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La crise vue par France 2 (Raoul Marc Jennar)

mercredi 12 janvier 2011, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 12 janvier 2011).

http://www.jennar.fr/index.php/la-c…

Mercredi 12 janvier 2011

France 2 a consacré toute sa soirée de mardi à la crise. Bonne idée. Mais quel résultat !

On aurait pu s’attendre à une enquête en profondeur, même sous la forme d’un documentaire, à la manière de la BBC. On a eu droit à ce que le journalisme dominant en France nous offre le plus souvent : la surface des choses, le monde tel qu’il va avec ce qui frappe l’attention, sans jamais aller au fond des problèmes, aux causes et aux acteurs porteurs de ces causes. On nous a fait vivre la crise comme une sorte de fatalité, un tsunami économico-financier. Que peut-on contre un tsunami ?

Voici les commentaires que m’inspire cette émission :

1) en 1984, on avait eu « Vive la crise » avec un Yves Montand qui, par haine du communisme qu’il avait accompagné si longtemps, s’était complètement rallié au libéralisme dominant (on est peu après le « tournant de la rigueur » en France) allant jusqu’à donner raison à Reagan. C’était, à peu de choses près, « vive la crise qui nous débarrasse de l’Etat ».

Cette année, un titre qui frise la provocation : « Fric, krach et gueule de bois, le roman de la crise », comme s’il s’agissait d’un polar ! Avec le souci d’aborder le sujet, mais sans aller à la racine du problème.

2) j’ai trouvé le film introduisant le débat très dans le ton « il y a des méchants capitalistes qui dénaturent le capitalisme, mais le capitalisme est dans l’ordre naturel des choses ».

3) cette tonalité sera d’ailleurs celle de toute la soirée. Avec les méchants à Wall Street et à Pékin. On a beaucoup parlé de Wall Street, on n’a pas dit un mot de Francfort. On a cité Pékin à plusieurs reprises, on n’a pas une seule fois cité Bruxelles.

4) à part quelques propos en fin d’émission de Cohen sur les différents capitalismes selon les pays européens, laissant sous-entendre que les politiques auraient encore la main, ce qui parcourt cette soirée, c’est que le pouvoir politique ne peut rien.

5) précisément, sans doute à dessein, le grand absent de cette soirée, c’est le rôle des politiques dans la crise : le choix des gouvernements quand ils soutiennent le FMI et ses plans d’ajustement structurel destructeurs des politiques sociales, de santé et d’éducation, le choix des gouvernements quand ils négocient la création de l’OMC dont il n’a pas été dit un seul mot, le choix des gouvernements européens quand ils soutiennent l’acte unique européen, le traité de Maastricht et le TCE/traité de Lisbonne.

Evidemment, aborder ces choix aurait contraint de rappeler, par exemple, la loi de Giscard d’Estaing interdisant au Trésor d’emprunter à la Banque de France et obligeant de recourir aux banques privées et à leurs taux d’intérêts prohibitifs, cause véritable de l’endettement ou encore la loi de déréglementation financière proposée par Bérégovoy et votée par une majorité soutenant le gouvernement Fabius ou enfin la disparition de tout secteur public financier suite aux décisions de D. Strauss-Kahn et de L. Jospin, etc. Un tel rappel n’aurait pas été politiquement correct.

Aborder le rôle des politiques aurait nécessité de reconnaître que la mondialisation néolibérale, la dérégulation financière, la totale liberté de circulation des capitaux inscrite dans les accords de l’OMC et dans les traités européens, tout cela relève de décisions politiques. Pas un mot de tout cela hier soir. On a affirmé que « la finance est devenue son propre objet », comme si cela était un phénomène naturel inévitable ; on n’a pas dit que cela fut rendu possible par les décideurs politiques, libéraux de droite et de gauche.

6) alors que le mouvement altermondialiste crie casse-cou depuis 1998 et la campagne internationale pour le rejet de l’accord multilatéral sur l’investissement (AMI), une abomination défendue à l’OCDE par Strauss-Kahn, alors que ce mouvement a dénoncé les dangers des accords de l’OMC depuis la conférence ministérielle de Seattle de 1999, alors qu’il demande depuis la création d’Attac un encadrement des transactions financières, alors que la crise révèle la pertinence des critiques formulées, en particulier en 2005, à l’encontre de plusieurs dispositions des traités européens, tout ce que l’émission nous a montré, en guise de Cassandre, c’est Bruxley Borne, une obscure américaine qui a mis en garde contre les dangers de certaines pratiques financières. Comme si l’essentiel s’était passé entre Washington et Wall Street.

7) par contre, on a entendu des expressions comme « économie verte », « social business », « destruction créatrice » autant d’oxymores qui veulent faire croire qu’à côté des méchants banquiers il y en a des gentils, à côté des capitalistes pollueurs il y en a des propres, à côté des destructeurs d’emplois il y a des patrons dont le but premier est de créer des emplois !

8 ) on a évidemment eu droit, de la part d’Eric Orsenna (préfacier de Pascal Lamy, le patron de l’OMC) au discours social-démocrate sur la capacité de corriger les abus du capitalisme avec des « exemples positifs « et aussi avec la culpabilisation des Français « incapables de s’adapter «  ; c’est Orsenna qui donne comme exemple de succès français les deux entreprises françaises qui sont au monde « les meilleures sur l’eau », deux multinationales prédatrices des droits des peuples à l’accès libre à l’eau qui partout où elles sévissent rendent l’accès à l’eau plus cher, fournissent une eau de moins bonne qualité et n’entretiennent pas les réseaux qu’elles ont achetés. Ce qu’Orsenna s’est bien gardé de rappeler.

9) heureusement, il y a eu deux témoins : Xavier Mathieu qui a soulevé le scandale des entreprises qui font du bénefice et néanmoins licencient ou délocalisent, qui a rappelé à quel point aujourd’hui les patrons se réfugient dans l’anonymat et qui a exprimé la colère qu’engendrent les souffrances du capitalisme. Julianne Charton, la jeune lycéenne, qui fut la seule à dénoncer des choix politiques : la casse des services publics et le démantèlement de l’enseignement public. Ces deux témoins furent le seul parler vrai de cette soirée.

Bref, une émission qui, comme d’hab, s’en tient à l’écume des choses. Mais pouvait-on espérer autre chose de Pujadas ?

Raoul Marc Jennar

3 Messages de forum

  • Salut,

    « La loi de Giscard d’Estaing interdisant au Trésor d’emprunter à la Banque de France et obligeant de recourir aux banques privées et à leurs taux d’intérêts prohibitifs, cause véritable de l’endettement. »

    Il vaut mieux appeler cette loi "La loi rothschild". En voici la démonstration :

    http://mai68.org/spip/spip.php?article1245

    Bien à toi,
    do
    http://mai68.org

    • bags shoes 26 janvier 2011 11:22, par abags

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  • Non, on ne pouvait pas espérer autre chose de Pujadas. C’est un sioniste, il travaille donc pour Rothschild.

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