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Union de la gauche - 16 février 2017 - Le rassemblement, pas l’enlisement

jeudi 16 février 2017, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 16 février 2017).

Note de do : Si Hamon, Mélenchon et jadot ont, ne serait-ce qu’un tout petit peu, le sens des responsabilités qu’est censé avoir un chef d’État ; alors, ils nous éviterons une catastrophe Fillon ou Macron. Et s’ils n’ont pas ce sens des responsabilités, ce ne leur sera pas pardonné !


Le rassemblement, pas l’enlisement

http://www.politis.fr/articles/2017…

Publié le 14 février 2017

Par Roger Martelli

Si l’on en croit les sondages, le total des voix de Hamon-Jadot-Mélenchon peut conduire un candidat de gauche à la victoire finale. Voilà qui semble suffire à ranimer l’espérance. Mais est-ce si simple ? L’historien Roger Martelli répond à cette question.

Il ne suffit pas de gagner une élection : il faut aussi gagner l’après-élection. Quelles ont été les périodes de plus grande poussée du Front national ? 1983-1988, 1997-2002 et 2012-2017. Chaque fois, la gauche dominée par les socialistes a gagné dans les urnes. En principe, elle a gagné bien à gauche. Mais elle a pratiqué une gestion du pouvoir recentrée. Elle s’est coulée dans les normes de la mondialisation capitaliste ; elle a déçu la gauche et désespéré les catégories populaires. Elle n’a pas suscité de mouvement social combatif et, au contraire, elle a nourri le ressentiment.

S’il faut rassembler, ce n’est donc pas pour revenir à la case « 2012 », ni même à la « gauche plurielle » de 1997. Une gauche conséquente est une gauche qui tourne le dos à quatre décennies d’errements ; c’est une gauche décidée à rompre avec une logique d’accommodement au désordre du monde, au primat de la finance et au règne de la « gouvernance ».

Tourner la page Hollande-Valls ? Magnifique. Mais on ne peut pas dire en même temps que cette époque est forclose et que le bilan de la période ouverte en 2012 « n’est pas indéfendable ». On ne peut pas vouloir rassembler la gauche et quémander le soutien de Bernard Cazeneuve. On ne peut pas appeler à une rupture et soutenir aux législatives des individus qui, jusqu’au bout, ont conduit ou approuvé la politique ayant mené la gauche au désastre.

Enjeux et besoin

En bref, il ne suffit pas de profiter des déboires mérités de la droite parlementaire pour refonder la gauche, en lui permettant de se raccorder à l’action sociale et d’être utile aux catégories populaires. Les enjeux économiques, sociaux et démocratiques sont trop grands pour que l’on s’en tienne à de simples postures et à des grands écarts.

Une gauche à la hauteur des enjeux, cela ne se mesure pas à la seule qualité des programmes qu’elle propose. Cela se juge d’abord à la clarté des ambitions et à la force des méthodes proposées. Veut-on faire en sorte que l’on rompe avec la logique désastreuse des traités européens et d’abord de celle du traité de Lisbonne, qui tournait le dos à la volonté exprimée en 2005 par le peuple français ? Veut-on rompre avec le credo monétariste, l’obsession de la dette et la compression de la dépense publique ? Veut-on rompre avec la théorie meurtrière de la « guerre des civilisations » et de « l’état de guerre », ainsi qu’avec « l’otanisation » accentuée des défenses française et européenne ? Veut-on en finir avec un esprit monarchiste-présidentiel qui étouffe la vie démocratique et enfonce nos institutions dans la crise ? Est-on prêt à engager un processus constituant de refonte constitutionnelle ? Est-on décidé à mettre enfin le développement des capacités humaines au cœur d’un développement économe en ressources naturelles ? Est-on disposé à en tirer toutes les conséquences ? Est-on prêt à agir concrètement, à l’échelle planétaire pour réduire des inégalités, répartir les ressources, réorganiser les dispositifs institutionnels, protéger les équilibres écologiques, remettre les organismes économiques au service de la décision politique ?

Ce dont la gauche et la démocratie française ont besoin, c’est d’un débat sur le fond de ces questions. Les tractations programmatiques et les ententes électorales ne devraient venir qu’en conclusion d’une entente durable sur les finalités, les étapes et les méthodes. À ce jour, les militants socialistes ont fait un pas en avant formidable. Mais le candidat qu’ils se sont choisi reste dans un entre-deux prudent. S’il va au-delà, s’il choisit le parti pris de rupture et en tire toutes les conséquences, y compris législatives, alors tout est possible. S’il ne le fait pas, le rassemblement de la gauche est un nouveau miroir aux alouettes.

Les catégories populaires dispersées et déstabilisées ont besoin de se constituer en peuple politique, c’est-à-dire en acteur capable de construire les conditions globales de son développement. Un peuple politique est un peuple rassemblé. Mais un rassemblement ne vaut pas en lui-même : il vaut par le projet qu’il est capable de formuler et de mettre en œuvre. Aujourd’hui, le rassemblement populaire n’est propulsif que s’il se noue autour des notions clés de souveraineté et d’émancipation. Par ailleurs, ce rassemblement ne se décrète pas, mais se construit : le rassemblement de la gauche en est une dimension majeure.

Accommodement ou rupture ?

Mais, à son tour, ce rassemblement de la gauche ne vaut que s’il permet à la gauche d’agir, du bas en haut de la société, conformément à ses valeurs (égalité, citoyenneté, solidarité) et à elles seules. Et il en est du rassemblement de la gauche comme de celui du peuple : il se construit et ne se décrète pas. Se fixer l’horizon concret du rassemblement le plus large est un impératif. Mais il ne sert à rien de laisser entendre que son impossibilité immédiate ne relève que de la responsabilité des ego, du sectarisme ou des égoïsmes partisans. En fait, à tout moment, on est tenu de dire en même temps qu’il faut rassembler et quelle est la logique profonde qui devrait régir ce rassemblement : esprit d’accommodement et d’adaptation à l’existant ou esprit de rupture et d’alternative ?

Le choix des militants socialistes est prometteur pour la perspective d’une gauche combattive rassemblée ; mais la promesse n’est pas l’effectivité. À ce jour, aucune des raisons qui ont plaidé pour le choix d’une candidature de Jean-Luc Mélenchon n’apparaît comme obsolète. À ce jour, aucune des raisons qui laissent penser que le PS n’a pas pleinement tiré les conséquences de près de quatre décennie d’exercice du pouvoir n’est invalidée pleinement par la candidature Hamon.

Une gauche qui gagne est une gauche de rupture, appuyée sur un Président acquis à cette rupture, avec une majorité décidée à la porter sans hésiter. Quand le Front national est à l’affût, quand les ultimes digues sont à deux doigts de tomber, toute autre hypothèse serait irresponsable.

1 Message

  • Jean-Luc Mélenchon fixe rendez-vous à Hamon et Jadot

    http://fr.reuters.com/article/topNews/idFRKBN15U2Q4?sp=true

    Mercredi 15 février 2017 22h41

    STRASBOURG (Reuters) - Jean-Luc Mélenchon, candidat de la France insoumise à l’élection présidentielle, a profité mercredi d’un meeting à Strasbourg pour fixer rendez-vous en fin de semaine prochaine à ses concurrents de gauche, le socialiste Benoît Hamon et Yannick Jadot pour Europe Ecologie-Les Verts, en vue de se "parler".

    Le député européen, qui avait auparavant dit le peu de crédit qu’il accordait au candidat socialiste, a cependant laissé peu de place à la perspective, pour le premier tour, d’une candidature unique si ce n’est la sienne.

    "Qu’est-ce que je vais faire avec M. Jadot, avec M. Hamon ?", a-t-il ironisé en évoquant les interrogations de la presse devant la multiplication des candidatures à gauche qui devrait, selon les sondages, être de ce fait absente du second tour.

    Soulignant que Benoît Hamon ne l’avait lui-même pas appelé, il a invoqué les cinq heures d’émission en direct sur sa chaîne Youtube au cours desquelles il présentera son programme dimanche, puis l’Emission politique de France 2, jeudi 23, dont il sera l’invité, pour différer le contact.

    "Je propose un rendez-vous la semaine prochaine, soit vendredi, soit samedi, soit dimanche. C’est moi qui fixe la date", a-t-il lancé devant 3.500 de ses partisans, dont un millier le suivaient dehors, sur un écran géant.

    Justifiant la proposition de ce rendez-vous pas son seul sens des "responsabilités", l’ancien socialiste s’est dit prêt à faire "confiance".

    "Mais on ne me refera pas une deuxième fois le coup du discours du Bourget", a-t-il précisé en référence au discours programmatique de François Hollande lors de la campagne présidentielle de 2012, à ses déclarations sur "la finance, mon ennemie" et à ses promesses non tenues de renégocier le traité budgétaire européen ou d’arrêter la centrale nucléaire de Fessenheim.

    "Ce que je demande, c’est une garantie de bonne foi", a-t-il dit avant de récuser la perspective d’une candidature unique. "Quand bien même en faudrait-il une, je propose la mienne", a-t-il consenti, y voyant la seule garantie de respect d’un possible accord.

    Le candidat du "protectionnisme solidaire" s’était auparavant longuement exprimé sur le Ceta, accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada qui conduira, selon lui, à une catastrophe sociale et écologique, pour mettre en doute, in fine, la position hostile du député Hamon sur le sujet.

    Il a rappelé que le groupe socialiste à l’Assemblée nationale s’était abstenu lors du vote d’une proposition communiste visant à organiser un référendum sur le Ceta et que "cette ignominie" avait été adoptée, à Strasbourg, grâce à la "coalition de la droite et des sociaux-démocrates", même si les socialistes français, a-t-il reconnu, ont voté contre.

    "Comment dois-je m’y prendre si, face à chaque situation particulière, je m’aperçois qu’entre les paroles et les actes il y a un tel gouffre ?", s’est-il interrogé.

    (Gilbert Reilhac)

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