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Retrait du décret sur l’évaluation des professeurs ! (UFAL)

mardi 29 novembre 2011, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 29 novembre 2011).

http://www.ufal.info/ecole/lufal-so…

Vendredi 25 novembre 2011

L’Union des Familles Laïques (UFAL) tient à exprimer sa très ferme opposition au projet de décret portant sur l’évaluation professionnelle des professeurs. Jusque-là, ces derniers étaient évalués par leur inspection, d’une part, et par leur hiérarchie administrative, d’autre part. L’inspection jugeait de la maîtrise des savoirs disciplinaires ainsi que des qualités pédagogiques dont les professeurs doivent faire preuve pour faire progresser les élèves. Le chef d’établissement, quant à lui, notait le professeur en fonction de critères administratifs, comme sa ponctualité ou son assiduité. Le projet de décret rédigé par le gouvernement prévoit de confier désormais au seul chef d’établissement le pouvoir d’évaluer « professionnellement » les professeurs en fonction de trois critères, leur capacité à faire progresser leurs élèves, leur capacité à travailler en groupe et à s’impliquer dans le projet d’établissement.

On pourrait croire qu’une telle mesure favorisera le “mérite” des professeurs et améliorera ainsi la qualité de l’enseignement. Mais il n’en est rien. Ce projet expose l’école publique à des dérives préjudiciables à tous.

En mettant les professeurs sous la seule autorité de leur chef d’établissement, ce projet expose d’abord les enseignants à des pressions et à des demandes qui peuvent contrarier leur mission. Ainsi, il n’est pas rare que des professeurs se voient signifier par leur autorité administrative qu’« ils notent trop sévèrement », qu’« ils n’ont pas le droit d’exclure des élèves de cours », même quand ceux-ci, par leur comportement, les empêchent de faire la classe. Comment les professeurs pourront-ils résister à leur hiérarchie quand celle-ci sera seule habilitée à les évaluer ?

Par ailleurs, on est en droit de se s’interroger sur la pertinence des critères d’évaluation retenus par le projet de décret. Comment un chef d’établissement, qui n’est pas formé aux savoirs disciplinaires que les professeurs enseignent, peut-il juger de leur capacité à faire progresser les élèves dans des matières dont il ignore le contenu et les méthodes ? Il ne peut prendre en compte, pour cela, que des critères comptables, comme le nombre d’élèves reçus aux examens. Mais de tels critères sont-ils pertinents ? Pire, ne risquent-ils pas de favoriser une forme de chantage aux résultats, compte tenu du fait qu’un chef d’établissement peut désormais toucher une prime d’un montant conséquent (6000 euros) qui est fonction des résultats des élèves ? Comment un professeur peut-il rester objectif dans sa notation quand il sait que de moins bons résultats nuiraient à la carrière de son chef d’établissement et, par voie de conséquence, à son propre avancement ? On peut craindre un danger de travestissement du niveau réel des élèves. Où serait, dans ce cas, l’intérêt des élèves et de leurs familles, présenté comme le but ultime de ces réformes ? Par ailleurs, la capacité à travailler en équipe ou à s’impliquer dans le projet d’établissement sont-elles des gages des qualités pédagogiques des professeurs ? Leur principale mission n’est-elle pas d’instruire au mieux les élèves et de faire en sorte qu’ils acquièrent les savoirs qui leur sont enseignés ?

L’UFAL reste très attachée au principe du recrutement des professeurs par concours parce qu’il garantit le caractère national et républicain de l’instruction publique. Or ce projet ouvre la voie à un recrutement local par les chefs d’établissement. Après leur avoir confié la mission d’évaluer professionnellement les professeurs, il serait en effet logique de leur donner aussi la possibilité de les recruter sur entretien.

L’UFAL rappelle que les professeurs doivent être évalués pédagogiquement en fonction de critères définis par leur statut et par un corps d’inspecteurs ayant eux-mêmes l’expérience de la classe. C’est là le seul moyen de les préserver de l’arbitraire et de garantir ainsi aux élèves et à leur famille la qualité de l’instruction publique. L’école doit rester un lieu protégé des influences, des pressions et des intérêts privés.

L’UFAL demande donc le retrait de ce projet de décret.

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