Annie Lacroix-Riz au mieux de sa forme, comme historienne décapante !
Toutefois, en termes d’analyse politique, et surtout d’un point de vue matérialiste dialectique, comparaison n’est pas raison, d’une part, et parler de situation de « crise du capitalisme », d’autre part, sans évoquer l’évolution des forces productives, c’est rentrer dans une conception cyclique de l’histoire, qui se répéterait sans évolution infrastructurelle notable concernant les bases économiques des classes sociales en présence. On ne peut pas « gommer » la réduction drastique de la classe ouvrière en lui substituant une conception « élargie » du prolétariat, qui n’est pas fausse en soi, mais élude le fait essentiel qu’il n’est plus productif, majoritairement, en termes de plus-value extraite, remplacé par un rôle de « service » du système, propre au secteur tertiaire, ce qui change fondamentalement la donne, en termes de conscience de classe.
La « force » actuelle du système, mais aussi sa faiblesse, si nous savons en prendre conscience politiquement, c’est la domination écrasante du capital fixe sur tout le reste, et d’abord, sur l’appareil productif, précisément.
Le système cherche juste à garder le contrôle de cet appareil productif comme moyen de pouvoir, et non plus en vue d’un élargissement de sa base, désormais non rentable en dehors des jeux spéculatifs banco-centralisés.
Il n’y a donc plus de base réelle pour un « fascisme » du type des années 30, contrairement à ce qu’elle semble en penser. La bourgeoisie mondialisée a désormais d’autres objectifs en tête, pour sauver sa domination, et c’est ce que l’on voit bien davantage avec la dictature sanitaire covidiste qu’avec les relents de « nostalgie » pétainistes.
Zemmour vise simplement à remplacer Marine Le Pen dans le rôle du « fou du Roi », et pour mieux « valoriser » la candidature de Macron, et non à prendre réellement le pouvoir. Ses sorties « pétainistes » sont même la garantie, pour lui, qu’il échappera à ce dur labeur de chef de l’Etat, tout comme l’étaient les « gaffes » de MLP en 2017.
Si « comparaison » il y a, c’est plutôt 1981 à l’envers : Mitterrand a été élu avec les voix de l’extrême-droite antigaulliste parce qu’il s’est bien gardé de s’en prendre aux « nostalgies » des fachos pétainistes de l’époque, qui ont fait la différence au second tour. Ils savaient parfaitement à qui ils avaient affaire, même si le passé vichyste de Tonton n’est remonté à la surface que bien des années après… !
A l’inverse, en quelque sorte, si Zemmour voulait réellement l’emporter au second tour, il lui faudrait l’appoint des « souverainistes », qui ne sont pas, généralement, pétainistes. Il lui faudrait rallier aussi une partie de la gauche et de l’extrême-gauche qui soit tentée de voter pour lui par lassitude du macronisme, mais qui n’ira pas jusqu’à cautionner un président ouvertement pétainiste.
Zemmour part donc battu d’avance, et il le sait très bien, ce qui lui permet de se concentrer sur les polémiques qui font vendre ses bouquins et lui assurent définitivement une très confortable retraite…
Et si, par malchance pour lui, il reste très haut dans les intentions de vote réelles, il trouvera bien une « gaffe » assez grosse à proférer, dans le débat d’entre deux tours, façon MLP !
The show must go on…
Luniterre
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