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Lorsque l’humain s’éveillera

vendredi 25 décembre 2009, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 25 décembre 2009).

Lorsque je vis, (le 04/02/2009) Alain Minc, éminente éminence d’un Monde déliquescent, se comporter en pleureuse hystérique face à des philosophes qui, pour une fois, mettaient les mains dans le cambouis en démontant pièce par pièce le mirage du capitalisme, je ne pus que réprimer un sourire. Ses efforts désespérés voire pitoyables pour redorer le blason goudronné du capitalisme avaient de quoi se bidonner, il faut bien le dire.

Mais quid des chiens de garde du libéralisme échevelé en mal d’os à ronger, il y a bien plus important que ça. Quand certains - et ils n’ont probablement raison - évoquent l’éventualité d’une guerre civile suite à cet effondrement généralisé, il serait peut-être, sûrement même, plus sain de profiter de la situation pour repenser les choses, et tant qu’à faire appliquer ces réfléchissures au quotidien.

Se ré-approprier le travail, partager équitablement ses fruits sans que des vampires ne se taillent la part du lion, arrêter de consommer pour oublier, être conscient des conséquences de ses actes sur la planète et de ses pensées et comportements vis-à-vis des autres, tout ceci semble être bien plus productif que de ré-écrire sans fin la bande-annonce de l’apocalypse. Même s’il semble de plus en plus clair que la crise actuelle sera la dernière de ce régime inégalitaire par définition, dans lequel ceux qui ont encore la chance de s’en sortir préfèrent faire l’autruche devant la misère ambiante plutôt de se solidariser, ceux qui justement sont déjà et seront touchés devraient se regarder les uns les autres et oser ce qu’ils n’ont jamais osé imaginé.

De partout dans le monde des initiatives fusent, couronnées de plus ou moins de succès. Et cela m’amène au sujet de ce billet : Les humains sont-il mûrs pour un système autogéré, efficace (1), bienheureux et pérenne ? Un collectivisme enfin réussi, en quelque sorte… La réponse, il y a peu encore, était clairement non. Des tentatives de collectivisme, il y en a eu pas mal qui, malgré leur différences, ont toutes connu le même sort : leur disparition.

De la Cecilia, en Italie, démarrée en 1890 et décédée quatre ans plus tard, qui réunit en moyenne 40 personnes (avec des pointes à 150) au système collectiviste russe qui connût la fin que l’on sait, que de points communs ! Le principal ? Les presque "classiques" défauts humains : envie, jalousie, avarice, orgueil, quête de pouvoir, etc. qui finissent toujours par pourrir les bonnes intentions.

Ces initiatives issues de cerveaux humanistes ont tourné en eau de boudin de par l’étroitesse de comportements et de pensées d’êtres plus préoccupés par leurs nombrils que par l’intérêt général. Qu’en est-il aujourd’hui ? L’humain a-t’il suffisamment évolué pour partager ce genre d’expérience sans retomber dans les mêmes travers ?

Pour la plupart, certes non. Il n’y a qu’à observer les comportements des foules, prêtes à piétiner quiconque se dressera en travers de leur chemin au moment des soldes, capables de se crêper le chignon pour obtenir le dernier DVD en rayon à moins 50 %, symbole de leur décrépitude mentale et comporte-mentale, que même des animaux n’adopteraient. Animaux que ces mêmes soit-disant humains qualifient allègrement de "sauvages", adjectif qui pour sûr leur conviendrait bien mieux.

Mais je ne désespère pas, bien au contraire. Mes périples hebdomadaires me font rencontrer ici et là bien des gens qui ont une conscience assez développée pour se rendre compte de ce qui se passe, s’est passé, et ne devrait jamais plus se reproduire. Je sens qu’ils sentent - encore confusément - que le système qu’on leur a fourgué comme étant le paradis ne l’est pas, bien au contraire. Mais ils ne sentent pas encore quelles pourraient être ses alternatives. Interrogez des gens pour leur demander ce qu’ils pensent par exemple d’un monde sans argent, la plupart vous regardera au mieux comme un doux dingue et au pire comme un individu dangereux. C’est un peu comme si on enlevait une béquille a quelqu’un fort capable de s’en passer mais qui est persuadé qu’il ne pourra jamais marcher sans elle. Ben oui, il faut dire que n’ayant jamais de sa vie tenter de s’en passer, il ne risque pas de l’imaginer possible.

Les délires de la possession d’argent et de pouvoir appartiennent déjà (virtuellement) au passé. Les derniers soubresauts de leurs détenteurs, ainsi que de leurs caniches médiatiques, sentent le formol.

On les exposera peut-être demain dans des musées où les enfants s’extasieront en posant moult questions à leur parents qui leur répondront :

  • Oh, l’empaillé là ? C’est quelqu’un qui était sûr que le système qu’il défendait était le meilleur même s’il a failli détruire la planète et tous ses occupants. Il devait être homme politique ou journaliste, quelque chose comme ça…

Pour conclure, un système collectiviste digne de ce nom ne pourra fonctionner qu’avec des gens ayant mis de côté leur égo, en tous cas ses velléités de possession, de toujours vouloir avoir raison, en résumé sa soif de POUVOIR. Car celui-ci n’est révélateur que d’une chose : la peur qui est derrière. La peur de la mort, la peur de manquer (en particulier du superflu chez les occidentaux), la peur des autres, la peur de soi-même, de la maladie, la peur d’avoir peur (si, si), etc. etc. etc.

La peur de la mort nous mène vers une quête bien plus spirituelle que celle que nos marchands de bonheurs pré-digérés ne nous proposent, fournisseurs de machines à oublier, oubli de soi, du pourquoi des choses, et de la fantastique aventure cosmique dont nous sommes des acteurs. Tout est lié. Notre attitude, si elle se révèle autistique - dans le sens d’un repli sur soi - ne nous mènera assurément que vers une disparition certaine de la race humaine.

Mais si nous arrivons à englober dans notre esprit cette fabuleuse spirale cosmique dont nous faisons éminemment partie (et qui n’a rien à voir avec les boutiques puantes de la religion - en tout cas la partie exotérique), cette spirale qui fait de nous, vie après vie, des être un peu plus conscients que la veille, nous réussirons enfin à ne plus être accaparés par nos nombrils pour considérer le monde comme la synthèse de tous les esprits et toutes les intelligences (2) qui l’habitent, et que c’est la diversité qui crée la richesse.

(1) Par "efficace", je ne veux pas dire compétitivité, qui inclus la concurrence, mais une façon de travailler le moins possible pour arriver au meilleur résultat partagé par tous. (2) L’intelligence n’est pas quantifiable. Le test de QI ne mesure qu’une capacité de rationalisation et d’abstraction, mais on ne pourrait en aucun cas l’assimiler à une mesure de l’intelligence. Cette dernière inclut peut-être les capacités mentionnées mais comprend également (et à mon sens surtout) celles relatives à la vie en société, au respect des autres, au respect de l’environnement, bref tout ce qui fait de l’homme un animal social.

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