Plusieurs personnes ont été tuées samedi à Kandahar lors d’une manifestation contre le récent autodafé d’un Coran aux Etats-Unis.
De cinq à neuf personnes selon les sources ont trouvé la mort samedi à Kandahar, dans le sud de l’Afghanistan, au deuxième jour de manifestations violentes contre l’autodafé en mars dernier d’un exemplaire du Coran par un pasteur américain, Terry Jones. Une quarantaine de personnes ont également été blessées.
Les cadavres transportés samedi à l’hôpital de Kandahar, bastion des taliban, portaient des traces de coups et de lapidation, a déclaré un responsable local, en charge des affaires de santé pour la province.
Un groupe de plusieurs dizaines d’hommes environ était descendu dans les rues pour dénoncer l’initiative du prédicateur de Floride, qui a brûlé un Coran en public dimanche dernier, devant une cinquantaine de personnes, mettant à exécution une menace qu’il avait déjà brandie l’an dernier. Les protestataires ont incendié des pneus, saccagé des magasins et attaqué un photographe de presse, rapportent des journalistes de Reuters. Certains d’entre eux auraient été molestés et menacés.
Vendredi, à Mazar-e-Sharif dans le nord du pays, sept employés étrangers de l’antenne locale des Nations unies avaient été tués par la foule. Outre les sept employés des Nations unies, les affrontements qui ont duré plusieurs heures ont fait cinq morts et une vingtaine de blessés parmi les manifestants.
Selon le gouverneur de la province de Balkh, Ata Mohammad Noor, ce sont des activistes islamistes qui ont profité de cette manifestation de plusieurs milliers de personnes pour attaquer le local de l’Onu. Un responsable de l’Onu a également laissé entendre que des provocateurs avaient pu déclencher l’émeute. Les taliban ont démenti avoir joué un rôle dans l’attaque.
Les taliban montrés du doigt
Zalmay Ayoubi, le porte-parole du gouverneur de la province de Kandahar, a déclaré que la manifestation de samedi avait été organisée par les taliban, les accusant à nouveau d’utiliser l’autodafé comme un prétexte pour provoquer des troubles dans une ville où leur influence s’est étiolée sous les coups des forces de l’Otan. Selon le communiqué des autorités provinciales, 17 personnes ont été arrêtées, dont sept étaient armées.
Un autre rassemblement a eu lieu dans une province septentrionale, où un millier de personnes ont défilé sans violence, a déclaré la police locale.
Après l’attaque vendredi, à Mazar-e-Sharif, un porte-parole de l’Onu a annoncé une révision des mesures de sécurité mais a assuré que l’organisation resterait en Afghanistan. Le président afghan Hamid Karzaï a condamné l’agression, tout comme Paris, Washington et Moscou.
Le bilan de l’attaque est le plus meurtrier pour l’Onu en Afghanistan. Fin octobre 2009, cinq employés des Nations unies avaient été tués dans l’attaque de leur résidence à Kaboul par les insurgés.
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