VIVE LA RÉVOLUTION
Accueil du site > Comment publier un article > EVALUATION DES RISQUES PROFESSIONNEL DANS LES MENUISERIES DE LA VILLE DE (...)

EVALUATION DES RISQUES PROFESSIONNEL DANS LES MENUISERIES DE LA VILLE DE BERTOUA

dimanche 8 mars 2015, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 8 mars 2015).

Abstract

Woodworks are enterprises where workers use to handle practices placing at risk their health and safety at work. In several countries, studies that have been made on this topics have shown the part of this sector of activities in the unexpected arrival of employee injury and illness, sick leave, disabilities and death.

Objective : To evaluate professional risks that are currents in Bertoua woodworks.

Methods : We used a transversal study, with a probabilistic bunch sample in 15 woodworks and with 65 workers. Characteristics evaluated were dangerous situations in workplace exposing workers to professional risks. Results : After analysis, 29.03% (n=19) are permanently in a direct with sharping parts of used tools ; 98.46% (n=64) use machine having elements with high speed rotation ; 73.38% (n=48) receive wood rejections from machine. 96.92 % (n=63) feel much vibrations on their hands while using machine. 53.83 % (n=35) never use machine to carry house hold goods or heavy load they use. 70.77 % (n=46) make repetitive gestures. 64.61 % (n=42) in environment with holes and slope on the ground. 96.92% (n=63) do their tasks in an environment full of wood dust, and only 18.46 % (n=12) were wearing their masks, 16.92 % (n=11) their glasses, 13.85 % (n=9) their helmet, and 44.61 % (n=29) their overall. 92.31 % (n=60) were working with machines producing too much noises and they could not talk with somebody less than one meter without screaming. 36.92 % (n=24), and 38.47 % (n=25) used to use too frequently glue and varnish, and while using, they didn’t use to wear masks and glasses. 86.15 % (n=56) worked regularly in co-activity with other workers coming from other enterprises in their workplace ; 81.54 % (n= 53) was feeling a work overload.

Conclusion : Main results have shown a lack of respect of health and safety norms. To improve that situation, the involvement of Regional Work and Social Security Delegation is required in the application of legal text that rule health and safety in woodworks and in the culture of prevention that is indispensible.

Key words : wood, machine, cut, woodwork, dust, Cameroon

1. Introduction

Selon l’OIT (2009), « ce sont environ 2,3 millions de personnes qui meurent chaque année dans le monde du travail : environ 360 000 meurent d’accidents à proprement parler ; environ 1,95 million meurent de Maladies Professionnelles incurables » [1]. Les activités de menuiseries exposent les travailleurs à divers contraintes tels les poussières de bois, les vibrations des outils portatifs, le travail en hauteur, les contraintes visuelles, le bruit, la manutention, les gestes répétitifs et les contraintes posturales, l’usage des produits chimiques, l’exposition à des agents biologiques et enfin des contraintes liés à des défaillances dans l’organisation efficace du travail (horaires, charge de travail, pression psychologique)[1].

Dans le secteur des menuiseries on déplore 1 accident par an pour 10 salariés. Parmi les victimes, une sur 100 subit des séquelles permanentes. De plus, les poussières de bois sont aujourd’hui la 2e cause de cancers liés au travail [2]. Chaque entreprise a la charge et le devoir d’assurer la sécurité, la santé et les bonnes conditions de travail de ces travailleurs. Cela passe par la pratique des mesures efficaces de prévention des risques professionnels.

Cependant, ce qui n’est pas toujours connu c’est la prévalence de ces risques dans différents contextes (géographiques, économiques, démographiques). Les sinistres professionnels peuvent être des accidents du travail, de trajet, ou des maladies professionnelles [….]. Ceux-ci donneront lieu à un arrêt de travail et à une incapacité permanente[2]. Chaque contexte influencera la réactivité et la promptitude dans la mise en place de ces mesures de prévention.

Nous nous sommes proposé de mener une étude sur l’évaluation des risques professionnels dans ce secteur d’activités. Les résultats de cette étude contribueront à combler une lacune dans les connaissances sur les risques auxquels ces travailleurs sont exposés dans les menuiseries de la ville de Bertoua.

2. Sujets et méthodologie

Une étude descriptive transversale et analytique a été réalisée pendant 08 mois (Février à Septembre 2014) dans 15 menuiseries de Bertoua, Chef lieu de Région de l’Est Cameroun.

Sur la base de la liste des menuiseries ayant déclaré leurs travailleurs au Centre de Prévoyance Social de Bertoua, la ville comprend 43 menuiseries. Nous avons recensé celles réalisant la majorité des activités d’une menuiserie, pour un ensemble de 18. Par méthode d’échantillonnage probabiliste en grappes, nous avons sélectionné au hasard 15 menuiseries. Nous avions rédigé une demande d’enquête adressée au Préfet de la localité et après accord, nous étions allés à la rencontre des travailleurs des dites menuiseries. Nous avions parcouru les différentes menuiseries et nous avions observé certaines situations concrètes du travail. A celles-ci nous nous étions inspirés de la revue de littérature et avions conçu un questionnaire permettant d’évaluer les différents risques professionnels prévalents.

Après l’obtention d’un consentement éclairé, les travailleurs avaient répondu à un questionnaire comprenant les items suivants :

  • Les données socio-professionnelles (âge, sexe, curriculum laboris)
  • Les données sur les différents risques professionnels.

Les questionnaires étaient remis aux différents travailleurs qui disposaient de 03 jours pour les remplir. Lors du retrait, tous ceux qui avaient des points d’ombre étaient éclairés en vue d’une compétude du questionnaire. Les réponses collectées ont été saisies et traitées par les logiciels Microsoft Excel 2007 et Epi Info, version 3.4.3.

3. Résultats

3.1. Population de l’étude

Au total, 65 travailleurs étaient inclus dans cette étude. La répartition selon le sexe était de 65 hommes (100%) et de 0 femmes (0%) soit un sexe ratio inexistant (Tableau 1).

La tranche d’âge majoritaire était [27-36 ans] soit 63,08%. L’ancienneté moyenne dans la menuiserie était de 63,52 ± 04 mois.

3.2. Répartition selon l’évaluation des risques mécaniques

Selon 64,61 % (n=42) il existait des trous et dénivellations sur le sol ; selon 27,70 % (n=18) ils n’existaient pas. 99,46 % (n=64) des menuisiers utilisaient des éléments rotatifs à vitesse élevé. 53,85 % (n=35) utilisaient parfois des bois avec irrégularités ; 23,08 % (n=15) les utilisaient très souvent. 3,38 % (n = 48) avaient des rejets du bois vers eux. 96,92 % (n=63) ressentaient des vibrations aux mains ; 1,54 % (n=1) ne les ressentaient pas. 93,85 % (n=61) des menuisiers déclaraient qu’il existait des zones restreintes. Selon 55,38 % du Oui (n=34), ces zones étaient signalisées ; et selon 21,54 % (n=24) ces zones ne l’étaient pas. 53,85 % (n=35) n’utilisaient jamais d’appareils de levage pour le transport ; 23,08 % (n=15) les utilisaient souvent. 70,77 % (n=46) avaient des gestes répétitifs ; 27,70 % (n=18) ne les avaient pas. 52,31 % (n=34) avaient leur atelier encombré ; 40 % (n=26) ne l’avait pas. 31,25 % (n=20) utilisaient parfois des outils tranchants ; 23 % (n=15) ne les utilisaient jamais.

3.3. Répartition selon l’évaluation des risques physiques

Selon 92,21 % (n=60) l’entretien du matériel était effectif. 70,77 % (n=35) utilisaient parfois des masques en ambiance de poussières ; 18,46 % (n=11) les utilisaient toujours et 16,92 % (n=11) ne les utilisaient jamais. 50,77 % (n=33) utilisaient parfois des lunettes en ambiance de poussières ; 21,54 % (n=14) ne les utilisaient jamais et 16,92 % (n=11) les utilisaient toujours. 47,69 % (n=35) n’utilisaient jamais de masques en ambiance de poussières ; 33,85 % (n=22) les utilisaient parfois. 92,31 % (n=60) travaillaient dans un environnement bruyant. 53,85 % (n=35) ne pouvaient pas communiquer à moins d’un mètre sans crier ; 44,61 % (n=29) le pouvait. 58,46 % (n=38) utilisaient des produits inflammables ; 40 % (n=26) ne les utilisaient pas. Selon 78,46 % (n=51), une vérification régulière des installations électrique était réalisée ; Selon 20 % (n=13) elle ne l’était pas. 96,92 % (n=63) travaillaient dans une ambiance de poussière.

3.4 Répartition selon l’évaluation des risques chimiques

44,61 % (n=29) portaient toujours les blouses ; 16,92% (n=11) les utilisaient parfois ; 13,85 % (n=09) ne les utilisaient jamais. 38,47 % (n=25) utilisaient toujours le vernis ; 30,77 % (n=20) l’utilisait très souvent ; 20 % (n=13) ne l’utilisait jamais. 49,23 % (n=32) utilisaient parfois la peinture ; 26,15 % (n=17) ne l’utilisait jamais ; 15,41 % (n=10) l’utilisait très souvent. 47,69 % (n=31) utilisaient parfois la teinte ; 27,69 % (n=18) ne l’utilisait jamais. 49,23 % (n=32) utilisaient parfois les produits d nettoyage ; 16,92 % (n=11) ne les utilisaient jamais ; 15,38 % (n=10) les utilisaient toujours. 36,92 % (n=24) utilisaient parfois des masques ; 27,69 % (n=18) ne les utilisaient jamais ; 23,09 % (n=15) les utilisaient toujours. 44,61 % (n=29) utilisaient parfois les lunettes ; 21,54 % (n=14) ne les utilisaient jamais, et 15,38 % (n=10)les utilisaient toujours. 36,929 % (n=24) utilisaient toujours la colle ; 29,24 % (n=19) l’utilisait très souvent ; 21,54 % (n=14) ne l’utilisait jamais.

3.5 Répartition selon l’évaluation des risques psycho-sociaux

46,15 % (n=30) n’avaient jamais des tâches au-dessus de leurs capacités ; 43,08 % (n=28), l’avaient parfois. Selon 41,54 % (n=27) un apprenti est toujours formé au préalable a l’utilisation des machines ; selon 23,08 % (n=15), elle se fait parfois ; selon 21,54 % (n=14) elle ne se fait jamais. Selon 76,92 % (n=50) la durée de formation va à plus d’un mois ; selon 12,30 % elle varie d’une semaine à un mois. 49,23 % (n=32) n’avaient pas reçue de formation e premiers secours ; 46,15 % (n=30) l’avaient reçue. Selon 64,61 % (n=42), les usagers étaient parfois agressifs ; selon 18,46 % (n=12), ils l’étaient très souvent ; selon 12,31 % (n=08) ils ne l’étaient jamais. Selon 60 % (n=39) les usagers étaient parfois menaçants ; selon 15,38 % (n=10), ils l’étaient très souvent ; selon 13,85 % (n=09) ils ne l’étaient jamais. Selon 63,08 % (n=41) les usagers étaient parfois méprisants ; selon 16,92 % (n=11), ils l’étaient très souvent ; selon 15,38 % (n=10) ils ne l’étaient jamais. 64,61 % (n=42) subissaient parfois une absence de reconnaissance du travail effectué ; 13,85 % (n=09), le subissaient très souvent. 81,54 % (n=53) ressentaient une surcharge de travail ; 16,92 % (n=11) ne la ressentaient pas. Selon 86,15 % (n=56) il existe une coactivité dans les menuiseries ; selon 10,77 % (n=7) il n’en existe pas.

4. Discussion

Nous nous sommes inspirés de la liste officielle des maladies indemnisables pour interpréter les situations à risques exposant les travailleurs [3],[4]. Dans notre étude, de ce qui est des risques liés aux machines et outils, 19 travailleurs soit 29,03% entrent régulièrement en contact direct avec les parties tranchantes des outils utilisés et 64 travailleurs, soit 98,46% utilisent des machines avec des éléments à vitesse rotatif élevé. Par ailleurs les machines rejettent beaucoup de bois vers 48 travailleurs, soit 73,38% durant ces travaux. De même, chez les travailleurs enquêtés :

  • 18,46%, Soit 12 Travailleurs portaient toujours des masques
  • 16,92%, soit 11 travailleurs portaient toujours des lunettes

Bore Alice, dans une étude descriptive transversale menée sur les chantiers de réhabilitation de Strasbourg (France) en 2009 [5], effectuant des travaux de menuiserie a trouvé que :

- Les masques étaient portés dans 20% des cas - Les lunettes étaient portées dans 29% des cas

Nous avons dans notre étude cherché à évaluer la probabilité pour les travailleurs d’avoir un accident du type de lésion lors de l’utilisation des machines pouvant provenir de la machine où des outils directement où des éléments du bois indirectement. Chaque travailleur a exprimé à quel degré il était exposé à travers le questionnaire. Comme similitude, notre étude a en commun avec celle de Bore le fait qu’elle s’est faite sur un échantillon quasi similaire (53 pour elle et 65 pour nous) ; que les travailleurs utilisent tous des machines et outils sans protection individuelle adaptée, ce qui rend probable les survenue de coupure par des outils tranchants chez ceux-ci ; comme différence, elle a mesurée le risque à travers une observation directe dans les chantiers où elle s’est présentée pour son étude. Au total, elle a conclu que l’outil des outils en absence du port des équipements de protection individuelle était à l’origine des coupures. Nous pensons donc au vue de ceci que les risques de coupure sont surtout liés à la non utilisation systématique des EPI lors de la manipulation des outils tranchants, et lors du rejet du bois vers les travailleurs dans une situation de travail.

En outre, 96,92% soit 63 travailleurs ressentent beaucoup de vibrations sur les mains pendant l’utilisation des machines. En effet, d’après les études menées par Christian BOLLIGER et Al (2012), sur l’Evaluation des risques dans 07 menuiseries, les sollicitations musculo-squelettiques par vibrations et secousses en utilisant les outils manuels portaient atteinte à la santé des travailleurs dans les menuiseries de Romandie en Suisse [6]. Ceci les exposent à des maladies professionnelles à terme. Nous n’avons pas trouvé d’autres études plus précises pouvant servir à la comparaison et à la discussion.

De ce qui est des risques de manutention, 35 travailleurs soit 53,83% n’utilisent jamais d’appareil pour transporter les meubles ou les charges lourdes qu’ils utilisent. Même si nous n’avons pas trouvé d’études similaires, d’après Pierre Yves FARRUGIA (2011), et d’après les témoignages recueillis auprès de 80% des enquêtés soit un effectif de 35 travailleurs, les troubles musculo-squelettiques sont liés en grande partie aux manutentions manuelles. C’est étude est autant transversale que la nôtre ; la taille de la population similairement moyenne. Cependant, la technique de collecte de données est différente car si nous avons utilisé un questionnaire, il a utilisé une question ouverte à travers un guide d’entretien et chaque travailleur disait librement tout ce qu’il pouvait dire. Nous disons donc que les risques de TMS ces risques y sont donc effectifs dans les activités de manutentions. De ce qui est des gestes et postures, 70,77% soit 46 travailleurs effectuent des gestes répétitifs. Les travailleurs français effectuent beaucoup de gestes répétitifs. D’après une publication parue dans le quotidien France info, du Mercredi 2 Novembre 2011, les troubles musculo-squelettiques issues des gestes répétitifs dans les secteurs industriels sont causes d’un arrêt maladie sur 4. Ils ont causé la perte de 7 millions de journées de travail en 2006, soit 710 millions d’euros de frais couverts par les cotisations des entreprises [7]. Nous pouvons noter ici l’existence de risques ergonomiques.

On a également noté que 64,61% des travailleurs travaillent dans un environnement où il existe des trous et des dénivellations sur le sol. Les données du Bureau of Labor Statistics (BLS) aux États-Unis indiquent que les « slips, trips and falls » (c’est-à-dire les glissades, trébuchements et chutes) sont à l’origine de 22 % des lésions non mortelles occasionnant des jours d’arrêt de travail. Le taux de fréquence de ces accidents, lorsqu’ils se produisent de plain-pied, est de 35,2 pour 10 000 équivalents temps plein parmi le personnel hospitalier alors qu’il est de 20,2 pour 10 000 équivalents temps plein si on considère l’ensemble des autres industries privées (Bell et coll., 2008).

Au Royaume-Uni, Manning et coll. (1988) rapportent que 83 % des « underfoot accidents » (accidents pour lesquels le premier événement imprévu se produit entre le pied et le sol), recensés dans une population active de 10 000 personnes, sont survenus pendant le travail. Bentley et Haslam (1998) indiquent que les chutes dont sont victimes les postiers anglais à l’extérieur des locaux représentent presque 30 % des accidents du travail dans cette profession et plus de 35 % des jours perdus.

Dans ces menuiseries, il existe des risques de chute de plein pied. Il est de fait impératif d’intégrer cette notion dans les programmes de prévention. 96,92 % des travailleurs effectuent leurs tâches dans un environnement plein de poussières de bois, et ne portent que parfois les masques, les lunettes et les casques.

Une étude transversale conduite par A Marcurilli et Al (2012) sur 261 sujets dans 36 entreprises de deuxième transformation du bois dans la région de Roanne ont montré que l’exposition professionnelle entraîne des signes cliniques d’atteinte des fonctions respiratoires [8].

Une enquête de type cohorte rétrospective exposés non exposés menée dans 20 petits ateliers artisanaux au souk des menuisiers à Marrakech par C.H. Laraqui Hossin a permis d’évaluer la prévalence des manifestations cliniques et des anomalies fonctionnelles respiratoires chez 242 sujets exposés aux poussières de bois et 121 personnes non exposées [9]. Cette enquête a consisté en un questionnaire (CECA, OMS), un examen clinique et une spirométrie. 61,9 % des exposés ont une symptomatologie clinique contre seulement 21,5 % des non exposés. La rhinite, l’asthme, la conjonctivite, la bronchite chronique et la dermite sont significativement plus fréquents chez les exposés que chez les non exposés, avec respectivement 55,8 %, 14,5 %, 24,8 %, 21,1 % et 12,8 % contre 16,5 %, 6,6 %, 8,3 %, 5,8 % et 4,9 %. Ces résultats ont incité à instaurer une prévention médicale et technique au vu de la vocation forestière et agricole du Maroc.

En comparaison à ces études, celle de Roanne a utilisé le questionnaire comme nous, tandis que celle de Marachech a en plus du questionnaire apportée plus de précision avec l’examen clinique et la spirométrie. Ces éléments qui n’ont pas été utilisés dans notre enquête auraient pu améliorer nos résultats. Notre mesure étant incomplète nous nous limitons à dire que les travailleurs sont exposés à des atteintes respiratoires en absence de masques à filtres ; nous ne saurons dire quelles atteintes exactes nos travailleurs peuvent avoir.

92,31 % des travailleurs travaillent avec des machines qui génèrent beaucoup de bruits et ne peuvent pas parler à moins d’un mètre sans crier. Malgré que nous n’ayons pas utilisé de sonomètre pour mesurer le nombre de décibel A, nous pouvons à juste titre penser que les risques liés aux bruits sont bien présents.

36,92 % soit 24 travailleurs, et 38,47 % soit 25 travailleurs utilisent très souvent la colle et le vernis, et durant ces utilisations, ils ne portent que parfois les masques et les lunettes. Cependant, ils utilisent toujours les blouses. Nous pensons donc que les risques chimiques sont donc présents et les voies de pénétration les plus exposés sont les poumons, les yeux et le nez.

Sophie PAGET BAILLY (2012), dans des études cas-témoins en population générale française incluant 2415 cas de cancer des voies aéro digestives supérieures et 3555 témoins, elle a montré que dans les activités de vernissage dans les menuiseries, et l’utilisation de la colle, on retrouvait beaucoup de formaldéhyde utilisé comme solvant [10]. Le formaldéhyde est formellement reconnu comme cancérigène pour le larynx, le pharynx et globalement pour les voies aériennes supérieures. Six études cas-témoins ont présenté des résultats concernant l’exposition au formaldéhyde et le cancer du larynx. Dans l’étude de Wortley et al. Un OR de 1,3 (IC 95 % 0,5-3,3) est observé pour les travailleurs les plus exposés. Cet OR valait 1,7 (IC 95 % 0,9-3,3) pour les sujets exposés pendant plus de dix ans et depuis plus de 20 ans. Coggon et al. 200 ont observé un SMR de 1,6 (IC 95 % 0,6-3,2) pour les travailleurs fortement exposés (plus de 2 ppm). L’OR pour les sujets ayant une probabilité d’exposition supérieure à 50%était significativement augmenté (3,8 ; IC 95 % 1,5-9,5) et une tendance significative était observée pour la probabilité d’exposition.

Un OR significativement augmenté de 2,7 (IC 95 % 1,1-6,7) était également observé pour les personnes exposées plus de 20 ans, après exclusion des sujets ayant une faible probabilité d’exposition.

Comparativement à notre étude qui a été transversale et qui n’a fait aucune mesure physiologique, nous ne pouvons pas nous prononcer sur la probabilité exacte de survenue d’une pathologie particulière dans nos menuiseries liées à ces colles et peintures. La seule chose que nous pouvons dire avec certitude c’est que l’utilisation très fréquente des colles et vernis et port parfois des masques et des lunettes exposent sérieusement les travailleurs de ces menuiseries à des pathologies professionnelles respiratoires.

D’autres parts, 86,15 % soit 56 travailleurs se retrouvent régulièrement en coactivité avec des personnes qui viennent d’ailleurs pour y travailler ; 81,54 % soit 53 travailleurs ressentent également une surcharge de travail. Nous pensons donc que les travailleurs sont soumis à un stress au travail, bien que celui-ci ne soit pas poussé.

5. Conclusion

Nous avons mené une étude sur les risques professionnels dans les menuiseries avec comme objectif général d’Identifier les risques professionnels dans les Menuiseries de la ville de Bertoua afin de suggérer des mesures de prévention.

Nous avons étudié à partir d’une enquête par questionnaire ayant ciblé 65 travailleurs exerçant dans 15 menuiseries de la place. Cette population a été constituée de 100 % d’hommes ce qui relève l’accent à mettre sur l’approche genre en milieu de travail.

Nous avons évalué les risques professionnels et les plus importants sont ainsi :

a) Les risques de coupures liés aux machines et outils,
b) Les risques liés aux vibrations,
c) Les risques de manutention,
d) Les risques de chute de plein pied,
e) Les risques de pneumoconioses, d’eczéma, d’irritation de la peau liés à l’exposition aux poussières de bois sans Equipements de Protections Individuels,
f) Les risques de surdité et d’hypoacousie,
g) Les risques d’intoxication chimique,
h) Les risques de stress au travail.

D’une manière générale, les résultats de cette étude peuvent être améliorés par les démarches de prévention [11] et plus particulièrement par les mesures objectives des ambiances de travail avec des sonomètres, des luxmètres et des thermomètres ; ainsi que par l’utilisation des grilles d’observation sur des longues périodes afin d’évaluer la fluctuation d’exposition.

La possibilité de la maladie et des accidents doit faire réfléchir sur la nécessité d’une véritable politique de santé et sécurité au travail dans nos menuiseries. La Délégation du travail devra veiller à la mise en œuvre et au respect des dispositions législatives et réglementaires par les employeurs. L’hygiène et la sécurité dans les menuiseries ainsi que l’utilisation des Services de Santé au Travail par ces entreprises est un facteur essentiel pour assoir une bonne santé.

Références

[1]fr.wikipedia.org/wiki/accident_du_travail

[2] International Labour Office. (Page consultée le 13 Avril 2014). Sécurité et santé au travail, [en ligne].www.ilo.org/global/topics/sa…

[3] International Labour Office. (Page consultée le 13 Avril 2014). Liste et tableaux officiels des maladies professionnelles Indemnisables au Cameroun, [en ligne]. http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/pu… protrav/--- ilo_aids/documents/legaldocument/wcms_301237.pdf

[4] International Labour Office. (Page consultée le 13 Avril 2014). Liste des maladies professionnelles (révisée en 2010), [en ligne]. http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/pu… —protrav/---safework/documents/publication/wcms_125160.pdf

[5] Bore A., Etude de la sécurité dans les chantiers de Réhabilitation, INSA, Strasbourg, France. 2009, 25-26

[6] BOLLIGER C, MARTENS A, HINNEN U (Membre de la Commission de Sécurité de l’association des charpentiers de SETRABOIS). Evaluation des risques dans les menuiseries ;2012.

[7] France Info, Le gouvernement s’attaque aux troubles musculosquelettiques, 2011

[8] Marcuccilli A, Perdrix A, Metras E, Costa Salute C, Gary Y. Evaluation des symptômes et de la fonction respiratoire en relation avec les expositions de poussières de bois dans les ateliers de menuiserie industrielle ; 2011:14

[9] Laraqui HH, Laraqui HO, Rahhali AE, Verger C, Tripodi D, et Al.Risques respiratoires chez les ouvriers des menuiseries- ébénisteries artisanales. Revue des Maladies Respiratoires. Décembre 2001 ;18(6):615-22

[10] Sophie PB. Facteurs de risque professionnels des cancers des voies aéro-digestives supérieures : Synthèse des données épidémiologiques et analyse d’une étude cas-témoins, l’étude Icare [Thèse de doctorat d’Université, Médecine]. Paris : UNIVERSITÉ PARIS SUD FACULTÉ DE MÉDECINE ; 2012.

[11] Institut National de Recherche et de Sécurité. (Page consultée le 13 Avril 2014). Démarches de prévention, [en ligne].http//www.inrs.fr/accueil/demarche… risques.html

SPIP | squelette | | Plan du site | Suivre la vie du site RSS 2.0