VIVE LA RÉVOLUTION
Accueil du site > Comment publier un article > La liberté d’expression n’est pas morte.

La liberté d’expression n’est pas morte.

mercredi 7 janvier 2015, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 7 janvier 2015).

Les moments de crise ont tendance à faire tenir des propos extrêmes, et à mythifier les victimes. Ce qui m’a conduit à tenter de faire preuve de mesure. Si je suis extrêmement heureux que l’amalgame entre l’Islam et le terrorisme n’ait, à ma connaissance, fait par personne, quelque chose me chagrine.

Penser que la liberté d’expression permet de dire absolument tout, c’est renier un de nos principes de l’après-Seconde Guerre mondiale : les discours de haine sont interdits. Si effectivement, je suis un défenseur de la liberté d’expression, y compris par le rire, et que j’avoue avoir moi-même ri des caricatures de Charb, Cabu, Wolinski et Tignous, cet événement m’a incité à la méfiance.

Car si notre France a séparé les Églises et l’État en 1905, tous les pays ne sont pas aussi séculaires que nous, tout Français n’est pas athée, et tout homme tient à quelque chose plus que tout.

Où la liberté d’expression doit s’arrêter ? « La liberté des uns commencent là où finit celle des autres. », tout le monde s’entend pour louer John Stuart Mil.

Si nous tenons à faire rayonner notre modèle libertaire, est-ce bien avisé de se moquer de ceux qui n’en disposent pas encore ? Combien de révolutions, d’exactions, d’exécutions et autres horreurs ont été nécessaire pour que notre idéal égalitaire triomphe enfin ? Doit-on rappeler Robespierre multipliant les décapitations au nom des Lumières ? Et avons-nous été à l’abri du pire retour en arrière qui soit ? Et même maintenant, notre pays est-il si parfait que tout remise en cause de son système doit forcément être une remise en cause de la liberté d’expression ? Ce n’est pas elle qui a été tuée, c’est 12 hommes, c’est bien assez.

La liberté d’expression doit permettre à chacun d’exercer son esprit critique, elle n’est pas faite pour se moquer ouvertement de ceux qui ne la comprennent pas. N’est-il pas logique que ceux qui ne possèdent pas grand chose soient susceptibles de leur manque ? Vous moqueriez-vous des parents d’un orphelin ? Quand bien mêmes seraient-ils les pires ordures qui soient, vous ne le feriez pas. La liberté d’expression doit permettre de diffuser un modèle, pas un anti-modèle. C’est la même problématique qui vaut pour l’utilisation de la torture par les États-Unis, peut-on combattre un modèle jugé inférieur en utilisant les armes qui nous révoltent le plus ? La liberté d’expression me permettrait-elle de me moquer de Charlie Hebdo ?

Notre point de vue occidental, ethnocentriste et égoïste peine à comprendre ce que représentent pour certains ces "simples dessins", mais nous mêmes sommes indignés pour l’attaque d’un de nos symboles, qui n’est après tout qu’un "simple concept".

Je n’excuse pas les tueurs, loin de là, je ne blâme pas les dessinateurs de Charlie Hebdo, et je ne demande pas non plus que l’on ne soit plus critique, je ne réclame qu’un peu plus de subtilité.

3 Messages de forum

  • Comme par hasard, Bernard Marie auteur des "Les économistes au dessus de tout soupçons" faisait partie des victimes.
    Il est parmi mes rares qui présentaient "l’économie" comme une conception fausse du monde, une religion qui promet le paradis sur terre et la punition également.
    l’un des pires dangers pour le système établi a été lâchement assassiné, à qui profite le crime ?

  • [ETHNOCENTRISME] La liberté d’expression n’est pas morte. 8 janvier 2015 18:25, par Les Pacifistes de Tunis

    OUI, VOUS AVEZ TOUT COMPRIS. TOUT LE PROBLEME EST LA QUESTION DE L’ETHNOCENTRISME.

    >>>>>>>>>>>>
    Gilles Munier est bien rôdé à la méthode scientifique contrairement à beaucoup d’autres. Immédiatement après les événements d’hier, ce qu’il a fait, c’est publier un article replaçant les faits dans son contexte (déroulement) historique : "comment tout a commencé" (1).

    Puis dans son petit article d’aujourd’hui, il cite l’expert Bernard Cornut pour qui "l’impunité [des puissances impérialistes contemporaines] est la "cause de violences désespérées" (2).

    Une telle démarche pédagogique mettant en relief L’EFFET ET SA CAUSE est toujours nécessaire. Cependant, il manque, pour compléter la méthode, l’observation DEPUIS UN AUTRE POINT DE VUE que celui systématique, des Européens (biais orientaliste, ethnocentrique, européocentrique…). Or, dans ce type d’affaire (course à la domination du "Grand" (sic) Moyen-Orient et épiphénomènes que sont l’immigration, par exemple), les analyses oublient toujours de donner le point de vue sur les événements vus depuis ce fameux "Grand" "Moyen-Orient".

    Si on vous dit qu’hier fut une journée ordinaire à Tunis, vous nous direz que les Tunisiens sont ignobles. Si, on vous dit encore que nous-mêmes avons participé à une manifestation, non pas pour dénoncer le massacre parisien (même si nous n’étions pas encore au courant) mais d’autres en Syrie, vous nous trouverez irréductiblement odieux.

    Or, ce fut aussi le cas de nombreux autres peuples dans le monde entier.
    Car s’il y a une chose à retenir de ce micro "11 septembre" parisien, c’est que :

    1) La France n’est pas le centre du monde. Hier, la chaîne de télévision Russia Today rapportait que des massacres ont eu lieu en Ukraine, en Syrie, en Irak, en Libye, et dans d’autres pays du monde.

    2) Des événements quasi semblables impliquant des journalistes (donc des collègues de ceux qui ont été assassinés à Paris) se sont produits et continuent à se produire de manière banalisée dans plusieurs pays du monde. Par exemple, sur les routes de Libye et de Syrie, il est courant que des d’assaillants de même trempe "idéologique" procèdent à des liquidations sommaires de journalistes sur simple contrôle d’identité (" ’al-hawiya"). Depuis 4 ans, ces individus sont soutenus par la France, les USA et autres pays atlantistes au nom du "printemps arabe" et pour en finir avec des "régimes dictatoriaux".

    Nous doutons que les gens qui manifestaient hier Place de la République à Paris s’étaient également déplacé quand les locaux de la Télévision Syrienne, il y a plus d’un an, ont été attaqués à l’explosif par le même type d’assaillants (soutenus par la France, les USA et autres pays atlantistes).

    Nous doutons encore que es manifestants avaient ils réagi de la même manière quand l’immeuble de la Télévision Libyenne (Jamahiriya) fut la cible d’un des milliers de missiles de l’OTAN largués sur le pays à l’initiative de Messieurs Sarkozy, Juppé et avec la garantie "philosophique" de Mr Bernard Lévy et la caution morale "sociologique" de journalistes comme Ignacio Ramonet de l’Immonde Diplomatique.

    Alors, quant à pleurer (et il y a de bonnes raison de le faire et pour longtemps) dans une telle ambiance mondialisée, autant pleurer pour de bon et pour tout le monde : pas seulement pour les Français que nous aimons ni moins ni plus que les autres peuples.

    Les Musulmans (non pas les agents grotesques qui ont commis l’attentat d’hier) disent que la mort d’un être humain équivaut à celle de l’Humanité entière.

    (1) Gilles Munier. Récapitulation historique. 7 janvier 2015.
    http://www.france-irak-actualite.co…

    (2) Gilles Munier. Parole à Bernard Cornut sur l’attentat du 7 janvier 2015.
    http://www.france-irak-actualite.co…

    Par Les Pacifistes de Tunis (écrits sur le vif et dans la douleur)

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0