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Grèce - 19 avril 2014 -Syriza est sans danger pour les capitalistes, c’est son chef, Tsipras, qui le dit

vendredi 18 avril 2014, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 18 avril 2014).

Tsipras rassure les dirigeants du FMI à Washington : « Je ne suis pas dangereux : SYRIZA gardera la Grèce dans la zone euro »

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AC

Le dirigeant du parti SYRIZA, Alexis Tsipras, continue la normalisation de sa formation après des séjours à Berlin et Washington où il a rassuré les dirigeants du FMI et de la Bundesbank sur sa pleine compatibilité avec leurs objectifs.

« A l’origine, il y avait quelques réticences envers M.Tsipras. Quiconque dirige un parti qui se nomme ’Coalition de la gauche radicale’ n’engendre que scepticisme par ici. Mais ceux qui l’ont entendu parler ont trouvé un politicien modéré, bien moins radical que ce que nous attendions ».

Voilà les mots du directeur du think tank libéral Brooking Institutions, après la conférence qu’a réalisé Tsipras dans un des hauts lieux de la conception des politiques économiques libérales appliquées, entre autres, au FMI.

Après sa déclaration d’allégeance envers les dirigeants de l’Union européenne, ou ses entretiens, dans la presse bourgeoise (Die Zeit) ou les médias liés à la finance internationale (CNBC) destinés à rassurer investisseurs européens et américains, Tsipras a exprimé ses vues au cœur du pouvoir capitaliste mondialisé.

Première étape dans le road-trip de Tsipras : Berlin.

La rencontre avec le ministre des Finances Wolfgang Schauble a permis selon un proche de Tsipras de « briser la glace ».

Tsipras aurait sollicité un allègement de la dette et de l’austérité, prenant exemple sur le programme dont a bénéficié la RFA dans le contexte de guerre froide.

Schauble serait, des dires de SYRIZA, resté inflexible sur les objectifs des créanciers, donc la nécessité d’une politique d’austérité, tout en laissant une marge de manœuvre (limitée) à un futur gouvernement grec pour l’appliquer.

Deuxième étape du voyage : Washington.

« Des accords » avec le Département d’État américain sur la mise en péril de l’UE par les politiques d’austérité

Au menu, une première rencontre avec le numéro 2 du FMI, David Lipton ainsi qu’une deuxième au Département d’État américain, l’équivalent du ministère des Affaires étrangères, avec le sous-secrétaire responsable aux affaires européennes Erik Rubin.

Selon les dires de SYRIZA, l’échange au Département d’Etat américain a révélé des points d’« accords et de désaccords ».

Les deux parties sont arrivés à une « identité de vue » et un « constat commun » : que l’austérité, sous sa forme actuelle, n’était pas la solution à la crise grecque et que l’Allemagne mettait potentiellement en danger l’Europe par sa politique.

Toujours selon la même source, Tsipras aurait rassuré les dirigeants américains sur les « traditions démocratiques » de SYRIZA et sur son engagement à maintenir les engagements internationaux de la Grèce, en particulier son appartenance à l’OTAN.

La rencontre au FMI aurait également débouché sur un « échange constructif et sincère sur les défis que rencontre la Grèce ».

Au-delà du ton diplomatique de circonstance, Tsipras est allé plus loin annonçant comme victoire le fait que le « FMI comprenne que le programme pour la Grèce ne peut marcher sans un important allègement de la dette ».

Il a ajouté que « la réduction des salaires dans le secteur privé n’a jamais été un choix du FMI ».

« Nous voulons rester dans l’euro : nous avons toujours été un Parti européen »

Si les discussions feutrées dans les bureaux du FMI restent inaccessibles au commun des mortels, Tsipras a également présenté son programme dans d’autres lieux de pouvoir de la côte Est : à Columbia University à New York et à la Brookings Institution, à Washington.

C’est lors du discours à la Brookings Institution que Tsipras a clairement révélé le véritable programme de son parti pour la Grèce :

« Avez-vous quelque chose à craindre quelque chose de la ’gauche’ en Grèce ? De quelle façon serions-nous des radicaux ? », s’est ainsi que Tsipras a commencé son discours devant un parterre d’économistes du think tank libéral.

« Des alarmistes vous diront que notre parti, si il prend le pouvoir, déchirera l’accord de prêt avec l’UE et le FMI, sortira la Grèce de la zone euro, coupera les liens avec l’Occident civilisé, et que la Grèce deviendra une nouvelle Corée du nord ».

Le décor planté, Tsipras peut rassurer son auditoire : « Mon parti ne veut rien de tout cela. Nous avons toujours été, et nous continuerons à être, un parti Européen ».

La critique des politiques d’austérité imposées par l’UE ne conduit pas Tsipras à rejeter cette Europe mais bien à la ressourcer à ses origines : « Cette Europe a perdu son cap en imposant ces politiques inhumaines ».

SYRIZA place l’enjeu non pas au niveau grec mais européen, il s’agit de sauver l’Union européenne : « Notre but est de sauver la Grèce et de la maintenir dans la zone euro. Il nous faut une stratégie pour battre la crise, pas seulement au niveau de la Grèce mais au niveau européen ».

Le dirigeant de la « gauche radicale » grecque a terminé par ses mots rassurants pour les investisseurs : « J’espère vous avoir convaincu que je ne suis pas aussi dangereux que certains le disent. Laissez-moi être clair : SYRIZA maintiendra la Grèce dans la zone euro ».

Éloge de l’Amérique d’Obama et proposition d’un « New Deal »

Tant dans sa conférence à Brookings que dans ses autres prestations, Tsipras a dressé un portrait idéalisé de l’Amérique actuelle et de la politique suivie par Barack Obama depuis 2008 :

« J’ai marché dans les rues depuis que je suis ici et je n’ai pas vu la dépression, pas de personnes tristes ni de boutiques fermées, des signes de désespoir ici. L’Amérique a évité la misère après 2008 ».

Une déclaration pour le moins étonnante dans un pays où près de 50 millions d’américains survivent grâce aux bons alimentaires.

Un État au bord du gouffre budgétaire, ne survivant que par sa politique de rapine impérialiste à l’extérieur et du moins-disant social à l’intérieur.

Un pays où la politique d’Obama depuis 2008 a signifié de gigantesques plans de renflouements pour les banques et l’industrie, ainsi que de nouveaux cadeaux fiscaux pour les riches.

Tsipras a ainsi loué la politique du président de la FED, Ben Bernanke, qu’il a opposé à la politique de la BCE, sous-entendant la nécessité de sa réorientation sur le modèle américain :

« Si on compare la façon de faire de Bernanke sur ces cinq dernières années avec celle des banquiers de la BCE, on voit nettement la différence. »

L’alternative de Tsipras s’inscrit donc sur la copie du modèle proposé par les États-unis depuis 2008, la politique de « relance » ou plutôt de « renflouement » de Barack Obama, la politique monétaire de la FED, mais aussi le précédent historique du « New Deal » de Franklin Roosevelt.

Un des rares mots prononcés en anglais par Tsipras : « New Deal ». Le nom de l’alternative, keynésienne et alter-capitaliste, pour Alexis Tsipras. Un « New Deal » qui ne peut être grec, mais devrait être européen selon Tsipras.

« Nous voulons sauver l’Europe, notre maison commune : voilà pourquoi nous sommes contre l’austérité »

En effet, c’est en citant Roosevelt (« la seule chose dont nous devons avoir peur est la peur elle-même ») que Tsipras a rassuré ses interlocuteurs sur le fait qu’ils ne devaient avoir peur d’une « Gauche » dont la seule ambition est de sauver la « maison commune européenne ».

« Nous voulons sauver l’Europe, c’est pourquoi nous sommes contre l’austérité actuellement », a précisé Tsipras.

Ce n’est pas seulement l’Europe que Tsipras entreprend de sauver, mais le monde capitaliste :

« Sachez que les Grecs, y compris ceux de la gauche radicale, estiment qu’il est important de restaurer la prospérité et l’espoir des deux côtés de l’Atlantique ».

Les auditeurs ont été séduits par Alexis Tsipras, tel Domenico Lombardi, ancien représentant de l’Italie au FMI, membre du comité directeur de la Brooking Institution : « le voyage montre l’évolution actuelle du parti vers une position de plus en plus social-démocrate ».

Pour ceux qui désirent se faire eux-même leur opinion, voilà la vidéo de l’intervention de Tsipras à la Brooking Institution :

http://www.youtube.com/watch?v=JDrP…

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