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France - Marseille - Les causes profondes de la criminalité

mercredi 5 décembre 2012

France : les causes profondes de la criminalité sur fond de trafic de drogue à Marseille (Papier général)

http://french.news.cn/societe/2012-12/05/c_132019908.htm

Publié le 2012-12-05 09:32:33 | French. News. Cn

MARSEILLE (France) 4 décembre (Xinhua) — Les règlements de compte qui se succèdent à Marseille, deuxième ville de la France située dans le sud, sont pour l’essentiel liés au trafic de drogue. Un phénomène qui s’est enraciné au fil des années dans les cités. Une économie souterraine y prospère, que les chercheurs attribuent à l’histoire de la criminalité dans la ville, au chômage des jeunes et à l’existence de réseaux mafieux propres à la cité phocéenne.

Un homme âgé de 28 ans a été abattu vendredi 23 novembre devant un bar dans les quartiers nord de Marseille. L’individu, vraisemblablement victime d’un règlement de comptes, a reçu deux balles de pistolet automatique. C’était la 24e victime de règlement de comptes dans la ville et le département des Bouches- du-Rhône depuis janvier 2012. Les trafiquants se livrent en fait à une véritable guerre de territoires en usant d’armes redoutables du type kalachnikovs. Les individus abattus sont en général connus des services de police pour leur implication dans des réseaux opérant sur la ville et dans le département. Les bandes se livrent une concurrence sans merci, surtout pour le contrôle du marché de la résine de cannabis, généralement importé du Maroc.

Mais pourquoi le trafic de drogue a-t-il tant prospéré à Marseille ? Un entretien croisé entre trois chercheurs publiés par le journal en ligne atlantico.fr apporte des éclairages. Alain Bauer, criminologue, professeur au Conservatoire national des arts et métiers et ancien président de l’Observatoire national de la délinquance (OND) de 2003 à 2012, lie le phénomène à l’histoire de la criminalité dans la ville.

« Marseille a été en fait le lieu de création du premier empire criminel international, de la première globalisation criminelle dans l’histoire du monde. Cette organisation s’est constituée autour du trafic humain, de la prostitution, du trafic de stupéfiant, de la lutte contre les syndicats de dockers et de la complicité des élus locaux, » affirme-t-il.

« Aujourd’hui à Marseille, il y a autant de règlements de compte qu’il y a un siècle. La situation ne s’est ni dégradée ni améliorée mais elle a changé. Marseille vit maintenant une guerre de succession. Les grands caïds meurent petit à petit et de nouveaux sont arrivés, notamment des caïds de banlieues », poursuit Alain Bauer.

Fabrice Rizzoli, chercheur et enseignant universitaire français, spécialiste de la criminalité organisée et des mafias italiennes, attribue quant à lui le phénomène au contexte de pauvreté dans les quartiers. « Pour moi, on peut faire des parallèles en termes de pauvreté socioéconomique. La pauvreté des quartiers nord de Marseille peut être comparée avec les quartiers de Palerme. Les causes de la violence et du crime organisé sont les mêmes : le chômage endémique, en particulier chez les jeunes ; la prohibition des drogues, alors que les citoyens consommateurs pourraient s’approvisionner légalement », souligne-t-il.

Stéphane Quéré, chercheur à l’université Paris II, auteur d’ouvrages sur la criminalité, estime pour sa part que la situation de Marseille se particularise par la coexistence de bandes organisées dans les cités et de réseaux mafieux propres à la ville.

« Pour ce qui est de la corruption et du blanchiment, il existe dans la région marseillaise des réseaux de type mafieux qui existent en parallèle des bandes de cités. Le milieu traditionnel est historiquement bien implanté dans la cité phocéenne, disposant de contacts dans plusieurs « institutions » marseillaises : le port, l’OM, le milieu politique, le milieu économique mais aussi la police marseillaise (plusieurs affaires de corruption l’ont illustré ces dernières années). Il y a porosité entre le monde illégal et le monde légal », explique-t-il.

Les explications avancées par ces chercheurs se confirment sur le terrain. Hommes politiques, hommes d’affaires, jeunes de quartiers, acteurs associatifs, journalistes spécialisés dans les faits divers, confirment à Xinhua la validité de ces thèses, avec toutefois un poids plus important à l’argument du chômage des jeunes et de la pauvreté.

La situation qui prévaut à Marseille a mobilisé en septembre un comité ministériel qui avait décidé d’un plan d’action globale, comprenant notamment le renforcement des effectifs ainsi qu’une nouvelle stratégie basée sur le renseignement pour lutter contre le trafic de stupéfiants.

Nombre d’observateurs estiment cependant que la véritable solution pour venir à bout de cette « gangrène d’actes de violence et d’actes criminels », selon l’expression du ministre de l’ Intérieur, réside dans la mise en oeuvre d’un plan économique d’ urgence en direction des quartiers.

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