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MANIFESTE DU PARTI OUVRIER (8)

mercredi 30 juillet 2014 (Date de rédaction antérieure : 30 juillet 2014).

Nous poursuivons la publication d’une série de neuf (9) articles portant sur quatre questions fondamentales pour la gauche internationale :

1) Nous avons traité des questions de sectarisme, d’entrisme et de dogmatisme

2) Nous avons abordé la question de l’unité des forces de la gauche.

3) Nous avons présenté la lutte de classe telle qu’elle se mène dans trois instances. Les textes sont » http://www.les7duquebec.com/author/…

4) Enfin, à l’approche du 97e anniversaire de la Révolution d’Octobre 1917, nous présentons aujourd’hui six leçons acquises de la Révolution bolchévique.

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CHAPITRE 4 : APPRENDRE DE LA RÉVOLUTION D’OCTOBRE

Depuis la Révolution d’Octobre 1917

En octobre 1917 c’est l’annonce des grèves et des mutineries, en Russie notamment, qui contribua à la fin de la Première Grande Guerre mondiale, la première boucherie impérialiste mondiale de l’ère moderne. La Révolution d’Octobre fut un événement majeur dans l’histoire de la classe ouvrière, une tempête de classe qui reste largement inconnue et incomprise.

Presqu’un siècle depuis la Révolution d’Octobre

Lorsque l’URSS et le supposé camp-socialiste s’effondrèrent en 1989, la bourgeoisie internationale entonna le requiem du socialisme et surtout du communisme. L’oraison funèbre servit à démontrer comment la faillite de l’Union Soviétique, prétendument communiste, prouvait que, hors du capitalisme, aucune autre forme d’organisation sociale ne pouvait ni ne pourrait jamais exister.

LA SUITE DE L’ARTICLE » » » http://www.les7duquebec.com/7-au-fr…

Le mode de production et les rapports de production et d’échanges capitalistes seraient la seule forme possible d’existence économique et sociale dans le monde entier pour le reste de l’éternité. Tout le reste ne serait, au mieux, qu’utopie, et au pire, le « réalisme socialiste inhumain » qui n’aura apporté que misère et oppression aux prolétaires qui s’y aventurèrent.

L’expérience bolchevik

L’expérience bolchevik a fait faillite bien avant 1989 et l’effondrement du social impérialisme russe. Le Parti Bolchevik dirigé par Staline a présenté la construction du capitalisme monopoliste d’État comme étant la construction du socialisme en URSS, ce qui a ouvert une époque de confusion idéologique et politique sans précédent pour des millions de prolétaires à travers le monde. La conséquence tragique de cette confusion fut la plus importante défaite idéologique qui n’ait jamais marqué le mouvement ouvrier. Presqu’un siècle après cette révolution il est temps de mettre fin à cette confusion. La gauche communiste et les communistes révolutionnaires, ont l’obligation de tirer des leçons à partir des nombreux enseignements de cette expérience ouvrière.

Une première leçon historique – les soviets

La première leçon que la Révolution d’Octobre nous a léguée concerne l’organisation de la classe ouvrière. À l’évidence, notre classe est capable de faire et de marquer l’histoire. Nonobstant un siècle de cynisme à propos de l’incapacité légendaire de la classe ouvrière (sic), les travailleurs russes découvrirent la forme par laquelle une société capitaliste pouvait être renversée et comment ils pouvaient s’organiser pour tenter d’ériger une société nouvelle. Dès 1905, les soviets émergèrent de leur lutte collective gréviste contre l’exploitation, la spoliation et l’aliénation en tant que solution organisationnelle pratique aux problèmes de coordination des divers comités de grève ouvrière, de résistance et de défense populaire. En 1917, les soviets (les conseils ouvriers) furent recréés et firent la preuve qu’ils constituaient la structure organisationnelle et de pouvoir qui structurait et représentait directement la classe ouvrière en guerre contre la bourgeoisie. Tandis que les syndicats ouvriers intégrés à l’appareil d’État tsariste furent plutôt des entraves au déploiement de la révolution. Nous y reviendrons.

Lénine disait que « L’écurie du parlementarisme bourgeois » est la démocratie pour les riches, rejetant ainsi le crétinisme parlementaire. Les représentants bourgeois sont élus grâce à l’argent et aux médias des riches pour des mandats de plusieurs années. Ils peuvent ignorer les revendications de leurs électeurs tandis qu’ils font des courbettes devant les intérêts du capital. C’est ce chemin notamment qui mena à la corruption de la social-démocratie en Allemagne avant la première guerre mondiale.

Le soviet, tout comme la Commune de Paris de 1871, fut un organe à la fois exécutif et délibératif (législatif). Ses membres étaient délégués par leurs électeurs et pouvaient être révoqués à tout moment s’ils ne respectaient pas leur mandat (limité dans le temps et non renouvelable). En clair, les travailleurs de Russie ont donné au monde la forme politique qui devrait être la base de la société sans classes de « travailleurs librement associés » (Marx).

Les soviets ont décliné au fur et à mesure que les travailleurs révolutionnaires périrent au cours de la guerre civile contre l’impérialisme mondial et ses « Gardes blancs » envahissant. À mesure aussi que le pouvoir d’État soviétique, accaparé par le parti bolchevik, s’empara des leviers du pouvoir pour en évincer les soviets. Les soviets constituèrent la forme politique du pouvoir collectif ouvrier, de la dictature du prolétariat sur les reliquats de la bourgeoise ancienne, toujours présents dans la société soviétique pluriethnique et multinationale. Cependant, les soviets n’ont pas su constitué le modèle de pouvoir économique collectif prolétarien pour l’édification d’une économie et d’une société socialiste en marche vers le communisme. C’est l’appareil d’État soviétique qui constitua ce pouvoir et cette gouvernance économique sous laquelle se constitua une caste d’apparatchiks divisée en factions querelleuses, caste qui à partir des privilèges acquis se transforma en une nouvelle bourgeoisie, celle qui mena une première escarmouche pour le partage du pouvoir en 1953, à la mort de Staline, celle qui mena une second grand combat de partage à la mort de Brejnev et celle dont le pouvoir politique s’effondra définitivement en 1989-1991, pour mieux se constituer en classe capitaliste monopoliste formée de propriétaires privés des moyens de production, d’échanges et de communications dans l’ex-URSS devenu la Russie et la Communauté des États Indépendants (CEI).

La deuxième leçon concerne les conditions de la révolution prolétarienne

La deuxième leçon nous indique que la révolution est un événement exceptionnel, qui requiert pour survenir le genre de conditions singulières existant dans la Russie en guerre. La condition nécessaire et indispensable qui détermine le mouvement des contingents de travailleurs tient essentiellement aux conditions économiques dans l’approfondissement de la crise du capitalisme à l’étape de l’impérialisme. Il n’y a point d’acte de volonté (volontarisme et manipulation dans le déclanchement de l’insurrection sont bannis), ni d’inspiration géniale, ni aucune autre force déterminante qui peut remplacer l’impulsion des conditions matérielles objectives et concrètes, quand la bourgeoisie elle-même en tant que classe hégémonique ne maîtrise plus ses différentes factions ni ne maîtrise plus totalement l’appareil d’État, ni la conjoncture économique et sociale.

En Russie, la crise économique qui avait abouti au premier conflit mondial, aux destructions physiques massives et à une société affamée soulevèrent des millions de paysans (25 millions) et des millions de prolétaires (7 millions) contre la guerre et enclencha la lutte frontale contre ceux qui en étaient responsables. Comme Lénine l’a souligné, la guerre mondiale fut la force motrice, le grand accélérateur qui propulsa les masses russes (même si le prolétariat était minoritaire) sur la scène de l’histoire, dans le premier acte de ce qui aurait dû être une explosion de lutte des classes à l’échelle internationale… mais ne le fut pas car la société capitaliste recélait encore des capacités productives inexploitées, des forces de production et d’échanges, des capacités de tempérer ses contradictions qu’elle n’avait pas encore épuisée dans tous les pays et sur tous les continents. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. La société impérialiste a atteint la limite de ses capacités. Pour paraphraser Marx, l’impérialisme a développé toutes les forces productives que ses rapports de production obtus et obsolètes sont assez large pour contenir et de nos jours l’impérialisme a tendance à tituber, sans s’arrêter, dans le monde entier (1). Cependant, l’accoucheur social – le prolétariat – devra lui asséner le coup de grâce sans quoi l’impérialisme décadent nous entraînera vers une guerre nucléaire mortifère. Et surtout, que nul n’argumente que les capitalistes ne pourront jamais se résigner ni nous astreindre à cette extrémité. À ceux-là nous répondrons « Rappelez-vous Hiroshima et Nagasaki ».

Mais les conditions matérielles ne sont pas suffisantes en soi. Les crises économiques dévastatrices, avec leur cortège de guerres entraînant les masses paysannes et ouvrières à l’action ne suffisent pas à définir une situation révolutionnaire. La présence d’un parti révolutionnaire, qui concentre l’expérience de la classe et sait comment lier la spontanéité fébrile des masses et des luttes spontanéistes sur le front économique au programme politique révolutionnaire de classe, est absolument nécessaire. Lorsque le prolétariat se décide à agir, il le fait en partant spontanément de revendications économiques défensives et de luttes de résistance revendicative. Il peut se mobiliser instinctivement contre la guerre et ses conséquences qui tuent et affament. Il peut être attiré par la perspective du changement social. Il peut même renverser un régime politique croupissant, mais il a surtout besoin d’un programme politique fondé sur les gains idéologiques et théoriques de sa propre expérience historique. Le porteur de ce programme révolutionnaire de classe est le parti politique révolutionnaire de classe du prolétariat et nul autre. Sans cet état-major et cette mémoire des luttes de classe, au service de la classe révolutionnaire unique et de ses objectifs, l’insurrection mènera chaque fois au remplacement d’une classe exploiteuse par une autre.

Il est totalement erroné de croire que la lutte gréviste pour des revendications, le combat contre les effets de la crise économique ou le refus de continuer la guerre peuvent par elles-mêmes élever spontanément le niveau de conscience politique des masses prolétariennes jusqu’au programme politique révolutionnaire « pour soi » (c’est-à-dire pour la conquête de tout le pouvoir politique d’État et le pouvoir économique et pour l’instauration de la dictature du prolétariat). Les prolétaires de Chine, de Corée, du Vietnam, de l’Albanie, d’Afrique du Sud, ceux d’Égypte et ceux du Népal pour ne citer que quelques exemples relativement récents ont fait la preuve qu’il ne peut y avoir de dictature du « Front uni » des paysans, des petits-bourgeois et du prolétariat qui soit révolutionnaire et salvateur. La Révolution bolchévique nous enseigne que seule la dictature de la classe authentiquement révolutionnaire, jusqu’au bout, assure le succès de l’insurrection mais quelle n’assure pas pour autant le succès de l’édification socialiste si les autres conditions économiques et sociales ne sont pas réunies et à maturité.

C’est plutôt le contraire qui est vrai. Si, les masses n’ont pas créée leur avant-garde – le parti révolutionnaire ouvrier – (2) lorsqu’elles se mettent en mouvement, même la révolte ou l’insurrection la plus pugnace et la plus déterminée est destinée à l’échec. En 1917, il n’y a qu’en Russie que s’est effectuée la synthèse entre les conditions objectives – qui menèrent les prolétaires à se soulever – et les conditions subjectives – représentées par les masses elles-mêmes et par la présence active du Parti bolchevik qui guida politiquement le mouvement. Sans ces deux conditions aucune révolution prolétarienne n’aurait pu vaincre. Si l’un de ces deux facteurs est absent, il n’y a pas de perspective de dénouement favorable de la révolution prolétarienne. Si les conditions nécessaires sont absentes, le prolétariat ne se soulèvera pas ; si le parti est absent, tout indique que les résultats de la lutte des classes seront négatifs. Les nouvelles générations de communistes ne peuvent absolument pas négliger cette leçon de la Révolution d’Octobre. Si elles le font, elles risquent de s’orienter vers les théories idéalistes qui font du spontanéisme, de l’ouvriérisme, de l’économisme, du réformisme, de l’anarchisme leurs cris de ralliement.

Cependant, nous le réitérons, conquérir le pouvoir hégémonique et s’asseoir à la tête de l’État prolétarien ne donne pas l’assurance de l’édification de la société socialiste si le mode de production capitaliste-impérialiste n’a pas atteint sa totale maturité et qu’il n’a pas commencé à péricliter, ce qui est aujourd’hui assuré pour l’ensemble de la société impérialiste mondialisé et globalisé.

L’internationalisme prolétarien

La troisième leçon que nous enseigne l’expérience de la Révolution d’Octobre est que la révolution prolétarienne doit être internationale ou elle est destinée à l’échec, enfermée à l’intérieur des frontières nationales dans lesquelles elle est née. Toute la stratégie du Parti bolchevik et de la Troisième Internationale – avant son repli sur des positions contrerévolutionnaires basées sur la théorie du socialisme dans un seul pays – fut fondée sur la nécessité qu’il y aurait d’autres éruptions révolutionnaires internationales ou plus exactement, que le confinement de la Révolution à un seul pays, la Russie, annoncerait sa défaite inéluctable.

Pour la Russie révolutionnaire, l’isolement politique et économique auquel elle a été condamnée par l’absence de révolutions en Europe de l’Ouest notamment signifiait que son sous-développement économique et l’encerclement économique, politique et militaire, par les pays capitalistes qui considéraient le bolchevisme comme l’ennemi à abattre, quel qu’en soit le prix et par tous les moyens, lui seraient fatales. Une des causes déterminantes de la tragédie de la Révolution d’Octobre est que l’un des deux facteurs qui devaient donner une dimension internationale au processus révolutionnaire entrepris en Russie était bancal.

Le premier facteur, objectif, – la nécessaire condition de la crise économique et/ou de la guerre impérialiste – était présent férocement et sans précédent et avait entraîné tous les pays d’Europe et au-delà. Les masses prolétariennes (dans certains pays de l’Europe de l’Ouest du moins) s’agitaient aussi, particulièrement en Allemagne, aux Pays-Bas et en Italie. Par contre, le deuxième facteur, la présence concrète de partis communistes expérimentés ne s’est pas manifestée à temps. Bien sûr, des partis communistes se sont formés mais ils avaient du retard sur le développement des événements. En retardant la rupture du cordon ombilical, qui les liait aux partis réformistes de la Deuxième Internationale, jusqu’au reflux de la lutte prolétarienne, les futurs partis révolutionnaires manquèrent leur rendez-vous avec l’histoire et par conséquent l’entreprise bolchevique se retrouva isolée et plongée dans une série de contradictions insolubles à la fois à l’intérieur de son cadre politique national, et à l’intérieur de ses forces productives et de ses rapports sociaux de production archaïques, en partie préindustriels et semi-féodaux. Le processus est long et douloureux pour faire d’un amalgame de millions de paysans analphabètes, des prolétaires alphabétisés, industrialisés, modernisés, formés et urbanisés.

Ainsi, l’échec de la Révolution d’Octobre, suite à l’échec des autres expériences révolutionnaires européennes, devint total dès la première décennie d’existence de l’URSS, et non pas trente années plus tard comme le soutiennent les réformistes et les révisionnistes de tout-acabit. Les événements qui eurent lieu par la suite, la brutale réaction politique, les purges sanglantes au sein même du Parti bolchevik, l’élimination physique de toute opposition de gauche, les attaques économiques contre le prolétariat qui avait accompli la révolution, furent les conséquences économiques et politiques de cette défaite internationaliste mais surtout de cette impossibilité matérielle, systémique de forger le socialisme à partir d’une société paysanne-rurale-agraire-semi-féodale-illettrée-arriérée. Trente années plus tard, la Chine maoïste refera la preuve que l’on ne peut édifier une société socialiste en se reposant sur un « Front uni » de bourgeois nationaux, de paysans pauvres et de prolétaires inféodés aux premiers et à partir d’une économie agraire et semi-féodale.

De cette défaite post-révolution, inéluctable, provient la construction d’un capitalisme monopoliste d’État dans un seul pays que le régime bolchévique, sous Staline, présenta comme du socialisme d’État, une illusion que les partis communistes de la Troisième Internationale propagèrent parmi les masses ouvrières du monde entier et dont il nous faut aujourd’hui nous extirper.

(1) Karl Marx (1859) Préface à la contribution de la critique de l’économie politique.

(2) Manifeste du Parti ouvrier (2014) :

http://www.publibook.com/librairie/livre.php?isbn=9782924312520

2 Messages de forum

  • MANIFESTE DU PARTI OUVRIER (8) 30 juillet 2014 16:29, par Dominique

    Il y aurait beaucoup à dire sur cet article. D’abord sur Lénine, c’est quand même lui et pas les Blancs qui a instauré son "économie de guerre" en Russie, ce qui a privé les soviets de tout pouvoir réel, pouvoir qui a été remis au parti qui ne l’a plus lâché. L’instauration de cet opportunisme de parti est donc une faute qui aura de lourdes conséquences, car c’est ce qui entre autre a permis à Staline, un pur produit de ce parti, de parvenir au pouvoir. Je place donc le début de la fin de la révolution d’Octobre à l’instauration de cette économie de guerre par Lénine.

    Les soviets furent donc privés du pouvoir, et la seule armée rouge fut armée. à Cuba, le gouvernement de Fidel Castro a armé l’ensemble de son peuple pour résister à la tentative d’invasion à la Baie des Cochons, ce qui lui a permis d’éviter invasion et guerre civile.

    Ensuite je pense qu’une autre grave erreur fut de ne s’attaquer qu’au problème social, alors que nous savons tous, cela a été pointé par Marx, que le capitalisme épuise les conditions naturelles qui le rendent possible (épuisement des ressources et des biotopes), erreur commune à l’URSS et à la Chine, et où même Cuba ne s’est mise à prendre en compte cette problématique que contrainte et forcée par l’effondrement de son commerce extérieur consécutif à la chute du Comecon.

    Cette erreur n’a pas que des influences sur l’économie car, comme Marx fut un des premiers à le montrer, toute l’ontologie de la société dépend de son rapport avec la nature, ce qui implique qu’il est illusoire de croire que s’attaquer au seul problème économique et social permettrait de changer autre chose que la forme du problème de notre société. Autrement dit, une société basée sur l’exploitation de la nature et de ses ressources ne peut que développer une société d’exploitation de l’homme par l’homme.

    Les éco-socialistes de la cinquième internationale l’ont très bien compris. Ils ont aussi très bien compris que les théories servent plus souvent à diviser les hommes qu’à les unir, et que pour obtenir la solidarité nécessaire à la lutte des classes, il est nécessaire de se mettre d’accord sur des buts pratique. La solidarité est du domaine de la pratique.

    Citadelles de Pierre Benoit est un livre très intéressant. Il décrit deux mondes que tout oppose, à commencer par leur façon de voir les choses, celui d’une armée de colonisation et celui des bédouins du désert. L’armée crée un camaraderie car elle en fait baver à des gens qui se retrouvent pour l’occasion et qui, en en bavant, tissent des liens d’amitié. C’est une camaraderie exécrable car l’autre n’y a pas sa place, l’hospitalité chère à tous les peuples du monde n’y a pas sa place. De plus, en cas de réelles difficultés, la camaraderie de l’armée se transforme en sauve-qui-peut, il n’y a pas de véritable solidarité, juste une camaraderie de circonstance. Au contraire chez les bédouins, c’est toute une vie en commun qui crée des liens bien plus puissants, qui crée une vrai camaraderie synonyme de solidarité, une camaraderie où l’autre à sa place, où l’hospitalité prend tout son sens, une camaraderie et une solidarité qui fait que ces gens sont capables de battre une armée.

    Une question que pose le remplacement des soviets par le parti est celui de la structure même du pouvoir. Le pouvoir des soviets implique un pouvoir qui vient d’en bas. Le pouvoir du parti, ou comme dans la démocratie bourgeoise le pouvoir des partis, implique un pouvoir qui vient d’un haut. Or nous savons tous que seul un pouvoir qui vient d’un bas permet de faire que ce sont celles et ceux qui sont concernés par les conséquences des décisions politiques qui les prennent.

    À cet égard, le système cubain est très intéressant. C’est un système mixte, où le pouvoir réel est détenu par les élus, où ce sont les citoyens dans des réunions de quartier et d’ouvriers qui nomment les candidats aux élections (et pas le parti), ces mêmes comités de quartier et d’ouvriers peuvent aussi limoger en tout temps tout élus qui ne donne pas satisfaction ou qui fait mal son travail, où il n’y a aucun avantage et que des responsabilités à être élus, et où la force du parti réside dans sa faculté de persuasion, dans sa faculté à à la fois être un guide et un exemple, et à susciter et organiser des débats de société.

    Ce que fait Maduro au Venezuela est aussi très intéressant : son gouvernement commence à se communaliser, c’est-à-dire que le pouvoir est transféré aux communes, ceci alors que la structure de pouvoir populaire dans ces communes commence à bien fonctionner. La droite doit commencer à comprendre qu’elle n’a plus d’avenir dans ce pays.

    C’est aussi sur que ces deux pays, Cuba et le Venez font ce qu’ils peuvent dans les rames d’un système mondial où c’est le capitalisme qui est globalisé, et qu’ils aimeraient bien que d’autres pays leur emboîtent le pas et deviennent aussi révolutionnaires.

    Sur la guerre nucléaire, il n’y a pas que les exemples des deux bombes atomiques lâchées sur le Japon. Il y a surtout le fait que des gros capitalistes comme les Bush, lesquels ne jettent pas l’argent par la fenêtre mais investissent sur l’avenir, se sont fait construire des bunkers privés où ils peuvent vivre en totale autarcie pendant 200 ou 300 ans, pouvant espérer ainsi laisser passer un hiver nucléaire. Si des gens comme ceux-là se sont fait construire de tels bunkers c’est qu’ils ont bien l’intention de les utiliser, et les survivalistes sont des rigolos en comparaison.

    De plus, une guerre nucléaire ne se fait pas du jour au lendemain, cela se prépare. Cette préparation a commencé avec la mise en chantier du bouclier antimissile qui encercle de plus en plus la Russie, le but n’étant pas de protéger l’Europe, laquelle se trouvera aux premières loges, mais de minimiser les destructions sur les USA et faire que les occupants des bunkers privés des néocons US pourront espérer trouver des conditions viables après 200 ou 300 ans.

    Quand au but réel et au mobile, il ne s’agit pas de détruire la Russie, mais de liquider la majorité de la population mondiale, ceci afin d’assurer aux survivants une période d’accès aux ressources naturelles non renouvelables, lesquelles sont actuellement toutes en voie d’épuisement rapide, qui soit prolongée. Bref, ils se prennent pour les élus, et comme dans la bible de l’apocalypse, il n’y en aura pas beaucoup.

    Enfin, dans le capitalisme le futur de l’humanité est de toute façon très noir. La population mondiale a augmenté, avec la révolution industrielle, de la même façon que l’utilisation de l’énergie fossile : de manière exponentielle. En observant ces deux courbes de façon attentives, Mikael C. Ruppert a montré dans ses livres que cela va même plus loin et que ces deux courbes sont parallèles même dans leurs soubresauts comme le premier choc pétrolier. Et aujourd’hui plutôt que de rationner le pétrole restant entre les différents pays du monde pour que chacun puisse préparer à sa guise l’après pétrole, la clique de criminels de guerre de l’Otan emmenée par les USA est prête à tout et surtout au pire pour contrôler le pétrole restant. Pas besoin d’être devin pour comprendre dans de telles conditions ce qui va se passer quand la phase de plateau du pic pétrolier sera dépassée, ce qui est pour tout bientôt. Cuba est déjà passé par là et nous montre l’exemple, mais cet exemple est insupportable pour les capitalistes, car il passe par l’abandon du capitalisme.

  • MANIFESTE DU PARTI OUVRIER (8) 30 juillet 2014 17:24, par Lucide

    C’est quand même incroyable que ce Bibeau qui est présenté comme un Stalinien par certains (notamment dans un commentaire ancien sur ce site) utilise une phrase typiquement trotskyste : "L’expérience bolchevik a fait faillite bien avant 1989 et l’effondrement du social impérialisme russe. Le Parti Bolchevik dirigé par Staline a présenté la construction du capitalisme monopoliste d’État comme étant la construction du socialisme en URSS, ce qui a ouvert une époque de confusion idéologique et politique sans précédent pour des millions de prolétaires à travers le monde. La conséquence tragique de cette confusion fut la plus importante défaite idéologique qui n’ait jamais marqué le mouvement ouvrier. Presqu’un siècle après cette révolution il est temps de mettre fin à cette confusion. La gauche communiste et les communistes révolutionnaires, ont l’obligation de tirer des leçons à partir des nombreux enseignements de cette expérience ouvrière."

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