Original in english by Johann Hari Editorialiste, : www.huffingtonpost.com/johan…
Traduction de G.L. : http://bellaciao.org/fr/spip.php?ar…
London Independant
4 janvier 2009-04-13
« Pirates somaliens » et mensonges impérialistes …
Qui aurait pu imaginer qu’en 2009 les Gouvernements du Monde pourraient déclarer une nouvelle Guerre à la Piraterie ? Comme vous avez pu le lire, la « Royal Navy », épaulée par des navires de deux douzaines et plus d’autres pays, des navires des Etats-Unis jusqu’à la Chine, croisent dans les eaux somalienes pour arrêter des gens qui sont décrits comme des « méchants » d’opérette. Ils sont là pour combattre les navires somaliens et éventuellement poursuivre les pirates locaux d’un des pays de la Planète qui a été le plus détruit ces dernières années.
Mais derrière les « bonnes intentions » de ce conte de fée il y a un scandale dissimulé.
Les membres du Gouvernement somaliens sont labellisés comme « une des plus grande menace de notre temps » dans une histoire extravagante qui ne permet de prendre en compte aucune action de justice en sa faveur.
Les « Pirates » n’en ont rien à faire de ce que nous pensons d’eux. Au temps de l’ « Age d’Or de la Piraterie », de 1650 à 1730, la légende du fait que les Pirates étaient des "êtres insensibles", et une "menace sauvage", avait été, comme aujourd’hui, créée de toutes pièces par le Gouvernement britannique dans un grand effort de propagande. Mais de nombreuses gens du peuple ordinaire savaient que tout cela était faux. Les pirates les sauvaient bien souvent des griffes de leurs geôliers et de leurs fidèles gardiens. Comment peut-on le savoir ? : Dans son livre, « Gueux des tous les pays », l’historien Mark Rediker en fait une démonstration évidente : Si vous aviez été un marin de la Marchande ou de la Navy, vous auriez été enrôlé de force dans les docks du « London East End », jeune et affamé vous vous seriez vu finir lentement dans un enfer flottant. Vous auriez travaillé sans répit sur un navire de morts de faim, et si vous vous étiez rebiffé contre le second, le capitaine vous aurait traité au « Chat à neuf queues » ; et si vous aviez insisté on vous aurait jeté par-dessus bord. Et après des mois et des années de cette vie on vous aurait volé vos gages.
Les pirates ont été les premiers à se rebeller contre ce monde là. Ils se sont mutinés contre leurs capitaines tyranniques et ont inventé une autre manière de naviguer et de vivre sur la mer. Lorsqu’ils possédaient des navires les pirates élisaient leurs capitaines et prenaient leurs décisions collectivement. Ils géraient et dirigeaient leurs navires, ainsi que le rappelle Rediker, « de la manière la plus égalitaire par rapport aux ressources disponibles qu’on ai pu trouver au XVIIIe siècle ».
Ils libéraient aussi les esclaves africains et vivaient avec eux sur un pied d’égalité. Les pirates ont démontré très clairement, et subversivement, qu’un navire n’avait pas besoin d’être dirigé d’une manière despotique et brutale comme sur les navires marchands et sur ceux de la Navy. C’est pour ces raisons qu’ils étaient aussi populaires chez les gens, malgré leur rôle contreproductif pour la société.
Les paroles d’un pirate de la vieille époque, un jeune Britannique nommé William Scott, résonnent dans ce nouvel âge de la Piraterie. Juste avant d’être pendu en Caroline du Sud, il déclara : « Quoi que j’ai fait cela m’a permit de survivre. J’ai été contraint de devenir pirate pour survivre ».
En 1991, le Gouvernement de la Somalie, pays de la Corne de l’Afrique, a implosé. Neuf millions de personnes se sont retrouvées alors abandonnées et mourantes de faim, et de nombreuses puissances occidentales ont sauté sur l’occasion et l’opportunité de voler les biens de consommation du pays et de transformer ses eaux territoriales en une immense poubelle atomique.
Oui, en une poubelle atomique. Pas plus tôt le Gouvernement Somalien disparu, de « mystérieux » navires européens sont arrivés et ont commencé à croiser dans les eaux somalienes, larguant d’énormes fûts à la mer. La population côtière a commencé à être malade. En premier ils ont souffert d’étranges maladies cutanées, de nausées, et de malformation post-natales. Puis, après le tsunami, des centaines des ces barils jetés à la mer se sont retrouvés éventrés sur les plages. Les gens ont souffert d’irradiations et plus de 300 en sont morts. Amedhou Ould Albdallah, l’Envoyé des Nations Unies en Somalie m’a déclaré : « Quelqu’un a déversé du matériel nucléaire ici-même. Il y a aussi du plomb, ainsi que des métaux « lourds » ainsi que vous les nommez, tels du cadmium et du mercure ». Plusieurs de ces fûts ont pu être identifiés comme provenant d’hôpitaux et d’usines européennes. Il semblerait que ça soit la Maffia italienne qui se charge de faire le sale boulot ».
Alors que je demandais à Ould Albdallah ce que ces gouvernements avaient fait pour dédommager les populations il me répondit : « Rien. Il n’y a eu ni décontamination, ni dédommagement, ni prévention ».
En même temps, d’autres Gouvernements européens volaient dans les eaux somalienes ses principales ressources de pêche. Ils ont détruit en les surexploitant les réserves initiales de poissons et maintenant nous n’avons plus rien. Plus de 300 millions de pièces de thons, de crevettes, de homards et autres ont été volées chaque année par d’énormes chalutiers-usines pêchant illégalement dans les mers somalienes non protégées. Les pêcheurs locaux ont soudainement perdu leurs moyens de vivre et meurent de faim. Mohamed Hussein, un pêcheur de la vile de Marka, à 100 km de Mogadiscio, déclarait à Reuter : « Il n’y a plus rien à faire. Il n’y a plus un seul poisson dans les eaux côtières somalienes ».
C’est dans ce contexte que des personnes, qualifiées de « pirates » sont apparues. Tout le monde devrait pouvoir comprendre que les pêcheurs somaliens ordinaires qui au début utilisaient leurs navires de pêche pour tenter de « dissuader » les chalutiers et pêcheurs illégaux, ont fini par décider de les taxer. Ils se nomment eux-mêmes les « Gardes Côtes Volontaires » de Somalie et ça n’est pas difficile à comprendre. Dans un coup de téléphone « irréel », un de ces capitaines « pirates », Sugule Ali, déclare quel est leur motivation : « Stopper la pêche et la concurrence illégale dans les eaux territoriales. Nous ne nous considérons pas comme des « bandits de la mer ». Nous considérons que les vrais « bandits de la mer » sont ceux qui pêchent illégalement et nous concurrencent chez nous, qui jettent leurs ordures nucléaires dans nos eaux, et transportent des armes sur nos mers. Ce sont eux les « bandits ».
William Scott aurait pu prononcer ces mots là.
Nous ne justifions pas les « prises d’otages », (Bien sûr il y en a qui sont clairement de simples gangsters, spécialement ceux qui pillent les Aides internationales contre la Faim). Mais les « pirates » ont le support inconditionnel des populations locales pour les raisons que j’évoque. Le site web indépendant somalien « WardherNews » a conduit un sondage sur ce que pensent les Somaliens ordinaires et il a découvert que 70% des Somaliens supportent solidement la « piraterie » comme une forme de Défense nationale du pays dans ses eaux territoriales. Au cours de la Révolution américaine, Georges Washington et les Pères fondateurs payaient des pirates pour protéger l’Amérique et ses eaux territoriales car ils n’avaient ni Marine nationale ni Gardes-côtes. De nombreux américains les soutenaient alors ? Quelle différence ? .
Vous pensiez peut-être que les Somaliens allaient rester passifs sur leurs plages, piétinant dans votre poubelle nucléaire, en regardant comment vous mangez leurs poissons dans les restaurants de Londres, Paris ou Rome ? Vous ne voulez pas prendre pas acte de ces crimes mais quand ils y répondent en perturbant 20% du trafic pétrolier dans le corridor qui en permet le transit vous les qualifiez de « mal absolu ». Si vous désirez réellement combattre la piraterie commencez par stopper les causes de celle-ci, vos propres crimes, avant d’envoyer vos canonnières pour arrêter les « criminels » somaliens.
L’histoire de la « Guerre de 2009 contre la Piraterie » pourrait bien avoir été être résumée par un autre pirate qui vivait et mourut au IVe siècle avant JC : Il fut capturé et présenté à Alexandre le Grand qui lui demanda pourquoi il se croyait le Maître de la Mer. Il sourit et répondit : « Quand bien même je voudrait prendre la totalité du Monde, comme je ne possède qu’un petit navire on me nommera « voleur ». Alors que toi, comme tu possèdes une flotte entière, on te nomme « Grand Empereur ».
Peut après la flotte impériale appareilla. Mais qui était donc le plus grand voleur des deux ?
Envoyé par Kamau.
Traduct libre Gilong.