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Les derniers enfants de l’Union Soviétique…

vendredi 19 juin 2015 (Date de rédaction antérieure : 19 juin 2015).

Последние советские дети

Ou les derniers enfants

de l’Union Soviétique …

Récemment publié sur TRIBUNE MARXISTE-LENINISTE :

https://tribunemlreypa.wordpress.com/2015/06/18/les-derniers-enfants-de-lunion-sovietique/

Texte original par :

Predzemshara, blogueur russe sur :

http://predzemshara.livejournal.com/17564.html

Dans ce texte, écrit par un blogueur russe sibérien, cette impression d’une civilisation aussi récemment disparue que mal évaluée par nos « penseurs » et autres « nouveaux philosophes » occidentaux, c’est aussi ce que nous avons ressenti en voyageant dans certains pays supposés « victimes de l’impérialisme russe », ou même du « social-impérialisme », selon d’autres…

Il ne s’agit pas de dresser, à cette occasion, un panégyrique absolu de l’URSS, mais de comprendre, de réévaluer, dans un monde en crise, quelles sont les valeurs culturelles et sociales qui sont encore héritières d’une promesse d’avenir, et celles qui sont en train de mourir, irrémédiablement, sous nos yeux et dans nos vies.

Luniterre

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Traduction reprise de Russie Sujet Géopolitique

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« Les derniers enfants soviétiques »

Pour l’essentiel, nous l’avons reprise telle que proposée sur le site :

http://www.russiesujetgeopolitique.ru/les-derniers-enfants-sovietiques/

« Bienvenue

 » Vous trouverez sur ce site une gamme de textes proposant des éléments de décodage de la vie politique du monde russe et particulièrement de la Russie, la plupart d’entre eux étant en recul par rapport à l’actualité événementielle. Mais tous ont été rédigés par des russes, tous ont une source originale russe, traduite pour vous en français. »

L’article lui même y est présenté ainsi :

« Le 10 juin 2015, le blog du Club d’Izborsk sur le réseau Live Journal a repris un texte d’un bloggeur de Sibérie, relativement anonyme. (NdTML:Mais pas très difficile à retrouver…) Ce texte paraît tout à fait caractéristique d’un phénomène de plus en plus répandu en Russie et dans le Monde Russe depuis un an : il s’agit de se réapproprier un pan de l’histoire, un pan d’identité.

Ce pan occulté/oublié, c’est l’Union Soviétique »

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Le texte de Predzemshara

Я отношусь к поколению тех людей, которые родились ещё в Советском Союзе. Но чьё детство и первые воспоминания относятся уже к постсоветскому периоду.

Взрослея, мы обнаруживали, что это наше постсоветское детство проходит на обломках какой-то ушедшей цивилизации.

Je fais partie de la génération des personnes qui naquirent encore en Union Soviétique, mais dont l’enfance et les premiers souvenirs relèvent déjà de la période postsoviétique.

En prenant de l’âge, nous avons découvert que notre enfance postsoviétique se déroulait dans les ruines d’une certaine civilisation qui s’en était allée.

Это проявлялось и в материальном мире – огромные незавершённые стройки, на которых мы любили играть, корпуса закрытых заводов, манящие всю окружную детвору, непонятная затёртая символика на зданиях.

Cela se manifestait dans le monde matériel, par de gigantesques constructions inachevées dans lesquelles nous aimions jouer, par des bâtiments d’usines fermées, tellement séduisantes aux yeux de toute la marmaille des environs, et par toute une symbolique incomprise que le temps effaçait des murs des immeubles.

В мире нематериальном, в мире культуры, реликты ушедшей эпохи проявлялись не менее сильно. На детских полках компанию Д’Артаньяну и Питеру Бладу составлял Павка Корчагин. Поначалу он казался представителем столь же чужого и далёкого мира, как и французский мушкетер, и британский пират. Но действительность, утверждаемая Корчагиным, получала подтверждение в других книгах и оказывалась совсем недавней, нашей. Следы этой ушедшей эпохи обнаруживались повсеместно. « Поскреби русского – найдёшь татарина » ? Не уверен. Но выяснялось, что если поскрести российское, то обязательно обнаружится советское.

Dans le monde immatériel, le monde de la culture, les reliques de cette époque passées s’exprimaient avec tout autant de force. Sur les étagères de livres d’enfants, Pavka Kortchaguine tenait compagnie à d’Artagnan et au Capitaine Blood. Au premier abord, il semblait représenter un monde étranger et très lointain, comme le mousquetaire français et le pirate britannique. Mais la réalité communiquée à travers Kortchaguine se voyait confirmée dans d’autres livres et s’avérait être toute proche, nôtre. Partout on découvrait des traces de l’époque révolue. « Grattez le russe et par dessous vous trouverez du tatare » ? Je n’en suis pas convaincu. Par contre il est évident que si on gratte le russe, on découvrira obligatoirement par dessous du soviétique.

Постсоветская Россия отказалась от собственного опыта развития ради вхождения в западную цивилизацию. Но эта цивилизационная оболочка была грубо натянута на наше историческое основание. Не получив творческой поддержки масс, вступая в противоречия с чем-то коренным и неотменяемым, там и здесь она не выдерживала и рвалась. Через эти прорехи проступало уцелевшее ядро павшей цивилизации. И мы изучали СССР, как археологи изучают древние цивилизации.

La Russie postsoviétique a renoncé a sa propre expérience de développement pour pouvoir entrer dans la civilisation occidentale. Et cet emballage civilisationnel fut grossièrement tendu sur nos fondements historiques. Mais il se déchira, incapable de supporter la tension, n’ayant pas reçu le soutien créatif des masses, qui affirment leur préférence pour une dimension plus immuable, pour leurs racines. A travers cette déchirure apparut le noyau demeuré intact de la civilisation déchue. Et nous nous sommes mis a étudier l’URSS comme les archéologues étudient les civilisations antiques.

Впрочем, нельзя сказать, что советскую эпоху постсоветским детям оставили для самостоятельного изучения. Напротив, много было охотников рассказать про « ужасы советизма » тем, кто с ними не мог столкнуться в силу раннего возраста. Нам говорили об ужасах уравниловки и коммунального быта – как будто сейчас жилищный вопрос решён. О « серости » советских людей, скудном ассортименте одежды – куда как живописнее люди в одинаковых спортивных костюмах, и, вообще, не одежда красит человека. Рассказывали кошмарные биографии деятелей революции (правда даже через всю грязь, выливаемую на того же Дзержинского, выступал образ сильного человека, реально посвятившего свою жизнь борьбе за дело, которое считал правым).

On ne peut dire que les enfants postsoviétiques furent livrés à leurs facultés autodidactes pour ce qui concerne cette époque soviétique. Au contraire, de nombreux amateurs narraient les « horreurs du soviétisme » à ceux qui étaient trop jeunes pour les avoir connues personnellement. On nous expliqua l’horreur de l’égalitarisme de la vie communautaire. Comme si aujourd’hui, la question du logement avait été résolue. Quant à la « grisaille » du peuple soviétique, à l’assortiment modique de ses vêtements, en face de quoi, bien entendu, une foule de gens habillés de mêmes équipements de sport forme un tableau beaucoup plus pittoresque, on dira juste que ce n’est pas l’habit qui embellit la personne. Ils racontaient les biographies cauchemardesques des acteurs de la révolution (Il est vrai que même à travers toutes les saletés qui ont été déversées sur Dzerjinski apparaît le portrait d’un homme fort qui a réellement consacré toute sa vie à lutter pour ce qu’il considérait être juste).

А главное мы видели, что действительность постсоветская тотально уступает действительности советской. И в материальном мире – многочисленные торговые палатки не могли заменить великие стройки прошлого и освоение космоса. И, главное, в мире нематериальном. Мы видели уровень постсоветской культуры : книги и фильмы, которые родила эта действительность. И мы сравнивали это с культурой советской, про которую нам говорили, что она душилась цензурой, а многие творцы подвергались гонениям. Нам хотелось петь песни и читать стихи. « Человечеству хочется песен. / Мир без песен неинтересен ». Нам хотелось осмысленной, полноценной жизни, не сводимой к животному существованию.

Mais le plus important, c’est que nous avons constaté que la réalité postsoviétique était en tout point inférieure à la réalité soviétique. Dans le monde matériel, les nombreuses affiches publicitaires ne pouvaient se substituer aux grands chantiers du passé et à la conquête du cosmos. Mais l’essentiel se situe dans le domaine immatériel. Nous avons vu ce qu’était la culture postsoviétique, les livres et films que ce monde produisait. Et nous avons comparé cela avec la culture soviétique qu’on nous disait étouffée par la censure et caractérisée par les persécutions encourues par de nombreux auteurs et créateurs. Nous voulions chanter des chansons et lire des poèmes. « L’humanité veut des chansons. Un monde sans chanson est inintéressant ». Nous voulions une vie plein de sens et de valeurs, et ne pas être réduits à une existence animale.

Постсоветская действительность, предлагающая огромный ассортимент для потребления, не могла предложить ничего из этого смыслового меню. Но мы чувствовали что, что-то осмысленное и волевое было в ушедшей советской действительности. Поэтому мы не слишком верили тем, кто рассказывал про « ужасы советизма ».

La réalité postsoviétique offrait un impressionnant assortiment destiné à la consommation, mais elle était incapable de nous offrir quoi que ce soit dans le menu du sens et de la valeur. Et nous sentions que la réalité soviétique comportait quelque chose de volontaire et chargé de sens. Dès lors nous ne prêtions guère foi aux histoires concernant « l’horreur du soviétisme ».

Сейчас те же, кто рассказывал нам о кошмарной жизни в СССР, говорят, что современная Российская Федерация движется в сторону Советского Союза и уже находится в конце этого пути. Как нам смешно и горько это слышать ! Мы видим, сколь велика разница между социалистической действительностью Советского Союза и криминально-капиталистической действительностью Российской Федерацией.

Aujourd’hui, ceux qui nous racontaient que la vie en URSS était un cauchemar, racontent que la Fédération de Russie se dirige tout droit vers l’Union Soviétique et aurait même parcouru tout le chemin qui y mène. Quelle amertume éprouvons-nous, à entendre des choses aussi ridicules ! Nous voyons bien l’énorme différence entre la réalité socialiste de l’Union Soviétique et la réalité capitaliste et criminelle de la Fédération de Russie.

Но мы понимаем, зачем нам говорят об ужасах путинизма те, кто раньше рассказывал об ужасах сталинизма. Говорящие, сознательно или нет, работают на тех, кто хочет расправиться с постсоветской действительностью так же, как до этого расправились с советской. Только номер этот не пройдёт. Вы учили нас ненависти. Ненависти к своей стране, истории, предкам. Но научили только недоверию. Мне кажется, что это недоверие – единственное решительное преимущество Российской Федерации.

Et nous comprenons pourquoi ceux qui insistaient sur les horreurs du stalinisme nous parlent maintenant des horreurs du poutinisme. Consciemment ou non, tout ces beaux parleurs travaillent en faveur de ceux qui veulent faire subir à la réalité postsoviétique le même sort que celui qui fut infligé à la réalité soviétique. Mais ce petit numéro n’aboutira pas. Vous nous avez appris la haine. La haine de notre pays, de notre histoire, de nos ancêtres. Mais vous nous avez aussi appris la méfiance. Il me semble que celle-ci représente l’avantage principal de la Fédération de Russie.

Те, кто выросли в постсоветской России, отличаются от наивного позднесоветского общества. Вам удалось обмануть наших родителей в годы перестройки. Но мы вам не верим и будем делать всё, чтобы во второй раз ваша затея провалилась. Мы будем исправлять больное, несовершенно российское государство на нечто благое и справедливое, нацеленное на развитие. Надеюсь, что это будет обновлённый Советский Союз и ваших возгласов о России, « скатывающейся к СССР », наконец-то появится действительное основание.

Ceux qui grandirent dans la Russie postsoviétique sont différents de la société naïve de la fin de l’ère soviétique. Vous êtes parvenus à tromper nos parents pendant les années de la perestroïka. Mais nous, nous ne vous croyons pas, et nous ferons tout pour que votre entreprise échoue une seconde fois. Nous allons soigner et transformer l’État russien malade et inachevé, en quelque chose de bon, juste et orienté vers son développement. J’espère qu’il s’agira d’une Union Soviétique renouvelée, et que vos clameurs selon lesquelles « la Russie glisse vers l’URSS » soient finalement bien fondées.

Predzemshara

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