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Le violon pour s’exprimer

samedi 24 mai 2014, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 24 mai 2014).

VIOLON de la voix mélodique à la voie thérapeutique

Il est donc important de se souvenir que le violon est d’abord un instrument populaire et que son premier rôle était bel et bien de faire danser.

Yehudi Menuhin dit des cordes : « La corde de sol, la plus grave, suscite une sonorité riche, profonde, et inspire un sentiment de noblesse. La corde de ré se distingue par son caractère plus passionné, plus vif. La corde de la s’ouvre et s’épanouit dans l’espace. La plus brillante et la plus extravertie des quatre est la corde de mi. » Nous comprenons donc mieux le lien qui unit le violoniste à son instrument dès lors qu’il lui prête toute cette gamme de sentiments.

Le violon en situation thérapeutique : Je vais maintenant relater les expériences que j’ai vécues tout au long de l’année en mettant l’accent sur la place du violon.

Grâce au stage et à cet apprentissage, Pilar m’a proposé, de façon à maintenir le lien avec les patients, d’intervenir lors de ses absences, ce qui s’est fait dans un premier temps à l’Hôpital de Jour, puis par la suite et au fur et à mesure que je gagnais de l’expérience, également à l’Unité Alzheimer et à l’UCC.

Dans tous les cas, j’ai fait en sorte de conserver toujours la même trame, les mêmes rituels, afin d’assurer une continuité pour les patients. N’étant pas chanteuse comme Pilar, J’ai remarqué que venir jouer du violon tout près d’eux ramène leur attention et déclenche un regard et un sourire, même s’ils s’étaient assoupis quelques minutes.

De la même façon, dès que je m’approche d’une personne, elle essaie de chanter avec moi. J’ai remarqué cette réaction dans tous les services où je suis passée, et j’en use beaucoup.

Le violon me permet de nuancer l’intensité sonore et il est donc possible d’être vraiment très proche, par exemple agenouillée devant la personne, et de jouer tout doucement pour ne pas l’agresser avec un son trop fort.

Je suis toujours bien accueillie. c’est un moment de joie et de stimulation des sentiments qu’ils apprécient beaucoup. Des commentaires, parfois cocasses, fusent car les mots sont parfois perdus et seule reste l’intention, ou des élans de tendresse se font jour entre deux patients « quelque chose a commencé… »

Les « vertus » thérapeutiques du violon

Je vais maintenant montrer en quoi le violon peut être considéré comme thérapeutique dans une relation d’aide, principalement en gériatrie.

Tout d’abord, pour qu’il soit qualifié de thérapeutique il faut qu’il « remette en harmonie » les patients puisque c’est le premier rôle d’une pratique thérapeutique.

Le violon véhicule des émotions diverses comme la nostalgie, la tristesse : les souvenirs et les larmes sont fréquents à l’écoute de la « Java Bleue » ou de « Parlez-moi d’amour » et de tant d’autres, mais aussi la joie, la gaîté, la danse.

Au violon, il est possible de rendre la « note sensible » (note de la gamme précédent la tonique) beaucoup plus sensible que sur un instrument tempéré comme le piano, l’accordéon ou encore la guitare. On peut dire qu’il joue sur la corde sensible !

Le violon est l’instrument qui est le plus proche de la voix humaine par sa tessiture, ce qui est un atout dans la communication émotionnelle. On peut dire qu’il parle pour moi et dit ce que je n’ose peut-être pas dire moi-même. La communication est non-verbale dans ce cas et accède donc directement aux émotions, ce qui est un atout dans les cas de démences. Toutefois il n’est pas la voix humaine et est donc moins intime, mais c’est peut-être paradoxalement cette distance qui me permet d’être si proche des patients. Un climat de confiance est installé et des choses peuvent se dire et se raconter ensuite.

Le violon accompagne très souvent les vieilles chansons du répertoire et a un effet « mémoire ». C’est un instrument « rare » dans ces lieux, car on y rencontre plus fréquemment la guitare, l’accordéon ou le clavier. Il permet une grande proximité avec les personnes. Je peux venir tout près, jouer en les regardant et en leur souriant, fiers de sentir que je joue pour eux.

A chaque fois, la réaction est la même, la personne se redresse, me sourit, essaie de chanter ou de battre la mesure Il est très facile d’en varier l’intensité sonore, du pianissimo au forte, ce qui permet de s’adapter complètement à la sensibilité des personnes.

Avec des patients souvent un peu durs d’oreille et parfois appareillés, une musique enregistrée est mal perçue alors que le violon est bien mieux entendu et toléré.

Et enfin, « Le violon donne des ailes aux pieds ! » Le violon me permet de bouger, danser, il est une extension de mon corps. Il me permet par conséquent d’induire un mouvement et d’inviter les personnes à bouger par son évocation de la danse. C’est très vrai sur des valses qui ont marqué quasiment toutes les personnes que je rencontre.

J’ai d’ailleurs constaté que beaucoup des chansons « rengaines » sont sur un tempo de valse (La Java Bleue, l’Amant de St Jean, Parlez-moi d’amour, Le petit Vin Blanc, les Roses Blanches, etc…). J’ai donc remarqué que jouer une valse en bougeant moi-même incitait les personnes à bouger, se balancer, voire se lever et esquisser quelques pas de valse ou la danser si par bonheur une seconde personne est tentée !

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