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Edito du n° 48 de la revue Rébellion - L’Europe contre le Capital

jeudi 9 juin 2011, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 9 juin 2011).

Voici l’édito du dernier numéro de la revue Rébellion, à diffuser sans modération …

Cordialement
L’équipe de Rébellion

"Si les masses étaient aussi transparentes, aussi moutonnières, jusqu’en leurs derniers atomes, que le prétend la propagande, il ne faudrait pas plus de policiers qu’un berger n’a besoin de chiens pour mener son troupeau. Il n’en est pas ainsi, car des loups se dissimulent au sein de ce moutonnement grisâtre : c’est-à-dire des natures qui savent encore ce qu’est la liberté." Ernst Jünger

La crise que traverse le capitalisme en renforçant les clivages internes à la société européenne agit comme un révélateur de ses contradictions. Une prise de conscience s’opère progressivement dans les esprits des travailleurs européens. Du Portugal à la Grèce, les classes populaires ne veulent pas payer pour l’oligarchie mondialisée les conséquences d’une logique économique suicidaire.

Cette révolte n’a certes pas atteint un degré suffisant pour véritablement déboucher sur une révolution sociale. L’emprise idéologique du capital est encore forte, l’univers de représentations que ce système s’est construit est encore debout. Si la dégradation des conditions de vie est progressive, elle touche véritablement au premier chef les couches populaires déjà attaquées par les « réformes » et privées des anciennes solidarités communautaires.

Une analyse des récents évènements sociaux sur le continent, nous montre un rejet massif des conséquences des politiques libérales pour surmonter la crise économique. Mais il apparaît que ses révoltes ne sont pas encore guidées majoritairement par une idée de renversement radical du système en place. Il est évident que les « enfants chéris de l’ultra consommation » ne deviendront pas de futurs révolutionnaires du jour au lendemain. Il serait portant stupide de dénigrer ces mobilisations de la jeunesse européenne, car elles sont les symptômes d’un malaise réel. Quand la majorité des jeunes européens n’aura d’autre perspective d’avenir que celle de la précarité, il est certain que ceux-ci lutteront pour une amélioration de leur sort. Réclamer l’accès au logement ou à un travail mieux rémunéré n’est pas forcément une revendication mineure dans ce contexte mais la capacité de comprendre que ces revendications ne sont plus suffisantes en regard de la situation est primordiale, le capitalisme ayant de moins en moins la possibilité de s’offrir le luxe de conserver un visage humain. Les prolétaires n’amélioreront plus leurs conditions d’existence au stade actuel du capitalisme, c’est l’affrontement direct avec lui afin de le renverser qui est à l’ordre du jour.

En Espagne, lancée sur les réseaux sociaux du net (1), la mobilisation « Democracia real, ya » est le symbole des limites et des possibilités de ce genre de mouvement. Avec 4,2 millions de chômeurs, l’Espagne compte aujourd’hui le taux de sans emplois le plus élevé de l’Union européenne. Soit 21 % de la population active. Chez les moins de 30 ans, ce taux avoisine les 44 %. La crise économique frappe de plein fouet la jeunesse espagnole, devenue pour une grande part surpopulation relative. Au point que le Fonds monétaire international (FMI) a récemment qualifié ces jeunes de « génération perdue ». Les manifestants veulent « que les coupables de la crise paient ». Des milliers de jeunes, mais aussi de travailleurs, occupent les places principales des grandes villes du pays, chaque soir, depuis le 15 mai . Pas question pour ces Espagnols de payer la facture d’une crise financière qui n’est pas la leur mais « celle des banquiers et des politiques » selon les organisateurs du mouvement. L’austérité mise en place par le gouvernement depuis plusieurs mois, pour réduire à toute vitesse la dette du pays conformément aux injonctions de Bruxelles et du FMI, défait un à un les filets de la protection sociale. Le gouvernement de Gauche de Zapatero (à l’image de ce qui se fait en Grèce et partout en Europe) opère une réduction drastique des dépenses publiques : les enseignants par exemple ont vu leur salaire réduit de 5 %.

En s’attaquant simplement aux rôles des banques, ce mouvement se trompe de cible. Il faut viser le cœur du mal qu’est le système d’exploitation capitaliste dans sa globalité. Il ne suffit pas d’occuper des places publiques et de dénigrer le système financier comme s’il suffisait de moraliser le capitalisme. La présence du combat de la classe ouvrière contre les impératifs économiques du capital s’avère dès lors nécessaire ; le noeud gordien de la question se trouve dans le processus d’exploitation du travail vivant du prolétariat et c’est à ce stade que celui-ci peut paralyser la force du capital. Pas de changement sans insurrection prolétarienne !

En appelant à une abstention massive lors des différents scrutins électoraux et en chassant les politiciens de Gauche comme de Droite venus récupérer les événements, les manifestants montrent que la mascarade politicienne est finie pour eux. C’est déjà un pas de fait à l’égard du cirque politique organisé. A partir de là, le gouvernement s’est fait moins conciliant et a envoyé ses forces de police réprimer ces rassemblements pacifiques. Face à la répression, le mouvement reste malheureusement paralysé sur la question de l’autodéfense légitime à mettre en place contre la brutalité étatique. Illusions "démocratiques" persistantes…

Globalement, il existe quelques éléments intéressants dans la réflexion collective de ces mouvements sociaux (comme en Grèce sous l’influence d’une ancienne et très forte conscience révolutionnaire). Encore minoritaires, ils pourraient déboucher sur une radicalisation possible au delà du clivage Gauche-Droite. En France, nous avons pu voir cela grâces aux diverses actions sympathiques menées contre les dîners mensuels du club Le Siècle.

Notre rôle dans cette période de prémisses des luttes est de faire mûrir la réflexion de ce mouvement global, d’agir sur le terrain pour faire progresser la prise de conscience révolutionnaire et de renforcer la coordination des éléments authentiquement dissidents. Notamment il s’agit de faire savoir qu’il n’y a pas dans cette situation un problème général affectant l’indistincte catégorie de la "jeunesse" dans laquelle on voudrait noyer le poisson. C’est le phénomène de l’accumulation capitaliste qui rencontre, à une échelle toujours plus ample et intense, ses limites se traduisant invariablement par des crises, des soubresauts, des destructions massives d’hommes et de richesses multiples. L’ensemble des travailleurs européens sont touchés.

Rébellion ne changera pas d’un iota sur ses principes d’analyse et de propositions de lutte qui ont toujours eu le mérite de la clarté, sans concessions faites aux recettes démagogiques prenant l’apparence d’une expression empreinte du vulgaire "bon sens" propre au réformisme. Le recul du prolétariat - en particulier sur le continent européen - a été de grande ampleur ces dernières décennies. Néanmoins, avec un potentiel encore important au plan industriel, l’Europe reste encore un espace - un grand espace - où peuvent se jouer des moments cruciaux dans l’affrontement qui sévit désormais sur tous les continents entre le capital et les travailleurs. Notre perspective est celle de l’insurrection socialiste révolutionnaire !

NOTE :

1) A ce sujet notons l’ambiguïté du spontanéisme virtuel. L’outil peut être utile en tant que tel, comme n’importe quel instrument, mais il ne saurait se substituer au dialogue réel lors d’assemblées générales ancrées dans des lieux de combat effectif (usines, entreprises, espace public, etc.). Sans oublier les manipulations étatiques possibles…

Contact :

Rébellion c/o RSE BP 62124 31020 Toulouse cedex 02

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