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URSS - Goulags - Staline - Procès de Moscou - Commune de Cronstadt

mercredi 21 octobre 2009, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 21 octobre 2009).

Cet article se présente comme le dernier eMail d’un échange de courriers concernant au départ le goulag, et qui a dérivé sur les procès de Moscou, et sur la révolte des marins de Cronstadt. Par conséquent, le premier eMail envoyé est tout en bas, juste au dessus de lui se trouve la réponse, encore au dessus il y a la réponse à la réponse. etc. Et le dernier eMail est celui qui est encadré juste ci-dessous :

Réponse de do à RoRo :

     Cher RoRo,
 
    Je te remercie d'avoir pris la peine de me faire cette réponse.
 
    Voilà, je ne doute pas que les personnes qui sont passées en procès à Moscou en 1936,37,38 aient été "coupables" de "conspiration" contre Staline ; seulement, je pense que c'est elles qui avaient raison. Je ne crois pas qu'elles voulaient aider Hitler et les nazis, je pense qu'elles voulaient virer Staline et la bureaucratie soviétique afin d'établir le vrai communisme. Je ne connais pas le rôle joué par Trotski dans cette histoire.
 
    Ce n'était pas la première fois, en Union Soviétique, que de VRAIS révolutionnaires se faisaient accuser d'être des contre-révolutionnaires ; des Blancs, comme disait Trotski à propos des marins de Cronstadt en 1921.
 
    Ce qui est curieux, c'est qu'en 1917, le même Trotski disait des mêmes  marins de Cronstadt qu'ils étaient "le fer de lance de la révolution".
 
    Il se trouve que juste après avoir pris le pouvoir, Lénine, Staline et Trotski ont trahi la révolution.
 
    C'est pourquoi, en 1918, Fanny Kaplan a voulu assassiner Lénine en l'accusant d'être un traître.
 
    C'est pourquoi, en 1921, il y eut la grève générale totale dans toute la ville de Pétrograd pendant plusieurs semaines.
 
    C'est pourquoi, en 1921, il y eut la révolte des marins de Cronstadt. Il se trouve que j'ai eu en main une reproduction du journal de ces marins. C'étaient les meilleurs révolutionnaires qu'on puisse imaginer. Leur slogan était « Tout le pouvoir aux soviets ! ». Franchement, que pouvait-on leur reprocher en Union Soviétique avec un tel slogan ? tout simplement, avec Lénine, Trotski et Staline, c'était plutôt : « Tout le pouvoir au Parti ! » D'où la contradiction.
 
    Les anarchistes reprochent le massacre des marins de Cronstadt seulement à Trotski parce que c'était lui qui commandait l'armée rouge à cette époque. Mais, il va pourtant de soit que Lénine était aux commandes et qu'il est tout aussi coupable de ce massacre que Trotski ; et Staline aussi.
 
    Trotski amena l'armée rouge jusqu'à l'île de Cronstadt. Les glaces avaient envahi la mer et les marins avaient refusé de suivre le conseil d'officiers tsaristes de briser la glace à coup de canons.
 
    Les officiers tsaristes étaient tsaristes ; mais, ils disaient que s'il devait y avoir une révolution, alors ils préféraient une vraie révolution, digne de ce nom, avec tout le pouvoir aux soviets (aujourd'hui, on dirait aux "Assemblées Générales"), plutôt que tout le pouvoir au Parti. Aussi, les officiers tsaristes avaient-ils décidé d'aider la révolte des marins de Cronstadt. Et de les conseiller sur le plan stratégique. Et leurs conseils étaient bons. Mais, justement, comme c'étaient d'anciens fidèles du Tsar, les marins de Cronstadt ne leur firent pas confiance et ne suivirent aucun de leurs conseils.
 
    Le premier des conseils prodigués par les ex-officiers tsaristes était d'envoyer une armée sur le sol de Russie pour prendre une garnison sur la côte pas loin de Cronstadt (*). Puis d'aller à Pétrograd rejoindre les ouvriers grévistes et, à partir de là, reconquérir toute la Russie pour faire une nouvelle révolution qui amènerait, cette fois, le vrai communisme avec "Tout le pouvoir aux soviets". Mais les marins révoltés ne voulurent pas suivre ce conseil ; parce que, ce conseil provenant d'ex-officiers tsaristes, ils craignaient un piège.
 
     (*) Les officiers de Cronstadt avaient eu des contacts avec des officiers de cette garnison, et savaient que là aussi, les simples soldats étaient au bord de la révolte, et qu'ils passeraient facilement dans le camp des révoltés de Cronstadt.
 
    Alors, les officiers dirent aux marins de Cronstadt que puisqu'ils ne voulaient pas passer à l'offensive, il leur fallait préparer correctement la défense. Et ils proposèrent pour ce faire de briser à coups de canon la glace qui entourait l'île et qui rejoignait la terre ferme de Russie à tel point que l'armée rouge, si rien n'était fait, allait pouvoir rejoindre très facilement l'île de Cronstadt en marchant tout simplement sur la glace.
 
    Les marins ne voulurent toujours pas. Une fois de plus, parce qu'ils n'avaient pas confiance en ces officiers tsaristes ; mais, aussi, parce qu'ils pensaient qu'une fois l'armée rouge arrivée aux abords de l'île de Cronstadt, ils pourraient parler avec les soldats de cette armée pour les convaincre que c'étaient eux (les marins de la commune de Cronstadt) qui avaient raison.
 
    C'est ce qu'il se passa effectivement : les marins discutèrent avec les soldats de l'armée rouge et convainquirent ceux-ci. Trotski dut retirer ses troupes sans que presqu'aucun coup de feu ne soit tiré.
 
    Mais Trotski revint avec une autre partie plus obéissante de l'armée rouge, qui pourtant se laissa à nouveau convaincre par les marins en révolte.
 
    Du coup, Trotski forma une nouvelle armée en choisissant des soldats très à l'est et au sud de la Russie afin qu'ils ne parlent pas la même langue que les marins de Cronstadt, pour interdire de fait toute discussion. De plus, Trotski fit une énorme propagande dans toute la Russie pour faire croire que les marins de Cronstadt étaient des Blancs, comme Wrangel ou Denikine. Et, cette  fois-ci, les marins de Cronstadt, ne pouvant établir le dialogue, se firent massacrer.
 
    Si la commune de Cronstadt avait suivi les conseils des ex-officiers tsaristes, elle aurait vaincu ; et le vrai communisme serait aujourd'hui établi dans le monde entier. C'est aussi parce que la commune de Paris avait refusé de passer à l'offensive sur Versailles qu'elle fut vaincue. En effet, les communards attendirent tranquillement derrière les barricades pendant trois semaines que Thiers ait le temps de former une armée qui allait attaquer Paris et commettre le pire de tous les massacres de l'histoire de France (cent mille morts d'après Louise Michel !). Attendre ainsi sans rien faire, c'est comme si, au jeu de go ou aux échecs, on laissait l'adversaire jouer sans jamais lui répondre. C'est la défaite assurée !
 
    J'ai raconté cette histoire pour dire et d'une que je n'aime pas plus Trotski que Staline ; et pour dire que c'est Trotski qui a inventé la technique du mensonge stalinien qui consiste à accuser ses ennemis d'être des Blancs, des contre-révolutionnaires. Dans le style : « Qui veut tuer son chien l'accuse de la rage. »
 
    Donc, quand des témoignages d'époque me disent que les accusés des procès de Moscou étaient des contre-révolutionnaires au service du nazisme, je n'en crois rien. Je ne le crois pas plus que quand Trotski accusait en 1921 les marins de Cronstadt d'être des Blancs, alors même qu'en 1917 il les présentait à la face du monde comme étant "le fer de lance de la révolution". Et bien, en 1921, ils étaient tout simplement encore et toujours le fer de lance de la révolution.
 
    Ce qui caractérise les "procès de Moscou", c'est que les accusés s'accusaient eux-mêmes. Peu de gens savent pourquoi, et les Services Secrets américains croyaient que les apparatchiks staliniens les avaient drogués, ou torturés, ou les deux, et se demandaient quel pouvait bien être le secret de la police politique de Staline pour obtenir de si brillants résultats. Il n'en était rien ; il n'y avait ni torture, ni drogue, ni secret.
 
    En fait, on prenait chaque accusé à part, et on lui expliquait qu'il ne pourrait jamais renverser Staline ; et que, s'il voulait sauver la révolution, il lui fallait accepter d'en passer par Staline, malgré ses inconvenients ; et donc, il lui fallait participer à sauver la réputation de Staline. Il fallait que l'accusé dise que si tout allait mal en Russie, ce n'était pas de la faute de Staline, mais de sa faute à lui, l'accusé. On lui répétait que Staline interdirait que la révolution se fasse en dehors de lui, que Staline en avait les moyens ; et que, pour sauver la Révolution, il fallait accepter Staline, et sauver Staline ; on lui expliquait qu'il n'y avait pas le choix. Et par conséquent, l'accusé finissait par se laisser convaincre de s'accuser lui-même devant le tribunal, et devant le monde entier, pour dégrêver totalement Staline de la mauvaise situation de la Russie à cette époque.
 
     Les accusés des procès de Moscou se sont sacrifiés pour sauver la révolution !
 
    Rien que ça suffit à prouver que les accusés des procès de Moscou étaient les révolutionnaires les plus sincères du monde : ils ont tous accepté de jouer le jeu, ils se sont tous sacrifiés ; car, pensaient-ils, c'était le seul moyen de sauver la révolution.
Amicalement,
do
http://mai68.org (non-interactif)
http://mai68.org/spip (interactif)

Réponse de RoRo à do sur le "STALINISME" :

Quelques observations concernant les procès de MOSCOU :

Il a été question sur le forum "Paix_socialisme_communisme", des fameux procès de Moscou des années 30, mis à charge des crimes imputables au "stalinisme". Et ces procès reviennent d'ailleurs constamment dans la presse et les écrits comme de véritables slogans qui ne sont jamais approfondis ni démentis de la propagande anti-communiste. J'y reviens donc avec les observations et témoignages d' époque suivants :

Extraits du livre, paru en 1943, à zurich, de J. E. Davies :

"Comme ambassadeur des E - U à Moscou. Des rapports authentiques et confidentiels sur l' Union Soviétique jusqu' en octobre 1941". Davies a suivi -tous les diplomates le pouvaient- les procès de Moscou, comme observateur (il était juriste). Le 17 mars 1938, il a câblé ses impressions du procès de Boukharine et d' autres à Moscou, à Washington. La dépêche est conçue ainsi (extraits) :

"Malgré mes préjugés... ayant observé quotidiennement les témoins et leur manière de faire leurs dépositions, et en raison de faits jusqu'alors méconnus, justifiés... je suis arrivé à la conclusion que les accusés ont bien violé les lois soviétiques énumérées dans les actes d' accusation. Celles-ci ont été prouvées contradictoirement, et confirment les accusations de haute trahison et justifient les condamnations portées contre eux. L'opinion des diplomates qui avaient assisté régulièrement aux débats a été unanime, le procès a dénoncé l'existence d'un complot d'opposition politique de très haut niveau. Le procès leur a permis de comprendre les événements qui leur étaient jusqu'alors, incompréhensibles (page 209).

Davis, avait en 1937 déjà, assisté au procès de Radek et d'autres, et avait envoyé un rapport à leur sujet le 17 février 1937 au Secrétaire d' Etat des E - U. Dans ce rapport, il disait entre autres (P.33) : "Une raison objective... m' a fait conclure, à contre coeur- que l' Etat a réellement prouvé les accusations. Il n'y a aucun doute de l'existence d'une conspiration très importante parmi les dirigeants, contre le gouvernement soviétique et que les violations des lois portées dans l' acte d' accusation, avaient été réellement commises et donc punissables. J' ai parlé avec pratiquement tous les membres du corps diplomatiques ici, et à, peut - être, une seule exception, tous étaient de l' avis que les débats avaient établi l'existence d'un plan secret et d'une conspiration qui visait à éliminer le gouvernement" (P.35).

Dans son journal, le 11 mars 1937, Davies a noté l' épisode suivant : "Un autre diplomate m' a fait hier une remarque instructive. Nous parlions du procès et il a dit "Les accusés sont sans aucun doute fautifs, nous tous qui avons assisté au procès, sommes unanimes. Pour le monde extérieur, par contre, les comptes-rendus paraissent comme des mises en scène. Il savait toutefois que c'était inexact, mais vraisemblablement, cela était bon, que le monde extérieur ait cette impression" (P.86).

Davies parle de nombreuses arrestations et "épurations" le 4 juillet sur ordre du ministre des Affaires étrangères Litvinov. Concernant Litvinov, il rend compte : "Litvinov... a déclaré qu' avec ces épurations il est certain qu'aucune trahison au profit de Berlin ou de Tokyo, ne serait possible. Un jour le monde comprendra que ce qui a été fait était nécessaire. Il fallait qu'ils protègent leur gouvernement de cette "trahison menaçante". Oui, en réalité, ils ont rendu service au monde entier, car ils ont protégé du danger de la domination mondiale des nazis de Hitler. L' Union Soviétique est un fort bastion contre le danger national-socialiste. Le jour viendra, où le monde pourra reconnaître quel grand homme était Staline" (P.128).

Riche en enseignements, est aussi la description de son entretien avec Staline, contenue dans la lettre du 9 juin 1938 à sa fille. Il avait été impressionné par la personnalité de Staline :

 "Si tu peux t'imaginer une personnalité dans tous les domaines totalement contraire à ce que ses plus féroces adversaires sont arrivés à imaginer, alors tu as une image de cet homme. La situation que je constate ici et ses personnalités sont diamétralement opposées. L'explication réside dans le fait que les hommes sont prêts à faire pour une religion ou une "cause", ce qu' ils n'auraient jamais pu faire autrement" (P.276).

Après l' agression de l' Union Soviétique, par les fascistes, Davies résume ses opinions en 1941 avec les mots "les procès pour haute trahison ont mis en déroute la 5ème colonne de Hitler". (P.209).

En 1936, le procès contre Zinoviev et d'autres avait eu lieu. L' avocat britannique D.N. Pritt (K.C.) avait pu y assister. Il a écrit ses impressions dans son livre "From Right to Left" paru en 1965 à Londres. "Mon impression a été, que le procès a, en général, été mené équitablement et que les accusés étaient coupables. L' impression de tous les journalistes avec lesquels j'ai pu parler, a été également que le procès était équitable et les accusés coupables. Certainement tous les observateurs étrangers - il y en avait beaucoup, surtout des diplomates - pensaient la même chose. J' ai entendu l'un d' eux dire "Naturellement qu' ils sont fautifs. Mais pour des raisons de propagande, nous devons le nier" (P.110/11).

Il en ressort donc, d' après les affirmations de tels experts en droit bourgeois tels que Davies et Pritt, que les accusés des procès de Moscou de 1936, 1937 et 1938 ont été condamnés parce que les accusations ont été prouvées.

Dans ce contexte, il faut rappeler ce que Berthol Brecht a écrit sur ces procès, par exemple la conception des accusés. "Une fausse conception les a conduits à un profonds isolement et au crime. Toute la racaille du pays et de l' étranger, tous ces parasites, le sabotage et l' espionnage s'est instauré en eux. Ils avaient les mêmes buts que les criminels. Je suis persuadé que c' est la vérité et qu' elle sera comprise comme telle en Europe de l' Ouest, même par des lecteurs ennemis... Le politicien qui a besoin de la défaite pour atteindre le pouvoir, oeuvre pour la défaite. Celui qui veut être le "sauveur", oeuvre pour une situation dans laquelle il pourra sauver une situation donc mauvaise... Trotski a d' abord interprété l' effondrement de l' Etat ouvrier en conséquence de la guerre, comme danger, mais après, elle devient pour lui, préalable à son action pratique. Si la guerre arrivait, la construction "précipitée" s' effondrerait, l' appareil s'isolerait des masses. A l' extérieur, il faudra renoncer à l' Ukraine, à la Sibérie orientale, etc... à l' intérieur, il faudra faire des des concessions, retourner aux formes capitalistes, renforcer ou laisser se renforcer les koulaks ; mais tout cela va dans le sens d' une nouvelle action, le retour de Trotski.

 Les centres anti-staliniens, n'ont pas la force morale de faire appel au prolétariat, moins parce que ces gens sont des pleutres, que parce qu' ils n'ont pas de réelle base organisée dans les masses, n' ont rien à proposer, n' ont pas de devoirs pour les foirces productrices du pays. Ils avouent. On peut tout aussi bien penser, qu' ils avouent plutôt plus que pas assez". (B. Brecht, écrits sur la politique et la société L I 1919 - 1941. Aufbau - Verlag. Berlin et Weimar, 1968 - P 172-s).

Si nous partons du principe du Davies et Pritt (et Brecht) avec leur jugement du procès de Moscou, avaient raison, alors il faut se poser nécessairement la question : Est - ce que ceux - comme Kroutchev et Gorbatchev - qui ont déclaré les condamnés des procès de Moscou, victimes innocentes ne l'ont-ils pas fait, parce qu'ils sympathisaient avec eux ou étaient même complices et qu' ils voulaient mettre à sa fin leur entreprise échouée ?

On trouve ce texte et d' autres à l' adresse suivante :

http://users.skynet.be/roger.romain/proces_de_Moscou.htm

Pour tous ceux évidemment qui veulent en savoir un peu plus et cesser de prendre pour argent comptant toutes les vieilles sornettes de la propagande anti-communiste et/ou anti-soviétique.

Pour le reste: le bannissement en Sibérie était une sanction pénale inscrite dans le droit pénal sous le tsarisme. Il n' a pas été inventé par les communistes, ni Staline tout seul, même si je crois, il fut repris dans le droit soviétique...

Bien à toi,
RoRo
http://users.skynet.be/roger.romain/


Réponse de do à Rönàn :
 
           Salut Rönàn,
 
    Je te remercie pour ta réponse claire et qui incite à la réflexion. Je vais retourner sur ton site pour lire plus en détail l'article sur le goulag, et peut-être d'autres articles si j'ai le temps. Au vu de ce que tu me dis, je pense qu'il faudrait modifier légèrement le début de cet article sur le goulag ; car, justement, j'avais stoppé ma lecture dès que j'avais lu que les goulags avaient été créés en 1918. Il faudrait dire dès le début que le goulag descend du Katorga ; pour que, dès le début, le lecteur sache bien qu'à l'époque des Tsars il y avait déjà des déportations en Sibérie.
 
    Je veux bien croire qu'au lieu de tuer tous les ennemis de classe, il était plus humain de les déporter en sibérie pour les rééduquer.
 
    Mais, une fois la révolution russe bien établie, n'aurait-il pas été possible à Staline de supprimer au moins en grande partie les goulags ? D'ailleurs Krouchtchev n'avait-il pas libéré la plupart des prisonniers politiques ? On peut penser que si le communisme avait été un peu plus réel, je veux dire si la bureaucratie du parti communiste russe n'avait pas servi de bourgeoisie de remplacement, alors les goulags n'auraient plus eu lieu d'être. N'oublie pas que le héros méconnu de la conquête spatiale russe (l'inventeur des fameuses fusées russes) avait été mis injustement au goulag par un de ses concurrents à de hautes fonctions dans la hiérarchie, afin de l'éliminer. Il est tout de même à noter que Staline, avec les "procès de Moscou" a fait condamner à mort tous les meilleurs révolutionnaires de 1917, c'est-à-dire les plus sincères. Staline n'a pas voulu le vrai communisme. Sinon, il avait les moyens de l'établir après la victoire contre Hitler, et l'URSS serait toujours là et elle aurait servi de modèle pour éclairer par son exemple la marche vers la révolution dans le monde entier. Au lieu de ça, maintenant, elle sert d'épouvantail dans la propagande qu'on nous impose à la télé et c'est un désastre. Car ça leur autorise à détruire tous nos services publics, la retraite etc. Comme qui dirait que l'existence de l'URSS était la garantie de l'existence de nos services publics, de nos retraites et Sécu ! Et que sa disparition les autorise à nous faire retourner au XIXe siècle.
 
    Il va de soi que le système établi par Staline (capitalisme d'État) était quand même bien moins pire que le système capitaliste à l'américaine (capitalisme privé). D'ailleurs, comme on m'a dit en lisant un texte sur mon site qui parle des 25 ou 30 millions de morts soviétiques pour vaincre le nazisme, si le régime avait été aussi mauvais que la propagande occidentale le prétend, il n'y aurait pas eu autant de monde pour sacrifier sa vie à le sauver. Et surtout, je viens de jouer au go avec un Biellorusse qui m'a dit qu'il pensait qu'en Russie, 70% des gens regrettaient le pseudo-communisme ! Bon, c'est son avis. C'est un sondage sur seulement une personne ; mais tout de même, cela va avec le fait que la Moldavie a voté "communiste" il y a quelques mois et qu'en Allemagne de l'Est, 57% de la population regrettent l'époque d'Honneker : http://mai68.org/spip/spip.php?article375
 
    Sur ce que je pense de la différrence entre capitalisme privé en capitalisme d'État, il y a cet article sur les retraites (écrit en période de vache folle d'où la "disparition du bifteck") ou j'en parle :
 
 
    Sinon, le film dont je parlais n'était pas un documentaire, mais bien un film. Et c'est juste une phrase dans le film qui me servait de référence comme quoi les déportations en sibérie n'avaient pas été inventées par la Révolution Russe.
 
Amicalement,
do

Réponse de Rönàn à do :
 
    Salut do,

j'ai bien reçu ton mail et je te prie d'excuser mon temps de réponse, j'ai un accès limité à internet et je suis très occupé en ce moment.

Une première remarque tout d'abord: l'encyclomarx est un collectif composé de plusieurs personnes, par conséquent, je ne suis pas le seul auteur (j'en suis un parmi d'autres). L'article sur le goulag n'a pas été écrit par moi mais par un autre camarade. Passé cette petite précision, je vais quand même tenter de répondre à ton message.

Concernant l'article sur le goulag :

Il est écrit dans l'introduction de l'article; "Son principe est directement inspiré des Katorga de l'époque tsariste auquel fut associé la logique marxiste."

Le principe de déportation des détenus de droits communs (les plus nombreux) ou politique n'est donc effectivement pas apparu en 1918 comme tu as pu le comprendre dans l'article. Il y a cependant une différence fondamentale entre les Katorga de la Russie tsariste et les Goulags: la notion de rééducation par le travail ainsi que les possibilités de rachat de sa peine.

Je cite à nouveau un passage de l'article:

"
Le Goulag est un camps de rééducation dans lequel travaillaient les prisonniers.[...] dans le camps de rééducation soviétique, le prisonnier travaillait afin de mériter son logement, ses "loisirs", et toute sa subsistance. C'est pourquoi les camps de travail étaient économiquement autonomes. Non seulement les travaux effectués par les prisonniers étaient souvent d'intérêt public, mais le prisonnier pouvait racheter son tort par le labeur. Tout en s'assurant qu'il ne récidivera d'aucune manière."

C'est en ce sens principalement que nous considérons que les Goulag et les Katorga sont deux choses distinctes (mais pas sans points communs) et c'est pour cette raison selon moi qu'il est écrit dans l'article que le Goulag a débuté en 1918. Le Goulag ne se résume pas à la déportation de prisonniers, il faut également prendre en compte le rôle du travail fourni pendant la peine qui diffère des Katorga. (l'article explique ça mieux que mes quelques lignes)

Pour la référence que dont tu ne retrouve pas la source (dans ton N°1), je ne peux pas te renseigner car j'ignore aussi d'où elle vient mais je suis en profond désaccord avec celui qui à dit ça : la Russie (puis l'URSS) a été confronté à une puissante agression impérialiste ainsi qu'à une guerre civile. Elle à également du accélérer considérablement le développement du pays, de son économie ainsi que le niveau de vie et d'instruction de la population. Le chemin à parcourir était immense pour que l'URSS ne soit pas anéantie pendant la seconde guerre mondiale (voire avant); mais je pense que tu sais déjà tout ça.  Ce chemin ne s'est pas parcouru tout seul et je reste persuadé que le Goulag à été absolument nécessaire (dans l'édification du socialisme en URSS notamment car il fallait être ferme avec les contre-révolutionnaires et aussi dans une moindre mesure car les grands travaux construits par des détenus contribuaient à développer certaine région du pays).

En plus, je ne me permettrai pas de juger de nombreuses décennies plus tard de ce qu'il aurait fallu ou ne pas fallu faire
à une époque donnée. C'est toujours beaucoup plus facile de critiquer à posteriori assis tranquillement devant son ordinateur.
A propos du documentaire diffusé à la télé dont tu parle dans ton N°2, je n'ai pas pu le voir car je ne réside pas en France (par conséquent je ne reçois pas FR3). Je ne ferrais donc aucun commentaire dessus.

J'espère que ma réponse qui n'engage que moi t'as (un peu) éclaircie.

Réponse de do à Rönàn :
 
    Le goulag existait-il déjà à l'époque des Tsars, soit avant la révolution de 1917 ?

Salut Rönàn,
 
Je viens de jeter un coup d'oeil à ton encyclopédie marxiste. Bien que je ne sois pas du tout stalinien, je pense que même des textes écrits par Staline sont historiquement indispensables à tout théoricien de la révolution, donc indispensables à une encyclopédie marxiste digne de ce nom, qui devra aussi contenir des textes de Mao et autres Enver Hoxja, etc. C'est entre autres, et pas seulement pour cela car je suis antisectaire (tout comme RoRo), que j'ai mis (malgré ton image "Marx Engels Lénine Staline") un lien vers ton site dans ma page de liens. Section "révolution". Tu peux si tu le souhaites, mettre un lien vers mon site.
 
Mais si je t'écris, c'est pour autre chose de bien plus important : J'ai regardé deux ou trois lignes de ton article sur le goulag. Tu dis une chose qui à mon avis est fausse : « Le goulag est apparu en 1918 » nous dis-tu.
 
Voici pourquoi je dis que c'est faux :
 
1°) J'ai lu il y a quelques temps qu'en fait les goulags existaient à l'époque des Tsars et que ce qu'il fallait reprocher à Staline, ce n'était pas de les avoir institués, mais de ne pas avoir été capable de les supprimer. Je n'ai malheureusement plus la référence. Quelqu'un a-t-il une ou plusieurs référence(s) ?
 
2°) Pas dimanche dernier, mais le précédent, ils ont passé un film sur FR3 au cinéma de minuit. Il s'agit du film « The yellow Ticket » dans lequel, en 1914, donc avant la révolution de 1917, un personnage du film parle de prisonniers politiques déportés en Sibérie. Cela confirme ce que je disais au N°1)
 
Voilà, au début, je voulais t'envoyer cette lettre seulement à toi personnellement ; mais, finalement, je l'envoie aussi à RoRo pour qu'il la fasse circuler afin que si quelqu'un parmi les gens qu'il peut contacter connaissait des preuves référençables comme quoi les goulags existaient avant la révolution russe, ce serait bien, et même indispensable, de les faire connaître afin de détruire ce pan essentiel de la propagande anticommuniste primaire.
 
Bien à toi,
do
http://mai68.org (non-interactif) http://mai68.org/spip (interactif)
 
Post-scriptum : si j'ai commencé par regarder ton article sur le goulag, cétait justement dans l'espoir de trouver des preuves que le goulag existait du temps des Tsars. 

Message initial de Rönàn :

Bonjours camarades,
 
Je souhaite vous faire partager un lien vers une encyclopédie marxiste en ligne à laquelle je participe avec d'autres camarades: http://encyclomarx.ovh.org
 
Pour l'instant, il y a encore peu d'article (environ une vingtaine tout de même!) car le site est jeune et les rédacteurs sont encore peu nombreux, mais l'encyclo est complétée fréquemment et s'enrichit de jours en jours. N'hésiter surtout pas à faire tourner le lien de l'Encyclomarx ! ;)
 
http://encyclomarx.ovh.org
 
Amitiés. 
Rönàn.

2 Messages de forum

  • Réponse de Polinfo datée du jeudi 22 octobre 2009 à 21:39 :

    Voici quelques extraits de DO sur la période lénino-staliniene.

    Le problème de l’histoire c’est qu’elle ne s’écrit pas avec des « je crois », « je pense » surtout si on ajoute « je ne connais pas… » et les fabuleux « si » la Commune, Cronstadt, etc …

    L’histoire ne peut être étudiée qu’avec des SOURCES croisées émanant de nos amis et de nos ennemis. Les bons (ou les mauvais) sentiments n’ont jamais fait l’histoire mais ont toujours servi ( parfois à leur corps défendant) le mensonge et la propagande.

    Quand les révolutionnaires, ou ceux qui se prétendent l’être, comprendront que leur engagement repose sur l’étude et l’action on pourra peut être commencer à passer aux choses sérieuses.

    ( Pour le seul cas des procès dits de Moscou ou nous avons bien sûr les archives soviétiques, mais aussi les archives nazis et ces dernières expliquent clairement qui avait des liens avec eux et les buts poursuivis – L’anti-stalinisme a conduit certains cadres du Parti a s’engager sur une voie qu’ils payèrent de leur vie. L’histoire c’est aussi cela : assumer ses choix)

    Do (extraits) :

    « , je pense que c’est eux qui avaient raison. Je ne crois pas qu’ils voulaient aider Hitler et les nazis, je pense qu’ils voulaient virer Staline et la bureaucratie soviétique afin d’établir le vrai communisme. Je ne connais pas le rôle joué par Trotski dans cette histoire. »

    « Si la commune de Cronstadt avait suivi les conseils des ex-officiers tsaristes, elle aurait vaincu ; et le vrai communisme serait aujourd’hui établi dans le monde entier. C’est aussi parce que la commune de Paris avait refusé de passer à l’offensive sur Versailles qu’elle fut vaincue. En effet, les communards attendirent tranquillement derrière les barricades pendant trois semaines que Thiers ait le temps de former une armée qui allait attaquer Paris et commettre le pire de tous les massacres de l’histoire de France (cent mille morts d’après Louise Michel !). Attendre ainsi sans rien faire, c’est comme si, au jeu de go ou aux échecs, on laissait l’adversaire jouer sans jamais lui répondre. C’est la défaite assurée ! »

    « J’ai raconté cette histoire pour dire et d’une que je n’aime pas plus Trotski que Staline ; et pour dire que c’est Trotski qui a inventé la technique du mensonge stalinien qui consiste à accuser ses ennemis d’être des Blancs, des contre-révolutionnaires. Dans le style : « Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage. »

    « Donc, quand des témoignages d’époque me disent que les accusés des procès de Moscou étaient des contre-révolutionnaires au service du nazisme, je n’en crois rien. Je ne le crois pas plus que quand Trotski accusaient en 1921 les marins de Cronstadt d’être des Blancs, alors même qu’en 1917 il les présentaient à la face du monde comme étant "le fer de lance de la révolution". »

    « Les accusés des procès de Moscou se sont sacrifiés pour sauver la révolution ! »

    « Rien que ça suffit à prouver que les accusés des procès de Moscou étaient les révolutionnaires les plus sincères du monde : ils ont tous accepté de jouer le jeu, ils se sont tous sacrifiés ; car, pensaient-ils, c’était le seul moyen de sauver la révolution. »

  •         Salut polinfo,
     
        Il ne faut pas confondre "écrire l'histoire" et "faire l'histoire". Les historiens ou prétendus tels écrivent l'histoire ou essaient de l'écrire. Celles et ceux qui font l'histoire, ennemis ou amis, sont des gens comme Louise Michel et Che Guevara pendant la commune de Paris et la guérilla, ou Thiers et Klaus Barbie toujours pendant la Commune et pendant la guérilla du Che, puisque si Barbie était en Bolivie, c'est pas seulement pour le plaisir. Bien sûr, la classe ouvrière aussi fait l'histoire quand elle pratique la lutte de classe.
     
        Pour un historien digne de ce nom, le "fait" historique n'existe pas d'une façon absolu, puisqu'il peut toujours se tromper quelques soient les archives, même croisées, qu'il a consultées. C'est ainsi que les historiens dignes de ce nom révisent sans arrêt non pas l'histoire, mais son écriture.  Trotski aussi avait trouvé des "preuves" pour prétendre que les marins de Cronstadt étaient des Blancs ! et on peut toujours les montrer aujourd'hui. Il n'empêche que c'est le premier mensonge stalinien.
     
        Un peu de bon sens, de bonne volonté et d'empathie (*) permettent d'éviter bien des erreurs d'interprêtation, de déjouer bien des pièges et de détruire bien des mensonges.
     
        (*) Savoir imaginer qu'on est untel, avec ses défauts et qualités, permet de retrouver les réactions de ce untel une fois placé dans certaines circonstances.
     
        Exemple concernant la théorie du "fait", le bon sens et l'empathie :
     
        Depuis quelques années, maintenant, les "historiens" au service du pouvoir nous présentent comme un "fait" que c'est L'URSS de Staline qui est coupable du massacre de 7000 officiers polonais à Katyn (cliquable). Et ils peuvent le "prouver" à l'aide de diverses recherches de type archéologique et de sources croisées. Pourtant, tu sais comme moi que c'est l'Allemagne nazie de Hitler qui a commis ce crime.
     
        J'ai déjà répondu à cette mise en accusation du pouvoir de la façon suivante : il a bien fallu que l'URSS ait disparu pour que le capitalisme et l'impérialisme osent nous sortir un tel mensonge ; car, tant que l'URSS était là, ils n'ont jamais osé. Les absents ont toujours tort. À force de réviser ainsi l'histoire dans ce sens, un jour l'on nous dira que c'est Staline qui a tué tous les Juifs et que c'est Hitler qui les a sauvés. Je vois bien en France que plus le temps passe et plus on trouve d'excuses aux collabos ; et qu'en même  temps, les résistants sont de moins en moins les gentils. Bientôt, sans doute, les résistants seront les méchants. Entre temps, quelqu'un nous a sorti une Liste de Shindler pour nous dire qu'il y avait des nazis gentils. Dans quelques années on nous sortira un autre film pour nous dire qu'il y avait quelques résitants qui n'étaient pas trop méchants. L'histoire de l'histoire de Katyn s'inscrit dans ce mouvement, ce qui me permet de faire un choix à coup sûr entre les deux écritures de cette histoire.
     
        Conclusion : Comme tu vois, présenter l'histoire, dans l'écriture, comme une succession de "faits" n'est rien d'autre que du bluf ! Car, dans l'histoire de Katyn, il faut choisir entre deux "faits" : dans l'un,  c'est Staline qui est coupable et dans l'autre c'est Hitler. Et seuls le bon sens, la bonne volonté et l'empathie permettent de choisir le "fait" auquel on croit.
    Bien à toi,
    do
    http://mai68.org (non-interactif)
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