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Georges Gastaud du PRCF parle du CNR (Conseil National de la Résistance)

mardi 13 octobre 2009, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 13 octobre 2009).

10 octobre 2009 AGECA - Paris

Allocution de Georges Gastaud, secrétaire national du PRCF, au colloque de l’ARP sur l’actualité du CNR

http://www.comite-valmy.org/spip.ph…

Chers concitoyens, compagnons et camarades,

Les raisons qui ont conduit le Pôle de Renaissance Communiste en France à s’associer à l’initiative de l’ARP aux côtés du comité Valmy, du RCR, de RRG et des Gaullistes de Gauche sont si évidentes que mon allocution devrait ne pas vous durer trop longtemps.

FIDELITE et CONTINUITE HISTORIQUES

Ces raisons tiennent d’abord à l’histoire. Vous n’êtes pas sans savoir que le PCF clandestin, dont le PRCF continue le combat patriotique et internationaliste, a publié le 10 juillet 40 un appel dont le titre était : « jamais un grand peuple comme le nôtre ne sera un peuple d’esclaves ». Malgré la calomnie, qui ne devient pas vérité pour être inlassablement répétée, le PCF, bien qu’interdit depuis 39, bien que ses militants clandestins encourussent la peine de mort en vertu du décret Sérol, a rapidement mis en place l’O.S., reconnue après-guerre comme une des premiers groupes armés de la Résistance. Malgré la répression, l’Union des Etudiants communistes de Guy Mocquet a organisé dès le 11 novembre 40 une manifestation patriotique à l’Etoile.

Dès 40, c’est à St-Raphaël que Roger Landini, frère de notre président Léon, faisait dérailler un convoi en partance vers l’Allemagne. En mai 41 éclatait la grève des mineurs du Nord qui privèrent l’Occupant de charbon français pendant deux mois à l’initiative du communiste Michel Brûlé et du mineur soviétique Vasil Porik. Il suffit d’aller au Mont Valérien, à Chateaubriant, à la Citadelle d’Arras, de rappeler l’insurrection parisienne de 44, les maquis de Corrèze, la prise de Limoges, la libération de la Corse par les FTP, pour confondre les diffamateurs qui amalgament les communistes, qu’animait un idéal de fraternité, aux bourreaux nazis, porteurs d’un projet d’asservissement universel. En voyage à Moscou en 66, De Gaulle y prononça d’ailleurs cette phrase qu’un étudiant d’aujourd’hui a peu de chances d’avoir jamais lue : « les Français savent que la Russie soviétique a joué le rôle principal dans leur Libération ».

Quant aux communistes français, ils ont inlassablement œuvré à l’élaboration du programme du CNR, dont le principal rédacteur, en contact permanent avec Jacques Duclos, fut l’ingénieur communiste Pierre Villon qui reçut le mandat d’associer scrupuleusement l’ensemble des forces patriotiques à l’élaboration du document sous la haute supervision de Jean Moulin.

Dire cela ne signifie en rien minimiser le rôle des autres composantes de la Résistance et notamment du chef de la France libre qui, alors que le Comité des forges déclarait préférer Hitler au Front populaire, osa affronter son milieu social, encourir la condamnation à mort de Vichy, lancer l’appel du 18 juin et, prenant appui sur l’allié soviétique, tint tête non seulement à l’Occupant, mais aux manœuvres de certains dirigeants alliés qui préparaient la mise sous tutelle de la France après la défaite allemande.

En tout cas, le programme du CNR signé reste un document de portée humaine universelle, à mettre sur un même plan que la Déclaration des droits de 89. Associant toutes les forces républicaines d’alors, ce programme associait toutes les idées qui nous fédèrent aujourd’hui :

  • restauration de l’indépendance nationale et refus de toute tutelle supranationale sur la France ;
  • éradication du fascisme, du racisme, et des féodalités économiques qui les avaient financés ;
  • nationalisation des grands groupes bancaires et industriels en vue de reconstruire le pays de manière démocratiquement planifiée pour permettre au monde du travail de jouir des fruits de ses efforts et de participer démocratiquement à la conduite de l’entreprise ;
  • mise en place d’une Sécurité sociale protégeant la maladie, la vieillesse, l’enfance et le chômage selon le principe « de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins » ;
  • instauration d’une politique étrangère de paix et de coopération internationale.

Ces nobles idées furent mises en œuvre à la Libération par le gouvernement d’union présidé par De Gaulle. Non pour valoriser les ministres communistes plus que d’autres mais parce que l’histoire officielle censure leur nom, je rappellerai ici que la nationalisation d’EDF fut l’œuvre du communiste Marcel Paul, rescapé d’un camp de concentration ; c’est Thorez qui mit en place le statut de la fonction publique et celui des mineurs ; c’est Croizat qui institua les retraites par répartition, les conventions collectives, les comités d’entreprise et, par-dessus tout, cette Sécu qu’Obama essaie en vain de créer chez lui. C’est le physicien Joliot-Curie qui réforma le CNRS et qui fonda le CEA. C’est Wallon qui, aidé de Langevin, relança l’Education nationale et jeta les bases d’une école laïque de qualité pour tous.

ACTUALITE DE LA DEFENSE DU CNR

Il suffit de rappeler ces avancées, qui forment le socle de ce que l’UMPS appelle dédaigneusement « l’exception française », pour mesurer l’actualité du programme du CNR. Ce n’est pas un dinosaure bolchevik qui l’affirme, mais le fringant PDG Denis Kessler, numéro 2 du MEDEF, qui expliquait en novembre 2007 dans « Challenges », que la tâche de Sarko serait, je cite, de « démanteler le programme du CNR » en liquidant cette exception française triste résultat d’un rapport des forces politiques où le PCF, auréolé par son rôle dans la Résistance, représentait 29% des Français, où De Gaulle jouissait d’un prestige général, où la CGT de Frachon comptait 5 millions d’adhérents et où l’Armée rouge qui, -Kessler semble le déplorer-, avait écrasé la Wehrmacht à Stalingrad, jouissait d’un prestige universel.

Et Kessler de se réjouir dans son texte néo-vichyste que les deux piliers du CNR, les communistes et les gaullistes, soient affaiblis au point que les féodalités financières puissent enfin prendre leur revanche sur l’ « annus horribilis » 1945 … Remercions Kessler de pointer ainsi, avec son regard de classe aigu, ce qui, derrière le clinquant présidentiel, constitue le fil brun de la « rupture » sarkozyste. Poussant à son terme la logique antinationale, anti-ouvrière et anti-laïque, qui est au cœur de l’intégration européenne, -qu’on devrait plutôt nommer la « désintégration européenne de la France », Sarko démolit les acquis de 45 avec l’aide de ses mentors Barroso et Parisot, de ses sous-fifres Rocard, Kouchner et Cie, et sous le haut-parrainage de ces grands « opposants » que sont Pascal Lamy, directeur de l’OMC et DSK, président « socialiste » du FMI. Le tiercé de tête de ce nouveau PMU, entendez par là le Parti Maastrichtien Unique, veut en effet :

  • démonter la Sécu à force de déremboursement de soins, pour faire le lit des assurances privées et priver les salariés de France de leur salaire indirect, social et différé ;
  • démolir les retraites par répartition au profit de la capitalisation car lorsqu’il faudra cotiser 45 ans en ayant son premier CDI à 25 ans, quel jeune acceptera encore de cotiser ? Le prétendu problème de l’allongement de la vie sera réglé quand la majorité des gens se tuera au travail à la japonaise, ou se jettera par la fenêtre pour obéir au mot d’ordre du PDG de France-Télécom, « it’s time to move »…
  • parachever la destruction du secteur public industriel et de service engagée par Rocard, prolongée par Balladur, accélérée par Jospin et couronnée par Lagarde ;
  • régionaliser totalement l’Education nationale, en lui coupant les vivres au profit du privé ;
  • privatiser le fonctionnement de l’université et de la recherche sur le modèle anglo-saxon ;
  • liquider le statut des fonctionnaires en les livrant à l’arbitraire des féodalités locales :
  • vider de leur substance le droit du travail et le droit de grève ;
  • réintroduire une chasse aux faciès indigne de notre pays ; le PRCF n’est pas partisan ultra-libéral de la soi-disant « libre circulation des hommes et des idées » ; il se prononce pour une coopération internationale permettant le co-développement des nations ; mais quelle pitié de voir ces gosses qu’on arrête à l’école comme j’en ai été témoin à Lens, pour forcer leurs parents à se laisser expulser sans résistance au petit matin sans même pouvoir emporter leur maigres biens ! Ce n’est pas cela la France et ce n’est pas mon camarade Landini, ancien FTP-M.O.I., dont les parents, qui avaient fui Mussolini et ont risqué mille fois leur peau pour la France, qui me démentira. Si vous trouvez mes propos outrés, souvenez-vous qu’Hortefeux a organisé une véritable provocation il y a peu en réunissant à VICHY tous les ministres de l’immigration de l’UE et qu’AUCUN de ses homologues n’a protesté !
  • dans la foulée, ce gouvernement démolit l’indépendance nationale : arasement de la politique d’indépendance diplomatique et militaire en cours à l’époque où De Gaulle présidait la République et où le PCF soulignait les aspects positifs de sa politique extérieure ; adoption du Traité de Lisbonne en violation du Non de mai 2009, retour de la France dans l’OTAN alors que le complexe militaro-industriel US, malgré la bonne volonté dont certains créditent Obama, reste une puissance hégémonique belliqueuse, démontage des régiments français chargés de garder les frontières, tout cela dans la foulée du déni du principe républicain de conscription, mise en place d’une Union transatlantique qui ridiculise le baratin sur l’Europe comme barrage à l’hégémonie US ;
  • et au-delà, ce régime sonne le glas d’acquis civilisateurs antérieurs à 45 : on rétablit le travail du dimanche, interdit en 1905 ; on préfère à la loi laïque de 1905 le communautarisme à l’anglo-saxonne ; on piétine l’Ordonnance de Villers-Côtterets de 1539 qui fit du français la langue officielle du pays au profit du « tout-anglais » qui régit la communication des entreprises du CAC 40 ; on n’est plus très loin du « coup de grâce » contre ce qui reste de la France puisque le rapport Balladur-Vallini prévoit la mise en place d’euro-régions effaçant les départements et les frontières nationales, et d’agglomérations réduisant les communes à un rôle folklorique. Quant au socialiste francilien Jean-Paul Huchon, son récent livre propose carrément de DISSOUDRE la France pour que l’euro-région francilienne, redevenant un domaine royal, dépende directement de Bruxelles. Bref, le film de la construction nationale réalisé d’Hugues Capet à Robespierre en passant par Jeanne d’Arc, se déroule désormais à l’envers… et en accéléré !

RESISTANCE ET ALTERNATIVE

Dépecé vivant, le peuple français n’a pas le choix. Soit il entre en résistance, soit il disparaît comme peuple et les habitants de la plate-forme touristico-financière « France » plongeront alors dans une servitude d’autant plus insupportable qu’il sera devenu impossible de nationaliser les résistances populaires. Mais trêve de pessimisme : en 2005 notre peuple a su dire non à la constitution supranationale malgré le totalitarisme médiatique du Yes !. Comme dans les années noires, la France d’en bas, et au premier chef la classe ouvrière et les jeunes qui ont voté non à 70%, résiste à la casse. Les artisans, les petits paysans, les employés, les agents de la fonction publique ont également dit non. En 2006 la jeunesse a sauvé de justesse le droit du travail. Sarko a triomphé en 2007 en mentant puisqu’il s’est réclamé de Jaurès, de De Gaulle et de Guy Moquet face à une candidate qui prenait des airs royalement extatiques pour promettre, ô vision exaltante, les « Etats-Unis d’Europe ».

Quant aux euro-trotskistes et aux héritiers de l’eurocommunisme, ils ont gaspillé le Non du 29 mai en réclamant sottement une autre constitution supranationale et en promouvant le mensonge de « l’Europe sociale ». Comme si cette construction, conçue de A à Z pour le capital transnational avait encore quoi que ce soit à faire des nations et du social ! Mais de plus en plus de gens constatent que ce système fou, uniquement fondé sur le profit maximal, mène l’humanité dans le mur en comprimant les salaires, en gonflant les dividendes et en créant une crise de surproduction quasi-permanente !

Pour nous communistes, le chemin est clair : rompant avec l’incurable socialo-dépendance du PCF, il faut construire un Front de résistance et d’alternative populaire, patriotique et de progrès. Au centre, comme y appelait le CNR, nous mettrons le monde du travail, aujourd’hui traité en « variable structurelle ». C’est pourquoi nous soutenons les luttes ouvrières, enseignantes, étudiantes, paysannes, civiques, etc. que portent des syndicalistes de lutte et que trahissent des états-majors syndicaux euro-formatés. Mais autour de la classe ouvrière, qui inclut désormais les techniciens, nombre d’employés et d’ingénieurs, ont intérêt à l’alternative politique nombre d’entrepreneurs petits et moyens que strangule le libre-échange mondial taillé pour les trusts. L’objectif est de reconstruire la France, aujourd’hui en voie de décomposition, de retisser son économie productive, industrie, agriculture, recherche, son école laïque, ses services publics, sa culture originale, son indépendance politique et militaire, d’impulser la démocratie la plus large dans le cadre d’une République sociale, laïque, souveraine, et fraternelle.

Pour cela, il faudra s’affranchir, et de notre point de vue, SORTIR, de ce broyeur qu’est l’UE du capital et de son bras armé l’OTAN, car toute mesure de progrès serait aussitôt interdite par Bruxelles. Sortir du broyeur euro-atlantique est si peu un « risque » que c’est au contraire en y restant que la France, si j’ose dire, « y restera ». Si la France rompt avec l’euro-broyeur sur les bases de principe posées par le CNR, en associant souveraineté nationale, progrès social, nationalisation du crédit et des secteurs stratégiques de l’industrie, démocratisation de la presse et des médias, politique internationale excluant tout néo-colonialisme et refondant le rayonnement français sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, alors l’oligarchie financière aura envers le nouveau pouvoir l’attitude qu’ont, pour saboter Zelaya ou Chavez les oligarques honduriens ou vénézuéliens. En revanche, toute la France qui crée et produit sera mobilisée comme le fut notre peuple en 45. A l’étranger, des millions de progressistes et de patriotes regarderont à nouveau la France comme leur seconde patrie. Non seulement la France nouvelle ne s’isolera pas, mais s’émancipant de l’étouffoir transatlantique, elle tendra la main aux pays émergents et construira de nouveaux traités internationaux respectueux des nations et du progrès social.

C’est de tels traités que, dans des formes propres à l’Amérique latine, construisent contre l’Empire états-unien les membres de l’ALBA, Venezuela, Cuba, Bolivie, Equateur, etc.. Nous communistes pensons que la question du socialisme au 21e siècle, en entendant par là la souveraineté du peuple triomphant de la tyrannie du profit, sera alors posée par la vie. D’autres ici pensert, et nous les respectons, qu’il faudra en rester à un capitalisme d’économie mixte : le peuple tranchera le moment venu, étant entendu qu’il nous faut éviter les querelles de mots ; en effet, nous voulons des nationalisations démocratiques associant largement usagers et salariés, et notre vœu n’est pas d’étatiser les PME mais de favoriser les libres coopérations. Et à l’inverse, nos amis gaullistes de gauche soulignent que la « participation » qu’ils envisagent n’est pas l’illusoire réconciliation du Baron Seillère avec Xavier Mathieu, mais une dynamique de démocratisation par en bas de l’économie. Discutons-en sans préjugé et engageons-nous tous à faire de l’intérêt national et de la volonté du peuple l’unique critère de notre alliance.

Mais nous n’en sommes pas là, hélas. La question actuelle est de savoir si la France survivra et si la classe travailleuse sera ou non sous-prolétarisée. De notre point cela implique d’unir le drapeau rouge des ouvriers au drapeau tricolore de Valmy. Cela signifie la renaissance d’un parti communiste de plein exercice et d’un syndicalisme de lutte permettant au Travail de reprendre l’offensive. Cela signifie aussi le rassemblement de ceux que j’appellerai les « vrais » : vrais communistes, vrais gaullistes, vrais républicains, vrais patriotes, vrais syndicalistes et vrais socialistes préférant Jaurès à la « rosenklatura ». Voilà pourquoi, à l’aise dans l’ARP, nous espérons que ce colloque servira de tremplin à la large diffusion en commun d’un écrit permettant d’unir, comme hier, ceux qui croient au ciel et ceux qui n’y croient pas, mais qui « tous croyaient en la Belle / Prisonnière des soldats ». Alors le 10 octobre 2009, si modestes qu’en soit les germes, restera dans nos cœurs comme un moment fondateur.

Je vous remercie de votre attention.

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