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Témoignage d’un médecin sur le comportement violent et raciste de la police

vendredi 22 janvier 2010 (Date de rédaction antérieure : 22 janvier 2010).

http://www.jennar.fr/index.php/lett…

Lettre ouverte au préfet du Vaucluse

Vel­le­ron, le 23 Décembre 2009

Copie à Mme le pro­cu­reur de Vaucluse

Et à Mr le direc­teur de la police

Mon­sieur le préfet,

Mon acti­vité pro­fes­sion­nelle m’a récem­ment per­mis d’accéder mal­gré moi et de façon répé­tée à des infor­ma­tions que je ne peux gar­der pour moi ; elles sont bien entendu for­mel­le­ment pro­té­gées par le secret médical.

La pre­mière concerne un jeune homme, inter­pellé dans la rue, en pos­ses­sion de can­na­bis ; les poli­ciers l’ont bru­ta­le­ment poussé à l’arrière d’un véhi­cule, obligé à s’allonger entre les deux sièges, puis se sont assis et l’ont bourré de coups de pieds durant tout le trajet jusqu’au poste. Il a fina­le­ment été condamné à une amende et une obli­ga­tion de soins qui l’a ame­née vers moi.

La seconde m’a été rap­por­tée par un autre homme jeune ; contrôlé dans la rue avec des copains, il pré­sente ses papiers (qui sont en règle) avec moins de rapi­dité que les autres et se retrouve donc au poste où il est entiè­re­ment désha­billé, fouillé au corps, dont un tou­cher anal (avec gants), insulté et frappé au niveau du ventre et des organes géni­taux. Il est ensuite aban­donné dans une rue, un peu l’écart, avec son tas de vête­ments et ses blessures.

Le troi­sième est moins jeune, ouvrier agri­cole et père de deux enfants. Il sort d’un bar, sans doute alcoo­lisé mais il n’est ni violent, ni bruyant ; une patrouille de police passe par là, l’interpelle et le frappe. Devant l’importance des lésions et des sai­gne­ments, les poli­ciers l’emmènent aux urgences. Le bilan est lourd : frac­ture d’os de la face avec para­ly­sie ocu­laire et de l’os tem­po­ral avec sur­dité et ver­tiges comme séquelles. L’alcoolémie est posi­tive (dosée chez le patient !) ce qui déclenche une injonc­tion thé­ra­peu­tique (pour le patient) ; de toute façon il a besoin de soins pour quelques mois d’autant que le choc a décom­pensé une psy­chose impo­sant un suivi et un trai­te­ment psy­chia­trique dont le coût fami­lial et humain est dif­fi­cile à chif­frer à ce jour.

Ces trois patients ont cer­tains points communs :

  • ils sont « basa­nés », d’origine maghrébine
  • les poli­ciers en cause lors des inter­ven­tions les ont mena­cés s’ils por­taient plainte et ont eux-mêmes porté plainte pour outrage contre repré­sen­tants de l’ordre public dans l’exercice de leurs fonctions

Comme méde­cin, je me dois de vous infor­mer de tels com­por­te­ments qui menacent la sécu­rité des citoyens. Dans ces situa­tions, les poli­ciers n’avaient pas face à eux des per­sonnes dan­ge­reuses ; ils ont net­te­ment abusé de leur supé­rio­rité en nombre et sur­tout de leur pou­voir ; ils ont uti­lisé sans rai­son la vio­lence risquant d’entraîner chez leurs « vic­times » des com­por­te­ments de frus­tra­tion ou de ven­geance, voire plus grave chez le der­nier, met­tant fina­le­ment en cause leur rôle sécurisant.

L’impunité totale des vio­lences poli­cières et la péna­li­sa­tion de leurs vic­times risquent de confor­ter nos conci­toyens dans l’idée que la police n’est plus le garant de la tranquillité, mais un des vec­teurs de la vio­lence col­lec­tive. Les dégâts secon­daires à ces com­por­te­ments concernent des familles, des jeunes et de nom­breux pro­fes­sion­nels du monde social, asso­cia­tif, éduca­tif, etc… qui disent com­prendre, voire accep­ter que police et jus­tice ne soient plus les réfé­rents de la sécu­rité de tous.

Ces témoi­gnages m’ont été confiés spon­ta­né­ment comme méde­cin, leur réa­lité est cer­taine, encore plus au regard des séquelles entraî­nées ; les conséquences indi­vi­duelles sont très lourdes mais ce qu’ils révèlent concerne tout l’équilibre de notre société dont nous par­ta­geons tous la responsabilité.

Veuillez croire, mon­sieur le pré­fet, en mes salu­ta­tions distinguées,

Dr Ber­nard SENET
111 bou­le­vard du midi
84740 Vel­le­ron

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