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AF-PAK - LA GUERRE TOTALE D’OBAMA par Himalove

jeudi 2 juillet 2009, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 2 juillet 2009).

7 sur 10 personnes tuées par l’OTAN, en Afghanistan, depuis janvier 2009, seraient des femmes et des enfants.

Le professeur Marc W. HEROLD, observateur obstiné des crimes de l’armée américaine, souligne l’inquiétante escalade de la guerre d’Obama, dans un texte, paru le 12 juin 2009 sur www.rawa.org

Obama’s Afghan War, the US Media, and the UN : the New Metric of Civilian Casualties

Article résumé, traduit et librement présenté par Himalove, avec l’autorisation de l’auteur.

Durant les premiers cent jours d’Obama, un fleuve d’encre a coulé, à Washington, pour savoir si la nouvelle politique en Afghanistan diffèrerait ou non de celle de son prédécesseur.

Le discours des journalistes, aujourd’hui, est dominé par la certitude suivante :

L’escalade militaire en Af-Pak est bien l’oeuvre du président.

La nomination de Richard Holbrooke, surnommé « le Buldozer », au poste de représentant des États-Unis, dans la région, ouvre, chaque jour davantage, les portes de l’enfer à près de 200 millions de personnes.

L’acceptation par le public de l’expression « Af-Pak » qui signe l’extension sans limite de la guerre au Pakistan donne la mesure de la victoire idéologique de l’équipe de Robert Gates.

Le Congrès, dominé par les Démocrates, a voté un budget militaire avoisinant les 100 milliards de dollars !

Le gouvernement prévoit d’augmenter les troupes au sol de 50 pour cent ; elles compteront 55 000 soldats en août 2009, en Afghanistan, parmi eux un contingent de 1000 membres des forces spéciales.

Le recours aux mercenaires comme du temps de Bush sera intensifié.

Le Pentagone signale que le chiffre d’affaires des sociétés militaires privées, en Afghanistan, a augmenté de 29 pour cent dans les premiers mois de l’année 2009.

(On ne connaît pas exactement l’infrastructure US au Pakistan et leurs missions ; certains parlent de 25 000 soldats et 6 bases aériennes dont la plus importante située à Jacobadad d’où seraient partis les drones, mitraillant des villages le long de la frontière afghane.)

La question centrale est de savoir maintenant si la nouvelle politique revêtirait une approche « contre-terroriste » (CT) ou de lutte anti-insurrectionnelle (COIN), impliquant, comme au Vietnam, des bombardements stratégiques.

CT : Counter-Terrorism.

COIN : Counter-insurgency.

L’Amérique en guerre aime les abréviations et les prières puritaines, pour cacher ses entreprises criminelles.

Car la propagande continue, par ailleurs, à la différence des guerres secrètes menées au Cambodge et Laos, dans les années 70, à mettre l’accent sur « le volume regrettable des pertes civiles ».

La notion de « dommage collatéral » est devenue, depuis les guerres du Golfe, le mot-clé pour comprendre le mensonge et l’hypocrisie américaine.

Et c’est là qu’interviennent les journalistes embarqués et les missions de l’ONU.

[Note de do : journalistes embarqués, ou embeded, comme en 2003 en Irak où un char d’assaut américain avait volontairement visé et tiré en direction de l’étage de l’Hôtel Palestine (sur la place centrale de Bagdad) où logeaient nombre de journalistes non-embeded. Les journalistes embarqués (embeded) étaient "protégés" par les soldats américains et ils se déplaçaient dans leurs véhicules (d’où le terme "embarqué" ou "embeded") ; ces prétendus "journalistes" étaient par conséquent totalement dépendant de l’armée américaine. Ils allaient là où les militaires américains leur disaient d’aller et ils écrivaient ce que les militaires leur disaient d’écrire. Depuis la guerre d’Irak en 2003, l’expression "journalistes embeded" désigne les journalistes aux ordres. En Irak, les journalistes non-embeded se sont très souvent fait assassiner par les militaires américains.]

Si on ne peut changer la réalité d’une guerre, on peut, aujourd’hui, modifier la perception d’un public lointain et dessiner des instruments de mesure bidons.

Ce dispositif sophistiqué sera peut-être la seule victoire moderne de l’Occident

La guerre « pour gagner les cœurs et les esprits » peut être perdue à Islamabad, Kaboul, Téhéran, mais gagnée techniquement à Paris ou Washington.

Nombre de membres de la gauche américaine ne proclament-ils pas à New York que l’invasion de l’Afghanistan reste une bonne chose ?

Selon le professeur Marc W. HEROLD, ces braves gens seraient en état d’ébriété, intoxiqués par les notions de « nation building », et par des oxymorons comme « impérialisme humanitaire ».

Pour d’autres, « depuis le 11-Septembre, les Américains auraient perdu l’horizon moral du pacifisme ».

En fait, la capitulation idéologique de la Gauche est totale et la coupe de toute compassion réelle à l’égard des populations, victimes des bombardements et du terrorisme yankee.

Le complexe militaro-industriel, dénoncé en son temps par le général Dwight Eisenhower, soutenu par les medias, a vaincu le peuple américain.

LA GUERRE OBAMIESQUE

Avec le renvoi brutal du général McKierman et l’entrée en scène du Général McChrystal, l’équipe Obama semble incliner pour une stratégie contre-insurrectionnelle.

C’est-à-dire une guerre qui prend pour cible, physiquement et psychologiquement, les populations plutôt que les "terroristes" dont certains ont travaillé jadis pour la CIA.

Les récentes opérations de l’armée pakistanaise, dans les régions tribales pachtounes, montrent le visage hideux de cette nouvelle étape de la Barbarie.

Selon Christophe Jaffrelot, le Pentagone verserait 160 millions de dollars par mois aux généraux Kayani et consorts pour les pousser à faire la guerre à leurs propres compatriotes.

En quelques semaines, l’engagement des blindés, avions, troupes d’assaut d’Islamabad contre les milices dites "talibanes", dans la vallée de Swat et au sud Wazaristan, a entraîné un exode de quelques millions de personnes.

Destructions de villages, camps de réfugié, transformés en hameaux stratégiques, milliers de disparus dont les proches survivants rejoindront sans aucun doute les maquis de résistants…

[Note de do : L’expression "Hameau stratégique" vient de la guerre du Vietnam. Les Américains rasaient un village vietnamien ; puis ils le reconstruisaient de façon à pouvoir le contrôler le plus facilement possible : un seul chemin pour accéder au village, une seule ouverture au rez-de-chauséée pour chaque maison, etc. C’est ça un hameau stratégique !]

Le concept de guerre au terrorisme nourrit la guerre totale partout dans la région.

Pour diminuer la pression des combats contre les forces de l’OTAN en Afghanistan, l’État-major de l’OTASE répand la guerre sur toutes les aires tribales à dominance pachtoune.

Il y a eu, entre le 14 janvier 2006 et le 8 avril 2009, soixante-six opérations de terrorisme transfrontalier, effectuées par des drones, appartenant à la CIA.

La frontière comme élément indissociable de la souveraineté d’une nation – le Pakistan – est abolie par des enjeux géostratégiques.

Les Américains avaient fait la même chose au Vietnam. Faute de pouvoir contenir l’offensive des viet-cong dans le delta du Mékong, et pour desserrer l’étau autour du corps expéditionnaire, le général Creighton Abrams avait porté la guerre au Laos et Cambodge, que la propagande avait présenté comme les bases logistiques des troupes communistes.

À noter : cette tragédie pachtoune sans importance, au-delà de la ligne Mortimer-Durand, a été moins commentée par la presse occidentale que le génocide tamoul par l’armée cinghalaise.

Le général McChrystal témoignant de la nouvelle orientation stratégique, en Asie centrale, devant les sénateurs américains, déclare pourtant sans pudeur :

« La mesure de l’efficacité des Américains et de leurs alliés sera le nombre d’Afghans protégés des violences et non le nombre d’ennemis tués. (…) C’est le point critique. Il doit être le parangon de notre effort de guerre. Nous nous battons pour être soutenu par le peuple afghan. (…) Notre stratégie est orientée pour faire le minimum de dommages et de victimes civiles. Même si cela rend notre tâche difficile, c’est essentiel à notre crédibilité. (…) Je ne peux me départir de cette mission. (…) Je crois que la perception causée par les dommages collatéraux est un des plus grands dangers auquel nous sommes confrontés en Afghanistan, particulièrement chez les Pachtounes »

Quand on connaît les états de service du général en chef des forces spéciales McChrystal, en Irak, spécialiste des coups tordus, montant, dans une pure tradition colonialiste, les communautés les unes contre les autres, et tortionnaire à l’occasion, on est éberlué par la teneur du discours.

Cependant la stratégie du nouveau commandant en chef, « population-centric approach », plaît au maire de Kaboul, l’ancien ingénieur d’UNOCAL, Hamid Karzaï. Sans doute parce qu’elle s’accompagnera d’un nouveau flot d’argent qui arrosera la bourgeoisie locale…

Elle plaît également aux capitales européennes où l’approche strictement militaire de l’OTAN, qui rappelle tant les guerres coloniales, serait inacceptable.

La nouvelle stratégie, laquelle à vrai dire n’a rien de neuf, implique le renforcement de l’armée nationale afghane (ANA) et de sa police militaire dont 500 pandores français, entre autres, assureront la formation.

Elle encourage les blindés de l’ISAF à contrôler militairement davantage de territoire, entraînant plus de sortie de drones de surveillance et d’avions de combat.

Les frappes "de précision" et les tirs de mortier devraient augmenter, et par conséquent aussi le nombre d’engagements et de victimes collatérales…

LA GUERRE POUR GOMMER LA RÉALITÉ

« Le volume des pertes civiles » a deux dimensions d’après le professeur Marc W. HEROLD : l’une locale et l’autre sur la manière dont la guerre d’Obama est conduite à l’extérieur.

Localement les nouvelles annonçant les innocents tués par l’OTAN volent, dans les vallées, plus vites que les balles.

Les forces étrangères se lamenteraient continuellement de l’efficacité de cette propagande « talibane », d’autant qu’elle serait diffusée par le nec plus ultra de la civilisation : le téléphone et l’ordinateur portables.

Impossible d’enrayer ou de subvertir ce genre d’information à l’intérieur de la zone de conflit.

En revanche, il est plus facile de contrôler et censurer l’information sur la guerre d’Obama hors d’Afghanistan et du Pakistan.

Un rideau de silence peut être tiré entre le public et le théâtre des opérations.

Étant donné l’actuel volume des pertes civiles, le gouvernement américain et leurs alliés vont déployer des trésors d’ingéniosité pour masquer la chose.

Le brouillage de l’information sera facilité par le fait que la plupart des journaux libéraux et démocrates américains vivent une histoire d’amour avec la nouvelle administration.

Ce n’est un secret pour personne que le charmeur noir a pris le dessus sur le mouvement américain de la paix.

Peut-être a-t-il été choisi par les banques et les multinationales pour cela ?

Par exemple, The Center for American Progress (CAP), dirigé par John Podesta, soutient fortement l’escalade militaire en Afghanistan et au Pakistan.

Le site MoveOn.org sert d’agenda aux rendez-vous politiques d’Obama et se tait sur tout ce qui pourrait nuire à la mine respectable du président.

En fait, l’ensemble de la presse progressiste américaine fait silence autour de la tragédie des peuples afghans et pakistanais.

Le seul drame qui a percé le rideau d’indifférence est le massacre récent de Farah, le 5 mai 2009, lorsque 97 à 147 civils ont péri sous « les frappes chirurgicales » de l’aviation américaine.

Un journal britannique, de grand tirage, a même osé publier une photo d’une bombe de 2000 pounds made in America, explosant au milieu d’un village afghan.

Des avions furtifs B-1 lâchèrent leurs bombes sur le village de Yatimchay, dans la région d’Helmand, appuyant l’assaut d’éléments du British Royal Fusillers, durant l’opération « Mar Lew ».

Depuis janvier 2009, les comptes-rendus d’opération révèleraient une augmentation sensible des bombardements aériens.

On compterait 2 110 sorties aériennes de soutien aux troupes au sol.

The US Air Force et The US Navy auraient largué, sur les populations civiles, 438 bombes, au mois d’avril 2009.

Ces statistiques ne tiendraient pas compte des opérations héliportées, menées par les Forces spéciales, et des tirs de missiles à partir de drones, qui survoleraient en permanence les territoires afghans et pakistanais.

Le public chercherait en vain les comptes-rendus d’opération, dans les journaux et magazines américains et européens.

Très rares sont les reporters là où les bombes de l’OTAN tombent

Les journalistes professionnels, qui ont le courage et la curiosité, de forcer le rideau de la censure et des conventions, sont en voie d’extinction.

Imagine-t-on, en juin 2009, des reporters faire le coup de feu, auprès des moudjahideen, comme le faisaient jadis certains journalistes contre les soviets ?

Chris Sand qui travaille, de manière indépendante depuis 2005, en Afghanistan, mériterait cependant d’être salué.

Mais la signature et les mots de ce journaliste ne pèsent pas lourds face à la machine impérialiste qui rémunère, rubis sur ongle, les correspondants et les commentateurs tels Jason Straziuoso (Associated Press), Lara Logan (CBS 60 minutes) ou Laura King (Los Angeles Times).

Le soutier de l’information, en Afghanistan, n’opère qu’après la bataille, lisant les comptes-rendus d’opération, priant le soldat de raconter, interrogeant les rescapés civils, dans les bidonvilles de Kaboul.

Fini le temps où le reporter n’hésitait pas à être là où sifflent les balles, et dressait un tableau d’ensemble de la situation sans complaisance.

La guerre se fait, aujourd’hui, avec une seule munition : le mensonge.

« Qu’il le veuille ou non, un journaliste fait partie de la machine gouvernementale » écrivait Henry KISSINGER.

himalove

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