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Comment le Samu s’est préparé aux attentats simultanés de Paris le matin-même du 13 novembre 2015

vendredi 20 novembre 2015, par anonyme (Date de rédaction antérieure : 20 novembre 2015).

Comment le Samu s’est préparé aux attentats simultanés de Paris

http://www.challenges.fr/france/201…

Publié le 15-11-2015 à 10h31

Par Kira Mitrofanoff

INTERVIEW Les huit Samu d’Ile-de-France s’étaient réunis pour un exercice lié à une simulation d’attentat à Paris… quelques heures avant la tragédie. Thomas Loeb, responsable médical adjoint du Samu 92 à Garches, raconte.

Les secours devant un restaurant frappé par une attaque à Paris, dans le 10e arrondissement, le 13 novembre. (Thibault Camus/AP/SIPA)

L’assistance Publique-Hôpitaux de Paris a déclenché vendredi soir 13 novembre 2015 le "plan blanc" à la suite des attaques simultanées à Paris qui ont fait 129 morts et 352 blessés. Ce "plan blanc", dispositif de mobilisation maximale prévu pour les situations sanitaires d’urgence et de crise, permet d’accroître les moyens humains et matériels dans les hôpitaux pour faire face à l’afflux de patients, victimes des sept attentats qui se sont déroulés dans la capitale et à Saint-Denis.

Thomas Loeb, responsable médical adjoint du Samu 92 à Garches, a raconté samedi 14 novembre 2015 à Challenges comment le Samu s’était préparé à à ce type d’événement dramatique.

Les huit Samu d’Ile-de-France se sont réunis vendredi matin 13 novembre 2015 pour un exercice lié à une simulation d’attentat à Paris. Quel en était l’objet exactement ?

Nous nous sommes réunis dans la salle de coordination du Samu de la zone de défense Ile-de-France, ce matin-là, pour travailler sur l’hypothèse d’un groupe armé qui commettait des attentats à plusieurs endroits dans Paris. C’est ce que nous appelons un exercice sur table pour réfléchir à la coordination des moyens.

C’est une coïncidence sidérante. Etait-ce la première que vous travailliez précisément sur ce scénario ?

Non, c’est une hypothèse de travail très claire depuis des mois, l’idée de plusieurs attaques simultanées. Dans les années 2000, nous travaillions plutôt sur les bombes sales et les risques que l’on appelle NRBC (Nucléraires, Radiologiques, Biologiques, Chimiques). Puis, on a évolué avec un risque plus simple à mettre en œuvre, des blessés par balles ou par explosion.

Comment se prépare-t-on à ce type d’attaque ?

On s’inspire pour cela de ce qui se passe dans le monde. Il y a une abondante littérature médicale, par exemple, de nos confrères américains après l’attentat du marathon de Boston : quels moyens ils ont mis œuvre, à quel type de blessures ils ont dû faire face… Il y a aussi une littérature de la médecine de guerre qui est assez proche du traitement des blessés par attentat.

Quel type de mesures concrètes avez-vous prises au Samu 92 ?

Il y a un an et demi, nous avons conçu une malle qui contient une trentaine de pochettes pour prendre en charge, en quelques minutes, 30 blessés par balle ou explosion avec une seule équipe d’intervention. Ce sont des kits qui permettent de mettre immédiatement les personnes atteintes sous perfusion. Ils sont également dotés d’un médicament qui ralentit le saignement, de pansements hémostatique et de garrots. L’idée est d’arrêter le saignement le plus vite possible pour transporter les blessés vers un hôpital. On appelle ça le "damage control".

Y a-t-il différentes doctrines en matière de traitement des urgences dans le monde ?

Oui, les Français sont des adeptes de la médicalisation pré-hospitalière. Ils envoient des médecins sur le terrain, qui stabilisent les patients avant de les adresser à l’hôpital, alors que les anglo-saxons se contentent de paramédicaux qui évacuent le patient le plus vite possible vers un hôpital, réalisant un minimum de gestes. On dit qu’ils pratiquent le "scoop and run". Mais dans le cas d’un attentat, comme vendredi à Paris, le sujet ne se posait pas, on a médicalisé rapidement en emmenant les blessés vers les hôpitaux. Les doctrines se rapprochent.

Le plan d’intervention tel que vous l’aviez imaginé a-t-il bien fonctionné ?

Hier [vendredi 13 novembre 2015], à Garches, où est situé le Samu 92, dès que la catastrophe a été annoncée, nous avons mobilisé 7 équipes supplémentaires avec un médecin, un infirmier et un ambulancier en seulement 20 minutes, en plus des équipes habituellement pré-positionnées. Nous avions donc de quoi faire face à l’urgence. Et nous aurions encore pu monter en puissance.

Quelles sont les difficultés qui peuvent gêner la mise en place de votre plan d’intervention ?

Ce sont tous les "bruits" qui parasitent une bonne compréhension de la situation, qui peuvent empêcher d’avoir une vision globale et un bilan précis pour comprendre quelle quantité de moyens il faut engager. L’autre point important, c’est de savoir si nos équipes peuvent intervenir en toute sécurité. Hier, cela a bien fonctionné. En trois heures, tous les blessés avaient été transportés dans un hôpital.

Propos recueillis par Kira Mitrofanoff pour Challenges

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