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Che Guevara - 2007 - Hasta la victoria, siempre !

jeudi 28 novembre 2013, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 28 novembre 2013).

DOSSIER/40e anniversaire de la mort de Che Guevara

Hasta la victoria, siempre !

http://www.algeria-watch.org/fr/art…

Dossier réalisé par Boudjemaa Medjkoun, Le Jour d’Algérie, 9 octobre 2007

Lorsqu’il naquit un jeudi 14 juin 1928 à Rosario, en Argentine, les parents de Ernesto Rafael Guevara de la Serna étaient loin de se douter que leur fils allait avoir un destin exceptionnel. A deux ans, le petit Ernesto tombe malade et connaît sa première crise d’asthme. Ces crises qui ne le quitteront plus jamais sa vie durant. Ces problèmes de santé avaient conduit sa mère Celia, militante anti-péroniste, à se consacrer entièrement à son éducation primaire. Le reste de son cursus se déroulera normalement.

En 1947, jugé inapte au service militaire à cause de sa maladie, il commença ses études de médecine. Au début, le jeune Ernesto montra peu d’intérêt pour la politique et les mouvements de protestation des étudiants, mais à la fin de la première année, il fait la connaissance de Berta Gilda Infante, déjà membre de la Jeunesse Communiste Argentine. C’est elle qui l’initia à la lecture des textes marxistes et aux discutions autour de la réalité politique de leur pays. En octobre 1950, l’idée de faire un voyage en Amérique latine germa dans sa tête, et en décembre 1951, avec son ami Alberto Granados, il entama son périple à travers l’Amérique latine à bicyclette. Un périple qui le mena au Chili, au Pérou et en Colombie pour revenir à Buenos Aires en août 1952 afin de poursuivre ses études de médecine qu’il termina en avril 1953. Trois mois après, il entama un deuxième voyage et poussa plus loin vers l’Amérique centrale. La Bolivie, entre les mains du Mouvement Nationaliste Révolutionnaire arrivé au pouvoir, le Pérou, l’Equateur, le Panamá, le Costa Rica, le Nicaragua, le Honduras, le Salvador et enfin le Guatemala. Ces deux voyages lui permirent de découvrir toute l’étendue de la misère frappant le continent. Au Guatemala, il rencontre l’exilée péruvienne d’origine indienne, Hilda Gadea Ontalia, et poursuit avec elle son éducation politique ; il finit par l’épouser en 1955 au Mexique. C’est dans la même période qu’il fit la connaissance avec des combattants du M26 (le mouvement du 26 juillet), parmi lesquels se trouvaient les frères Castro, Fidel et Raul, qu’il rencontrera lors d’une visite chez María Antonia Gonzales, une cubaine résidant à Mexico, qui aidait les révolutionnaires exilés. C’est aussi à cette époque qu’il fut baptisé du surnom de « Che ».

Le dimanche 25 novembre 1956, depuis l’embouchure du Río Tuxpán, il embarqua avec 81 guérilleros à bord du « Granma » pour atteindre la Sierra Maestra. Il se distingua par son ardeur au combat, notamment lors de la bataille de Santa Clara en décembre 1958 qui était déterminante pour venir à bout de la dictature de Batista et faire triompher la Révolution Cubaine. Après le triomphe de la révolution, Ernesto Che Guevara est déclaré citoyen cubain et occupa plusieurs charges gouvernementales, militaires et économiques, avant de devenir un ambassadeur itinérant de la révolution cubaine. En 1965, il se détacha des responsabilités qui le lient à Cuba, et reprit la lutte armée en solidarité avec d’autres peuples du monde.

Le 1er avril 1965 commence son aventure africaine par le Congo, où il rencontrera un certain Laurent Désiré Kabila, qui prendra le pouvoir trente ans plus tard. Impressionné d’abord par ce personnage à l’imposante stature, il ne tardera pas à s’apercevoir que ce dernier n’est pas assez crédible et dira plus tard que « Le plus inutile de tous, c’est Kabila ». Cette aventure lui laissera un goût amer. Ses correspondances avec ses proches, mais aussi les témoignages d’anciens combattants cubains et congolais rapportent ses déceptions et ses observations sur les conflits ethniques et les superstitions des combattants africains.

Un an plus tard, il arrive clandestinement en Bolivie où il se trouve avec un petit groupe de combattants boliviens, cubains et d’autres nationalités et fonda l’Armée de Libération Nationale de la Bolivie. 11 mois plus tard, les balles assassines de la CIA eurent raison de la détermination du guérillero héroïco. Après avoir été fait prisonnier et sérieusement blessé, Ernesto Che Guevara est exécuté, le dimanche 8 octobre 1967 à 13h10, par des soldats boliviens dirigés par des agents de la CIA, dans la petite école du village de La Higuera, province de Chuquisaca.

Le vent des indépendances

Juillet 1962, après une guerre de libération de sept années et demie qui a fortement marqué l’histoire de la deuxième moitié du 20e siècle, l’Algérie venait de se soustraire au joug colonialiste et d’accéder à l’indépendance. Forte de cette aura, elle s’est vite imposée comme une référence de la lutte contre le colonialisme et une plaque tournante des différents mouvements de libération. Plusieurs de ces mouvements, pour la plupart d’Afrique, y trouvait refuge alors. L’ANC sud-africaine, le FLNA de Roberto Holden et MPLA d’Agostino Neto, Angolais, le FRELIMO Mozambiquien, le PAIGC cap-verdien d’Amilcar Cabral et les Black Panthers de Malcom X avaient fait de l’Algérie leur terre d’asile. Et c’est aussi à partir d’Alger que le général Giap lança, un peu plus tard, sa célèbre sentence « l’impérialisme est un mauvais élève ».

Che Guevara était venu la première fois en Algérie en 1963 porteur d’un message de Fidel Castro à Ben Bella lui demandant de soutenir les luttes de libération qui se développaient en Amérique du Sud, Cuba ne pouvant le faire pour cause d’embargo. Il y resta près de six mois et participa à la création de l’état-major de l’armée de libération de l’Amérique du sud. Et c’est à partir de l’Algérie, par où ils transitait que tous les combattants ont gagné l’Amérique latine et des réseaux ont été créés pour leur faire parvenir les armes. Depuis ce premier voyage, il ne rata jamais l’occasion d’y faire escale.

Les raisons de la colère

Février 1965, un séminaire économique de solidarité afro-asiatique est organisé à Alger. De retour d’un voyage d’URSS où il s’est entretenu avec le président russe Brejnev à propos de la vente des armes aux pays en lutte pour leur libération, Che Guevara fait un passage par Alger pour représenter Cuba à cette conférence. Dans son discours, qui a, depuis, fait date dans l’histoire de la jeune révolution cubaine et de l’histoire tout court, il dira que Cuba participe à cette conférence, « pour faire entendre à elle seule la voix des peuples d’Amérique, mais aussi en sa qualité de pays sous-développé qui, en même temps, construit le socialisme ». Une participation qui n’est pas un fait du hasard ou un simple concours de circonstances. « Ce n’est pas un hasard s’il est permis à notre représentation d’émettre son opinion parmi les peuples d’Asie et d’Afrique » estima-t-il. Car « une aspiration commune nous unit dans notre marche vers l’avenir : la défaite de l’impérialisme. Un passé commun de lutte contre le même ennemi nous a unis tout au long du chemin ».

Marqué par son entrevue infructueuse avec Brejnev, il exprima publiquement, et sans ambages ses divergences avec l’Union soviétique, en affirmant que « les pays socialistes sont, dans une certaine mesure, les complices de l’exploitation impérialiste » et demanda la livraison gratuite des armes aux pays pauvres en lutte pour leur indépendance, et par voie de conséquence, contre l’ennemi impérialiste. A l’énoncé de son discours, le Che avait sans doute déjà renoncé, en lui, à toute attache officielle avec Cuba. Avant de regagner l’île, il s’envola au Caire et rencontra le président Nasser pour solliciter son aide aux rebelles congolais. Accueilli par Fidel Castro, à son retour à Cuba en date du 14 mars 1965, les deux hommes auraient discuté pendant près de 40 heures. Mais rien n’a jamais pu filtré de ce qu’ils se sont dit. Mais, depuis, le Che ne fera plus d’apparition à Cuba. Dans une lettre d’adieu adressée à Fidel, il l’informe de sa renonciation à ses charges et fonctions ainsi qu’à sa condition de citoyen cubain. « Rien de légal ne me lie à Cuba, seulement des liens d’une autre nature que les nominations ne peuvent rompre » écrivait-il. Mû par « le sentiment d’accomplir le plus sacré des devoirs : lutter contre l’impérialisme partout où il est », il affirma que « d’autres terres du monde » réclament la contribution de ses modestes efforts.

Dans une enquête réalisée en 1981, nourrie des témoignages de ceux qui le connurent et de ses proches, Jean Cormier est arrivé à la conclusion que ce fameux discours du guérillero argentin émane d’une réflexion née à la suite de la crise des caraïbes qu’a connue l’île en octobre 1962. C’est sous ces auspices que commença l’aventure congolaise de l’Argentin venu libérer Cuba de l’impérialisme américain pour d’autres terres en feu, convaincu, comme il l’écrivait plus tard dans son message à la conférence tricontinentale de 1967 à cuba, par la nécessité de « créer deux, trois,… de nombreux Vietnam, voilà le mot d’ordre », qui fut alors son mot d’ordre.

B. M.

Me Hocine Zehouane (membre du bureau politique du FLN à l’époque)


« Le problème qu’il avait soulevé est encore d’actualité »

Le jour d’Algérie : Lors de l’un de ses nombreux passage à Alger en 1965, Che Guevara avait prononcé un discours devant les participants au séminaire afro-asiatique qui s’y déroulait alors, dans lequel il s’en est pris ouvertement à l’Union soviétique. Quel était le vrai motif ayant suscité ce discours ?

Me Zehouane : Effectivement, il revenait d’URSS où il avait été mal accueilli. Et à l’origine de ce discours et de la virulence qu’il avait adoptée, il y avait la livraison des armes aux pays en lutte pour leur indépendance.

C’était le grand débat de l’époque, il avait mis le doigt là où il fallait, en disant que s’il y a une solidarité et un internationalisme socialiste, c’est là qu’ils doivent s’exprimer. Comment vendre des armes à des gens qui sont au feu, des gens qui sont en lutte pour arracher leur indépendance et leur liberté, alors que souvent ils n’ont pas les moyens de se les offrir, ni budget ni État ? Pour lui, les pays socialistes ne devaient que soutenir et aider les mouvements de libération. C’était la vision de Che Guevara qui voulait, justement, moraliser les rapports entre les pays socialistes et les pays sous-développés.

Quelle était la réaction des représentants des pays socialistes présents à ce séminaire ?

Les représentants des pays socialistes présents à ce séminaire étaient un peu surpris, voire choqués par les propos de Guevara, car, même si ce n’était pas une agression, c’était quand même une remise en cause ! Une remise en cause de leurs politiques à l’égard des pays du tiers monde notamment.

Une politique à laquelle il voulait donc qu’on substitue « l’internationalisme socialiste »… Oui, sur le plan économique, qui était la toile de fond du problème que posait le Che, il était effectivement question des rapports bilatéraux entre les pays socialistes pour contrer les perversions du marché, il avait plaidé pour ne pas soumettre les pays faibles au diktat du marché et de développer une économie solidaire entre les pays socialistes et tiers mondistes pour contrer l’expansion impérialiste.

Et que s’est-il passé par la suite ?

Par la suite, il était reparti et les choses sont retombées dans leur état et n’ont pas eu une quelconque évolution dans le sens qu’il avait voulu leur donner ; il n’y a pas eu d’enchaînement ou de jonction entre les mouvements de libération et l’URSS tel qu’il l’avait revendiqué. D’autant que juste après, il y a eu toute une série de coups d’État qui avaient bouleversé le tiers monde, à commencer par l’Algérie en 1965 même, soit juste quelques mois plus tard, le Ghana, l’Indonésie…et tout ça en un laps de temps trop court ! En moins de deux ans, il y a eu toute cette cascade de coups d’État qui ont secoué les principaux centres de résistance qui se sont alors essoufflés. Et la pertinence du problème qu’il avait soulevé est telle que celui-ci se pose encore même au jour d’aujourd’hui.

De quelle manière se pose-t-il ?

Avec l’essoufflement de l’élan libérateur des années 60 et les déviations de la plupart des régimes issus de ces mouvement, on vit aujourd’hui la soumission à la dictature des monopoles qui pervertissent la nature des rapports entre les pays, il n’y a plus de rapports naturels d’échanges et de coopération mais des rapports de puissance imposés par l’ultralibéralisme.

Mais qu’est-ce qui a fait que cet internationalisme socialiste ne se réalise pas ?

De par l’expérience socialiste telle qu’incarnée par l’URSS, caractérisée par le centralisme, la bureaucratie, par la suite la répression et l’absence de démocratie, tout ça a fait en sorte que sur le plan économique, le modèle russe imposé pour les autres pays socialistes et tiers mondistes nouvellement libérés a, par le manque de sa capacité de développement, et en se cantonnant dans un seul pays, conduit à l’effritement du camp socialiste, ce qui fait qu’aujourd’hui, devant l’emprise américaine sur le monde, les gens parlent de l’échec des idées socialistes.

Propos recueillis par B. M.


Le discours d’Alger

Nous devons tirer une conclusion de tout cela : le développement des pays qui s’engagent sur la voie de la libération doit être payé par les pays socialistes. Nous le disons sans aucune intention de chantage ou d’effet spectaculaire, ni en cherchant un moyen facile de nous rapprocher de tous les peuples afro-asiatiques, mais bien parce que c’est notre conviction profonde. Le socialisme ne peut exister si ne s’opère dans les consciences une transformation qui provoque une nouvelle attitude fraternelle à l’égard de l’humanité, aussi bien sur le plan individuel dans la société qui construit ou qui a construit le socialisme que, sur le plan mondial, vis-à-vis de tous les peuples qui souffrent de l’oppression impérialiste.

Nous croyons que c’est dans cet esprit que doit être prise la responsabilité d’aider les pays dépendants et qu’il ne doit plus être question de développer un commerce pour le bénéfice mutuel sur la base de prix truqués aux dépens des pays sous-développés par la loi de la valeur et les rapports internationaux d’échange inégal qu’entraîne cette loi. Comment peut-on appeler « bénéfice mutuel » la vente à des prix de marché mondial de produits bruts qui coûtent aux pays sous-développés des efforts et des souffrances sans limites et l’achat à des prix de marché mondial de machines produites dans les grandes usines automatisées qui existent aujourd’hui ?

Si nous établissons ce type de rapports entre les deux groupes de nations, nous devons convenir que les pays socialistes sont, dans une certaine mesure, complices de l’exploitation impérialiste. On allèguera que le volume des échanges avec les pays sous développés constituent un pourcentage insignifiant du commerce extérieur de ces pays. C’est absolument vrai, mais cela ne change rien au caractère immoral de cet échange.

Les pays socialistes ont le devoir moral de liquider leur complicité tacite avec les pays exploiteurs de l’Ouest (…)

L’impérialisme a été vaincu dans plusieurs batailles partielles. Mais c’est une force considérable dans le monde et nous ne pouvons espérer sa défaite définitive que de l’effort et du sacrifice de nous tous.

Nous parlons un langage révolutionnaire et nous luttons honnêtement pour le triomphe de cette cause mais nous nous empêtrons souvent dans les mailles d’un droit international résultant des confrontations des puissances impérialistes et non la lutte des peuples.

Par exemple, nos peuples sont oppressés par l’angoisse de voir s’établir sur leurs territoires des bases étrangères ; ou encore ils doivent supporter le poids très lourd de dettes extérieures d’une ampleur incroyable.

Tout le monde connaît l’histoire de ces tares : des gouvernements fantoches, des gouvernement affaiblis par une longue lutte de libération ou par le développement des lois capitalistes du marché, ont permis que soient signés des accords qui menacent notre stabilité interne et compromettent notre avenir.

L’heure est venue de secouer le joug, d’imposer la révision des dettes extérieures qui nous oppriment et d’obliger les impérialistes à abandonner leurs bases d’agression(…)

Alger, février 1965.


La lettre d’adieu à Fidel

Je sens que j’ai accompli la part de mon devoir qui me liait à la révolution cubaine sur son territoire et je prends congé de toi, des camarades, de ton peuple qui est désormais le mien.

Je renonce formellement à mes charges dans la direction du parti, à mon poste de ministre, à mon grade de commandant, à ma condition de cubain. Rien de légal ne me lie à Cuba, seulement des liens d’une autre nature que les nominations ne peuvent rompre.

En voyant redéfiler ma vie passée, je crois avoir travaillé avec assez d’honnêteté et de dévouement pour consolider la victoire de la révolution.

D’autres terres du monde réclament la contribution de mes modestes efforts. Je peux faire ce qui t’es refusé par tes responsabilités à la tête de Cuba et l’heure est venue pour nous séparer.

Il faut savoir que je le fais avec un mélange de contentement et de douleur : ici je laisse la part la plus pure de mes espérances de constructeur et ce que j’ai de plus cher parmi les êtres que j’aime… et je laisse un peuple qui m’a accueilli comme un fils ; c’est là un déchirement pour une partie de mon esprit. Je porterai sur les nouveaux champs de bataille la foi que vous m’avez inculquée, l’esprit révolutionnaire de mon peuple, le sentiment d’accomplir le plus sacré des devoirs : lutter contre l’impérialisme partout où il est.

Che. 1965

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