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Charlie Hebdo - Le bluff terroriste ne prend pas, le pouvoir a loupé son coup !

vendredi 16 janvier 2015, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 16 janvier 2015).

Dans les écoles, où l’on n’est pas du tout Charlie

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/b2f36380-9cf2-11e4-aa73-0eb920ec942b

Joëlle Meskens TRAPPES (Yvelines)

A Trappes, même les collégiens évoquent la théorie du complot et la liberté d’expression à deux vitesses.

Les élèves des banlieues se crispent. De nombreux incidents ont été recensés lors de l’hommage aux victimes et la théorie du complot fait rage. La réponse aux attentats ne pourra pas être que sécuritaire

« Vous ne trouvez pas ça bizarre, vous, tout ce qui s’est passé ? » A peine sortie du lycée pour la pause de midi, Amina, 16 ans, recoiffe le voile qu’elle avait dû ôter pour suivre les cours dans l’enceinte scolaire. Abritée sous un arbre avec deux copines alors que le vent souffle en tempête jeudi sur cette cité de banlieue, l’adolescente est aussi volubile que la pluie tombe à verse. « La théorie du complot ? Evidemment, on ne parle que de ça dans l’école ! » dit-elle. « Mais on évite de le faire devant les profs, des fois qu’ils feraient une fiche de renseignements sur nous. »

Lorsqu’on les interroge sur les faits qui leur paraissent troublants, les trois jeunes filles sont intarissables. « Il y a d’abord le flic à terre. On dit que les frères Kouachi l’ont achevé. Mais on ne voit pas de flaque de sang. Quand on tire à la kalachnikov, normalement, ça fait des dégâts », assure l’une. « Et puis, ces vidéos pendant la fusillade… Quand on a peur, est-ce qu’on prend vraiment son téléphone pour filmer ? » interroge-t-elle. L’autre embraye. « La carte d’identité de l’un des frères Kouachi laissée dans la voiture abandonnée, c’est énorme, non ? » La troisième renchérit. « On dit qu’Amedy Coulibaly a appelé lui-même BFMTV alors qu’il se trouvait dans la supérette casher. Mais s’il était en train de mener une prise d’otages et qu’il avait une armée de flics devant lui, est-ce qu’il aurait eu le temps et la tête à faire ça ? »

Toutes ces choses qui leur paraissent troublantes, elles les ont vues sur Internet. « Y a des tas de vidéos qui circulent. » Ou alors elles en ont entendu parler. Mais lorsqu’on prolonge la conversation et qu’on leur demande qui aurait bien pu orchestrer ce complot et dans quel but, le silence retombe. « J’en sais rien », soupire l’une. « Au final, ça doit être fait pour nous retomber dessus, à nous, les musulmans. » L’une d’elles dit que ses parents l’empêchent désormais de sortir. L’autre, qu’ils lui recommandent de ne plus porter le voile, « on n’est jamais trop prudent ».

Dans cette ville de banlieue à une trentaine de kilomètres à l’ouest de Paris, la très grande majorité des élèves sont musulmans. Et si Trappes est célèbre pour être la ville d’origine de Djamel Debbouze, d’Omar Sy ou de Nicolas Anelka, elle a aussi fait parler d’elle en été 2013. Un contrôle de police avait tourné à l’émeute lorsqu’une femme avait refusé de retirer son voile intégral. Depuis, le vivre-ensemble reste fragile.

Dans un lycée technique de la ville, où le panneau « Alerte attentat-plan vigipirate » côtoie l’affiche obligatoire qui rappelle les grands principes de la laïcité, le proviseur accepte d’abord de nous recevoir. Puis se ravise, n’ayant pas l’autorisation du rectorat. Sujet trop sensible. Sous couvert d’anonymat, il devient cependant disert. « La minute de silence, jeudi, s’est bien passée. Il n’y a qu’un élève qui n’a pas voulu s’y prêter. L’un ou l’autre prof a choisi d’aborder librement les événements avec les élèves. » Mais pas question pour ce chef d’établissement d’envisager une journée collective de sensibilisation à la laïcité dans tout le lycée. « Ce serait prendre le risque de soulever le couvercle », poursuit-il, mal à l’aise.

Des incidents, il ne faut pas aller loin pour en entendre rapporter. A quelques kilomètres de là, « Le Village » n’est pas un lycée mais un collège. Les enfants y ont moins de 15 ans. « Deux élèves se sont fait exclure pour apologie du terrorisme, explique Rudy, éducateur. Ils refusaient de respecter la minute de silence et applaudissaient ce qu’avaient fait les frères Kouachi et Amedy Coulibaly. Les parents ont été convoqués. Si d’autres incidents se produisent, les élèves seront renvoyés pour de bon. »

Devant un groupe de copains, Méli, 13 ans, ne se fait pourtant pas prier pour dire que dans ce collège elle a, elle aussi, refusé de respecter la minute de silence jeudi dernier en hommage aux victimes. « Ça m’a valu des ennuis, dit-elle. On dit victimes, mais dans cette affaire, qui sont vraiment les victimes ? Les gens de Charlie Hebdo ont fait exprès de provoquer sans cesse les musulmans en publiant des caricatures de Mahomet alors qu’ils savaient très bien que cela choquait. » Méli ajoute qu’elle n’applaudit pas pour les morts. « Mais enfin, il faut reconnaître qu’ils l’ont bien cherché. »

Alors que la veille, Dieudonné a été renvoyé en correctionnelle pour un message posté sur Facebook (« Je me sens Charlie Coulibaly », avait écrit le polémiste), les collégiens évoquent presque tous « une liberté d’expression à deux vitesses ». « Dimanche, il y a des millions de gens qui sont descendus dans la rue pour défendre la liberté d’expression. Et pas plus tard que le lendemain, on arrête Dieudonné parce qu’il dit quelque chose qui ne plaît pas ! La loi, elle doit être la même pour tout le monde », s’agace Suleiman. Souad s’interpose. Elle, elle est Charlie. Elle a manifesté dimanche. Et fait la différence. « La liberté d’expression s’arrête là où commencent l’apologie du terrorisme et la haine raciale », explique-t-elle aux autres, sceptiques. Une vraie plaidoirie du haut de ses 13 ans. « Mes parents m’ont appris à observer les choses avec discernement », explique Souad. « L’éducation, c’est super-important. »

En France, où la laïcité est gravée dans le marbre, la religion n’a pas sa place à l’école. « On évoque juste l’histoire des religions dans le programme de cinquième [12 ans]. Mais pour le reste, s’il y a des cours consacrés à l’éducation civique, c’est surtout pour évoquer d’autres sujets de société comme la drogue, la sexualité ou la sécurité routière », poursuit le proviseur du lycée technique. N’en faudrait-il pas davantage ? Au grand rassemblement parisien, dimanche, une prof de Créteil, autre banlieue parisienne, confiait déjà son sentiment. « Ces réactions hostiles, elles ne doivent surprendre personne. Cela avait déjà commencé en 2012, lors de l’affaire Mérah. »

Les ministres de l’Intérieur et de la Justice avaient été associés au plus près à la gestion de la crise la semaine dernière. C’est désormais le tour de l’Education. « Il faut un sursaut », martèle la ministre Najat Vallaud-Belkacem, consciente que la réponse aux attentats ne tient pas qu’au renforcement de la sécurité ou au redéploiement des forces armées dans le monde. Elle souhaite aller plus loin dans la mobilisation sur les valeurs républicaines.

Au-delà de la belle unanimité des Charlie, dimanche, une autre France ne s’est pas reconnue dans ces cortèges. L’union n’a pas fini de masquer les fractures. Des écoles pourraient encore sortir d’autres Kouachi et d’autres Coulibaly.

Remarque de do

« Mais lorsqu’on prolonge la conversation et qu’on leur demande qui aurait bien pu orchestrer ce complot et dans quel but, le silence retombe. "J’en sais rien", soupire l’une. »

Moi je sais :

http://mai68.org/spip/spip.php?article8342

Et Ben Laden aussi le sait :

http://mai68.org/spip/spip.php?article8377

(Courte vidéo très rigolote)

Et Jean Yanne aussi le sait :

http://mai68.org/spip/spip.php?article577

(Autre vidéo encore plus courte, mais tout aussi rigolote)

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