PALESTINE - Le rapport Goldstone contre Israël embarrasse Abbas, le chef de l’autorité palestinienne, dévoilé définitivement comme étant le Laval de la Palestine.
12/10/2009 à 00h00
Le rapport Goldstone embarrasse Abbas.
http://www.liberation.fr/monde/0101…
Guerre de gaza . Décrié au sein de son parti, le président palestinien a finalement décidé de soumettre le texte au Conseil de sécurité de l’ONU.
Par CHRISTOPHE AYAD
Le rapport Goldstone a fait une première victime : l’Autorité palestinienne. Ce rapport, rédigé à la demande des Nations unies sous la direction d’un juge sud-africain, n’en finit pas de faire des vagues depuis sa publication mi-septembre. Il dresse un bilan sans concession des crimes de guerre voire des crimes contre l’humanité commis tant par l’armée israélienne que par les miliciens du Hamas lors de la guerre de Gaza, en janvier. Mais étonnamment, c’est Mahmoud Abbas, le président de l’Autorité palestinienne, qui a le plus souffert de ce texte et de ses retombées diplomatiques.
L’Autorité n’avait pas participé à la guerre de Gaza, mais c’est à elle qu’il incombait de donner des suites diplomatiques au rapport, puisqu’elle est le seul représentant internationalement reconnu du peuple palestinien. Or, à la surprise générale, au lieu de profiter de la présentation du rapport au Conseil des droits de l’homme, basé à Genève, pour proposer une résolution demandant l’examen du texte par le Conseil de sécurité des Nations unies, l’instance suprême de l’ONU, l’Autorité palestinienne a annoncé début octobre qu’elle proposait un report de la discussion du texte à… mars 2010. Autant dire, son enterrement.
Chaussures. Cette décision a provoqué un tollé immédiat dans les Territoires palestiniens. A commencer par la bande de Gaza, où la population, déjà tiraillée entre le Hamas qui règne de facto et l’Autorité qui paye les salaires des fonctionnaires restés loyaux, s’est sentie une fois de plus abandonnée. Mais aussi en Cisjordanie, où d’importantes manifestations ont dénoncé la « lâcheté » et la « traîtrise » de la direction palestinienne. On a ainsi vu des manifestants jeter leurs chaussures sur l’effigie du président palestinien. Des voix à l’intérieur du Fatah ont même dénoncé cette « honte » et appelé à la démission de Mahmoud Abbas, président du parti.
Comment expliquer un tel faux pas ? Bassem Khoury, ministre de l’Economie du gouvernement palestinien, explique que Mahmoud Abbas a « cédé à une intense pression israélienne et des Occidentaux ». Interviewé par Libération à l’occasion de son passage par Paris, vendredi, le responsable palestinien ne justifie pas pour autant la décision de l’Autorité palestinienne : il a d’ailleurs démissionné du gouvernement la semaine dernière en signe de protestation.
Volte-face. Israël, en effet, a rejeté en bloc le rapport Goldstone et, selon plusieurs sources diplomatiques, aurait menacé de ne pas reprendre le processus de paix si jamais les Palestiniens persistaient dans leur intention de demander une saisine du Conseil de sécurité. En effet, seule cette instance est habilitée à saisir la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye pour faire juger les crimes de guerre d’Israël et du Hamas en cas de refus de des deux parties d’enquêter et de sanctionner leurs propres combattants. Israël n’est pas le seul pays hostile à cette très hypothétique éventualité : c’est le cas des Etats-Unis et de la France qui estiment que la menace de la justice internationale pourrait gêner un retour à la table des négociations.
« L’administration Obama dit vouloir la paix, en fait, elle accède à toutes les demandes d’Israël », fustige Bassem Khoury. Plus discrètement, la Russie et la Chine, également membres permanents du Conseil de sécurité, ne sont pas très chaudes pour un tel précédent. Face à l’ampleur des critiques, Abbas a opéré une volte-face en fin de semaine : l’Autorité palestinienne s’est jointe à une demande libyenne d’examen du rapport Goldstone au Conseil de sécurité. Etant donné le veto américain, il y a peu de chances que cela débouche sur grand-chose. Le Conseil des droits de l’homme devrait discuter le texte dans la foulée. Mais pour le président palestinien, le mal est déjà fait auprès de son peuple.