VIVE LA RÉVOLUTION
Accueil du site > Comment publier un article > VIVENT LES ÉMEUTIERS D’ALGER !

VIVENT LES ÉMEUTIERS D’ALGER !

samedi 15 août 2015, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 6 janvier 2011).

Historique très travaillé écrit en 2001 des révoltes algériennes depuis octobre 1988, ainsi que de leur détournement par l’islamisme, et donc de leur défaite.

16 juin 2001

http://mai68.org/journal/N55/16juin2001.htm

A Alger, la grande manif contre le pouvoir a réuni un million de personnes. La lutte du prolétariat1 algérien contre ses oppresseurs a repris là où elle avait été abandonnée après octobre 1988, quand l’intermède islamiste était venu la subjuguer après que l’armée l’eut très durement réprimée.

En octobre 1988 en Algérie, un an après la première intifada palestinienne, deux ans après le décembre 1986 français, éclataient de violentes émeutes dont le but profond était de faire une nouvelle révolution en Algérie.

L’Algérie est un pays très jeune au sens où les moins de 18 ans sont peut-être les plus nombreux. En 1988, ces jeunes2, et certainement pas qu’eux, même si c’est surtout eux qui furent visibles, ne supportèrent plus l’oppression que les exploiteurs leur faisaient subir. Ils se révoltèrent avec l’énergie de la jeunesse. A Alger notamment, il y eut de très violentes émeutes. Les jeunes algérois attaquèrent la police et pillèrent les magasins. Cela dura des jours et des jours. Pour stopper cette révolte qui était en train de détruire son pouvoir, l’armée intervint : il y eut 500 morts en 15 jours !

Mais la révolte couvait sous la cendre. Le feu ne pouvait s’éteindre vraiment tant que l’exploitation du prolétariat continuait. Cette révolte, qui, si elle réussissait, pourrait servir d’exemple au monde entier, était dangereuse non seulement pour les maîtres de l’Algérie, mais aussi pour l’ensemble des maîtres du monde. Ces derniers firent leur possible pour aider le pouvoir algérien à surmonter cette difficulté.

Le seul moyen de supprimer la révolte contre le pouvoir étant de supprimer le pouvoir, ce dernier n’envisageait bien sûr pas cette solution. Il ne lui restait qu’à utiliser les divers subterfuges du reste fort classiques que sont le détournement, c’est-à-dire la récupération ; et la provocation, c’est-à-dire la manipulation (souvent la manipulation du terrorisme). Bien sûr, faire la guerre est aussi une technique fort efficace pour vaincre une tentative révolutionnaire3, mais cette technique n’a pas encore été employée par le pouvoir algérien, qui pourrait très bien envisager une guerre contre le Maroc, par exemple ! A condition, bien sûr, que ce moyen soit autorisé par les maîtres du monde !

En occident, le moyen généralement utilisé pour détourner les luttes consiste à les faire récupérer, et canaliser, par un parti ou un syndicat. Jusqu’à présent, en France, ce sont surtout la CGT et le Parti "Communiste" qui jouèrent ce rôle, mais tous les partis et tous les syndicats pouvant jouer un tel rôle, les émeutiers du mai 68 français écrivaient sur les murs que « Les syndicats sont des bordels et les partis les meilleurs proxénètes des masses ! ». Bien sûr, après mai 68, la population s’étant rendu compte du rôle essentiel joué par le P"C"F et la CGT dans la défaite finale de la révolution4 se mit petit à petit à fuir ces diverses organisations.

Cependant, la CGT conserve encore quelques capacités de nuisances. Cela s’est bien vu pendant la dernière grève de la SNCF. La CGT rentra dans la grève avec une semaine de retard, puis deux jours après, elle freina des deux pieds afin de stopper cette grève ! C’est ça, les syndicats ! D’ailleurs, ils ne sont pas essentiellement financés par leurs militants, mais par l’État (à 88% d’après un article du canard Enchaîné de 1986 !) Les syndicats sont au service de ceux qui les financent !

Dans les pays arabo-musulmans, il est fort difficile de détourner un grand mouvement de contestation vers Un P"C" ou une CGT locale, parce que ce genre de structure n’y est que trop faiblement implanté. Il faut donc envisager autre chose. Qu’à cela ne tienne, en 1978, une puissante révolution secouait l’Iran ; elle fut vaincue en 1979 en la détournant vers l’islamisme. Cette idée vint probablement de fRANCE, puisqu’avant de partir en Iran pour récupérer et canaliser la tentative iranienne de la révolution, Khomeiny vivait en fRANCE !

L’Algérie, c’est la fRANCE, c’est très connu ! Rien n’empêchait donc d’appliquer en Algérie la technique contre-révolutionnaire qui avait si bien marché en Iran !

Des imams, c’est-à-dire des curés de l’islam, firent de grands discours prétendus extrémistes comme quoi les malheurs des Algériens étaient dus à leur éloignement de l’islam. Ils dirent de manifester, ils organisèrent eux-mêmes des manifestations parfois violentes etc. Ils firent tant et si bien qu’ils finirent par devenir les chefs de presque toute la contestation algérienne ! Alors que jusque là, les Algérois étaient plutôt athées ! (lire à ce sujet le livre de Camus intitulé "Noces à Tipaza". Rappelons que Camus vivait à Alger et savait de quoi il parlait.)

Les islamistes subjuguèrent la contestation algérienne à un tel point que les élections municipales du 12 juin 1990, massivement boycottées par les Kabyles, furent facilement gagnées, avec 54,3% des voix, par le FIS (Front Islamique du Salut : fondé le 18 février 1989 dans la mosquée al-Sunna de Bab el Oued à Alger, le FIS a été légalisé par le ministère de l’Intérieur le 16 septembre 1989.)

Puis vinrent les fameuses élections législatives de 1991-92 où les islamistes firent une percée faramineuse. À tel point que si les militaires n’avaient pas fait un coup d’État5 juste avant le second tour, les islamistes auraient pris le pouvoir en Algérie ! Avec toutes les conséquences que cela aurait eu : voir l’Iran de Khomeiny ou l’actuel Afghanistan.

Le coup d’État des militaires fut donc accepté dans le monde entier et même très souvent par les Algériens de fRANCE. À croire que si auparavant les chefs militaires algériens avaient autant favorisé l’islamisme algérien, c’était pour avoir une bonne excuse pour faire ce coup d’État !

Les élections se trouvaient en effet annulées par le coup d’État alors qu’il aurait été facile de les truquer ! Mais un truquage électoral n’aurait jamais donné autant de pouvoir aux militaires qu’un coup d’État !

Il fallait ensuite justifier le coup d’État vis-à-vis de la population algérienne elle-même. Le FIS fut dissout le 4 mars 1992. Il put se militariser, et, très puissant, prendre le maquis. L’Armée Islamique du Salut (AIS), la branche armée du FIS, est entrée en action en juillet 1992 en s’attaquant à l’armée et à des objectifs publics. L’AIS avait pour instructeurs militaires des islamistes algériens ayant été entraînés en Afghanistan par les Américains (Les Américains s’étaient servi de l’islamisme pour virer les Russes d’Afghanistan et avaient entraîné militairement les islamistes de ce pays ainsi que beaucoup d’Algériens ayant fait le déplacement pour se battre à leurs côtés). Le FIS était d’ailleurs financé par les Américains par l’intermédiaire de l’Arabie Saoudite. Et quand les USA ordonnèrent au FIS de cesser toute lutte armée, celui-ci s’exécuta sans rechigner !

Il y eut donc une situation de guerre intérieure, militaires d’un côté et AIS de l’autre. Cette situation permettait donc aux militaires de faire tout et n’importe quoi sans avoir à se justifier ni vis-à-vis des Algériens, ni vis-à-vis du reste du monde. Du moins dans un premier temps.

Mais l’Algérie, ce n’est pas les USA, c’est la fRANCE ! C’est bien connu ! Les Français ne pouvaient donc pas laisser les Américains régler seuls le problème algérien. Ainsi fut monté un groupe concurrent du FIS, le GIA (Groupe Islamique Armé, fondé quelques mois avant les élections législatives algériennes de décembre 1991), financé par la fRANCE à travers le Soudan ! (oui, ce Soudan qui livra cet imbécile de Carlos6 à la fRANCE, ce Soudan dont le pouvoir islamiste est financé et tenu à bout de bras par la fRANCE : fRANCE qui finance en particulier la guerre des islamistes soudanais contre les révoltés chrétiens et animistes du Sud-Soudan (deux millions d’entre eux seraient déjà morts !))

Le GIA fut encore plus horrible que le FIS dans ses pratiques terroristes. Plus tard, l’Amérique abandonna la partie et demanda au FIS de cesser sa guérilla et sa terreur. Ce qui fut fait immédiatement. Mais, bien sûr, le GIA continua ses massacres de plus belle !

Bien sûr, le FIS, puis le GIA étant totalement manipulés par les services secrets (les services secrets français et algériens travaillent mains dans la mains : l’Algérie, c’est la fRANCE !) ne massacraient pas forcément n’importe comment ni n’importe qui ! les villages qui gênaient le pouvoir furent particulièrement choisis. De même, quand le pouvoir voulait se débarrasser de quelqu’un, comme Mohammed Boudiaf ou Matoub Lounès, on faisait faire le sale travail par les islamistes, ou du moins on prétendait que c’étaient eux les coupables ! Cette situation de guérilla et, surtout, de terrorisme permettait aux militaires de justifier une dictature absolue !

Mais il se trouve que les Algériens finirent par se rendre compte d’une grande partie de la réalité des choses : ils ne devinèrent peut-être pas le rôle joué par la fRANCE dans le financement du GIA, mais ils finirent tout de même par comprendre petit à petit que le GIA n’était qu’un groupe fictif complètement aux ordres des militaires et l’affaire de Bentalha (lire une intervention en AG ou un article du monde) ne fit qu’accélérer les choses. Maintenant, tout apparaît à peu prêt clairement dans la tête de tous les Algériens :

L’épisode islamiste ne fut qu’un tragique moment voulu par l’occident et les militaires algériens pour stopper net la nouvelle révolution algérienne qui naquit en 1988. Par conséquent :

Les Algériens reprennent aujourd’hui leur révolution là où ils l’avaient laissée en octobre 1988 !

Post Scriptum :

1°) En Algérie, la population s’est organisée en comités de villages réunis dans une coordination digne de ce nom : ces comités et cette coordination ne veulent être récupérés par aucun parti et par aucun syndicat !

2°) Le site des officiers libres d’Algérie dénonce les manipulations du pouvoir (le GIA est un groupe fictif au service du pouvoir) et parle de retour à octobre 1988. Visiblement, en Algérie, une fraction de l’armée est au moins moralement dans le camp de la nouvelle révolution algérienne.

3 °) Le combat, s’il a touché en premier les Kabyles, c’est peut-être parce qu’ils avaient été les moins sensibles à l’islamisme, parce qu’ils étaient moins tombés dans ce piège que les autres. Mais, parti de Kabylie, le mouvement révolutionnaire algérien a dors et déjà gagné toute l’Algérie !

Notes :

(1) Le prolétaire est celui qui n’a aucun contrôle sur l’emploi de sa vie et qui le sait.

(2) Ce sont souvent les plus opprimés qui font les révolutions, c’est-à-dire les jeunes et les femmes. Ce n’est pas pour rien si les symboles de la Révolution Française sont Gavroche et Marianne (tiens ! aucun symbole d’homme adulte !) Et c’est bien pour parer à ce danger que représente la jeunesse que, sous couvert d’humanitarisme, le pouvoir n’a de cesse de faire de la propagande pour rendre les armes inaccessibles à la jeunesse !

(3) Voici quelques citations trouvées dans l’article intitulé "Quand Tocqueville légitimait les boucheries", écrit par Olivier Le Cour Grandmaison et publié dans Le Monde Diplomatique de juin 2001 en sa page 12 :

« Mettre un terme au déclin de la France, restaurer son prestige et sa puissance, telle est l’obsession de Tocqueville qui est convaincu que, en l’absence d’une vigoureuse politique de conquêtes, le pays sera bientôt relégué au second rang et la monarchie menacée dans son existence même. »
« La guerre et la colonisation se présentent donc comme des remèdes aux maux sociaux et politiques qui affectent la France. » [ndd : à l’époque de Tocqueville, bien sûr, mais plus tard aussi : 1870, puis première et deuxième guerre mondiale !]

(4) Quand je dis défaite, je veux dire que les 33% d’augmentation du SMIG que l’on nous accorda en 68 afin d’acheter notre retour au travail n’avaient rien à voir avec ce que nous voulions : la révolution totale !

(5) Dès le premier tour, le 26 décembre 1991, le FIS est en passe d’obtenir la majorité. l’Assemblée Nationale Populaire est dissoute par décret présidentiel le 4 janvier 1992. Le 11 janvier (cinq jours avant la date prévue pour le deuxième tour des élections), le président Chadli démissionne. Le 14 janvier, la direction du pays est confiée à un Haut Comité d’État jusqu’en décembre 1993 (du moins officiellement !).

Le Haut Comité d’État (HCE) est une présidence collégiale établie à la suite du coup d’État militaire du 11 janvier 1992 qui a interrompu le processus électoral avant le second tour des élections législatives qui allait donner la victoire au FIS. Après avoir dissout le FIS, le 4 mars 1992, le HCE a instauré un état d’urgence permanent, créé des juridictions "spéciales" dans le cadre de sa lutte contre "le terrorisme et la subversion" et soumis la presse à la censure

(6) Carlos, parce qu’il est un grand défenseur de la cause Palestinienne, se croyait en sécurité au Soudan sous prétexte que c’est un pays islamiste ; mais, quelque soit le régime d’un pays, il est au service de celui qui le finance !

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0