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Il y a 20 ans, l’URSS par Jacques Lanctôt , Québec

mercredi 1er février 2012

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Jacques Lanctôt, le 13/01/2012 à 11h55

Il y a 20 ans, l’Union des républiques socialistes soviétiques cessait d’exister, deux ans après la chute du mur de Berlin et la séparation de la grande fédération soviétique de plusieurs républiques qui revendiquaient un statut d’autonomie. Certains pays de l’Europe de l’Est, comme la Hongrie et la Pologne, avaient déjà entrepris un processus de libéralisation et d’ouverture à l’ouest.

La situation économique, dans l’ex-URSS, était devenue catastrophique, à la suite de mauvaises récoltes et de la chute de la production industrielle. Le gazoduc transsibérien, qui devait acheminer le gaz naturel de Sibérie jusqu’aux portes de l’Europe, avait été saboté par l’introduction d’un virus à retardement qui provoqua une explosion de turbines digne d’une explosion nucléaire, retardant de plusieurs années la mise en œuvre de cet audacieux projet de développement qui devait enfin apporter la prospérité au gouvernement communiste. Ce fut une étape importante dans la guerre économique que livraient les États-Unis à l’URSS.

L’invasion de l’Afghanistan, commencée en 1979, avait été extrêmement coûteuse en vies humaines et n’avait certes pas amélioré la situation économique de la fédération soviétique, de sorte qu’en 1989, le Kremlin avait dû ordonner le retrait de ses troupes (plus de 100 000 hommes) de ce pays, face à des combattants moudjahidines désormais armés par les Américains.

Après une série d’événements dramatiques suivis de mesures de libéralisation, le 24 août 1991, le président soviétique Gorbatchev démissionne de ses fonctions de secrétaire général du Parti communiste. Du même coup, il annonce la dissolution du Comité central du PC, l’interdiction pour les cellules communistes de s’adonner à des activités politiques au sein des forces armées, du KGB et du ministère de l’Intérieur, et la confiscation de leurs biens. Le Parti communiste se retrouve, du coup, sans possibilité de poursuivre ses activités. Bientôt, on interdit même son existence.

Profitant de la faiblesse de Gorbatchev, Boris Eltsine, qui est alors président de la puissante République socialiste de Russie, place ses hommes de confiance aux principaux postes de pouvoir. La restauration du système capitalisme est en marche, avec la complicité évidente des États-Unis et de George Bush père, qui veillent de près au démantèlement de la fédération soviétique. Le 8 décembre 1991, la dissolution de l’Union soviétique est officiellement proclamée. On s’empresse aussitôt d’obtenir l’aval de Washington et le drapeau rouge, qui flottait sur le Kremlin depuis des décennies, est retiré.

Il existait un réel mécontentement populaire contre les dirigeants soviétiques pour leur mauvaise gestion de l’économie, personne ne peut le nier. Mais cela ne signifiait nullement une remise en question du système communiste. Avec la destruction de l’Union soviétique, l’abandon des programmes sociaux et la privatisation de grands pans de l’économie, la situation allait rapidement empirer, entraînant davantage de pauvreté et d’injustices. Une nouvelle classe de riches et de mafieux apparaît. La production industrielle et agricole s’effondre encore davantage. La recherche scientifique et la culture, deux fleurons de la grande fédération soviétique, écopent tout particulièrement. Des guerres fratricides éclatent entre d’ex-républiques soviétiques pour le contrôle des richesses pétrolières et gazières.

Pour l’humanité, cela signifiait la fin d’un monde bipolaire et de la guerre froide et le début d’une nouvelle ère où les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN allaient pouvoir faire la pluie et le beau temps aux quatre coins de la planète. Après l’invasion du Panama en 1989, les États-Unis envahissent, deux ans plus tard, une première fois l’Irak (et le Koweït) pour y revenir en 2003. Entre-temps, ils ont remplacé les troupes soviétiques en Afghanistan. Puis, en 1994, ils débarqueront en Haïti soi-disant pour y restaurer la démocratie après avoir contribué, quelques années auparavant, à renverser le gouvernement légitime de Bertrand Aristide.

(À suivre)


(Voici la suite, qui date du 20/01/2012 à 14h59)

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Depuis une dizaine d’années, la Chine, pays en voie de développement, est devenue une superpuissance avec laquelle il faut désormais compter, aux côtés d’autres pays émergents comme le Brésil, l’Argentine et le Venezuela qui font désormais figure de leaders dans ce combat pour reprendre possession de leurs ressources nationales au profit de leurs populations. Même chose pour l’Iran qui réaffirme, en ce moment plus que jamais, sa volonté de demeurer pleinement maître de son destin sans s’en laisser imposer par qui ce soit.

En Amérique latine, la Communauté des États latino-américains et des Caraïbes (CELAC), qui regroupe 32 pays, vient de voir le jour, sans les États-Unis et le Canada et avec la participation de Cuba. C’est une première dans l’histoire de ce continent où les États-Unis avaient toujours réussi jusqu’à maintenant à imposer leur volonté, à travers un organisme comme l’OEA, qu’on qualifiait de véritable ministère des colonies des États-Unis.

En 20 ans, la face du Tiers Monde a changé radicalement. Si, dans un premier temps après l’effondrement de l’URSS, les États-Unis ont pu imposer sans trop d’efforts leur domination sur une partie de l’humanité, aujourd’hui, ils doivent se replier et battre en retraite dans de nombreuses contrées et leur prestige et leur influence ont diminué d’autant. On peut en dire autant des organismes qu’ils ont mis en place pour mieux contrôler les économies des pays en voie de développement. Le FMI, la Banque mondiale et la Banque interaméricaine de développement ont échoué dans leur tentative de conditionner leur aide au bon comportement des gouvernements progressistes latino-américains qui visent, eux, de plus en plus l’intégration économique régionale afin d’éliminer les inégalités sociales et donner un toit à tous. Ces pays possèdent d’énormes richesses naturelles et leur exploitation servira enfin à créer cette société plus solidaire.

S’il est trop tôt pour parler d’un retour au monde bipolaire, avec un nouvel équilibre des forces, on doit constater que les États-Unis ne peuvent plus agir comme bon leur semble, bien que certains de leurs ressortissants, comme des Marines de l’armée américaine, se permettent d’humilier leurs soi-disant ennemis assassinés par leurs armes en leur urinant dessus. En 1949, deux autres Marines, visiblement saouls ceux-là, avaient uriné sur la statue de José Marti à Cuba, déclenchant l’indignation populaire. Devant de tels gestes, on ne peut être que d’accord avec cette affirmation selon laquelle les États-Unis n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts. L’exportation par la force de leur « modèle démocratique », avec invasions de territoires souverains, attaques sournoises à l’aide de drones, assassinats sélectifs et chantages, ne sert qu’à créer encore plus de chaos et à discréditer les organismes internationaux chargé de faire respecter le droit international, comme on l’a vu en Irak, en Afghanistan et dans plusieurs pays africains.

La tournée du président iranien Mahmoud Ahmadinejad au Venezuela, à Cuba, au Nicaragua et en Équateur suscite visiblement l’inquiétude à Washington mais elle constitue une autre preuve que de plus en plus de pays du Tiers Monde, les indignés depuis longtemps, sont décidés à s’unir et à agir non pas en fonction des directives imposées par l’empire américain mais bien en faveur des intérêts de leurs populations. Il y a dix ans, un tel affrontement, pour ne pas dire affront, aurait été impensable, et seul Cuba tenait tête à l’empire étasunien, au prix d’énormes sacrifices, surtout depuis l’effondrement des pays du bloc de l’Est. Malgré toutes les difficultés et les embûches, Cuba continue d’être un dangereux exemple de solidarité.

Finalement, on peut conclure que le nouveau rapport de forces, à l’échelle mondiale, penche en faveur des indignés, de ceux qui se prennent en main pour mieux assurer le bien-être de leur population. Dans ce grand combat pour la souveraineté nationale, le Québec aura sûrement son mot à dire un jour, même si aujourd’hui il semble demeurer silencieux. On apprend souvent mieux dans le silence.

« L’espérance est orpheline, a dit un poète, mais elle a beaucoup de neveux et nièces. »

4 Messages de forum

  • C’est un assez bon constat des évènements et de la situation actuelle . Mais très simplifié…

    RoRo

    • Cher RoRo,

      J’aimerais que tu prennes le temps de dire toi-même ta pensée, et sans la simplifier, justement.

      Il y a longtemps que je cherche à comprendre comment et pourquoi l’URSS est tombée, j’ai bien quelques idées, mais…

      Je me demande si la CIA a acheté Gorbatchev ou pas.

      Si tel est le cas, a-t-elle acheté d’autres hauts personnages de l’URSS, et combien en a-t-elle acheté ?

      Jacques Lanctôt nous dit que Gorbatchev a subitement interdit toute activité au parti communiste. J’ai du mal à comprendre comment une telle chose a été possible. Pour moi, c’est tout bonnement impossible de dire ça comme ça !

      Le fait que les soutiens à l’URSS en Occident (de la part des prolos communistes au sein de tous les pays capitalistes) se soient effondrés a peut-être joué un rôle énorme.

      Peut-être que les communistes russes n’y croyaient plus eux-mêmes ? Notamment parce qu’ils se voyaient très contestés après la Hongrie, après la Tchékoslovaquie et après l’Afghanistan ?

      Je pense que Tchernobyl a joué aussi un grand rôle. Car, dans les têtes des soviétiques, cela a forcément déclenché toute une série de questions au sujet d’une éventuelle infaillibilité du Parti. Et quand les questions commencent…

      Je pense surtout qu’en URSS il n’y avait pas le VRAI communisme ; sinon, il serait toujours là ! Mais, c’était quand même beaucoup mieux que le capitalisme (pour me faire une idée, je me dis qu’à choisir entre faire la queue pendant des heures à l’entrée d’un magasin pour acheter de la vodka en discutant avec les autres personnes de la queue, cela devait être tout de même beaucoup plus agréable que de visser à longueur de journée toujours le même boulon dans une usine. Guy Debord disait que la bureaucratie russe avait acheté la paix sociale avec le prolétariat en acceptant qu’il travaille fort peu. On sait aussi que la bureaucratie "communiste" avait donné bien plus que ça aux soviétiques ; puisque dix ans après la fin de l’URSS, les vieux ont fait de gigantesques manifs pour conserver le droit de voyager GRATUITEMENT dans toute l’URSS ; et s’il y avait cela, c’est qu’il devait y avoir aussi bien d’autres avantages. Et surtout, on sait que dix ans après la fin de l’URSS, l’espérance de vie en Russie avait baissé de dix ans : ça, ça a du sens ! Ça c’est une preuve absolue que tout n’était pas si mal en URSS !).

      Je veux dire que même si en URSS ce n’était pas le vrai communisme, c’était quand même pas si mal. Ça n’aurait pas dû s’effondrer aussi facilement.

      Je pense que la trahison de Mao en 1971-72, qui a fait alliance avec les USA contre l’URSS a joué un rôle énorme, mais que ça ne suffit pas à tout expliquer.

      Peut-être que l’explication la plus importante, la plus essentielle, tient tout simplement au fait que dans les hauteurs de la bureaucratie russe, parmi les privilégiés, ils se sont dit qu’ils ne croyaient plus du tout au communisme et qu’ils pouvaient s’enrichir beaucoup plus ou avoir beaucoup plus de privilèges en abandonnant le capitalisme d’État (le faux communisme) pour passer au vrai au capitalisme (le capitalisme privé), et ont par conséquent choisi cette voie. Cette explication, si c’est bien la bonne, a l’avantage d’être suffisamment forte pour expliquer l’effondrement de tout le système, et d’expliquer comment Gorbatchev ait pu réussir à interdire toute les activités du parti communiste : il avait tout simplement avec lui la majeure partie de la haute hiérarchie de la bureaucratie "communiste" !

      J’aimerais savoir ton opinion sur tout ce que je viens de dire, et j’aimerais tout simplement avoir de ta part une vraie analyse bien complète. C’est du boulot, je sais, mais cela vaut le coup.

      Amicalement,
      do
      http://mai68.org/spip

      En complément, lire mon commentaire au lien suivant :

      http://mai68.org/spip/spip.php?article2606#forum3689

      (indispensable pour bien comprendre les avantages du système "soviétique" par rapport au système capitaliste.)

      Et regarder cette vidéo sur l’Allemagne de l’Est : RDA - l’amour autrement ? (vidéo Arte 52 minutes)

      http://mai68.org/spip/spip.php?article1255

      • Oh, c’ est bien simple et rapide.

        Personnellement, j’ ai toujours considéré que ce Gorbatchev n’ a jamais été communiste de sa vie.

        Il a d’ ailleurs expliqué avoir été considéré et motivé par sa femme à prendre le pouvoir pour arriver à ses fins : la liquidation du Socialisme.

        Dés le début, j’ ai compris que pérestroïka, économie de marché, signifiait capitalisme, la libre concurrence, l’anarchie économique.

        Glasnot ne signifiait en réalité que la transparence de l’ époque sous Staline

        Je l’ ai considéré comme un contre-révolutionnaire. A partir de ce moment toute la suite des évènements est limpide et logique.

        Il ne s’agit pas seulement du seul Gorbatchev, mais de son équipe. Chévardnadzé ne valait guère mieux : il n’ était- qu’à l’écoute de l’ Occident et de la bande Reagan.

        Gorbatchev a réussi, ce que Dubcek avait raté 20 ans plus tôt en Tchécoslovaquie, avec l’ appui de l’ Occident, des dissidents et des euro-cocos.

        Bien à toi, mais je crois qu’il est inutile de s’éterniser une fois de plus dans ce débat.

        Il fait maintenant avancer sur et grâce à d’autres voies et moyens…

        Bien fraternellement !
        RoRo

        • Ne serait-ce pas que les Soviétiques faisaient des analyses concrètes : matérialistes et les pratiquaient jusqu’en 1953-56 ? et étaient internationalistes, ce que l’on n’est pas en France (c’est mon cas hélas) et qu’ils y ont renoncées ?
          Coup d’état des kroutchéviens puis errances par la suite ?
          Je vous conseille de lire le réveil du dragon, V Gouysse, 2010, marxist.fr et R . Bibeau.

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