Les renseignements américains : "Nous ferons mieux la prochaine fois"
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jeudi 17 février 2011, par La Rédaction
Les patrons des services secrets américains ont défendu mercredi le travail de leurs agences de renseignement au sujet des révolutions en Tunisie et en Egypte, tout en promettant de faire mieux à l’avenir face aux critiques émises au Congrès.
"Les signaux permettant de déterminer comment et quand une instabilité conduira à l’effondrement d’un régime ne peuvent pas toujours être connus ou prédits", a souligné James Clapper, le directeur du renseignement national, devant une commission sénatoriale.
"Ce que les services de renseignement peuvent faire dans ces cas précis, c’est réduire, mais certainement pas éliminer, l’incertitude pour les responsables chargés de prendre des décisions. Mais nous ne sommes pas des devins", a-t-il ajouté.
Leon Panetta, le directeur de la CIA, a pour sa part déclaré que son agence avait mis sur pied un groupe de travail de 35 membres chargé d’examiner la manière dont pourraient survenir de futurs troubles dans des régions sensibles et d’évaluer leurs conséquences potentielles. Un effort va être porté sur la surveillance d’internet et des réseaux sociaux, ont dit les deux responsables. Leon Panetta a cependant insisté sur l’énorme quantité de données à examiner.
"Le véritable défi consiste à (…) y voir clair dans la diversité de langues et dans la quantité de sites", a-t-il dit. "Cela implique une quantité colossale de travail d’analyse."
Critiqués dans le passé pour leur incapacité à voir poindre l’effondrement de l’Union soviétique ou les attentats d’Al Qaïda aux Etats-Unis le 11 septembre 2001, les services de renseignement américains démentent fermement tout dysfonctionnement au sujet de la Tunisie et de l’Egypte.
Certains élus du Congrès leur ont pourtant reproché d’en avoir appris davantage à la lecture de la presse que dans leurs rapports.
D’après le New York Times, un rapport secret commandé par le président Barack Obama en août a conclu que le monde arabe était mûr pour des révoltes populaires si n’intervenaient pas des changements politiques majeurs. L’Egypte était notamment mise en avant, selon le journal.
Les responsables anonymes servant de sources à cet article ne précisent pas toutefois dans quelle mesure ce rapport s’appuyait sur les informations des services de renseignement, souligne le Times.
Au sujet de la Tunisie, James Clapper a souligné qu’il ne s’agissait pas d’une priorité des 16 agences qu’il supervise.
"Nous ne couvrons pas la Terre entière de manière égale. Alors franchement, la Tunisie ne figurait probablement pas dans notre liste des 10 pays à surveiller prioritairement", a-t-il dit.
"Il est évident que nous allons travailler sur cet aspect", a-t-il ajouté. Deux sources ayant habituellement connaissance des rapports des services de renseignement jugent qu’il serait injuste de leur reprocher de ne pas avoir prédit la révolution en Tunisie, qui a balayé en moins d’un mois le président Ben Ali, pourtant au pouvoir depuis 1987.
Ces mêmes sources ont cependant exprimé leur déception quant aux rapports fournis après la chute du régime tunisien au sujet des possibles implications dans d’autres pays, notamment l’Egypte.