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Pourquoi Georges Ibrahim Abdallah reste-t-il incarcéré  ?

mercredi 17 juillet 2013

http://www.assawra.info/spip.php?article1307

vendredi 26 octobre 2012, par Pierre Barbancey

Ce militant révolutionnaire, accusé de terrorisme, condamné à la prison à vie en 1987, aurait pu bénéficier d’une liberté conditionnelle en 1999. Il est enfermé depuis vingt-huit ans.

Georges Ibrahim Abdallah vient d’entrer dans sa vingt-neuvième année de détention. Qui le sait  ? Ce militant politique aurait pu bénéficier d’une liberté conditionnelle depuis 1999. Celle-ci lui est toujours refusée. Huit demandes de libération ont été déposées. Toutes ont été refusées par une justice française dite indépendante. Toute sauf une. C’était en 2003. Cette année-là, le tribunal de Pau a statué à son bénéfice. C’était compter sans les pressions extérieures. Notamment celle des États-Unis, partie civile dans ce dossier puisqu’un de ses «  diplomates  » avait été abattu. Diplomate  ? Un membre du service de renseignements militaires américains, dont l’administration tout entière était vouée au soutien aux crimes israéliens au Liban et au Proche-Orient, dont le rôle était la traque des progressistes libanais et palestiniens.

Mardi 23 octobre 2012, Georges Ibrahim Abdallah est repassé devant un tribunal. Accompagné de son avocat, Jacques Vergès, il a reformulé une demande de libération. «  Pas pour des raisons humanitaires. Simplement par justice  », explique Suzanne Le Manceau, membre du collectif Île-de-France pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah, qui lui a rendu visite, mercredi 24 octobre, à la prison de Lannemezan.

«  C’est un militant debout  »

S’il croupit toujours dans des geôles françaises, si on ne lui reconnaît pas le statut de prisonnier politique (la démocratie française ne veut pas admettre qu’elle emprisonne des personnes pour délits d’opinions) c’est parce que Georges ne fait pas acte de contrition. «  Il y a toujours eu un refus parce qu’on lui reproche de ne pas renier ce qu’il a fait. Pourtant, que je sache, la repentance n’est pas inscrite dans le Code pénal  », s’insurge Suzanne Le Manceau. «  C’est un militant debout, dit-elle. Il a énoncé ses idées qui n’ont pas changé depuis son procès de 1987. Il a parlé du Liban et de son engagement politique. Pour lui, ce qui est important est que le gouvernement français fait tout pour effacer la mémoire d’un militant révolutionnaire et, par voie de conséquence, d’une période révolutionnaire, celle des années 1970-1980. Il tient à son identité politique. Il n’est pas question pour lui de gommer la mémoire de la lutte révolutionnaire qui a existé à cette époque.  »

Militant, intellectuel, Georges Ibrahim Abdallah l’était et l’est toujours. Il lit beaucoup, s’informe des événements géopolitiques. «  Il reçoit énormément de courrier de toutes parts  », se réjouit Suzanne Le Manceau. La lutte pour sa libération continue en France. De nombreux comités se sont créés, en région parisienne, à Bordeaux, à Toulouse et surtout dans le bassin minier du Nord. Deux municipalités dirigées par le PCF, Grenay et Calonne, ont fait de Georges Ibrahim Abdallah leur citoyen d’honneur. Georges Ibrahim Abdallah est abonné à l’Humanité. Du fond de sa cellule, il a tenu à faire passer un message aux lecteurs de l’Huma  : «  La lutte continue.  »

(Pierre Barbancey, L’Humanité du 25 octobre 2012)


Victime d’une cabale politico-judiciaire 

Alors qu’Abdallah n’avait rien à voir avec les attentats de la rue de Rennes à Paris,l’Humanité écrivait, en 1987, « tout a été fait pour y associer son nom dans l’esprit des Français  ».

Georges Ibrahim Abdallah a-t-il été victime d’un procès sur lequel il y aurait beaucoup de choses à dire quand il avait été condamné à la prison à vie en février 1987  ? Membre des Forces armées révolutionnaires libanaises (Farl), né en 1952 à Koubayath, dans une famille de chrétiens maronites, il a été arrêté en 1984 pour détention d’un faux passeport algérien au nom d’Abdelkader Saâdi et condamné, en 1986, à quatre ans de prison.

L’affaire aurait pu s’arrêter là si, entre-temps, il n’avait pas été inculpé de complicité d’assassinat sur le colonel Charles Ray, attaché militaire de l’ambassade des États-Unis à Paris, et sur Yakov Barsimantov, deuxième secrétaire de l’ambassade d’Israël à Paris, en janvier et avril 1982. Deux exécutions revendiquées par les Farl dans le contexte d’un Liban alors théâtre d’une guerre civile et d’invasion israélienne.

En 1986, son cas se complique quand un mystérieux Comité de solidarité avec les prisonniers politiques arabes (CSPPA) exige sa libération et commet des attentats faisant 13 morts, dont celui de la rue de Rennes, devant le magasin Tati, en septembre. Les médias se déchaînent et pointe les Farl. La tête des quatre frères de Georges Ibrahim Abdallah, de Jacqueline Esber et de sa sœur Caroline, des sœurs Fayouz et Ferial Daher et de Selim El Khoury, tous membres des Farl, sont mises à prix. Des militants du Parti communiste libanais (PCL) sont expulsés vers le Liban. En fait, ces attentats ont été commis par un groupe islamiste démantelé en mars et juin 1987, dirigé par le Libanais Anis Naccache, lié aux services iraniens où est impliqué un diplomate de l’ambassade d’Iran à Paris, Wahid Gordji.

Du coup, la donne change. «  Les frères Abdallah ne sont pour rien dans l’attentat de la rue de Rennes », rapportait Libération du 16 septembre 1986, citant des sources policières. Ces faits nouveaux auraient dû conduire à une révision de son procès. Il n’en a rien été. Car, comme l’écrivait l’Humanité du 13 mars 1987, «  tout a été fait pour associer dans l’esprit des Français le nom d’Abdallah au terrorisme (…) et notamment à la vague d’attentats de septembre 1986  ». En fait, le sort du militant libanais avait été scellé lors de la rencontre entre les présidents Mitterrand et Reagan à Washington, en juillet 1986. Il fallait un exemple et, surtout, il ne fallait pas le «  laisser filer au mépris de la loi  », écrivait alors le Nouvel Observateur qui, à l’instar de nombreux médias, s’opposait à la libération d’un «  terroriste  » que l’Express qualifiait de «  successeur de Carlos  » !

(Hassane Zerrouky, L’Humanité du 25 octobre 2012)

La vague des attentats de 1986 n’avait pas non plus été organisée par l’Iran ; mais par les services secrets français pour tenter d’éviter les fameuses grèves de 1986. Ça n’a pas marché parce que ça a été dénoncé. Donc l’État s’est vu obligé de stopper ces attentats, et les grèves ont pu avoir lieu. Lire au sujet de ces attentats certains articles ici :

http://members.tripod.com/hlv-vlr

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