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Dijon - les blocages continuent !

samedi 6 novembre 2010 (Date de rédaction antérieure : 6 novembre 2010).

Mardi 2 novembre dès 4h du matin, c’est environ 80 personnes qui se sont réparties en 3 groupes sur les accès stratégiques de la zone industrielle de Longvic, la plus importante plate forme logistique de Dijon, regroupant diverses industries de transport, ainsi que le dépôt pétrolier du grand est, déjà bloqué la semaine passée pendant 4h. Il s’agissait de donner une continuité au mouvement, en partant de formes d’assemblées interpro qui permettent de regrouper des salariés de divers syndicats (Sud, Cnt, Fse, Fsu, Snes, Unef…) mais aussi des précaires, étudiants, chômeurs, lycéens et collectifs….

Lors du précédent blocage, nous avions rencontré par une heureuse coïncidence des routiers de la CGT transports, qui tractaient pas loin de là et qui avait rejoint la fermeture du dépôt avec enthousiasme. Ceux-ci avaient, de leur coté, bloqué les poids-lourds de la zone de Longvic une nuit de la semaine précédente et, forts de cette dynamique d’action convergente nous avions décidé d’organiser une nouvelle action commune.

Dans la nuit encore calme, les divers points de blocage s’installent rapidement avec des braseros, ainsi que des palettes, containers et divers matériaux disponibles dans l’environnement immédiat, afin de filtrer la circulation, de neutraliser les velléités de ceux qui voudraient passer à travers et de ralentir une intervention policière. Cette fois, on a décidé de laisser passer les voitures mais de paralyser les camions et donc la majorité de l’activité économique.

Un des premiers camionneurs bloqués s’énerve, tente de passer en force, se retrouve face à un brasero, mis en travers de la route et des personnes qui se collent à son capot… après ce rapide coup de sang, il s’arrête, souffle un coup, nous déclare que finalement il soutient ce qu’on fait, qu’il n’a pas à se pourrir la vie pour son patron et vient partager un café et discuter le coup pendant deux heures autour du brasero. Comme quoi une petite rupture dans le train-train quotidien suffit parfois à faire les meilleures rencontres.

Les files de camions commencent à s’allonger, les moteurs s’arrêtent sous les applaudissements et les conducteurs se garent souvent de manière à conforter le blocage, finissant par former un puzzle qui prendra des heures à se délier. Certains craignaient un peu que le message médiatico-gouvernemental, ainsi que celui de la hiérarchie des centrales syndicales soit passé et que pas mal de gens ne voient pas forcément le sens d’une poursuite de la lutte… Mais on est vite réconforté par les gestes de sympathie des camionneurs et les nombreux encouragements des automobilistes. Encore une fois le blocage est bien pris dans un contexte où tout le monde voit bien que les traditionnelles manifs et grèves reconductibles, même massives, ne suffisent pas à faire lâcher le gouvernement. On peut toujours regretter que beaucoup aient dû reprendre le travail pour l’instant, et le blocage pourrait alors être reçu comme une sorte de "grève imposée", mais il a l’avantage certain de faire payer les patrons et pas les employés. Il se trouve de fait accueilli avec une compréhension croissante dans un contexte où beaucoup de travailleurs ont malheureusement de plus en plus de mal à tenir la grève longtemps ou à avoir la possibilité de s’y mettre, du fait de la précarité des emplois et des pressions patronales et financières.

Certains conducteurs "poids-plumes" reviennent nous apporter des pâtisseries achetées à la boulangerie, des croissants du boulot, ou des tas de sandwiches qui allaient être jetés… On distribue des cafés, et des routiers nous disent qu’ils espèrent que le casse-croûte de midi sera bon. Il y a quand même toujours quelques rabat-joie, dont un patron qui vient nous hurler dessus pour qu’on laisse travailler "son gars" et finit par lâcher l’affaire, ou un camionneur qui se met en travers de la route au niveau de la rocade pour bloquer aussi les voitures en espérant que cela accélère une intervention policière. L’un dans l’autre, le blocage finit surtout par créer un bon gros embouteillage sur toute une partie de la rocade et la fermeture quasi complète de la zone industrielle, d’autant plus qu’un bus divia a cassé son moteur en essayant de se retourner et se trouve échoué au milieu d’une des grosses voies d’accès. Au final, c’est la police un peu paumée qui se retrouve à détourner une bonne partie de la circulation et à prolonger un peu le week-end de la Toussaint ou tout au moins l’arrivée au turbin.

Au fil des heures, tout le monde est de plus en plus souriant et malgré la fatigue, le froid, l’abus de café et quelques pressions policières inefficaces on sent que l’action est un plein succès. On partage des techniques et des expériences de lutte, quelques désaccords et pas mal de blagues. Et puis les moments d’échanges volés au temps travaillé avec ceux qui s’arrêtent, permettent de constater que le coup des retraites n’est pas passé, a catalysé une force, mais ouvre aussi l’expression d’un ras-le-bol de différesurntes autres formes d’exploitation et de flicage. On sent que ce qui s’est vécu ces dernières semaines fait surgir et politise des colères et frustrations souvent contenues et individualisées, que c’est précieux et que ça pourrait même persister, si on est assez malins pour ne pas tous-tes retourner dans nos coquilles. Vers 8h du matin, on aperçoit au levant un train complet de milliers de tonnes de gasoil qui arrive lentement par la voie ferrée reliée directement au dépôt pétrolier. La réaction est rapide et une partie de l’équipe se rend sur la voie avec des airs de Jesse james, des palettes et des poubelles. Le train s’arrête. Tout le monde se regroupe pour bloquer le dépôt, en face duquel une vingtaine de camion-citernes se garent petit à petit. Encore une fois, l’équipe du train n’est pas mécontente de se retrouver entravée sur son chemin et vient discuter sur le piquet. Malgré la libération des ronds-points, le puzzle de semis-remorques et les bouchons peinent à se démêler et des agents de l’autoroute détournent toujours la circulation au point qu’on se demande s’ils n’ont pas voulu donner la main.

Vers 8h du matin, on aperçoit au levant un train complet de milliers de tonnes de gasoil qui arrive lentement par la voie ferrée reliée directement au dépôt pétrolier. La réaction est rapide et une partie de l’équipe se rend sur la voie avec des airs de Jesse james, des palettes et des poubelles. Le train s’arrête. Tout le monde se regroupe pour bloquer le dépôt, en face duquel une vingtaine de camion-citernes se garent petit à petit. Encore une fois, l’équipe du train n’est pas mécontente de se retrouver entravée sur son chemin et vient discuter sur le piquet. Malgré la libération des ronds-points, le puzzle de semis-remorques et les bouchons peinent à se démêler et des agents de l’autoroute détournent toujours la circulation au point qu’on se demande s’ils n’ont pas voulu donner la main. Plusieurs voitures de police finissent par se regrouper face à nous et leur porte-parole vient proposer que des délégués soient reçus par le préfet en échange de la levée du blocage. Même si une partie des bloqueurs a dû repartir à ce moment là pour aller au taf, nous décidons qu’il est plus utile de tenir sur place le plus longtemps possible que d’aller parler au préfet qui est déjà sans doute bien au courant des raisons pour lesquelles nous sommes dans la rue. Face à notre refus, vers 10h30, une brigade de CRS se déploie et le petit bonhomme au mégaphone nous menace d’un traditionnel "dispersez-vous" auquel nous répondons en choeurs "spersez-vous, spersez-vous !". Comment souvent, ils ne font pas preuve d’un grand sens de l’humour et préfèrent nous évacuer avec quelques petits coups de pieds et de matraques mesquins mais sans trop de grabuges. Cela fait quand même presque 7h de bloquage, d’annulation ou de report des transports prévus sur la journée et un impact économique certain face aux sourds d’oreilles.

On apprend en rentrant après, qu’ailleurs en France, au même moment, des plates-formes logistiques, universités, usines, péages ont été bloqués par d’autres groupes "interpros". Le mouvement et la pression sur le gouvernement et les patrons continue, avec de nouvelles dynamiques et se poursuivra à Dijon aussi, de manière bien visible, n’en déplaise à Sarkozy.

PS : Merci au flair de certains médias dijonnais, en l’occurence Le bien public, et France 3 qui ont l’air d’avoir décidé pour leur part que le mouvement est bien fini, et qui, pour une info "équilibrée", ont choisi entre tous, de mettre Francis sous les projecteurs. Un parti-pris bien particulier puisque c’était un des rares routiers à être énervé et à piaffer depuis un moment que "ça ne sert plus à rien" et qu’on "va se mettre les gens à dos". Quand même, c’eût été dommage de ne pas passer pour des "preneurs d’otage" à la télé.

PS : un petit hommage à l’imagination des deux flics qui ont essayé de monter un mytho et de nous raconter que 20 routiers s’organisaient pas loin de là pour nous virer avec des barres de fer, et qu’avec eux ça allait pas être la même et qu’ils seraient bien contents de les laisser faire… en espérant vaguement que peut-être on allait y prêter attention. En fait, les 20 routiers étaient 3, et ont accepté bien volontiers nos cafés et notre action quand on est allé discuter avec eux.

Source et photos : http://www.brassicanigra.org/contri…

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