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À la manif Palestine-Gaza de Paris, le 19 juillet 2014, c’est les flics qui ont provoqué la bagarre !

samedi 19 juillet 2014, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 19 juillet 2014).

Les manifestants ont tous la même version des faits. Le rassemblement se déroulait bien. Les forces de l’ordre ont tiré sans sommation avec leurs flashball et lancé des grenades lacrymogènes.

A Barbès, les gaz lacrymogènes face aux projectiles et aux véhicules incendiés

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Faïza Zerouala

Le Monde.fr | 19.07.2014 à 22h45 • Mis à jour le 19.07.2014 à 22h55

Un manifestant sur un toit de Barbès le 19 juillet 2014

A 14 h30, il y avait déjà près d’un millier de personnes réunies au pied de la sortie du métro Barbès à Paris. La manifestation en soutien à Gaza, interdite par le préfet de police en raison des troubles à l’ordre public qu’elle pourrait engendrer, censée débuter à 15 heures a donc bien lieu, avant l’horaire prévu.

Des drapeaux palestiniens flottent en nombre. Les manifestants scandent en boucle « Israël casse-toi, Palestine vaincra » ou autre variante « Israël assassin, Hollande complice ». Ahmet 19 ans étudiant en maintenance industrielle, drapeau palestinien en main, n’a pas été dissuadé par l’interdiction du cortège. Il a tenu à exprimer son soutien aux enfants palestiniens, explique-t-il. D’ailleurs autour de lui des pancartes avec des photos d’enfants blessés sont exhibées. Son ami Karim dit pour sa part avoir vécu la nouvelle de l’interdiction de la manifestation comme un « gros choc ». Les deux amis se disent prêts à continuer à participer à tous les rassemblements de soutien. Quelques « Allah akbar » (Dieu est grand en arabe) retentissent.

« MÊME À TEL AVIV, LA MANIFESTATION A EU LIEU ! »

Rémi, 26 ans, est venu en voisin. Sensibilisé à la cause, il se dit un peu perturbé par ces slogans religieux mais précise qu’ils restent minoritaires. A la manifestation de dimanche dernier il dit n’avoir entendu aucune phrase antisémite : « De toute façon la régulation se fait automatiquement, les gens ne laisseraient pas faire ça. » La présence du NPA dans le cortège le rassure : « Ça agit comme un parapluie politique. Il y a des associations aussi. »

Le rassemblement se déroule dans le calme. La foule est habillée aux couleurs palestiniennes. Des jeunes se sont hissés en haut du toit d’un immeuble désaffecté. Ils agitent un drapeau palestinien, et mettent le feu à un drapeau israélien. Peu à peu les manifestants en masse sous le métro aérien, s’engagent dans le boulevard Barbès. Sandra Demarcq, de la direction du NPA, espère que tout va bien se dérouler. Pour le moment le trajet du cortège est nébuleux « tout se joue minute par minute », explique-t-elle. Pour son parti il était hors de question de ne pas venir manifester car « l’interdiction est illégitime et scandaleuse. De toute façon plus on est nombreux moins il y a le risque de débordements. Paris est la seule capitale du monde à interdire une manifestation de soutien à Gaza. Même à Tel Aviv elle a eu lieu ! »

Un manifestant propalestinien face aux forces de police, le 19 juilet 2014, à Paris

Les manifestants rencontrés insistent tous sur leur volonté d’alerter la communauté internationale sur le sort des Gazaouis et de rester pacifistes. Akima, 25 ans travaille dans l’humanitaire. Elle explique n’être « liée à aucun parti politique et juste émue par la situation des Palestiniens ». Son amie, keffieh rouge et blanc noué à la taille, a eu un peu peur de l’interdiction mais s’est décidée à venir quand même. Les deux amies ont de toute façon décidé qu’au moindre débordement elles quitteraient la manifestation. Déjà des fumigènes commencent à être tirés enfumant une partie de la foule. Des jeunes ont grimpé sur un kiosque à journaux.

SOUDAIN, LES GAZ LACRYMOGÈNES

Peu avant 16 heures, trois tirs retentissent. Un mouvement de foule commence, beaucoup s’engouffrent rue Poulet. Une jeune fille tombe à terre. Des gaz lacrymogènes sont tirés rendant l’atmosphère irrespirable. Certains suffoquent, d’autres essaient de trouver refuge dans les immeubles voisins, les épiceries ou boucheries de la rue. Les CRS en nombre sont déployés dans les rues adjacentes au boulevard Barbès.

Des manifestants leur jettent des pierres et des projectiles. Plusieurs passants, venus là pour s’approvisionner dans les magasins du quartier, sont choqués et se plaignent d’avoir subi les tirs de gaz lacrymogènes. Françoise, avec son fils de 15 mois et sa sœur, pense comme d’autres personnes que du gaz a été tiré à la sortie du métro Château-Rouge : « Au début on a cru que c’était un incendie. »

Wassa, 28 ans est énervée. « Si ça a été interdit pourquoi les gens viennent ? » Tous, réfugiés dans un immeuble essaient de trouver une échappatoire pour rentrer chez eux. Tout le boulevard est encerclé par les CRS. Les manifestants ont tous la même version des faits. Le rassemblement se déroulait bien. Les forces de l’ordre ont tiré sans sommation avec leurs flashball et lancé des grenades lacrymogènes.

Karima 29 ans filme toute la manifestation avec son téléphone. Elle raconte :

« Ça se passait très bien. On a pas trop compris pourquoi il y a eu ces tirs. Des gens ont vomi sous mes yeux. D’autres qui jeûnaient pour le Ramadan ont dû boire de l’eau pour se soulager. Moi je me suis réfugiée dans un café seulement du gaz a été tiré à l’entrée. Du coup j’ai dû partir. Je me doutais qu’il y aurait des tensions mais pas à ce point et pourtant j’en ai fait des manifs. »

UNE QUARANTAINE DE GRENADES

De nombreux parisiens ou touristes ont photographié les événements en postant ces images sur les réseaux sociaux sous le hashtag #GAZAMANIF

Il est à peine 17h45 et tous les commerces ont tiré le rideau de fer comme Tati ou les magasins de vente de téléphones portables. Dans les rues autour du boulevard Barbès, les manifestants sont toujours là et refusent de se disperser. Deux cabines téléphoniques ont les vitres explosées, un scooter gît sur le sol. Des morceaux de trottoirs ont été arrachés et des pavés jonchent le sol. Une brouette a pris feu, à l’instar des poubelles de la rue Poulet.

Un jeune homme a collecté dans un carton les cadavres d’une quarantaine de grenades « calibre 56 », dit-il, tirées par les forces de l’ordre. Les CRS empêchent les manifestants et les badauds de sortir du boulevard. Le métro Barbès-Rochechouart et château Rouge sont fermés. Tout autour de la zone des CRS sont postés. Deux cars partent emmenant les premiers interpellés. La dispersion se fait lentement. La pluie tombe et quelques irréductibles continuent de lancer des slogans de soutien aux Palestiniens, sous les yeux des forces de l’ordre alors qu’il est presque 20 heures.

Faïza Zerouala
Journaliste au Monde

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