VIVE LA RÉVOLUTION
Accueil du site > Comment publier un article > Cuba - 10 juin 2013 - L’accès au savoir ne sera pas régi par le (...)

Cuba - 10 juin 2013 - L’accès au savoir ne sera pas régi par le marché

lundi 10 juin 2013, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 10 juin 2013).

INTERNET À CUBA

L’accès au savoir ne sera pas
régi par le marché

http://www.granma.cu/frances/cuba-f/6jun-23internet.html

La Havane. 6 Juin 2013

Depuis le 4 juin, 188 salles informatiques Internet ont été ouvertes au public dans tout le pays afin de renforcer l’accessibilité de ces services • Wilfredo Gonzalez Vidal, vice-ministre des Communications, nous a accordé Rosa Miriam Elizalde et M. H. Lagarde

LE lundi 27 mai, plusieurs médias ont annoncé la nouvelle selon laquelle 188 salles entreraient en fonctionnement afin de faciliter l’accessibilité numérique nationale et internationale, y compris des services de messagerie électronique. Par ailleurs, le ministère des Finances et des Prix a adopté une résolution fixant des tarifs de la connexion Internet, différents de ceux proposés dans les hôtels. Après cette annonce, de nombreux courriers contenant des questions et des commentaires sont parvenus à notre rédaction. L’ingénieur Wilfredo Gonzalez Vidal, vice-ministre des Communications, a eu l’obligeance de nous accorder un entretien afin d’apporter quelques éclaircissements à nos lecteurs à ce sujet.

— Pourriez-vous tout d’abord nous décrire ce service en quelques mots : le nombre de salles, les tarifs, les horaires et la capacité technologique disponible… Peut-on y utiliser des clés USB ou des disques durs externes ?

Dans le cadre du processus d’informatisation de la société, et conformément à la volonté de notre État de continuer d’œuvrer à la diffusion des technologies de l’information et de la communication dans la société (TIC), nous avons aujourd’hui la possibilité d’étendre les services d’accès à Internet à travers les espaces ou les points d’accès collectifs de notre entreprise de télécommunications Etecsa.

Les modalités des services proposés sont, en premier lieu, la navigation sur Internet au niveau national, pour un tarif de 0,60 CUC par heure, avec la possibilité d’ouvrir un compte de courrier électronique.

Les tarifs du service de navigation national et courrier électronique sont moins élevés que ceux du service de navigation internationale, afin d’élargir l’accès aux technologies à un plus grand nombre de personnes aux revenus moins élevés, et encourager l’accès à nos réseaux nationaux, appelés à offrir des contenus informatifs, éducatifs et culturels de plus en plus riches, et à prêter d’autres services au citoyen cubain.

L’amélioration de l’accès aux services d’Internet se traduira, dans un premier temps, par l’entrée en fonctionnement de 118 centres ou bureaux commerciaux habilités par Etecsa, plus connus comme salles ou espaces de navigation, dotés de conditions techniques pour satisfaire aux besoins des utilisateurs. Nous disposons d’une vitesse de connexion de 512 Kbps, ce qui sert à un autre objectif important : celui d’améliorer la disponibilité de nos connexions Internet à large bande. Nous pourrons compter sur trois ordinateurs en moyenne par salle ou aire de navigation, mais il y aura des centres disposant de jusqu’à six postes de connexion.

La totalité du matériel informatique disponible est équipé de ports USB permettant de brancher des périphériques (clé USB ou autres) afin de garder ou utiliser l’information souhaitée.

— Les frais d’utilisation dans ces centres sont assez élevés – 4,50 CUC par heure – si l’on tient compte des salaires à Cuba et en regard des standards internationaux. Pourquoi ?

Nous sommes conscients que les prix fixés dans un premier temps pour ce genre de service sont élevés, mais au fur et à mesure qu’Etecsa parviendra à amortir les investissements réalisés pour le financement d’une infrastructure de connectivité, de plateformes informatiques et pour assumer le prix des connexions internationales, le nombre de salles sera augmenté et nous étudierons le comportement du service afin de baisser progressivement les tarifs, comme nous l’avons fait pour le service de téléphonie mobile.

Il faut tenir compte du fait que des services comme le courrier électronique et la navigation nationale proposent un tarif moins élevé, si bien que dans la mesure où nous pourrons organiser et diffuser massivement nos contenus sur le réseau national, nous pourrons augmenter la satisfaction du public.

Sur le plan international, les services de TIC ont tendance à être relativement accessibles dans les pays les plus riches. Cependant, comme il est précisé dans le rapport Mesure statistique de la société de l’information de l’Union internationale des télécommunications (UIT), les prix demeurent élevés dans nombre d’économies en développement, un élément qui atteste du fossé numérique qui sépare pays développés et en développement.

Selon les statistiques de l’UIT concernant les indices de développement des 155 pays membres, l’on peut constater que Cuba a affiché une tendance positive de ses principaux indicateurs, les plus en vue étant une 5e place mondiale en 2011 dans la création, le développement et la formation de compétences et de capacités pour l’utilisation des TIC, et le fait de proposer le tarif le plus faible du service de téléphonie fixe.

— Des services de connexion wi-fi sont-ils prévus dans ces endroits, comme ceux proposés par les hôtels, par exemple ?

L’accès aux services de connexion sans fil, dont le wi-fi, est l’une des voies prévue dans le cadre de notre stratégie d’élargissement des services, ce qui permettra d’améliorer les facilités d’accès. Les conditions technologiques actuelles nous permettent d’introduire progressivement ces facilités d’accès, dans la mesure où les disponibilités financières le permettront.

— Y aura-t-il une possibilité de disposer à l’avenir d’une connexion via téléphone portable ?

L’un des objectifs définis dans la stratégie d’élargissement de ces services est de faciliter de nouvelles formes d’accès, et en particulier la connexion via téléphone portable, et ce service devrait être accessible dans un avenir relativement proche.

— Les Cubains pourront-ils disposer d’une connexion chez eux, sans passer par la voie institutionnelle ?

Il est prévu que les particuliers puissent disposer d’une connexion Internet à domicile, mais la priorité, dans les circonstances actuelles, va aux points d’accès collectifs, afin de toucher le plus grand nombre de personnes avec le moins d’investissements possibles.

Je tiens à rappeler qu’il n’y a pas d’autres limitations qui ne soient technologiques et financières. À l’heure actuelle, il est impossible de généraliser de manière immédiate l’accès à Internet compte tenu des possibilités économiques du pays et des investissements que cela représente. Etecsa réalise actuellement des investissements afin de commencer à offrir ce genre de service avec les conditions techniques requises.

— Qu’en est-il actuellement du câble sous-marin ? Comment l’opération du canal de fibre optique avec le Venezuela participe-t-elle à l’effort d’élargissement des services d’Internet ?

Les tests techniques sont terminés. Le câble sous-marin de fibre optique est opérationnel et déjà en fonctionnement, il et offre des services de voix et de données. Des mesures ont été prises pour améliorer la largeur de bande internationale, c’est-à-dire de Cuba vers l’extérieur.

Le câble de fibre optique fait partie de tout un système et représente un support technologique qui permettra d’améliorer graduellement la capacité et la qualité non seulement du service d’Internet mais du trafic téléphonique international. Il est bon de signaler qu’il nous faudra réaliser des investissements supplémentaires afin de renforcer l’infrastructure interne du pays et augmenter le nombre et la qualité des accès à Internet.

— Le gouvernement cubain a consenti des investissements énormes dans la formation des citoyens, notamment les jeunes, à l’utilisation des TIC. Cependant, l’infrastructure est encore très faible, malgré cet effort des points collectifs d’accès, et une bonne partie du parc technologique des écoles est obsolète. Comment est-il prévu d’adapter les attentes et les connaissances technologiques à la demande en matière de légitime d’accès, de moyens techniques et de contenus numériques ?

À l’heure actuelle, nous procédons à un diagnostic intégral de l’activité informatique dans le pays qui nous permet de travailler de concert avec le reste des organismes à la mise à jour d’une stratégie dans le domaine des TIC, et faire du savoir et des technologies, des outils au service du processus de transformations en cours dans notre pays.

Pour répondre à votre question, il faut considérer, dans cette stratégie, entre autres éléments, la consolidation de l’industrie cubaine des programmes informatiques, accompagnée d’un modèle supérieur d’organisation, de production et du support de nos applications, et progresser vers un meilleur niveau de souveraineté et de sécurité de nos plateformes. Il s’agit donc d’un secteur qui recèle un grand potentiel pour l’exportation de services informatiques.

Vous avez aussi mentionné le matériel informatique qui, à l’instar du matériel de connectivité, présente des limitations palpables. Concernant les écoles, l’État cubain a prévu, dans les plans de l’économie, des mesures qui tiennent compte de l’évolution technologique de ce matériel dans l’ensemble du pays. Il est vrai que les chiffres sont encore modestes et que cet effort ne couvre pas tous les besoins qu’implique le caractère universel de notre éducation.

Le blocus qu’exerce le gouvernement des États-Unis contre notre pays nous oblige à nous procurer une bonne partie du matériel nécessaire dans des pays lointains, ce qui renchérit les coûts. Mais malgré ces obstacles, nous sommes persuadés que nous continuerons d’avancer.

— Dans le monde entier, Cuba ne fait pas l’exception, l’accès aux TIC — y compris l’accès à Internet —, est en train de transformer la production, la circulation et la consommation des contenus culturels, au sens le plus large du terme. Comment se traduit dans le choix de votre ministère la façon de miser sur un accès plein et social à Internet ? Quel est le modèle différentiel à Cuba dans ce domaine ?

Notre modèle est basé sur les principes d’une société juste et inclusive, où il est parfaitement possible de mettre en place deux stratégies d’accès, c’est-à-dire au réseau international, d’un côté, et contenus locaux d’une grande valeur historique, culturelle et sociale, de l’autre. Concernant ce dernier espace, il s’impose d’impulser des politiques susceptibles d’assurer le développement des infrastructures de connectivité et de stockage de nos contenus nationaux.

Même si nous sommes conscients des limitations, dans la pratique il existe un bon exemple comme le réseau Infomed, grâce auquel environ 68 000 spécialistes de la santé ont accès, depuis chez eux, à l’information et aux connaissances.

Par ailleurs, dans le cadre du programme d’informatisation de cet organisme prioritaire, je tiens à signaler qu’à l’heure actuelle près de 1 169 unités de la santé sont connectées au réseau et disposent de leurs propres liens.

Un autre exemple est le réseau Cubarte, qui avec l’arrivée à Cuba d’Internet est devenu l’un des premiers réseaux nationaux du pays à avoir proposé ces services. Actuellement ce réseau facilite l’accès à un groupe important d’artistes, d’écrivains, d’intellectuels et de personnalités de la culture dans tout le pays, et environ 790 institutions culturelles se connectent à Internet.

Le réseau du ministère de l’Enseignement supérieur compte actuellement 35 000 ordinateurs, dont 85% connectés à son réseau national. Plus de 120 facultés, 250 départements d’enseignement, 140 centres d’études et de recherche et tous les Centres universitaires, municipalités sont reliés à cet important réseau, qui assure la gestion de près de 100 000 comptes d’utilisateurs, tous avec accès à Internet, avec des dizaines de bases de données de revues, de thèses et d’autres matériels scientifiques.

Plus de 18 000 utilisateurs bénéficient depuis chez eux de services d’accès à distance. Tous ces exemples et beaucoup d’autres témoignent dans la pratique de l’effort que réalise l’État cubain pour faciliter l’accès aux TIC dans un cadre économique frappé par les limitations. Cet effort vient confirmer notre volonté de nous connecter aux connaissances et de souscrire au principe du partage, sans exclusion, comme un impératif stratégique pour la survie de nos identités culturelles.

En ce qui concerne les contenus cubains sur Internet, le pays se propose d’encourager les actions de tous les organismes et personnes concernés afin de mettre en ligne les contenus et les services de chacun. C’est le cas, par exemple, de l’Encyclopédie cubaine Ecured, un projet mis en place avec le soutien des Jeunes clubs d’informatique et électronique, et de milliers de jeunes de tous le pays, encadrés par des professionnels d’institutions scientifiques et culturelles. Ils ont pour consigne l’accès de la société au savoir, avec les êtres humains comme principaux acteurs et bénéficiaires.

Nous continuerons d’avancer dans le développement de l’accès social conformément à la volonté du gouvernement et de l’État cubains pour élargir les services d’Internet, autant que nos disponibilités le permettront. Chez nous, l’accès au savoir ne sera pas régi par le marché.

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0