VIVE LA RÉVOLUTION
Accueil du site > Comment publier un article > le MES, c’est le Mécanisme Européen de Stabilité ; de quoi s’agit-il (...)

le MES, c’est le Mécanisme Européen de Stabilité ; de quoi s’agit-il ?

samedi 25 février 2012, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 25 février 2012).

Cet article du Huffington Post décrit de quoi il s’agit et quelles sont les positions des uns et des autres. En fait, c’est un nouveau truc pour sauver l’Europe au prix de contraintes insupportables pour le prolétariat. Avec notamment la fameuse "règle d’or" imposée par l’Allemagne !

Mécanisme européen de stabilité : le nouvel outil anti-crise qui divise

http://www.huffingtonpost.fr/2012/0…

Première Publication : 23/02/2012 18:49 Mis à jour : 24/02/2012 08:25

Par Grégory Raymond

On connaissait le FESF, voici désormais le MES pour "mécanisme européen de stabilité". C’est la nouvelle botte qu’a sorti l’Europe pour enrayer la crise et ainsi empêcher toute faillite parmi ses membres.

Le texte a été voté à l’Assemblée nationale mardi 22 février, avant d’être présenté la semaine prochaine au Sénat. En attendant le débat fait rage dans la classe politique française.

Paris est la première capitale à légiférer sur le sujet. Plus que l’aîné qu’il doit remplacer, le MES porte désormais haut et fort les couleurs de l’austérité si chère à Berlin.

Aider oui, mais pas sans condition. C’est la nouvelle lubie des derniers leaders européens encore frappés du AAA des agences de notation. Découverte de ce nouvel outil.

Le MES, qu’est-ce que c’est ?

MES, pour "mécanisme européen de stabilité". Derrière ce terme technocratique se cache ce qui s’apprête à devenir un FMI réservé à la seule zone euro. Imaginé par les dirigeants de Bruxelles mi-2011, le MES sera la nouvelle institution chargée de venir en aide aux pays européens en difficulté.

Sa définition prévoit de "mobiliser des ressources financières et de fournir (…), un soutien à la stabilité à ses membres qui connaissent ou risquent de connaître de graves problèmes de financement". Il s’agit de procéder comme un mécanisme d’assurance partielle des dettes souveraines des pays en difficulté. Tout comme le FESF (Fonds européen de stabilité financière), qui a largement participé à renflouer la Grèce récemment.

Il devrait remplacer ce dernier dès le 1er juillet 2012 car le FESF n’avait qu’une mission limitée. Le MES sera gonflé d’un capital de 700 milliards d’euros, que tous les pays européens seront invités à garnir, selon leur poids économique.

Il ne faudra toutefois pas atteindre ce montant nécessairement. 80 milliards seront immédiatement versés, tandis que les 620 autres milliards constitueront un capital "non libéré", ce qui signifie qu’ils ne seront pas versés au fonds, mais qu’on pourra y faire appel si nécessaire.

Le MES pourra lever de l’argent sur les marchés afin de le prêter à des taux bonifiés aux pays en difficulté. Sa capacité d’emprunt est estimée à 500 milliards d’euros. Il pourra également acheter de la dette d’États sur le marché secondaire (où s’échangent les titres en circulation), pour faire baisser les taux sur les marchés.

La France prévoit de s’y investir à hauteur de 20% (140 milliards d’euros), dont 16 milliards sur le capital "libéré". Paris est le deuxième contributeur du MES, derrière l’Allemagne (27%) mais devant l’Italie (18%), l’Espagne (12%) et les Pays-Bas (6%). La Grèce y participera de l’ordre de 2,8%, tandis que le Portugal, autre pays en grande difficulté, y apportera 2,5% du total.

Qu’est-ce que ça change par rapport au FESF ?

La différence se situe d’abord au niveau de la durée de vie et de la puissance. Le FESF avait été créé en 2010 pour s’éteindre au plus tard en 2013. Il ne reste plus "que" 250 milliards d’euros dans ce fonds. C’est les échecs à augmenter ce montant, ainsi que la crise grecque, qui ont poussé les dirigeants européens à envisager une solution moins temporaire.

Mais ces derniers ont retenu la leçon. Échaudés par la crainte qu’Athènes ne respecte pas ses engagements de rigueur budgétaire malgré le versement des aides, les patrons de l’UE ont rajouté une condition : la règle d’or, si chère à Angela Merkel. Il faudra à tout prix la respecter pour profiter d’un sauvetage de la part du MES. Le texte officiel précise que l’octroi de toute aide financière "sera soumis à de strictes conditionnalités". Ces mesures sont explicitées dans le pacte budgétaire voté le 25 janvier 2012 par 25 des 27 pays membres de l’Union. La République Tchèque et la Grande-Bretagne, très eurosceptiques, ont choisi de faire cavalier seul et ainsi de se priver de l’aide du MES.

Cliquez ci-dessous pour obtenir le texte complet du traité établissant le MES (PDF) :

http://www.european-council.europa….

ou :

http://mai68.org/spip/IMG/pdf/MES_0…

En clair, il faudra désormais scrupuleusement jouer le jeu de l’austérité pour conserver l’opportunité d’être aidé. Des sanctions sont d’ores et déjà prévues pour les États qui laisseront déraper leurs déficits publics.

Qu’en disent les politiques français ?

Plusieurs point de vues s’affrontent. Si la majorité présidentielle emboîte le pas de Nicolas Sarkozy, le Parti socialiste s’est abstenu mercredi 23 février à l’Assemblée nationale. "Nous nous abstiendrons pour que l’Europe ne soit pas celle de l’austérité et du déclin", a déclaré Jean-Marc Ayrault, chef de file des députés socialistes.

Harlem Désir s’est quant à lui montré plus clair. "Nous sommes pour le MES, [mais] nous contestons le lien entre le MES et le traité budgétaire", a soufflé le numéro deux du PS. Cécile Duflot s’est inscrite dans ce sillage, militant plutôt pour "un refus de participer au vote d’un projet de loi qui imbrique totalement le MES et le traité budgétaire".

Du côté du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon y voit la généralisation à toute l’Europe du "médicament qui va tuer la Grèce", tandis que le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan redoute une perte de compétence budgétaire de la France au profit de l’UE.

Événement rare, François Fillon, qui a qualifié l’abstention socialiste de "faute historique", a trouvé un soutien inespéré en la personne de Daniel Cohn-Bendit. Le coprésident du groupe Vert au Parlement européen considère que le MES serait "l’une des rares choses positives" que le Conseil européen ait pu consentir.

En effet, selon une déclaration à Coulisses de Bruxelles, le blog hébergé par Libération, le MES instaurerait une solidarité financière entre les États membres de la zone euro. Ce qui permettrait, par la suite, la mise en place des fameuses obligations européennes, qui mutualiserait les dettes souveraines de tous les pays de la zone euro.

Ce qu’en dit le FMI et l’Allemagne

Christine Lagarde souhaite aller plus loin, en plaidant pour la création d’un "pot commun" rassemblant les ressources du FESF et de son remplaçant, le MES. Cela donnerait "un signal très fort de confiance en l’Europe", a plaidé le 25 janvier 2012 la directrice du Fonds monétaire international (FMI). Cette hypothétique fusion rassemblerait une capacité d’emprunt sur les marchés d’environ 750 milliards d’euros (les 500 milliards du MES "utilisables" additionnés aux 250 milliards restants du FESF).

Si l’institution basée à Washington milite en faveur de cette option en compagnie d’autres pays européens, l’Allemagne s’oppose une nouvelle fois à un effort supplémentaire. Berlin préfère assurer un minimum plutôt que de faire des annonces qui risquent de n’être jamais réellement opérationnelles.

"La priorité du gouvernement est pour l’instant autre : il s’agit de décider sous quelle forme et en combien de tranche on doit activer le MES. Le gouvernement allemand est prêt à un signal fort", a indiqué jeudi 23 février un porte-parole d’Angela Merkel.

Le débat semble une nouvelle bloqué et sans fin. Ces derniers mois, l’Europe a vu s’opposer ses membres sur le niveau d’investissement en Grèce puis sur la mutualisation des dettes, l’intervention de la BCE et maintenant le MES. La construction européenne n’est décidément qu’un éternel recommencement…

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0