut-en-cacher-un-autre/

https://frontdeslaics.wordpress.com/2017/01/14/de-la-loi-travail-au-revenu-universel-ou-comment-un-piege-anti-social-peut-en-cacher-un-autre/

Et maintenant sur Agoravox :

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/de-la-loi-travail-au-revenu-188551

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1 Message

  • CEPENDANT :
    Dans l’idée de revenu de base inconditionnel pour tous (les riches le rembourseront sous forme d’impôts…) on peut trouver quelques qualités…

    1/ les paresseux, les asociaux et les antisociaux ne seront plus obligés de faire semblant de chercher du travail… Ils devront cependant essayer de s’organiser collectivement pour consommer presque autant que les autres.
    Les asociaux et antisociaux au sens psychiatrique de ces termes devront être aidés pour y parvenir…

    2/ les 18-25 ans pourront bénéficier de ce RMI (RSA beurk !) et quitter papa-maman pour vivre collectivement dans des structures intermédiaires (les "républiques de COIMBRA" = bon modèle)…

    3/ En donnant 100 euros supplémentaires à ceux qui s’installent dans les campagnes sous peuplées, on pourrait commencer à résoudre le problème de la ruralité…

    4/ Acheter la paix sociale est une option pragmatique très supérieure à l’hystérie sécuritaire, aux délires répressifs et aux néo puritanismes…

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