L’opinion - Tribune Libre (dans le JPB)
Bis repetita Par Txomin FUCHS / Ex-professeur de lettres en lycée public*
28/09/2013
Petite lettre ouverte à Sandrine Derville, secrétaire fédérale du Parti socialiste chargée du Pays Basque et rappel historique aux abertzale tentés par un vote “socialiste” pour faire avancer le Schmilblick…
“Il faut réfléchir à d’autres solutions. Pourquoi pas intégrer les ikastola dans le public ?” (Sandrine Derville, Le JPB du vendredi 20 septembre 2013.) Avec cette proposition originale et très profonde, nous revoilà partis comme en 1985-1986 ! Certes, les livres d’histoire du lycée ont appris à Sandrine les tenants et aboutissants des guerres de 1914 à 1962. Mais aucun manuel ne lui a raconté la bataille historique de 1985-1986 pour la reconnaissance officielle de l’euskara comme langue véhiculaire sur son territoire. Rappel.
À la rentrée scolaire de 1985, je soussigné fut désigné par le comité directeur de la fédération des ikastola sur le territoire français comme secrétaire général en compagnie de Jean Berria, élu président. Tous deux parents de Seaska, nous avons été mandatés pour signer et mettre en application l’intégration de nos écoles dans le service public que nous avions précédemment votée en assemblée générale. Le 23 décembre 1985, le recteur J.-C. Martin, Jean Berria et moi-même avons signé en bonne et due forme cette intégration. Le gouvernement socialiste d’alors avait décidé d’inscrire cet accord dans le cadre d’une loi budgétaire votée à l’Assemblée nationale. Courant janvier 1986, à la suite d’une sollicitation de 60 députés (à la couleur indéfinie à ce jour…) le Conseil constitutionnel invalide le décret de loi qui n’avait pas sa place dans un vote budgétaire. Exit l’intégration. La reconnaissance officielle de l’euskara est renvoyée aux calendes grecques. Mars 1986 : l’Assemblée nationale change de majorité. Avril 1986 : Jean Berria et moi sommes reçus par MAM, nommée secrétaire d’État aux Universités. Sa Gracieuse Majesté nous renvoie dans les cordes des écoles privées sous contrat. Bisoux MAMie et vive talo eta xingar !…
Donc, chère Sandrine, sans doute bien formée aux arguties et à la langue de bois de votre très jacobin Parti pris, j’ose très gentiment vous le dire : je vous aime en photo demi-page, mais votre discours ne m’emballe pas. Une fois, ça passe ; deux fois, bonjour les dégâts et un ennemi bien clair vaut mieux que dix faux amis.
Pour en finir avec l’histoire, je vous renvoie la formule adressée en 1986 par Mme Mailux Çaldumbide, ancienne présidente de Seaska, à M. François – qui s’appelait alors Mitterrand : “Veuillez agréer l’expression du mauvais sentiment que nous portons chez nous à ceux et celles qui ont manqué à leur parole.”
* Toujours très attaché à reconnaître et dénoncer l’inépuisable baratin de ceux qui prétendent nous gouverner sans mémoire et donc sans avenir.