Salut Do,
Bonne idée de faire circuler le film de Debord. Je connaissais déjà son livre. Le film n’en dit pas beaucoup plus sauf sur un point très important : la dénonciation des régimes prétendument communistes de l’Est . Il est vrai que c’est un mensonge que de prétendre que c’était la classe ouvrière qui était aux commandes dans ces pays. Debord souligne que c’est une couche bureaucratique qui s’est imposée , prétendument au nom de la classe ouvrière. D’ailleurs c’est cette couche qui a mis fin au système . Elle en tirait certes des avantages mais bien limités par rapport à ce que leurs homologues capitalistes s’attribuaient. C’était très visible dans la revue Etudes Soviétiques à partir des années 85 . L’ "élite" s’y plaignait amèrement d’être moins bien traitée que les dirigeants capitalistes du même niveau . Il était clair dès ce moment qu’on allait vers la fin du système, système que la classe ouvrière n’a pas défendu pleine d’illusions sur ce que pouvait leur apporter des démagogues comme Yeltsine.
Reste à savoir s’il était possible de faire mieux que le système soviétique et d’éviter que le pouvoir réel soit confisqué par les élites . A ce propos Debord cite la Grèce antique. Certes il n’oublie pas de rappeler que la société athénienne (par exemple) reposait sur l’esclavage et que seuls les maîtres étaient appelés à pratiquer la démocratie . Mais ce qu’il ne voit pas semble-t-il c’est que même dans ce cadre restreint le pouvoir est accaparé par les élites intellectuelles et financières qui avaient beau jeu de manipuler les petits artisans et paysans. Même si quelques mesures réellement populaires ont parfois été prises (annulation des dettes des pauvres) dans l’ensemble les "masses populaires" ont validé les politiques des élites : guerres, colonisations, impérialisme, etc…
Peut-on faire mieux ? Et faire mieux dans des sociétés qui englobent des millions de personnes ce qui parait rendre inévitable la délégation de pouvoir (démocratie représentative ou parlementaire) ? L’étude de l’Histoire amène à être sceptique sur cette question. Le contrôle du peuple est-il possible dans des groupes humains plus grands que des tribus très restreintes ? Plus important encore, l’évolution n’a-t-elle pas fait de l’être humain une personne qui ne peut exister en dehors de la "meute" et qui donc a besoin de chefs ? L’Histoire et l’ethnologie semblent le montrer . Comment expliquer autrement le culte de la personnalité qui traverse toute l’histoire humaine : César , Charlemagne, Louis XIV , Napoléon , Hitler , Staline, pour ne citer que ceux-là .
Finalement les seuls révolutionnaires sans tache sont morts les armes à la main sans avoir jamais exercé le pouvoir (Che).
Pas très enthousiasmante cette vision des choses . C’est vrai . Mais ça n’empêche pas de lutter.
Pierre