VIVE LA RÉVOLUTION

Yes we can !

jeudi 4 décembre 2014, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 4 décembre 2014).

Après les acquittements de policiers tueurs de noirs aux USA, je tenais à publier un article sur Obama écrit en janvier 2009 :

Non, il ne va pas changer le monde !

Yes we can ! Yes we can ! Yes we can ! Ouais et alors !

Je dois être le seul homme de couleur sur cette terre à ne pas être obamaniaque. Je m’explique. Comme tout le monde, il y a deux ans, j’ai découvert, enthousiasmé, Barack OBAMA, un jeune sénateur américain qui prétendait être le futur candidat démocrate à la maison blanche. Plus les mois passés et plus j’étais excité à l’idée de voir « un frère de couleur » arriver au plus haut sommet de l’Etat américain. Un noir… Pardon, un métis président des Etats-Unis d’Amérique. Ça le fait ! Enfin le peuple noir aura sa revanche sur l’histoire. Enfin, tous les pauvres, les sans-grades, les moins-que-rien auront leur revanche sur la société aseptisée qui les exclue. Car, Barack OBAMA représente l’espoir. Il représente, et il représentait déjà à l’époque, pour tous les défavorisés, l’espoir d’une société plus juste et plus égalitaire.

Quand les primaires démocrates ont débuté et qu’il a commencé à gagner des Etats : j’étais aux anges ! Il est vrai que certains jours, Hillary CLINTON remportait quelques victoires, mais dans l’ensemble Barack arrivait à s’imposer. Et puis, après un sprint final qui a tenu tous les spectateurs en haleine, c’est arrivé ! Le 27 Août 2008, Barack devenait le premier « afro-américain » à briguer le poste de Président des Etats-Unis. Je vivais un rêve éveillé. Et puis trois mois après, le 4 novembre, il écrasait John McCAIN et devenait le premier « afro-américain » à accéder à la Maison Blanche. La planète était en fête. Tout le monde dansait, criait et chantait à la gloire de Barack. Même en France, dans mon pays, où les gens me méprisaient à cause de la couleur de ma peau ; eh bien, ces mêmes personnes sautaient de joie à l’annonce de la victoire de « l’afro-américain ». Quelque chose n’allait pas et je devenais de plus en plus perplexe face à ce qu’avait été ma ferveur et celle de mes concitoyens.

Je me suis interrogé longuement. J’ai essayé de trouver du sens, là où je ne trouvais que du non-sens. Et puis, en regardant plus attentivement, j’ai compris. Je me suis rendu compte que des indices apparaissaient au fur et à mesure de ma prise de distance sur l’évènement. J’ai compris que le « changement », la transformation radicale du monde annoncés, depuis des mois, par le sénateur de l’Illinois n’arriveraient pas. Les preuves sont accablantes.

Il y a d’abord, Robert GATES, secrétaire à la défense de Georges W. BUSH qui devient secrétaire à la défense de Barack OBAMA. Ce genre de nomination laisse présager un spectaculaire revirement stratégique dans la perception et la gestion des conflits au Moyen-Orient !!!

Il y a ensuite, Hillary Clinton, l’ancienne first lady, qui devient chef de la diplomatie. Son poste est l’équivalent français du ministère des affaires étrangères, un poste très prestigieux et très influent. Quels changements Hillary Clinton peut-elle apporter à la politique américaine ? Il est important de se rappeler, quand on se pose ce genre de question, que la sénatrice de l’Etat de New York est une femme très impliquée dans la vie politique américaine depuis 1992. Il est important de se souvenir qu’elle a également soutenu les guerres d’Irak et d’Afghanistan. Et, il est primordial de savoir qu’elle risque de nombreux conflits d’intérêts entre ses nouvelles prérogatives et les dizaines de millions de dollars de contribution que certains Etats pétroliers ont donnés à la fondation de son mari, Bill CLINTON.

Et, il y a moi, simple citoyen français, emporté par l’enthousiasme médiatique et incapable d’avoir le moindre recul sur le programme politique du candidat démocrate. Il est noir, je suis noir, et alors ! Que proposait-il réellement ? Quelles sont ses idées ?

Il est partisan de la peine de mort. Il est favorable au port d’armes à feu. Il souhaite renforcer les contrôles migratoires à la frontière mexicaine. Il préconise une baisse massive des impôts pour lutter contre la crise. Il apporte son soutien inconditionnel à Israël dans le conflit qui l’oppose au peuple palestinien. Et, il n’a toujours pas communiqué sur ses intentions au sujet des guerres dans lesquelles son pays est engagé.

Quel changement !

Ainsi, c’est lors de cette prise de conscience salvatrice, où j’ai compris que j’avais été manipulé. Comme à la plupart des gens, on m’a vendu Barack OBAMA. Les médias, les leaders d’opinion, les hommes d’affaires et les hommes politiques de tout bord ont contribué à vendre le produit Barack OBAMA. La liste n’est pas exhaustive, mais voici un petit évantail de ses puissants soutiens : The Washington Post, The New Yorker, The financial Times, The Boston Globe, Los Angeles Times, The Chicago Tribune, The San Francisco Chronicle, Oprah WINFREY, Georges CLOONEY, Will SMITH, Michael MOORE, Warren BUFFET, Eric SCHMIDT, la famille Kennedy, John KERRY, Colin POWEL… Et, étant donné que ces personnalités reconnues et appréciées par une multitude de personnes aux Etats-Unis, mais également dans le monde entier, l’aime alors, moi simple quidam, je dois l’aimer aussi. En effet, rarement un homme politique aura réussi à fédérer autant un pays. Rarement un homme politique aura autant fait l’unanimité. Le système financier est en crise, l’Afrique meurt, la planète est à feu et à sang, la solution : l’élection d’un « Président noir ». Quelle supercherie ! Alors, je pose la question. Sommes-nous assez naïfs pour croire que l’élection d’une personne de couleur à la tête de la première puissance mondiale changera quelque chose à la politique étrangère des USA ? Je vais sans doute en décevoir certains, mais la couleur de peau d’un homme ne joue aucun rôle dans le pragmatisme politique. Effectivement, une couleur de peau n’a jamais et ne sauvera jamais le monde. Il n’y a que les « bonnes » idées des hommes, voire des hommes politiques, et leurs mises en œuvre concrètes sur le terrain qui peuvent aider les personnes qui sont confrontées à la difficulté.

Il est clair que l’élection de Barack OBAMA est un symbole fort pour les personnes de couleur et les individus qui se sont battus pour l’obtention des droits civiques aux Etats-Unis.

Mais, nous ne devons jamais perdre de vue que Barack OBAMA est le Président des Etats-Unis et, qu’il soit noir ou pas, son rôle principal est de protéger les intérêts américains dans le monde ; intérêts qui sont rarement compatibles avec le droit international, la justice, la paix, le dialogue et la pondération. Barack OBAMA est un symbole idéalisé qui va forcément rencontrer, à un moment donné, le mur médiatique que ses conseillers en relations publiques ont façonné pour lui.

Désormais, je comprends mieux pourquoi les individus qui méprisent habituellement « les noirs », chantaient et dansaient au moment du résultat du suffrage américain.

FLEG.

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